Contenu du sommaire : Leçons de l'Asie de l'Est et crise financière mondiale.

Revue Revue d'économie du développement Mir@bel
Numéro volume 24, no 4, décembre 2010
Titre du numéro Leçons de l'Asie de l'Est et crise financière mondiale.
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Allocution d'ouverture : tirer des leçons du passé pour imaginer le futur - Justin Yifu Lin p. 5-20 accès libre
  • Politique industrielle et développement : analyse en termes d'économie politique - James A. Robinson p. 21-45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cette étude analyse le rôle des politiques industrielles dans le développement, en formulant cinq arguments. Premièrement, il existe des sous-bassements théoriques qui laissent à penser que la politique industrielle peut jouer un rôle important dans la promotion du développement. Deuxièmement, il y a assurément des cas où la politique industrielle a joué ce rôle. Troisièmement, pour chacun de ces cas, il en existe d'autres où la politique industrielle a connu des échecs et a peut-être même fait obstacle au développement. Quatrièmement, la différence entre le second et le troisième point réside dans des enjeux d'économie politique relatifs à la mise en œuvre de ces politiques. La politique industrielle a été couronnée de succès dans les cas où les décideurs politiques, qui l'ont mise en œuvre, soit ont souhaité un décollage industriel, soit ont été forcés de s'engager dans cette voie en raison des incitations engendrées par les institutions politiques ou par l'environnement dans son ensemble. Ces arguments impliquent qu'il est nécessaire d'arrêter de penser en termes normatifs en ce qui concerne la politique industrielle, et commencer plutôt à élaborer une approche positive satisfaisante si nous voulons vraiment aider les pays pauvres à s'industrialiser.
    Industrial Policy and Development : A Political Economy Perspective
    This paper discusses the role of industrial policy in development, making five arguments. First, from a theoretical point of view, there are good grounds for believing that industrial policy can play an important role in promoting development. Second, there certainly are examples where industrial policy has played this role. Third, for every such example, there are others where industrial policy has been a failure and may even have impeded development. Fourth, the difference between these second and third cases rests in the politics of policy. Industrial policy has been successful when those with political power who have implemented the policy have either directly wished for industrialization to succeed or been forced to act in this way by the incentives generated by political institutions or the wider environment. These arguments imply that we need to stop thinking of normative industrial policy and instead begin to develop a satisfactory positive approach if we are ever to help poor countries to industrialize.
  • Une question de confiance : capital social et développement économique - Partha Dasgupta p. 47-96 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Ces dernières années, de nombreux chercheurs ont soutenu la thèse selon laquelle la formation du capital social est le moteur du progrès économique. Beaucoup d'autres ont toutefois noté que le constat est mitigé. Cet article soutient que la condition pour le progrès économique est le développement de la confiance entre les personnes. Définissant le capital social au sens strict du terme, c'est-à-dire comme des « réseaux entre les personnes », il montre que, convenablement dirigé, le capital social peut établir et maintenir la confiance. S'il est mal dirigé ou s'il opère dans un mauvais milieu, il peut entraver le développement économique et même faire régresser l'économie. En outre, si l'idée du capital social est de servir à une fin utile en économie, il doit être interprété comme des réseaux entre les personnes dont les membres développent et maintiennent la confiance entre eux pour tenir leurs promesses à travers « l'application mutuelle » des accords. La confiance est la clé de la coopération ; le « capital social », s'il est convenablement établi, est le seul moyen pour établir la confiance. Une voie naturelle pour rechercher l'importance du capital social dans les statistiques macro-économiques est la productivité totale des facteurs, mais cela implique que celle-ci soit un amalgame entre la technologie et les institutions. L'article conclut (dans une annexe) en démontrant comment une augmentation de la confiance au sein de la population aurait pour résultat une hausse de la productivité totale des facteurs, ce qui est une autre façon de dire qu'une augmentation de la confiance au sein de la population conduirait à une amélioration de la richesse de l'économie.
