Contenu du sommaire : Réalité(s) du possible en sciences humaines et sociales

Revue Tracés Mir@bel
Numéro no 24, 2013/1
Titre du numéro Réalité(s) du possible en sciences humaines et sociales
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • Articles

    • Contingence historique et contiguïté des possibles - Ivan Ermakoff p. 23-45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      « Ce qui aurait pu ou pourrait ne pas être » : la référence à des mondes possibles est intrinsèque à la notion de contingence, aussi vague et intuitive que cette notion puisse être. De façon tout aussi indistincte, les usages informels de la notion lui adjoignent l'idée d'indétermination. L'objet de cet article est d'envisager dans quelle mesure et à quelles conditions ces arrière-plans sémantiques peuvent se voir attribuer un contenu positif. Comment comprendre l'absence de nécessité et quel rôle incombe au possible dans cette absence ? Prenant acte de situations où le futur apparaît vacillant, cet article élabore une conception réaliste de la contingence historique en termes de contiguïté des possibles, il contraste cette conception avec la définition de Cournot, spécifie les traces indiciaires qui en permettent le repérage empirique et dévide ses implications pour l'analyse du changement en histoire.
      « What could not be or could not have been »: the reference to possible worlds is intrinsic to the notion of contingency however vague and intuitive this notion might be. In the same vein, contingency evokes the idea of indeterminacy. The purpose of this article is to examine whether and to which extent a positive content can be assigned to these intuitive semantic backdrops. How shall we interpret the absence of necessity and how does the realm of the possible figure in this absence? Acknowledging conjunctures in which the future appears to be flickering, I elaborate a realist conception of historical contingency cast in terms of contiguous possibilities, contrast this conception with Cournot's definition of contingency, identify which indicators allow us to trace empirically these conjunctures and spell out the implications of this approach for the analysis of historical change.
    • Contingence, déterminisme et « just-so stories » - Clint Ballinger, Marc Lenormand, Pierre Saint-Germier p. 47-69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Sont évoqués ici un certain nombre d'usages distincts du concept de contingence. L'accent est mis sur les liens entre la contingence et l'indéterminisme et le déterminisme. Associer la contingence à l'indéterminisme nous semble problématique. Un autre usage fréquent du concept de contingence est ce que nous appelons la contingence épistémique. Celle-ci, associée aux conjonctions spatio-temporelles, est indissociable de concepts comme les conditions aux limites (la façon dont les humains perçoivent le monde) et les conditions initiales. Ces dernières, souvent ignorées, constituent pourtant un pan entier de la causalité (à côté des lois de la nature), et expliquent les phénomènes spatio-temporels de l'univers. Nous avançons l'hypothèse que ce que les humains perçoivent comme contingent provient du caractère irrégulier des conditions initiales dans l'univers. Cette question des conditions est centrale dans toute entreprise de compréhension du monde et, contrairement à ce que l'on pense souvent, il est de plus en plus aisé de la poser, et elle peut être présentée adéquatement sous la forme d'une « just-so story ».
      A number of contrasting uses of contingency are discussed, with an emphasis on the relation of contingency with indeterminism and determinism. We find associations with indeterminism problematic. Another frequent use of the concept of contingency is discussed, what we call epistemic contingency. It is associated with spatiotemporal conjunctures and is intricately connected with the concept of boundary conditions (how humans perceive the world) and initial conditions. The latter are the often ignored half of the (laws and initial conditions) causal story and account for the spatiotemporal facts about the universe. We explain a view that what humans perceive as contingent stems from the irregular initial conditions of the universe. The story of how is crucial to any meaningful understanding of the world and is, contrary to common views, both increasingly tractable and correctly told as a just-so story.
