Contenu du sommaire : Rousseau

Revue Cahiers d'économie politique Mir@bel
Numéro no 53, automne 2007
Titre du numéro Rousseau
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Rousseau, philosophie et économie - Jimena Hurtado, Claire Pignol p. 9-15 accès libre
  • La notion de travail dans l'Émile de J.J. Rousseau - Arnaud Berthoud p. 17-26 accès libre avec résumé
    Selon Rousseau, le travail nous enseigne une sagesse sur le temps, un sentiment de soi et un sens du réel qui nous préservent des dangers de l'imagination, des passions et de la société. "Le travailleur ne rêve pas" comme le dira S. Weil. Quelle notion de travail est ici engagée ? Rien de ce qu'on trouvera ultérieurement dans l'Économie Politique classique, Marx ou la socio-économie. Rousseau fait assurément du travail une entrée dans l'économie, mais cette économie reste dominée par la valeur d'usage. On peut parler d'économie qualitative.
  • Rousseau : éthique et économie : Le modèle de Clarens dans La Nouvelle Héloïse - Céline Spector p. 27-53 accès libre avec résumé
    Rousseau propose une reformulation du concept d'économie qui peut éclairer le débat contemporain consacré aux rapports entre éthique et économie. Sa philosophie permet de redéfinir l'économie selon des catégories éthiques : valeurs éthiques et valeurs économiques entrent dans un système d'échange ; l'économie vise à la prospérité mais elle est animée par des règles éthiques et des motivations compassionnelles ou bienveillantes. L'éthique est également pensée de façon "économique". L'économie morale de Rousseau est un art de jouir qui comprend à la fois la jouissance matérielle et la jouissance morale.
  • Rousseau et la division du travail : de Robinson à l'agent économique - Claire Pignol p. 55-72 accès libre avec résumé
    Rousseau partage avec la théorie néo-classique une caractérisation de l'agent économique, en tant qu'il est producteur, appuyée sur la référence à Robinson Crusoé. Mais si l'économie néo-classique exprime à travers Robinson le comportement rationnel de tout agent économique, Rousseau considère au contraire que l'individu inséré dans une division du travail risque pour son malheur de s'éloigner du comportement de Robinson. La division du travail n'ajoute pas selon lui un problème de coordination au problème du choix individuel ; elle altère le jugement et les désirs de l'agent. La bonne division du travail serait celle dans laquelle l'agent retrouverait le jugement et l'indépendance de Robinson. Elle n'est pas réalisable.
  • Autonomie morale et autorité ou la question de la volonté chez Rousseau - Christophe Salvat p. 73-90 accès libre avec résumé
    La notion de souveraineté renvoie généralement dans la tradition rousseauiste à la souveraineté du corps politique et non à celle des individus comme c'est le cas dans les théories du droit naturel. Rousseau, pourtant, ne cède jamais à la tentation holiste. L'individu, et sa protection, reste au fondement de son système. L'objet de cet article est de questionner le concept d'autonomie morale, en particulier dans sa relation à l'autorité, et de mettre en exergue les effets positifs, notamment en terme de rationalité, de la loi.
  • Lois naturelles, lois artificielles et l'art du gouvernement : l'économie politique de Rousseau comme 'art des excetions' - Jimena Hurtado p. 91-114 accès libre avec résumé
    Jean-Jacques Rousseau fait rarement partie de l'histoire de la pensée économique. Sa critique de la société marchande a longuement été vue comme la défense d'une société agricole, autarcique, voire arriérée. Peut-être l'une des raisons de cette vision est-elle en rapport avec le refus de Rousseau d'accepter l'autonomisation de l'économie via l'explication de son fonctionnement par des lois naturelles. Ce texte explore ce refus en regardant de près l'analyse de l'avènement de la société comme une construction artificielle dont la fonction serait de garantir la liberté et l'égalité des citoyens. Rousseau donne un fondement matériel à cette fonction à travers ce qu'il appelle l'économie politique ou publique ou le gouvernement. Celui-ci correspond à l'administration et à l'exécution des lois. Ces lois sont des lois issues de la volonté générale sans rapport avec les lois de la nature. Par conséquent, l'économie et l'économique correspondent à l'application des lois artificielles dont le but est de pourvoir d'une base matérielle l'égalité et la liberté des citoyens. L'économie et l'organisation économique sont toujours artificielles chez Rousseau, doivent suivre les lois, conditions établies par le peuple pour sa vie en communauté, et prennent des formes particulières selon les caractéristiques du peuple souverain et administré.
  • Pourquoi faudrait-il faire de Rousseau un économiste ? - Catherine Larrère p. 115-133 accès libre avec résumé
    Pourquoi devrions-nous faire de Rousseau un économiste ? L'idée généralement reçue est qu'il ne peut être passé à côté de la science de la modernité. Cependant, si l'on examine ce qui, chez Rousseau, relève de l'économie, il faut distinguer entre deux domaines distincts. D'une part, la question de la division du travail (que l'on trouve dans Émile et le second Discours). D'autre part, la question proprement dite de l'économie (le mot) que l'on trouve dans le second Discours. Celui-ci nous apprend que Rousseau est ferme sur la séparation des sphères : la famille d'un côté, la société civile, ou politique, de l'autre. Il n'y a pas pour lui de modèle universel ou uniforme de la conduite rationnelle dans les deux domaines. En ce qui concerne la division du travail, Rousseau n'y voit pas un accès à l'indépendance, mais, au contraire, la voie qui mène à une dépendance croissante par rapport aux autres. C'est pourquoi les processus économiques doivent être soumis à un contrôle politique, si l'on veut qu'ils conduisent à la liberté.
  • La légitimité n'existe pas : Éléments pour une théorie des institutions - Frédéric Lordon p. 135-164 accès libre avec résumé
    Ce texte montre combien floues, voire aporétiques, sont en fait les définitions d'une catégorie, la "légitimité", dont les usages ne cessent pourtant de s'élargir. Il montre également (surtout) combien cette imprécision voue la plupart du temps la "légitimité" à fonctionner dans un registre humaniste-théorique et moral. Contre cette dérive de l'analyse des institutions, le texte, en s'appuyant sur la philosophie de Spinoza, propose d'abandonner cette qualité occulte de "légitimité" et que les institutions ne survivent et n'opèrent que parce qu'elles sont soutenues par une configuration adéquate de puissances et d'affects. Classification JEL : B52, P16, Z10.
  • Une réponse à Frédéric Lordon - Arnaud Berthoud p. 165-172 accès libre