Contenu du sommaire : La Science Régionale au tournant du siècle. I

L'article propose une analyse économique des choix de localisation des ménages et des activités. Le modèle standard de l'économie urbaine offre un premier cadre d'intelligibilité des arbitrages réalisés par les ménages. Il souffre cependant de limites qu'il convient de dépasser, en particulier en relâchant les hypothèses d'homogénéité des réseaux de transport, d'isotropie de l'espace et de localisation exogène des emplois au centre. La confrontation au réel des prédictions théoriques de ces modèles nécessite de mobiliser les outils de l'économétrie spatiale. Les estimations obtenues confirment les résultats théoriques. Elles permettent d'identifier les facteurs explicatifs à l'œuvre au niveau des aires urbaines françaises pour les quatre derniers recensements.

L'objectif de l'article est de discuter des récentes approches séquentielles et cumulatives des processus de localisation basées sur des interactions non-marchandes. Nous distinguons le rôle joué par les externalités de réseaux de celui joué par les externalités informationnelles afin de distinguer les processus de localisation en grappe des processus de localisation en cascade qui caractérisent respectivement l'émergence de la Silicon Valley et celle du Silicon Sentier. Nous concluons sur la nécessité d'élargir cette distinction à la recherche des propriétés de stabilité de ces deux types de structures d'agglomération.

Dans une économie en voie de globalisation, les territoires et non seulement les entreprises rivalisent entre eux d'une façon de plus en plus directe. En effet, à la différence des pays, les régions et les villes rivalisent, sur le marché international des biens et des facteurs productifs, sur la base d'un principe d'avantage absolu et non d'avantage comparatif ; cela signifie qu'il n'existe aucun mécanisme automatique efficace en mesure d'assurer à chaque territoire un rôle dans la division spatiale du travail, quelle que soit sa performance relative.Pour cette raison, les territoires à développement retardé, faibles en terme de compétitivité du tissu productif, d'accessibilité, de qualité du capital humain et de l'environnement, de capacité d'apprentissage collectif, risquent davantage l'exclusion et le déclin que par le passé. En particulier, la phase actuelle du développement, où les facteurs cruciaux sont les facteurs de connaissance et les facteurs immatériels liés à la créativité et à la capacité d'utilisation innovatrice du stock existant de technologies et de connaissances codifiées, exige de lourds investissements en connaissances tacites, capital humain, management et organisation, coopération et intégration en réseau. Bref, elle exige des facteurs rares, qui n'existent pas nécessairement partout, et artificiels (qui peuvent être renforcés par des politiques et des actions appropriées).

L'analyse marshallienne de l'organisation industrielle est considérée comme le point de départ d'une importante littérature qui, au tournant du vingtième siècle, prétend au renouvellement de l'économie régionale et spatiale, afin d'analyser les phénomènes de localisation, d'agglomération et de mobilité des facteurs de production. En suivant un travail pionnier du professeur BECATTINI, ce papier essaie de montrer que l'analyse de l'organisation industrielle de MARSHALL ne constitue pas le début mais plutôt la suite voire l'aboutissement d'une filiation théorique classique qui remonte à SMITH, en passant par MILL et CAIRNES et qui se construit aux antipodes de la tradition épistémologique ricardienne. Cette filiation met en avant l'apparition d'un mode d'organisation de la production sur la base d'un régime autre que la concurrence pure et parfaite, dont l'expression la plus représentative est le groupe non concurrent, archétype du district industriel.

Au cours du XIXe siècle, l'agriculture française a vécu des mutations de son espace productif à la suite de bouleversements démographiques rapides et d'une croissance économique hésitante jusqu'en 1929. De cette époque, persistent certains espaces agricoles majeurs. Nous montrons cependant que l'intégration d'autres formes d'agricultures (plus orientées vers la qualité des produits) à compter du milieu du XXe révèle d'autres territoires qui ont eux aussi une influence sur leur proximité directe. Des formes concentriques typiques des économies agricoles se forment également sur la période récente. L'agriculture d'appellation ne se situe pas sur les mêmes bases territoriales.

La mise en évidence de la non-validité du paradigme rationaliste est à l'origine de la construction sociale de la question de la normativité et des valeurs en aménagement-urbanisme, qui amène une réflexion sur les présupposés inhérents à toute recherche et toute pratique d'aménagement-urbanisme. Normativité et interdisciplinarité sont intimement liées et la normativité incluse dans ce champ suppose une redéfinition de l'interdisciplinarité qu'il appelle. L'auteur propose donc une classification des disciplines en fonction des rapports qu'elles peuvent entretenir avec le champ du « changement spatial volontaire et normatif ».