Contenu du sommaire : Patrimoine et politiques urbaines en Méditerranée

Revue Rives méditerranéennes Mir@bel
Titre à cette date : Rives nord-méditerranéennes
Numéro no 16, 2003/4
Titre du numéro Patrimoine et politiques urbaines en Méditerranée
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Patrimoine et politiques urbaines en Méditerranée : Le passé recomposé - Nicole Girard p. 1 accès libre
  • Hospice, caserne, taudis, musée : la promotion patrimoniale de la Charité de Marseille - Régis Bertrand p. 2 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'«_hôpital général de la Charité_» était un hospice-prison destiné aux mendiants de la ville, caractéristique de la volonté de «_grand renfermement des pauvres_» du xviie siècle. Bien que sa chapelle soit attribuée au grand artiste marseillais Pierre Puget, l'édifice reste inconnu des récits de voyage et des guides jusqu'au xxe siècle. Le monument n'attire l'attention qu'à partir de l'Entre-deux-guerres, lorsque des érudits confirment et précisent le rôle de Puget et que des associations culturelles s'efforcent de le défendre. Il est classé monument historique en 1951, dans un état très précaire_: la Charité est alors perçue comme un taudis au cœur de Marseille. Elle sera sauvée de la ruine et de la destruction entre 1968 et 1986, au prix d'un ensemble considérable de travaux. Le monument réhabilité est voué à des usages culturels prestigieux (musées, expositions, centres de recherche) et devient un élément majeur de l'image de Marseille. Son impact reste cependant assez limité sur un quartier depuis longtemps défavorisé.
    The “hôpital général de la Charité” was a prison-poorhouse intended for the town's beggars and was to carry out “the poor's great confinement policy” characteristic of the 17th Century. Although Pierre Puget a famous Marseilles artist had been credited with the chapel's construction, the building had never been mentioned in travel stories or guidebooks until the 20th Century. During the interwar period, the monument began to draw attention when scholars confirmed and clarified Puget's role and cultural associations tried hard to plead its case. In 1951 it became a listed building, as it was in a precarious state: the Charité was then considered a slum in the heart of Marseilles. Between 1968 and 1986 it was to be rescued from ruin and destruction thanks to a significant programme of work. Once restored the monument was destined to prestige cultural activities (museums, exhibitions, research centres) and became a major feature for the city's image. The overall importance of the monument, however, remains limited in a district with a long story of social backwardness.
  • La muraille terrestre d'Istanbul ou l'impossible mémoire urbaine - Jean-François Pérouse p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir de l'exemple des murailles terrestres de la péninsule historique d'Istanbul, héritage majeur de siècles d'histoires byzantine et ottomane, on s'attache à caractériser les politiques des pouvoirs locaux vis-à-vis du si lourd passé de la mégapole. Il apparaît ainsi que ces autorités locales, municipalité du Grand Istanbul comme municipalités d'arrondissement, sont encore dans l'incapacité d'assumer entièrement cet héritage, tant la tentation est forte de réduire l'histoire pourtant complexe de la muraille à un seul « moment ». De ce fait, il ne peut y avoir construction d'un patrimoine urbain, partagé, qui suppose la définition d'un compromis entre des récits historiques pluriels, intégrant toutes les dimensions du passé.
    Observing to what public use the terrestrial wall of Istanbul is put, the marvelous “linear monument” the UNESCO had listed in 1985, makes one wonder on which criteria the Turkish patrimony is being built. The emergence of a patrimonial consciousness seems to stumble over a long-standing reluctance to write a urban, local and national memory that includes all the dimensions of the past the terrestrial wall precisely exemplifies. This example reveals which are the prerequisites for the emergence of a patrimonial conciousness in an environment still dependent on a strongly ideologized interpretation of the Turkish urban past.
  • La «renaissance» de Palerme sous la municipalité d'Orlando (années 1990) : fête et monuments - Deborah Puccio p. 4 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pendant la période où Leoluca Orlando a été maire de Palerme, une vague de renouveau a investi le chef-lieu sicilien. Réouverture de théâtres, création de festivals, réanimation festive de la vie citadine ont poursuivi la logique de ce mouvement lancé, en 1989, par Orlando et connu sous le nom de « Printemps palermitain ». Nettoyage de jardins publics, assainissement de quartiers dégradés et restauration de monuments ont fait pendant, sur le plan plus spécifiquement urbanistique, à cette « régénération » de la politique locale qui était le but affiché du conseil municipal dirigé par le maire antimafia. On suivra le fil d'une politique urbaine caractérisée par sa forte charge symbolique à travers la restauration de quelques monuments « emblématiques » et la réanimation d'une fête votive, le Festino di Santa Rosalia.
