Contenu du sommaire : Santé et développement
Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 23, no 1, mars 2009 |
Titre du numéro | Santé et développement |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - p. 5-7
- Comment l'instabilité macroéconomique diminue la survie des enfants : How Macroeconomic Instability Lowers Child Survival - Patrick Guillaumont, Catherine Korachais, Julie Subervie p. 9-32 La réduction de la mortalité infanto-juvénile est un des Objectifs du Millénaire les plus universellement acceptés. Toutefois, un important débat est apparu sur les moyens de l'atteindre et sur son réalisme en ce qui concerne une grande partie des pays les moins avancés. Les mesures recommandées pour la réalisation de cet objectif sont principalement des mesures d'ordre sanitaire. Or, sans sous-estimer l'importance de ces mesures, notamment les vaccinations, il semble de plus en plus évident que le rythme de réduction de la mortalité des enfants est en grande partie déterminé par l'évolution de l'environnement macroéconomique. L'influence du niveau du revenu par tête sur la mortalité est fréquemment soulignée à cet égard. Mais une même croissance du revenu n'exerce pas le même effet sur la survie des enfants selon qu'elle est stable ou instable. En effet, les hausses et les baisses du revenu ont vraisemblablement des effets asymétriques sur la mortalité. L'objectif de cette analyse est précisément de montrer comment l'instabilité macroéconomique influence l'évolution de la mortalité infanto-juvénile. L'étude est réalisée en panel à partir d'un échantillon de 97 pays en développement sur la période 1980-1999. L'effet des chocs exogènes est examiné d'abord à travers une variable d'instabilité du revenu. L'étude de la relation est ensuite approfondie à partir des sources primaires d'instabilité : instabilité des prix agricoles mondiaux, instabilité des exportations de biens et services et instabilité de la production agricole. Classification JEL : I10, O11
- Dépenses de santé et équité dans l'accès aux services de santé dans les pays en développement - Jean-Claude Berthélemy, Juliette Seban p. 33-71 Au cours des années 2000, la question de la santé a gagné en priorité dans les politiques de développement, ce qui s'est traduit par une forte augmentation des dépenses dans le secteur de la santé. Pour que ces politiques contribuent efficacement à la réduction de la pauvreté il faut non seulement que les dépenses de santé soient efficaces mais aussi que l'équité dans l'accès aux services de santé s'améliore. Cet article vise à apporter une contribution à cette problématique de l'équité en santé dans les pays en développement en considérant le cas de l'accès aux services de santé infantile et maternelle. Nous montrons dans ce cadre que des dépenses publiques de santé plus importantes profitent un peu plus aux pauvres qu'aux riches mais qu'une progression de ces dépenses se traduit au mieux par une amélioration marginale de l'équité de l'accès aux services de santé. Nous montrons également que l'accès aux services de santé est fortement influencé par les caractéristiques socioéconomiques des ménages, et notamment par l'éducation des mères de famille. Une politique de généralisation de l'éducation des filles pourrait ainsi contribuer à améliorer significativement l'accès à la santé pour les pauvres. Nous trouvons enfin que des améliorations de la gouvernance dans plusieurs de ses dimensions pourraient également contribuer de manière très sensible à une distribution de l'accès aux services de santé plus équitable. Classification JEL : I1, I3
- Les déterminants de l'épidémie du VIH/SIDA en Afrique subsaharienne - Chrystelle Tsafack Temah p. 73-106 Cet article décompose l'impact des déterminants de l'évolution de l'épidémie du VIH/SIDA pendant la période 1997-2005. Après avoir classé ces déterminants en socio-économiques, socioculturels et épidémiologiques, nous essayons de déterminer l'impact de chaque groupe de déterminants sur le cours de l'épidémie en Afrique subsaharienne. A l'aide d'un modèle de panel utilisant les données de 42 pays africains, nous examinons le lien entre les trois catégories de déterminants et l'évolution de l'épidémie. Après avoir effectué une transformation logistique du taux de prévalence du VIH/SIDA, nous estimons notre modèle par les effets aléatoires et nous incluons une variable muette régionale parmi les déterminants pour capter les différences sous-régionales dans la diffusion de l'épidémie. La même équation est ensuite estimée en utilisant le taux d'incidence du VIH/SIDA. Enfin, nous estimons notre modèle par la méthode des moments généralisés (GMM) pour tenir compte des effets dynamiques dans l'évolution de l'épidémie. Nos résultats sont robustes et montrent que ce sont les variables épidémiologiques et socioculturelles qui ont un impact plus important sur l'évolution de l'épidémie. De plus, les variables socio-économiques les plus déterminantes pour l'épidémie sont les inégalités de revenu et les inégalités de genre. Classification JEL : I10, I12, I19, 015
