Contenu du sommaire

Revue Etudes anglaises Mir@bel
Numéro Tome 55, juillet-septembre 2002
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Jean-Jacques Lecercle p. 259-261 accès libre
  • Articles

    • John Simson, Apothecary: Immortality and the Psychoanalytic Account of Culture - Catherine Belsey p. 262-272 accès libre avec résumé
      La tombe d'un obscur apothicaire du xviie siècle, monument ni grandiose ni même conventionnellement beau, porte témoignage de la perte, et invoque toute une série de pratiques signifiantes pour perpétuer la mémoire de son sujet. Mais l'immortalité est impossible ; la mort n'est que trop réelle. Au lieu d'une vie éternelle, le monument nous présente un « texte » culturel qui fait allusion à l'absence et promet le plaisir. La sculpture funéraire constitue ainsi un exemple privilégié de culture, telle que la psychanalyse la définit.
    • Les hésitations de la fiction dans Roxana de Daniel Defoe - Alexis Tadié p. 273-285 accès libre avec résumé
      Cet article part d'une confrontation entre la philosophie de la fiction, telle qu'ont pu la développer des théories pragmatiques, et Roxana. Le roman de Defoe s'ouvre sur une préface qui récuse précisément l'idée de fiction, se présentant comme récit assuré. L'analyse se porte d'abord sur le statut de cette préface. Elle se penche ensuite sur des théories contemporaines de la fiction pour souligner l'importance de ne pas considérer le roman sous l'angle de la mimesis mais plutôt sous le rapport des usages et de la contextualisation de la fiction. Au centre de Roxana se trouve un usage de la fiction par le personnage principal, marqué par le déguisement qui récuse toute identité stable. Le costume principal, oriental, permet à Defoe d'élaborer une théorie de l'exotisme, à la fois réalité économique et fiction. L'étude se termine sur les principes d'une théorie de la fiction, à l'aube du roman anglais.
    • Hard Times : Une éthique de la lecture - Ronald Shusterman p. 286-297 accès libre avec résumé
      Hard Times est un roman souvent invoqué pour justifier le renouveau de la critique éthique. On peut cependant se demander où se trouve cette dimension éthique. Faut-il la situer dans le « contenu » de l'?uvre ? Serait-elle le produit d'une utilisation particulière de la langue, ou inscrite dans la structure polyphonique du roman ? Une véritable éthique de la lecture prétend au contraire que toute ?uvre, quel que soit son contenu, est toujours déjà « méta-éthique » grâce à son insertion dans une relation pragmatique spécifique ? celle d'un jeu sans fin d'interprétation autotélique ? qui enseigne la forme du jugement.
    • L'inconscient aux sources du mythe moderne - Sophie Marret p. 298-307 accès libre avec résumé
      Comment comprendre l'émergence au xixe siècle, des grands mythes modernes que sont les aventures d'Alice, Dracula et Frankenstein ? L'approche du mythe que propose Jacques Lacan comme « mise en forme » de la structure de l'inconscient nous conduit à dégager deux conditions nécessaires à la formation d'un mythe moderne : celui-ci véhicule un savoir concernant le sujet de l'inconscient, en opposition au discours de la science triomphant au xixe siècle, il est relatif à une époque où subsiste la croyance en l'existence de l'Autre.
    • « Aux limites de la vérité » : l'expérience du récit dans Heart of Darkness - Richard Pedot p. 308-319 accès libre avec résumé
      Le récit de Marlow, dans Heart of Darkness, est, selon son auteur même, un récit impossible, mais ce n'est pas parce qu'il se rapporte simplement à une expérience indicible. Considérée à la lumière des réflexions de Derrida sur l'aporie et ce qu'il appelle le mal d'archive, l'expérience de Marlow se révèle impliquer inéluctablement le langage lui-même, ou plus exactement le rapport originel du langage à la vérité, qui recule sans cesse. La remontée du fleuve ? aux origines de l'homme, du mal, de la morale ? le laisse face à l'inarchivable d'une vérité originelle, d'une arkhè toujours déjà placée sous le signe de la différance constitutive du langage : d'où la navigation aporétique de son récit.
    • De la lutte des classes au style indirect libre - Jean-Jacques Lecercle p. 320-329 accès libre avec résumé
      L'incipit de The Horse's Mouth, de Joyce Cary, se prête mal à une analyse marxiste : texte court, écrit au style direct libre, il ne se préoccupe guère de la conjoncture sociale et historique. Une analyse marxiste du texte est néanmoins tentée, qui s'appuie sur la philosophie du langage de Volochinov, sur son analyse du style indirect libre, et sur ses concepts de pluriaccentuation, de dialogisme et de réfraction. Cette analyse permet de comprendre les phénomènes de subjectivation dont le texte littéraire est le lieu, ainsi que la distinction entre monologue intérieur et flux de conscience, et le trope de la métalepse.
    • La violence politique et le corps dans Shame : lire Salman Rushdie avec Giorgio Agamben - Chantal Delourme p. 331-343 accès libre avec résumé
      Les figures dystopiques et la représentation de la violence politique dans Shame sont abordées à la lumière de concepts-clés dans la pensée d'Agamben, tels que ceux de « vie nue », de « signifiant instable » et de « souveraineté ». Les figures spatiales apparaissent alors comme autant de modalités d'un espace politique dérobé, les boucles temporelles comme l'anéantissement de tout possible et on peut lire le personnage de Sufiya Zinobia non seulement comme corps symptomal mais aussi comme l'incarnation de la structure sourde de la souveraineté, telle que la pense Agamben.
    • Howard Barker : la disposition de spectacle et de lecture mise à nu - Michel Morel p. 344-357 accès libre avec résumé
      La saynète choisie, l'une des dix qui composent The Possibilities de Howard Barker (1987), est centrée, comme les autres, sur un geste de violence pure illustrant le « théâtre de la catastrophe » que prône le dramaturge. Cette violence est l'occasion de rappeler et d'évaluer le rôle crucial de la sensation et de l'émotion dans l'acte de lecture. En lieu et place de la figuration linéaire classique de ce dernier, de l'émetteur au récepteur, l'extrait, et la pièce elle-même, illustrent un dynamisme triangulaire d'échange entre lecteur, texte et contexte, et conduit à postuler l'idée d'une « disposition » de spectacle, et de lecture, indirectement mise en évidence et implicitement dénudée par l'effet même, en nous, d'une telle violence.
  • Bibliographie

  • Comptes rendus