    When Leoluca Orlando was mayor of Palermo, a revival wave pervaded the Sicilian capital city. Theatre reopenings, festival creations, reawakening of city life continued the 1989 movement initiated by Orlando that was to be known as the Palermo Spring. The cleaning up of public parks, rehabilitation of shabby districts and restoration of monuments have been the specifically urban counterpart of that regeneration which the town council under the antimafia mayor had made its showcase project.  We will retrace the path of that urban policy characterized by a strong symbolic power through the restoration of three “emblematic” monuments and the revival of a local celebration, the Festino of Saint Rosalia.
  • Casablanca : la réconciliation patrimoniale comme enjeu de l'identité urbaine - p. 5 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    A travers l'étude de deux corpus (guides de voyage et documents d'urbanisme), il s'agit de montrer d'une part comment la dimension patrimoniale s'affirme dans une ville moderne et « sans histoire » (à la différence des cité impériales du Maroc) ; et d'autre part de saisir l'instabilité temporelle des objets urbains et les contradictions inhérentes aux discours et interventions de ce que nous nommons l'aménagement du patrimoine. Quatre lieux de Casablanca sont en passe aujourd'hui d'attribuer à la ville tout entière une aura patrimoniale : l'ancienne médina (le noyau historique), le quartier « traditionnel » néo-colonial des Habous ou Nouvelle médina (bâtis entre les années 1920-40, exemple présupposé d'urbanité musulmane) ; le centre-ville d'origine coloniale d'architecture art déco et moderne ; enfin la Grande Mosquée Hassan II, monument contemporain, susceptible de constituer le référent symbolique de la requalification musulmane d'une ville conçue comme « profane », et en même temps élément déclencheur d'un projet de réhabilitation du centre-ville.
    The study of two corpuses (travel guides and urbanistic documents) will show us how, unlike the imperial cities of Morocco, a modern and ordinary town can rise to patrimonial prominence, and make us realize to what extent urbanistic objects are unstable and into what contradictions the language and actions of what we term patrimonial development may lead us. Four places in today's Casablanca are poised to grant the entire town a patrimonial glamour: the old medina (the historic core), the Habous' neo-colonial district or new medina (built between the 1920's and 1940's and a supposed example of muslim urbanity); the original art deco colonial center; and finally the Hassan II Great Mosque, a contemporary monument that may become the element for restoring to islamic favor a town meant to be “secular” in the first place and the triggering factor for the rehabilitation of the city centre.
  • Barcelone 1900-1910 : la construction d'un espace symbolique - p. 6 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En racontant le passé à l'aide de monuments, de noms de rue et de plaques commémoratives, la mémoire constitue la ville en un espace de représentation politique. Cet article étudie la relation établie entre mémoire et espace urbain à Barcelone au début du xxe siècle. Les logiques d'inscription de la mémoire dans la ville à la fin du xixe siècle changent radicalement avec les nouvelles conceptions développées par le noucentisme à partir de 1906, c'est-à-dire par le mouvement artistique et culturel qui prétendit définir les canons d'un art national catalan.
    By telling the past with the help of monuments, street names and memorial slabs, the memory redefines the town as a space of political representation. This article is a study of the relationship established between memory and urban space in Barcelona at the turn of the 20th Century. The usual processes of inscribing on memory underwent a radical change in the last years of the 19th Century thanks to the new concepts developed by the noucentism, from 1906 onwards, that artistic and cultural movement which boasted the authorship of a new set of rules for a Catalan national art.
  • Les espaces publics dans les politiques patrimoniales à Naples : Place du Plébiscite et Place Dante - p. 7 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Après des années de laisser-faire et de dégradation du centre historique, la «renaissance» de Naples depuis dix ans s'est dès le départ appuyée sur la mise en valeur du patrimoine architectural, privilégiant les espaces publics du centre en tant que lieux porteurs d'une identité collective et d'une nouvelle image de la ville. Le réaménagement des deux places – Plébiscite et Dante – symbolise à huit ans d'intervalle deux stratégies différentes de valorisation du patrimoine mais témoigne aussi d'un processus inégal de ré-appropriation de ces espaces par les citadins et de la fragilité des politiques patrimoniales impulsées d'en haut, souvent plus attachées au décor qu'à une véritable mobilisation des habitants.
    After years of laissez-faire and defacement of the historic centre, the “rebirth” of Naples, now ten years in the making, has from the start relied on the rehabilitation of the architectural patrimony, giving preference to public areas in the city centre as carriers of collective identity and providers of a new image for the town. The refittings of both Plebiscite Square and Dante Square, eight years apart, symbolize two different strategies for the development of patrimony but also show how unequal citizens are in the way their take possession of their space and how fragile are patrimonial policies boosted from the top keener as they are often for scenery improvement than for a real mobilization of residents.