Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue d'économie politique |
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Numéro | volume 117, juillet-août 2007 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Entretiens
- L'économie politique des réformes économiques en Europe et en France - Wladimir Andreff p. 547-550
- La fin du modèle européen ? - Bruno Amable p. 551-575 Cet article s'interroge sur les conséquences des réformes structurelles sur le ou les modèles(s) européens de capitalisme. Il effectue une analyse critique de l'idéologie de la réforme et isole un certain nombre de ses fondations. Sont présentés certains résultats empiriques qui remettent en question la pertinence de ces dernières. Il ressort que le soutien social aux réformes peut s'interpréter plus facilement en termes de clivages de classe qu'à l'aide des concepts des théories de la modernisation. Ces clivages se retrouvent en grande partie dans la segmentation de l'offre politique. Les difficultés des processus de réformes que connaissent les économies européennes reflètent l'affrontement entre deux modèles de capitalisme. Des tentatives de solutions telles que la « flexicurité » ne sont probablement pas à la hauteur des difficultés.
- Le rôle des croyances et des idéologies dans l'économie politique des réformes - Gilles Saint-Paul p. 577-592 Dans cet article, nous essayons de comprendre la persistance de croyances potentiellement biaisées, notamment à l'encontre de l'économie de marché. On montre d'abord, dans le contexte de l'économie politique des réformes du marché du travail, qu'un groupe d'intérêt peut vouloir manipuler les croyances dans une direction systématique, alors même qu'il ne dispose d'aucune information privée. L'idée est que ces croyances affectent les décisions publiques d'une façon qui sera favorable au groupe d'intérêt considéré, indépendamment des paramètres réels qui régissent le fonctionnement de l'économie. Un autre mécanisme est fondé sur l'autosélection des « clercs » en fonction de leurs perceptions sur l'économie de marché. L'idée est qu'il est économiquement rationnel pour un individu qui a une opinion négative sur l'économie de marché de chercher un emploi dans un secteur protégé des forces du marché ? donc en particulier dans la fonction publique, où officient les enseignants. On montre que ce phénomène peut ralentir l'apprentissage social des vrais paramètres de l'économie, si ceux-ci impliquent que l'économie de marché fonctionne «bien ».
- Le rôle de l'idéologie et des croyances dans l'économie politique - Romain Duval p. 593-599 Les trois principaux types d'obstacles à la mise en ?uvre de réformes structurelles relèvent de l'économie politique, de la philosophie morale et de l'idéologie et des croyances. Cet article s'efforce d'éclairer le rôle de chacun d'eux dans la résistance de l'économie française aux réformes au cours des deux dernières décennies.
Entretien
- A comparative view on reform complementarities - Jorge Braga de Macedo p. 601-605 La soutenabilité d'un processus de réformes dépend da la complémentarité des poli- tiques une intéraction positive avec le taux de croissance se dégage de l'expérience des nouveaux membres de l'Union Européenne. L'architecture des réformes est égale- ment utile pour comprendre les effets du changement de régime suite à l'union monétaire, ce qui est illustré par l'expérience portugaise après la signature du traité de Maastricht
- A comparative view on reform complementarities - Jorge Braga de Macedo p. 601-605
Débats/Opinions
- Commentaires sur le rapport Stern : Quelques mots d'introduction - Roger Guesnerie p. 457-462
- La Finance Durable du Rapport Stern - Christian Gollier p. 463-473 Le rapport Stern introduit de très intéressants outils de la théorie de la finance dans l'évaluation des investissements environnementaux. A partir de cette méthode, Stern évalue l'effet du changement climatique sur le bien-être à une chute équivalente immédiate et permanente du PIB comprise entre 5 et 20%. Néanmoins, la prise en compte plus réaliste de l'attitude des ménages face au risque et au temps suggère qu'il est plus vraisemblable d'évaluer cette chute autour de 6%. Mais, pour être congruent avec la temporalité des dommages autant que pour réduire le poids du niveau du taux d'actualisation dans la mesure, il me semble plus logique de présenter ce résultat sous la forme d'une réduction permanente du taux de croissance du PIB de 0,1% par an.
- Le Rapport Stern sur l'économie du changement climatique était-il une manipulation grossière de la méthodologie économique ? - Olivier Godard p. 475-506 Approuvé par plusieurs prix Nobel (Mirrlees, Sen, Solow, Stiglitz) le Rapport Stern a néanmoins essuyé de vives critiques de la part de plusieurs économistes, en particulier nord-américains. Le c?ur des critiques concerne les choix en matière de taux d'actualisation, le traitement de l'incertitude et celui de l'adaptation des générations futures à la nouvelle donne climatique. L'équipe Stern aurait manipulé la méthodologie économique afin de pouvoir dresser un tableau catastrophiste du problème et de conforter la justification d'une action forte et immédiate visant à limiter ce risque, ce qui correspondait à la position du gouvernement britannique commanditaire du rapport. De l'examen de ces critiques il ressort que le rapport Stern n'est pas à l'abri de tout reproche mais que sur l'essentiel il a raison contre ses critiques dans le cadre de la philosophie utilitariste qui sous-tend la démarche économique standard de l'analyse coûts-avantages. Toutefois, des réserves peuvent être émises quant à la pertinence de ce cadre analytique pour aborder un problème comme celui de l'effet de serre. Cela n'empêche pas plusieurs alternatives non-utilitaristes de rencontrer elles aussi des difficultés non négligeables. Quoi qu'il en soit, l'habillage en termes d'efficacité économique dont est revêtu le débat critique est largement trompeur, car le problème est dominé par le statut éthique à reconnaître aux générations futures et la légitimité de transferts imposés de coûts en contexte asymétrique, deux questions qui échappent à l'analyse économique.
