Contenu du sommaire : Varia

Revue Revue d'économie politique Mir@bel
Numéro volume 121, novembre-décembre 2011
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Bilan/Essai

    • L'apport de la psychologie sociale à l'analyse économique - Emmanuel Petit p. 797-837 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous proposons une revue de la littérature identifiant l'apport central de la psychologie sociale à l'analyse économique. Nous précisons tout d'abord le champ recouvert par la psychologie, ses centres d'intérêt, ses méthodes et ses outils d'analyse. Nous montrons ensuite comment l'introduction des processus interpersonnels décrits par les psychologues – dissonance cognitive, heuristiques mentales, erreur fondamentale d'attribution, diffusion de la responsabilité, pensée magique, biais de faux consensus, croyance en un monde juste – permet de mieux cerner les environnements dans lesquels la rationalité de la décision économique s'opère et ceux dans lesquels les autorités publiques peuvent intervenir pour rendre la décision plus efficace. Nous nous centrons ensuite sur le rôle majeur de l'influence sociale (conformisme, leadership), de la formation des groupes (identité, discrimination) ou encore des liens sociaux (famille, amis), dans la prise de décision économique individuelle et collective. Notre revue montre que la collaboration entre économistes et psychologues, la mise en commun de leur pratique et de leur expérience, peut déboucher sur des outils plus performants de politique publique.
      The Impact of social psychology on economic analysis The aim of this paper is to understand the crucial role of Social Psychology in economic analysis. Firstly, we present the scientific domain related to Social Psychology, as well as its methods, preferred topics and analytical tools. Secondly, we analyze how the introduction of social psychology interpersonal concepts (cognitive dissonance, heuristics, diffusion of responsibility, fundamental attribution error, magical thinking, false consensus bias, belief in a just world) into economic analysis can improve pure rational decision theory. Thirdly, we focus on the fundamental role of social influence (conformism, leadership), group formation (identity, discrimination) and social ties (family, friends), on individual and collective economic decisions. Our review shows that collaboration between economists and social psychologists can lead to new experimental results and can substantially improve economic behavioural models. Cooperation between the two disciplines thus leads to new useful political tools (framing, persuasion and social norms) which can be useful for public decision-makers.
  • Articles