    • Viabilité, probabilités, induction - Noël Bonneuil p. 71-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Quand le calcul des probabilités favorise la croyance en un devenir immédiat, la recherche opérationnelle, elle, prescrit une liste de commandes afin d'atteindre un objectif donné, en général en optimisant un certain critère. Le calcul par inclusion différentielle s'appuie, lui, sur le concept de directions contingentes sans poser de probabilité sur chacune d'elles, sans non plus rechercher une trajectoire optimale. Parmi les directions ouvertes à partir de l'état présent, certaines font perdre toute possibilité de se maintenir dans un ensemble donné. Les autres sont dites viables. Ce principe de maintien est décliné en principe d'acquisition lorsqu'il s'agit d'atteindre une cible et en principe de victoire dans les jeux dynamiques. La théorie du cycle de vie viable sert de cas exemplaire pour présenter ces idées dans une situation réaliste. La caractérisation des états par leur statut de viabilité permet de tracer une carte cognitive du futur, mais aussi du passé. Pour le passé, les preuves historiques se posent comme autant de contraintes, sans toujours réussir à ramener à un singleton l'ensemble des scenarii candidats à produire un fait historique.
      While probability calculus helps favour the credence in a future occurrence, operational research prescribes a list of controls aimed at a given objective, generally in optimizing a given criterion. Differential inclusion calculus relies on the concept of contingent directions, avoiding to assign any probability on each admissible direction, without seeking an optimal trajectory either. Among these directions open from the present state, certain ones lead to lose any opportunity to maintain the system in a given set. The other directions are called viable. This principle of maintenance turns into a principle of acquisition when a target is to be attained and into a principle of victory in dynamic games. The theory of the viable life cycle is used to present these ideas in a realistic framework. Characterizing each state by its viability status allows the delineation of a cognitive map of the future, but also of the past. For the past, historical evidence works as constraint on past trajectories, not always enough to reduce the set of candidate scenarios to a single one.
    • Le possible peut-il être perçu ? - Gunnar Declerck p. 85-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Différentes théories psychologiques de la perception soutiennent aujourd'hui que le possible est quelque chose que nous percevons. Pour l'approche écologique par exemple, la perception fournit un accès direct aux possibilités d'action potentialisées par les structures de l'environnement. Cette idée est-elle légitime ? Peut-on réellement percevoir le possible ? Si la perception nous branche sur le réel, ne faut-il pas justement se libérer de la perception pour accéder au possible ? Dès lors, le possible n'est-il pas plutôt pensé que perçu, l'objet d'un savoir et non pas d'un voir ?Répondre à ces questions nécessite d'examiner si la thèse que le possible est perçu est en cohérence avec : (a) la structure phénoménologique de l'objet perçu ; (b) nos modèles du fonctionnement de la perception, en particulier le modèle causal standard. Cet examen permet de montrer que si, dans un sens phénoménologique strict, le possible n'est pas quelque chose qui apparaît sur le mode de l'objectité perçue, il contribue néanmoins à déterminer l'organisation et la sémantique de l'environnement perçu. Le possible comme tel n'est pas perçu, mais il confère structure, forme et sens au monde qui apparaît dans la perception.
      Several psychological theories of perception claim that the possible is something we perceive. Typically, the ecological approach holds that perception provides direct access to opportunities for action potentiated by the structures of the environment. Is such a claim legitimate? Can we actually perceive the possible? If perception plugs our mind into reality, should we not be freed from perception to gain access to possibilities? T­herefore, shouldn't the possible be conceived rather than perceived, something we have knowledge of, not something we see? Answering these questions requires examining whether the thesis that the possible is perceived is consistent with: (a) the phenomenological structure of the perceived object, (b) our models of the perception mechanisms, especially the standard causal model. This inquiry will show that if, in a strict phenomenological sense, the possible is not something appearing in the same way as perceived objectities, it nevertheless contributes to determine the organization and semantics of the perceived environment. The possible as such is not seen, but it gives structure, form and meaning to the world that appears in perception.
  • Note

  • Manifeste

  • Traductions

  • Entretiens