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Dans ses pamphlets des années 1640 et 1650, John Milton imagine, à partir du modèle politique de l'Israël antique, non pas tant un système constitutionnel mais « un républicanisme de l'esprit ». Cet Israël est fondamentalement anticlérical, méritocratique et hostile à la monarchie héréditaire par la forme, mais il évoque avant tout des valeurs qu'il faut défendre : piété et vertu hébraïques épurées d'idolâtrie politique sont une source d'inspiration pour un pouvoir cherchant à asseoir sa légitimité. La référence à Israël dépasse toutefois chez Milton le simple niveau de la polémique pour façonner une vision de la société dans laquelle le politique vient se fonder sur l'éthique.

À sa mort, en 1939, deux jugements contradictoires furent prononcés sur Yeats, respectivement par W. H. Auden et T. S. Eliot, l'un insistant sur sa capacité bouffonne, l'autre sur sa dimension historique. Cet article se propose de montrer la relation particulière qui existe entre ces deux catégories, en apparence antagonistes. Tout d'abord, en étudiant la question de la « silliness » dans le contexte de la poésie de jeunesse, où la naïveté est une nécessité pour accéder à la poésie dans un monde où le savoir est synonyme de savoir scientifique, d'industrialisation et de toutes choses philistines. Ensuite, à travers la figure de l'acteur, comment Yeats a pu prendre conscience de, et agir sur, voire incarner, l'histoire de son pays, l'Irlande. Enfin, pour la dernière période de sa poésie, la question de la bêtise apparaîtra liée cette fois à une esthétique du corps, qui forme un lyrisme inversé, annoncé par Yeats trente ans plus tôt, au sortir d'une représentation d'Ubu Roi. L'intuition d'une nouvelle ère esthétique, dominée par la farce, fonde en effet son statut d'influence pionnière pour le modernisme littéraire.

Après avoir parcouru brièvement les différents courants de la critique de The Grapes of Wrath, roman populaire mais controversé, cet article tente d'évoquer la force d'une ?uvre qui, malgré ses défauts, survit à son époque. L'aveuglement de Steinbeck sur les questions de race et de classe et son manque de vision politique claire ne suffisent pas à affaiblir le souffle prophétique d'un roman qui construit un mythe. Les aspects comiques ainsi que la structure rhapsodique fondée sur la disjonction entre récit linéaire et chapitres intercalaires constituent la matière vive de ce texte qui « invente » la Dépression plus qu'il ne la décrit.

Le basculement potentiel, et sa figuration symbolique dans le motif récurrent du rebord, fascinent Ford de longue date. Fiction après fiction, son ?uvre chemine sur le fil de l'arête, en quête de rétablissement et de consolation ne serait-ce que fugace. A Multitude of Sins poursuit cet exercice d'équilibrisme fragile, entre fatalisme résigné et optimisme discret. Car l'heure n'est plus aux atermoiements angoissés ou aux bouffonneries salutaires qui, du modernisme au post-modernisme, ont cherché à rendre compte du désordre du monde et de l'éclatement de la conscience. Familiers de la catastrophe, les personnages qui peuplent le recueil bricolent leurs résolutions incertaines et autres épiphanies bancales, dans des nouvelles à la progression et à la perspective tout aussi fuyantes, où le langage fait néanmoins figure de perche fragile mais d'autant plus précieuse.

Cet article explore les fondements de la nouvelle présidence impériale que George W. Bush a construite. Celle-ci est, selon nous, le produit d'une rencontre exceptionnelle d'éléments historiques et constitutionnels qui ont entraîné l'une des évolutions les plus controversées du système politique américain depuis deux siècles. L'article, qui commence par une généalogie de l'impérialisation de la présidence, retrace les caractéristiques de l'affrontement entre Congrès et présidence après le Watergate, période qui a vu la formulation d'un discours de la « présidence en exil ». Une deuxième partie, qui pourrait s'intituler « la restauration », décrit le manque de légitimité du mandat populaire de George W. Bush, à la suite des élections de 2000 et de 2004, et le paradoxe lié à l'extraordinaire projet de recomposition du politique conduit par Karl Rove. La troisième partie étudie le recours au privilège de l'exécutif et aux déclarations de signature comme symboles de la fermeture de l'exécutif américain et de son refus de se soumettre au système des freins et contre-pouvoirs. La thèse de cet article est simple : la présidence Bush est impériale non tant dans la quantité de pouvoir qu'elle exerce mais en raison de la mise en échec préventive et systématique des contre-pouvoirs susceptibles de s'exercer contre l'exécutif.

Cet article a pour but d'étudier certains passifs « atypiques ». Nous définissons ces passifs comme étant des extensions d'une matrice fondamentale correspondant à un passif prototypique. Cette étude comprend un examen des passifs prépositionnels, de la passivation des intransitifs et de la voix moyenne. Les problèmes de la transitivité et de l'agentivité sont abordés. La théorie est que la passivation est un phénomène non discret et que l'interprétation passive repose sur l'orientation des relations sous-jacentes.