Contenu du sommaire : David Ricardo, 199 ans après
Revue | Cahiers d'économie politique |
---|---|
Numéro | no 55, automne 2008 |
Titre du numéro | David Ricardo, 199 ans après |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- David Ricardo 199 ans après : présentation - Christophe Depoortère p. 7-12
- Les deux plans monétaires de Ricardo - Ghislain Deleplace p. 13-33 L'article compare les deux plans monétaires élaborés par Ricardo : l'lngot Plan de 1816, axé sur la convertibilité des billets de la Banque d'Angleterre en lingots, et le Plan for a National Bank de 1823, qui substitue une banque publique à la Banque d'Angleterre comme seule institution émettant les billets. Deux questions sont posées : ces deux plans sont-ils compatibles ? Pourquoi Ricardo passa-t-il de l'un à l'autre ? Les réponses à ces questions sont recherchées dans la défense présentée par Ricardo au Parlement en 1822?1823, lorsqu'il y fut accusé d'être responsable de la déflation ayant suivi le retour à la convertibilité. Je suggère que le passage d'un plan à l'autre s'explique par sa conviction que la Banque d'Angleterre avait torpillé la mise en ?uvre du premier. Analytiquement, l'adoption du second par Ricardo ne signifie pas cependant l'abandon de son objectif initial : séparer les modalités d'intervention de la banque d'émission vis-à-vis de la circulation monétaire interne et des relations avec l'étranger. Malgré la différence dans le principe de convertibilité, un même dispositif est à l'?uvre dans les deux plans pour atteindre cet objectif ; il concerne la gestion de sa réserve métallique par la banque d'émission.
- La politique monétaire selon Ricardo : une comparaison avec l'école de la circulation - Sylvie Diatkine p. 35-48 Nous montrons que les propositions de réforme du système monétaire et bancaire anglais avancées par David Ricardo de 1816 à 1823 visent à mettre en ?uvre un type original de politique monétaire qui se distingue à plusieurs égards de celle qui sera mise en application par la réforme de la Banque d'Angleterre en 1844 à la suite des propositions de l'École de la Circulation. Ricardo souhaite nationaliser l'émission de monnaie uniquement composée de billets convertibles en lingots. La "banque nationale publique", "indépendante" du gouvernement ne prête pas et n'est pas une banque centrale. Elle assure le contrôle de la valeur de la monnaie de papier par le moyen de la régulation du marché de l'or. Elle doit agir dans le cadre de règles et d'objectifs en termes de prix et non de quantités ou coefficient de réserves qui lui permettent de mener une politique active donnant une flexibilité à l'offre de monnaie grâce à l'utilisation d'une politique d'open market.
- Le rejet par Ricardo du mécanisme des points d'or - Jérôme de Boyer des Roches p. 49-63 Contrairement à une opinion répandue, ce n'est pas Ricardo qui a développé la théorie des points d'or, mais Thornton. Il le fait en complément de sa théorie du prêteur en dernier ressort en vue de justifier la suspension des paiements et d'expliquer le haut prix du lingot. Ricardo, par contre, a rejeté le mécanisme des points d'or, et lui a opposé la théorie humienne du mécanisme prix-flux d'espèces. L'enjeu pour Ricardo était de montrer que le haut prix du lingot était la conséquence nécessaire d'un excès de monnaie. Nous analysons ses arguments.