    A Matter of Trust : Social Capital and Economic Development
    In recent years a great many scholars have argued that the formation of social capital is the engine of economic progress. Many others have noted, however, that the evidence is mixed. This paper argues that the deep requirement for economic progress is the development of trust among people. Defining social capital in lean terms, namely, as “interpersonal networks”, it shows that, when suitably directed, social capital can build and sustain trust; if it is misdirected or if it operates in the wrong sphere, it can hamper economic development and even cause economies to regress. Moreover, if the idea of social capital is to serve a useful purpose in economics, it should be interpreted as interpersonal networks whose members develop and maintain trust in one another to keep their promises by the device of “mutual enforcement” of agreements. Trust is the key to cooperation; “social capital”, when suitably applied, is only a means to creating trust. A natural place to look for the worth of social capital in macroeconomic statistics is in total factor productivity, but doing so implies that total factor productivity is an amalgam of technology and institutions. The paper concludes (in an appendix) by demonstrating how an increase in trust among people would result in an increase in total factor productivity, which is another way of saying that an increase in trust among people would lead to an increase in the economy's wealth.
  • Le capital social « individuel », les réseaux « sociaux » et leurs liens avec le jeu économique - Masahiko Aoki p. 97-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet essai effectue une distinction conceptuelle entre les différentes catégories de la société, telles que les réseaux sociaux, les normes, et la différenciation des statuts sociaux, d'un côté, et le capital social, d'un autre côté. Les premiers sont des phénomènes institutionnels découlant des résultats des jeux de l'échange social dans lesquels les agents individuels investissent de façon stratégique dans le capital social. Le développement récent de la neuroscience indique la possibilité future de mesurer les retombées sociales en termes de relations d'équilibres ayant des bénéfices hédoniques. Cette possibilité révèle qu'une approche du capital social en termes de jeu associé et ses implications sur la performance économique sont prometteuses. Cette approche pourrait rendre réalisable une analyse socio-économique des réseaux sociaux, qui ne l'est pas lorsque l'on utilise les approches économique ou sociologique de façon isolée. En particulier, cet essai suggère une manière d'appliquer l'approche en termes de jeu associé au problème de la tragédie des communs, qui est en train de devenir l'un des défis publics les plus importants de notre temps.
    « Individual » Social Capital, « Social » Networks, and Their Linkages to Economic Game
    This essay makes a conceptual distinction between societal categories, such as social networks, norms, and social status differentiation, on the one hand, and social capital, on the other. The former are institutional phenomena arising as outcomes of social-exchange games in which individual agents invest strategically in social capital. Recent development of neuroscience suggests the future possibility of measuring social payoffs in terms of trade-off relationships with hedonic payoffs. This possibility may suggest that a linked-game approach to social capital and its implications for economic performance are more promising. This approach might make feasible an analysis of socioeconomic networks that is not possible using an economic or sociological approach in isolation. Particularly, this essay suggests a way to apply the linked-game approach to the problem of the tragedy of the commons, which is becoming one of the most acute public issues of our time.
  • Innovation et mondialisation financière - Philip R. Lane p. 121-152 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article analyse les liens entre l'intégration financière internationale et le niveau d'innovation. Si la mondialisation financière stimule l'innovation, cela permet d'expliquer l'évidence empirique qu'une intégration financière poussée améliore sous certaines conditions le niveau de productivité et le niveau de vie à long terme. L'article conclut que, sous réserve du niveau de développement, les économies plus intégrées présentent des niveaux plus élevés d'innovation, mais l'impact diffère selon les dimensions sous forme de capitaux ou de dette de l'intégration financière internationale. Par ailleurs, les gains de l'intégration sous forme de capitaux sont identifiés pour les pays ayant des niveaux de revenu relativement faibles, tandis que les gains de l'intégration sous forme de dette sont identifiés uniquement pour les pays à revenu élevé.
    Innovation and Financial Globalization This paper examines the links between international financial integration and the level of innovation activity. If financial globalization boosts innovation, this helps to explain the empirical evidence indicating that increased financial integration conditionally raises the level of productivity and long-run living standards. The paper finds that, conditional on the level of development, more integrated economies do exhibit higher levels of innovation activity, but the impact differs across equity-type and debt-type dimensions of international financial integration. Moreover, the gains from equity-type integration kick in for countries at relatively low income levels, whereas the gains from debt-type integration are only found for high-income countries.