- Les impacts économiques futurs du changement climatique sont-ils sous-estimés ? - Stéphane Hallegatte, Daniel Théry p. 507-522 Alors que les débats sur les politiques climatiques se concentrent sur la valeur du taux d'actualisation, on ne sait toujours pas ce que l'on doit actualiser. En effet, les coûts économiques potentiels (non-actualisés) du changement climatique sont largement inconnus et seules quelques études ont cherché à les estimer. La plupart d'entre elles ont abouti à des impacts économiques de l'ordre de quelques pourcents du Produit Intérieur Brut pour des réchauffements de quelques degrés. Ces études ont cependant négligé des mécanismes potentiellement importants, et ont souvent considéré un climat stabilisé. Cet article soutient que les impacts doivent être évalués en termes d'adaptation des systèmes économiques à un climat en évolution rapide. Pour cela, il est important de tenir compte: (1) de l'interaction entre l'incertitude sur le climat futur et l'inertie de certains secteurs économiques; (2) des contraintes économiques de court terme, qui sont centrales dans la réponse de l'économie à des chocs, climatiques ou autres. Finalement, les impacts du changement climatique ne peuvent être estimés en supposant que les sociétés seront parfaitement capables de gérer les nouveaux risques créés par le changement climatique, de nombreuses expériences passées en montrant la difficulté. Les mécanismes évoqués ici suggèrent que l'incertitude sur les dommages du changement climatique est encore plus importante que ce qui est communément admis. Alors que les débats sur le changement climatique n'ont jamais été aussi actifs, il est donc urgent d'accentuer nos efforts de recherche sur ce thème.
- La Stern Review : le parti pris de l'action face au risque climatique - Christian de Perthuis p. 523-531 La Stern Review constitue à ce jour la synthèse la plus complète et la plus didactique sur l'économie du changement climatique. Malgré les apparences, elle ne constitue pas un simple manuel de référence. Son intérêt majeur est le parti pris de l'auteur en faveur de l'action face au changement climatique. Sa principale recommandation est la mise en place d'un marché international de permis d'émission permettant de coordonner l'action conduite par les différents pays. Un tel dispositif qui n'est pas celui recommandé en situation d'incertitude par l'analyse économique classique, semble être le seul qui puisse être accepté par une coalition suffisamment large d'acteurs. Pour être efficace un tel marché ne doit être que l'un des volets d'une politique plus générale qui agisse également sur l'innovation technologique, la solidarité avec les pays du Sud et le financement des infrastructures collectives, notamment en matière d'urbanisation, de transports collectifs et d'adaptation aux conditions climatiques de demain.
- Quelques leçons d'un essai à risque, l'évaluation des dommages climatiques par Sir Nicholas Stern - Jean-Charles Hourcade, Philippe Ambrosi p. 533-545 Partant d'un diagnostic alarmant concernant les dommages du changement climatique, le Rapport Stern appelle à une action internationale d'envergure et sans délai. Nombre de critiques ont attaqué ce message fort, en raison de choix méthodologiques ou paramétriques jugés arbitraires. Ces choix révèlent les limites actuelles des outils de la modélisation intégrée et des cadres théoriques les plus communément employés par les économistes. Le présent article les identifie et dresse un agenda de recherche conjoint pour la modélisation intégrée économie-climat et pour la théorie économique, notamment : évaluer les préférences pour l'environnement, modéliser les non-linéarités dans les dommages, développer des modèles de croissance avec frictions et déséquilibres, et mieux représenter les possibilités de surprises.
- L'économie expérimentale comme outil pédagogique : quelle efficacité ? - Nicolas Eber p. 607-629 Dans cet article, nous présentons les résultats d'une expérience pédagogique originale, menée sur 118 étudiants de première année de l'Institut d'Études Politiques de Strasbourg. Une séance de travaux dirigés portant sur la «tragédie des ressources communes » a été menée, pour une partie des étudiants à partir d'un jeu pédagogique, pour les autres de manière classique. Nous comparons les résultats qu'obtiennent les étudiants des groupes «classiques » et «expérimentaux » lors de tests consacrés spécifiquement au thème des ressources communes. Nous n'observons aucune différence entre les deux groupes d'étudiants lors des tests passés en fin de séance. Par contre, les étudiants des groupes expérimentaux obtiennent des résultats nettement meilleurs que leurs homologues des groupes classiques lors d'évaluations réalisées trois mois plus tard. Nos résultats plaident ainsi en faveur de l'hypothèse selon laquelle l'expérimentation permet une meilleure rétention du savoir à long terme.
- Le cycle économique chez Arthur Spiethoff - Claude Diebolt p. 631-641 Cet article a pour but principal de dégager les lignes directrices et les principes méthodologiques de la pensée conjoncturelle, toujours actuelle (sans paralogisme), d'Arthur Spiethoff, trop souvent ignorée ou plus simplement méconnue en-dehors du monde universitaire de langue allemande. Après une présentation du modèle théorique d'Arthur Spiethoff, nous discuterons sa portée empirique.