- Ricardo and Thornton on the unfavourable rate of exchange - Annalisa Rosselli p. 65-79 Il y a deux siècles environ que la Controverse Bullioniste agite une série sans fin de questions et d'interpolations. Les contributions les plus récentes a cette querelle ont surtout focalisé sur deux points. Le premier est représenté par la position prise par David Ricardo, un des participants les plus éminents à cette controverse. Le second est la micro-économie des flux des métaux précieux et le fonctionnement des marchés intéressés : le marché des lettres de change et le marché de l'or. Dans les contributions les plus récentes, on abandonne la question du "pourquoi ?" (causes réelles vs causes monétaires des flux de l'or) pour privilégier au contraire la question du "comment ?" (quels sont les marchés qui réagissent les premiers? quels sont les signaux qui déterminent le comportement des agents ?). Suivant cette tendance, une interprétation récente de la théorie monétaire de Ricardo (De Boyer dans ce volume et 2007) prétend que ce dernier rejetait le mécanisme des "points de l'or" analysé par Thornton et était incapable de fournir une explication satisfaisante aux exportations d'or. Dans cette note on soutient au contraire que Ricardo, tout comme Thornton, Malthus et la plupart des participants à cette controverse du côté des Bullionistes, connaissait très bien le mécanisme des mouvements de l'or sur lequel il fonde, en fait, sa théorie. De Boyer a toutefois raison quand il souligne qu'il y a des points obscurs dans les écrits de Ricardo concernant le rôle des prix des marchandises dans les variations du taux de change et dans le mécanisme de transmission d'une surémission. Le fait que Ricardo ait négligé ce problème, peut s'expliquer par la conviction qu'il s'agissait en fait une opinion commune qui n'exigeait done aucune précision ou simplement par un manque d'intérêt, car pour lui la valeur de la monnaie mesurée par le pouvoir d'achat en termes d'or, avait une importance bien plus significative que la dynamique du commerce international.
- Monnaie et reproduction du capital : un modèle pour aider un génie supérieur ricardien - Catherine Martin p. 81-112 Le traitement de la gravitation des prix de marché autour des prix naturels proposé par Ricardo présente des difficultés qui, de notre point de vue, invalident son raisonnement. Cependant, des propositions qu'il avance dans ses écrits monétaires peuvent fournir une piste pour éviter ces difficultés. Nous proposons ainsi un modèle rendant compte du fonctionnement d'une économie dans laquelle les marchandises produites ne peuvent être achetées qu'avec de la monnaie. Nous montrons que l'évolution dynamique d'une telle économie dépend de la répartition de la monnaie entre les capitalistes et de la façon dont ils anticipent les prix. Ainsi, si "un génie supérieur pouvait contrôler l'arrangement du capital du pays" comme il y fait allusion dans une lettre à son ami Malthus, les conséquences d'une telle intervention seraient différentes de celles que Ricardo suppose.
- La loi des coûts comparatifs et la formation des prix internationaux chez Ricardo - Renaud du Tertre p. 113-140 Cet article cherche à montrer que la loi des coûts comparatifs de Ricardo constitue un modèle original et complet, contrairement aux affirmations des partisans de l'analyse néoclassique. Selon cette perspective, nous verrons que son approche comporte trois volets. Le premier stipule qu'un pays a intérêt à participer à l'échange international à partir du moment où les termes de l'échange s'écartent de ses coûts relatifs internes. Le second consiste à montrer que la réalisation de l'échange international est gouvernée par l'ajustement des salaires nominaux relatifs, mesurés en monnaie commune, afin de rendre les prix à l'exportation comparables. Le troisième conduit à affirmer que le taux de change et les termes de l'échange international se fixent lorsque la balance des paiements du pays considéré atteint une position d'équilibre. Ce mécanisme est déterminant, parce qu'il permet de mettre en évidence le caractère précaire et instable de cet équilibre.
- Quel modèle d'accumulation du capital chez Ricardo ? - Christophe Depoortère p. 141-154 Le modèle d'accumulation du capital de Ricardo est étudié à partir de sa distinction entre causes naturelles et accidentelles, respectivement associées aux phénomènes permanents et temporaires. Il en résulte que, des deux interprétations contemporaines de ce modèle que sont celles de Hollander et de Peach, seule la seconde s'attache aux variables naturelles et aux effets permanents, la première focalisant sur des variables de marché et des effets de long terme. L'attention portée par Ricardo aux variables naturelles et aux effets permanents conduit donc à privilégier l'interprétation de Peach. Celle-ci est néanmoins critiquable puisque le type d'analyse qu'il prête à Ricardo s'accorde mal avec l'objectif qu'il lui attribue. Cette contradiction conduit à une nouvelle interprétation du modèle d'accumulation de Ricardo comme une description du processus d'accumulation visant à mettre en évidence comment chaque étape résulte des réponses des agents économiques aux signaux du marché.