Contenu du sommaire : Révolution et minorités religieuses

Revue Rives méditerranéennes Mir@bel
Titre à cette date : Rives nord-méditerranéennes
Numéro no 14, 2003/2
Titre du numéro Révolution et minorités religieuses
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Révolution française et minorités religieuses - p. 1 accès libre
  • L'Islam en France sous l'Ancien Régime et la Révolution: attraction et répulsion - p. 2 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La présence de l'islam en France sous l'Ancien Régime et la Révolution française se réduit à peu de chose. Tout au plus, on peut parler des esclaves et des commerçants à Marseille et à Toulon, à travers une documentation relative aux « cimetières » et à une « mosquée » mythique. Contrairement au monde musulman qui a abrité de tout temps des minorités chrétiennes et juives, la France jusqu'au XXe siècle ne fut pas une terre d'accueil pour les musulmans. Inversement, l'islam a fait l'objet de vives polémiques et a servi de caisse de résonance pour les conflits idéologiques et religieux internes, entre la génération dévote et les intellectuels des Lumières, entre catholiques et protestants. Voltaire est certainement l'un des intellectuels les plus emblématiques de ces débats concernant la « tolérance islamique » pour l'opposer à « l'intolérance catholique ». En définitive, ces discussions débouchent sur une idéologie civilisatrice avec la Révolution et surtout Napoléon: ainsi, ce dernier reprend le même chemin que Saint Louis, mais non pas pour la gloire de la croix, mais pour répandre la civilisation « universelle » engendrée par la Révolution.
    The presence of Islam in France during the Ancien Regime and the Revolution was limited indeed. There was little beyond slaves and traders in Marseille and Toulon, certain documents about “cemeteries” and a mythical “mosque”. Unlike the Muslim world which had always offered shelter to Christian and Jewish minorities, France before the 20th century was not a haven for Muslims. Conversely, Islam came up in bitter polemics and was used to fuel ideological and internal religious conflicts between the pious generation and the Enlightenment intellectuals and between Catholics and Protestants. Voltaire is certainly a case in point as an intellectual caught up in debates over “Islamic tolerance” as opposed to “Catholic intolerance”. In the long run, these discussions gave way to a civilising ideology with the Revolution and especially with Napoleon. Bonaparte indeed followed the path taken by Saint Louis, not for the glory of the cross but to disseminate the “universal” civilisation brought about by the Revolution.
  • Les communautés juives face au processus de l'Émancipation - p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    On date des 27-28 septembre 1791 l'Émancipation des Juifs de France. En réalité deux émancipations se sont opérées: une en janvier 1790 pour les Juifs sépharades du Sud-Ouest et Avignonnais et une autre pour les Askénazes (1791); l'une dans une logique d'Ancien Régime reconnaissant les Juifs comme un groupe, l'autre plus moderne, comme individus. Mais une relecture attentive des conditions de l'élaboration du décret, bien connu, de 1791 atténue sa portée jacobine. Napoléon l'accentuera, unifiant dans le principe le statut des uns et des autres.
    The Emancipation of the French Jews is dated back to 27-28 September 1791. In practice, two waves of emancipation took place, the first in January 1790 for the Sephardic Jews in the south west and the Avignonnais, the second for the Ashkenazim (1791) ; one reflects the Ancien Régime logic, recognising the Jews as a group ; the other, more modern, recognises them as individuals. But a close re-reading of the conditions in which the well-known decree of 1791 was formulated plays down the Jacobin impetus. It was Napoleon who was to accentuate it, unifying the status of both sides.
  • 1789-1791: triomphe ou échec de la minorité janséniste? - Monique Cottret p. 4 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les jansénistes récusent le nom qui les désigne. Ils ne veulent pas être les partisans de Jansenius, mais les disciples de Saint Augustin, les amis de la vérité, les seuls et vrais catholiques. Tout au long du siècle des Lumières, ils animent une ardente résistance contre l'Église majoritaire, qui est dans l'erreur, et défendent avec une belle énergie les droits du « petit nombre ». Ce combat les conduit à la contestation de la monarchie absolue qui ignore les impératifs de la conscience.L'événement révolutionnaire est pour beaucoup d'entre eux une divine surprise. La constitution civile du clergé semble répondre à la bulle Unigenitus. Comment vont-ils vivre ce bouleversement? Comment vont-ils gérer la tentation majoritaire? A partir des Nouvelles ecclésiastiques, qui existent depuis 1728, mais ne sont plus clandestines, le présent article cherche à comprendre les modalités du ralliement d'une partie des jansénistes à la Révolution.
    The label “Jansenist” was challenged by the Jansenists themselves. They did not wish to be seen as partisans of Jansenius, but as the disciples of St Augustine, friends of the truth, the only true Catholics. Throughout the Age of the Enlightenment, they maintained their ardent resistance to the majority Church, which was in the wrong, and fervently defended the rights of “the small in number”. This cause led them to contest the absolute monarchy which was oblivious to the calls of conscience. The revolution came for many of them as a divine surprise. The civil constitution of the clergy seemed to come as an answer to the bull Unigenitus. How would they live through such upheaval? How would they face up to the temptation of joining the majority? Taking the Nouvelles ecclésiastiques as its starting point, which had existed since 1728 but was no longer clandestine, this paper seeks to understand the ways in which a section of the Jansenists rallied to the revolutionary cause.
  • Les adeptes de la théophilanthropie : Pour une autre lecture d'Albert Mathiez - p. 5 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La théophilanthropie est une expérience de « culte révolutionnaire » de cinq années (1796-1801). Mais, relisant l'étude d'A. Mathiez, on peut s'interroger sur la réception et le succès relatif du mouvement. L'organisation, privée, de Chemin et Haüy rencontre d'autres projets de « religion raisonnable », considérée comme étant inhérente à chaque homme, et devant remplacer le catholicisme. La réussite est d'abord rapide à Paris, surtout parmi la « bourgeoisie éclairée », et s'amplifie après le soutien apporté par le directeur La Révellière-Lépeaux. Mais le mouvement est alors davantage politique et à coloration anti-catholique. En province, la situation est différente. Si l'on excepte trois départements plus particulièrement concernés, ce sont surtout les villes qui connaissent de tels essais d'organisation. La composition sociale est alors plus variée, l'engagement plus ambigu et les motivations diverses.
    Theophilanthropy is an experience of the “revolutionary cult” over five years (1796-1801). But re-reading A. Mathiez's study, one is led to have doubts about the reception and the relative success of the movement. Chemin and Haüy's private organisation came into contact with other projects for a “reasonable religion”, considered as inherent to each man and fit to replace Catholicism. They met initially with rapid success, particularly among the “enlightened bourgeoisie” and this was consolidated when the director, La Réveillère, gave his support too. But the movement then took a more political slant, more distinctly anti-Catholic. Beyond the capital, the situation was different. With the exception of three departments that were particularly concerned, it was mostly in the towns that the movement tried to organise. Here the social composition was more varied, commitment more hesitant, and motivations more disparate.