    • Mésalignements et volatilité - Christophe Boucher, Armand Derhy p. 839-869 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Nous examinons le pouvoir prédictif sur la volatilité des actions aux États-Unis de deux variables de mésalignement définies par les déviations temporaires de la relation de long terme entre les ratios de valorisation (bénéfice-cours et dividende-cours) et l'inflation courante. Ces variables de mésalignement permettent non seulement de prévoir les rentabilités futures à un horizon mensuel mais possèdent également un pouvoir prédictif significatif sur la volatilité. Nos résultats suggèrent également un effet de seuil où seuls les mésalignements dépassant un certain niveau de surévaluation ont un impact positif et significatif sur la volatilité future. Ces derniers résultats plaident donc plutôt pour une interprétation en termes de bulles spéculatives.
      Misalignments and volatility The paper considers forecasting regressions of US equities “realized volatility” on two misalignment measures defined by the temporary deviations from the common trend between valuation ratios (earning-price and dividend-price) and current inflation. Results show that these misalignments are useful to predict in-sample and out-of-sample stock market volatility at monthly horizons. The analysis also reveals a threshold effect where only misalignments exceeding a certain level of overvaluation have a positive and significant impact on future volatility. These suggest that the relationship between misalignments and future volatility is due to the presence of speculative bubbles.
    • Utilisation et déclassement du capital - Antoine Bonleu, Gilbert Cette, Guillaume Horny p. 871-892 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La présente analyse est empirique et vise à caractériser l'influence de la conjoncture et de l'intensité de l'utilisation des équipements sur le comportement de déclassement du capital. Elle est réalisée sur des données individuelles de firmes et bénéficie d'informations originales sur les degrés d'utilisation des facteurs de production. L'échantillon mobilisé comprend 6 998 observations sur la période 1996-2008. Cette base de données individuelles est, à notre connaissance, unique pour l'analyse empirique des effets de l'intensité de l'utilisation des équipements sur le comportement de déclassement. L'analyse empirique du comportement de déclassement est réalisée avec ces données en corrigeant les biais d'endogénéité par le recours à des estimations instrumentées. Les principaux résultats obtenus des estimations de modèles de déclassements du capital peuvent être résumés ainsi : i) Le taux de déclassement est décroissant avec les variations des tensions conjoncturelles mesurées par les variations de l'output et de la durée d'utilisation des équipements, cette relation correspondant à un effet de décélérateur de déclassements ; ii) Le taux de déclassement est croissant avec l'intensité structurelle d'utilisation des équipements, ce qui correspond à un effet d'usure, mais l'importance de ce dernier est secondaire comparée à celle de l'effet de décélérateur ; iii) Le taux de rentabilité n'a pas d'influence significative sur le taux de déclassement. Par rapport à la littérature existante, essentiellement ici Mairesse et Dormont [1985], l'apport de ces résultats est de faire apparaître, par la mobilisation de données d'enquêtes originales, que l'intensité de l'utilisation des équipements influence les déclassements structurellement positivement, via un effet d'usure, et conjoncturellement négativement, via un effet décélérateur qui complète celui déjà pris en compte via l'effet des variations de la valeur ajoutée.
      Capital Utilisation and Retirement This empirical analysis aims at assessing the effect of the economic climate and the intensity of capital utilisation on companies' capital retirement behaviour. It is conducted using individual company data, as well as original data on the degree of utilisation of production factors. The sample includes 6,998 observations over the period 1996-2008. This database is, to our knowledge, unique for the empirical analysis of the intensity of capital utilisation on firms' capital retirement behaviour. We adjust for endogeneity biases by means of instrumental variables. The main results obtained from the estimation of capital retirement models may be summarised as follows : i) The retirement rate decreases with the variations in cyclical pressures measured by the changes in output and the workweek of capital ; this relation corresponds to a countercyclical decelerator effect on capital retirement ; ii) The capital retirement rate increases with the structural intensity of capital utilisation ; this effect, which corresponds to a wear and tear one, is nevertheless small compared to the decelerator one ; iii) The profit rate does not have a significant impact on the retirement rate. Compared with the existing literature, here mainly Mairesse and Dormont [1985], the contribution of these results is to show, through the use of unique survey data, that the effect of the intensity of capital utilisation on capital retirement is structurally positive, via a wear and tear effect, and cyclically negative, via a decelerator effect which completes that already taken into account via the effect of changes in value added.
    • Le mariage efficace de l'épargne et du jeu : une approche historique du capital - Marie Pfiffelmann p. 893-914 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article défend, au moyen d'une approche historique, l'idée que le succès des actifs financiers à lots ne provient pas d'un rendement anormalement élevé mais de leur structure originale combinant épargne et jeu. Nous montrons que ces produits sont extrêmement populaires et qu'ils ont toujours permis de récolter des fonds en quantité importante tout en représentant une source de financement relativement peu couteuse. Ce travail permet de créer un lien empirique entre skewness et attractivité des actifs financiers. Il contribue ainsi aux travaux théoriques récents de la finance comportementale mettant en avant le goût des investisseurs pour les produits financiers à distribution de rentabilité asymétrique. De plus, nous tirons les enseignements de ces différentes expériences historiques et mettons en lumière comment et en quoi ce type d'actifs financiers peut se révéler efficace en termes de collecte de l'épargne publique.
      The efficient combination of savings and gambling : an historical approach of capital By using an historical approach, this paper supports the idea that the popularity of lottery-linked financial assets does not corne from an abnormally high expected retum, but from their original framework that combines gambling and savings. We show that these kinds of assets are very famous and are able to raise a huge amount of money even when their expected retums are relatively low. Then it could stand for a relatively cheap source of funds. This study creates an empirical link between the skewness and the attractiveness of financial assets. It contributes to the recent theoretical behavioural finance studies. Moreover, we leam about these historical expériences while underlining how these lottery-linked-financial-assets could be used to develop public savings.
    • La diversification des portefeuilles français à la veille de 1914 ou l'image écornée du rentier français du 19e siècle - Maxime Merli, Antoine Parent p. 915-934 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dès la fin du 19e siècle, les capitaux européens financent le développement des infrastructures dans le monde. L'ampleur de ces flux de capitaux, essentiellement britanniques et français, a suscité de nombreuses interrogations quant aux motivations sous-jacentes. Goetzmann et Ukhov [2006] ont montré que les investisseurs victoriens étaient au fait d'une méthode d'investissement appelée « geographical distribution of capital », proche du principe de diversification internationale des portefeuilles. Parent et Rault [2004] ont montré que les investissements français à l'étranger obéissaient également à des considérations économiques et financières. Nous nous demandons dans cet article si, comme les investisseurs victoriens, les investisseurs français raisonnaient en termes de distribution géographique de leurs avoirs et faisaient montre d'une aussi grande modernité dans leurs choix d'investissements. Pour cela, dans une première partie, nous explorons la littérature de la fin du 19e siècle qui montre combien les analystes financiers français encourageaient les investisseurs à détenir un portefeuille « diversifié ». Dans une deuxième partie, nous appliquons à une base de données harmonisée la théorie moderne du portefeuille et construisons un portefeuille international optimal. Nous démontrons une adéquation entre la répartition effective des avoirs français et leur distribution optimale et délivrons une représentation de l'investisseur français contrastant avec l'image d'Épinal du rentier français averse au risque.
      French Portfolio diversification before 1914 : a renewed picture of the French rentier of the 19th century. From the turn of the 19th century, huge amounts of capital were exported from Europe, mainly from Great-Britain and France, to less-developed countries. Many scholars have asked about the motives and the consequences of these exports. Goetzmann and Ukhov [2006], using a modem portfolio theory approach, have shown that British capital exports were the consequences of both the opportunity and the understanding of diversification. Parent and Rault [2004] gave empirical evidence that French investments abroad were driven by economic and financial motives, not by diplomatic or political factors. In this paper we wonder whether French investors had understood the benefits of international diversification as British investors did and to what extend they have practiced it. We deliver a renewed database of domestic and foreign assets' yields quoted at the Paris Stock Exchange over the period 1874-1913. We find out that French investors had a very modem way to choose their portfolio investments, similar to Victorian investors. Using the modem portfolio theory, we highlight similarities between the evolution of Paris Stock Exchange capitalization and the structure of the market portfolio. We also find out a clear preference of French investors for foreign investments. This outcome calls into question the traditional view of the “French rentier” of the 19th century.