- Échec de la prévention : le poids croissant des droits engendrés par l'aide américaine au financement du traitement mondial contre le VIH/SIDA et la voie à suivre - Mead Over p. 107-144 Les dépenses américaines pour la lutte contre le VIH/SIDA dans le monde contribuent à rallonger la vie de plus d'un million de personnes et sont largement perçues comme un double succès humanitaire et de politique étrangère. Pourtant, ce succès contient les germes d'une crise future. En effet, les coûts de ces traitements à vie ne cessent d'augmenter du fait d'une part de l'espérance de vie accrue des personnes sous traitement, et d'autre part du nombre de nouvelles infections qui dépasse largement celui des personnes mises sous traitement. Les coûts de traitement cumulés associés à une négligence de la prévention menacent d'évincer les dépenses américaines du financement des autres problèmes de santé dans le monde, dans la mesure où ils pourraient consommer plus de la moitié du budget de l'aide extérieure d'ici à 2016. Cet article analyse le problème évoqué plus haut et soutient que les États-Unis ont involontairement créé un nouveau « droit » mondial au traitement antiSIDA dont le coût est actuellement d'environ 2 milliards de dollars par an et pourrait s'élever à 12 milliards par an d'ici à 2016, ce qui représente plus de la moitié de ce que les États-Unis ont dépensé pour l'aide au développement en 2006. En outre, le coût de ce « droit » au traitement devrait continuer à augmenter, réduisant ainsi la part des dépenses consacrées aux activités de prévention et à d'autres besoins importants de développement, lesquelles deviendraient par là-même « discrétionnaires » par rapport au traitement du VIH/SIDA. L'auteur propose des pistes qui permettraient de restructurer substantiellement le Plan d'Urgence du Président pour l'Aide dans la lutte contre le VIH/SIDA (PEPFAR) de manière à éviter le dilemme qui serait offert aux Américains : le choix entre allouer l'aide extérieure aux dépenses croissantes pour le « droit » au traitement pour une durée indéterminée (ce qui éliminerait la moitié des autres programmes d'aide étrangère) ou retirer à des millions de personnes un traitement dont elles dépendent pour rester en vie. Plus spécifiquement, l'auteur propose d'adopter les mesures suivantes : renforcer le succès du traitement et créer une synergie entre le traitement et la prévention en rendant le financement de traitements futurs conditionnel au succès en matière d'adhérence et à la capacité à atteindre le plus grand nombre en matière de prévention, se recentrer sur la prévention en souscrivant aux efforts en matière de circoncision masculine et en étendant le dépistage et le conseil aux couples, et plus seulement aux individus, intensifier les effets de la prévention en faisant une carte des lieux à haut risque en les ciblant avec des programmes de prévention conçus sur mesure. Classification JEL : I12, I18, O15
- Effets économiques du paludisme sur les cultures de rente : l'exemple du café et du cacao en Côte d'Ivoire - Martine Audibert, Jean-François Brun, Jacky Mathonnat, Marie-Claire Henry p. 145-166 Les secteurs du café et du cacao représentaient avant la crise politique en Côte d'Ivoire, approximativement 15 % du PNB et 40 % des exportations. La zone de production de ces deux cultures est la forêt, également zone d'endémie palustre. Leur exploitation est moins contraignante que celle des cultures vivrières comme le riz et l'igname qui, elles, demandent à être repiquées chaque année. Par contre, l'entretien du sol et le traitement des caféiers et des cacaoyers sont des tâches importantes car elles contribuent à l'amélioration des rendements et donc aux revenus monétaires des planteurs. Mais elles exposent les planteurs, par une présence accrue dans les champs, aux piqûres des anophèles et donc au risque de paludisme. Les agriculteurs de cette zone cultivent également du riz, en mode pluvial, mais aussi pour certains, en mode irrigué (culture de bas-fonds). L'objectif de cet article est double. Il est d'estimer d'une part l'effet du paludisme sur la production de café et de cacao et d'autre part l'effet du mode de production rizicole sur la transmission du paludisme. Trois équations, production de café, production de cacao et production de santé, sont estimées. Les données sont issues d'une étude menée en 1999 sur un échantillon de 750 ménages, répartis en 21 villages, en zone forestière. Les principaux résultats soulignent l'absence d'effet du paludisme sur la production de café et de cacao et concluent que la riziculture de bas-fonds n'est pas un facteur de risque pour la transmission du paludisme. Classification JEL : I12, O13
- L'impact du paludisme sur l'éducation primaire : une analyse en coupe transversale des taux de redoublement et d'achèvement - Josselin Thuilliez p. 167-201 Ce travail explore la relation entre le paludisme à P.falciparum ? le seul mortel et le plus répandu ? et l'éducation primaire en termes de résultats scolaires au niveau macroéconomique. L'analyse en coupe transversale réalisée montre que le lien entre les performances des enfants dans le primaire (mesurées par les taux de redoublement et d'achèvement dans le primaire) et l'indice de paludisme à P.falciparum utilisé est fort. Ces résultats laissent penser que l'accomplissement de l'objectif d'éducation universelle nécessite une approche plus large et non uniquement focalisée sur les dépenses d'éducation (publiques ou privées) mais aussi sur des dépenses de santé spécifiques. Pour améliorer la qualité de l'éducation, il faut également prendre en compte l'état de santé des enfants et les maladies affectant particulièrement leurs capacités cognitives dont le paludisme. Les dépenses spécifiques d'éducation et de santé pour faire face au fléau du paludisme devraient faire l'objet de recherches plus approfondies. Classification JEL : O15, I10, I20