Contenu du sommaire : Mexique 2000-2012, limites et impasses de la transition démocratique

Revue Problèmes d'Amérique Latine Mir@bel
Numéro no 89, été 2013
Titre du numéro Mexique 2000-2012, limites et impasses de la transition démocratique
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  • Dossier : Mexique 2000-2012, limites et impasses de la transition démocratique

    • Introduction - Marco Antonio Estrada Saavedra, Claude Bataillon p. 7-12 accès libre
    • La croissance de l'économie mexicaine sous les gouvernements du PAN et bien au-delà - Gerardo Esquivel, Etienne Jezioro p. 13-31 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Ce travail analyse le développement de l'économie mexicaine sous les deux présidences du Parti d'Action Nationale (PAN). Nous verrons que la croissance économique du Mexique est restée médiocre au regard des résultats passés ou de ceux des autres pays. Nous verrons également que cette évolution s'inscrit dans une tendance à long terme, ce qui nous amènera à qualifier ces problèmes de structurels. En ce sens, nous verrons que la productivité au travail est actuellement inférieure à ce qu'elle était il y a 30 ans. Pour expliquer cette situation, deux facteurs sont à analyser : le faible niveau de crédit accordé par le secteur privé et la faiblesse des taux de formation de capital humain.
      Mexico's economic growth during the PAN governments and beyond
      This paper analyzes the performance of the Mexican economy during the administrations of the two presidents of the National Action Party (PAN). It shows that Mexico's economic growth in the period was poor when compared with other countries or with their own performance in the past. It also shows that Mexico's recent performance is a continuation of a long-term trend, so that the problems facing the Mexican economy can be regarded as structural. In particular, we show that labor productivity is now lower than it was 30 years ago. We explore two factors that may be contributing significantly to explain this situation: the low level of banking credit to the private sector and the low rates of human capital formation.
    • Classes sociales, pauvreté et inégalités dans les années de l'alternance présidentielle - Patricio Solís, Gabriela Benza, Marie-France Prévôt-Schapira p. 33-53 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Malgré l'institutionnalisation croissante des politiques sociales sous la présidence du PAN (2000-2012), la pauvreté a conservé ses niveaux antérieurs et les inégalités de revenus ne se sont réduites que marginalement. Comprendre ces contradictions revient à identifier les composantes structurelles de la pauvreté et des inégalités qui n'ont pu être modifiées pendant cette période. Nous analyserons plus particulièrement l'une de ces composantes, la structure de classes, au sens d'un ensemble de positions hiérarchiques occupées au sein du marché du travail. Or cette structure est restée inchangée tout au long de l'alternance, démontrant qu'il existait des freins puissants à la mobilité ascendante. En même temps, si les inégalités se sont effectivement réduites entre 2000 et 2006, débouchant sur une légère amélioration du niveau de vie des classes laborieuses et rurales, la chute des inégalités qui suivit, entre 2006 et 2012, a été contrebalancée par un appauvrissement des classes moyennes et un manque de perspectives d'amélioration pour les classes laborieuses et rurales. Pour autant on ne saurait interpréter ces phénomènes comme un signe de progrès social.
      Social classes, poverty and inequality in the years of presidential alternation
      Despite the growing institutionalization of social policy during the years of political alternation (2000-2012), poverty rates remain unchanged an income inequality was only marginally reduced. Understanding this apparent contradiction requires identifying some structural components of poverty and inequality that suffered little change during this period. In this article we review one of these components, namely the class structure, understanding it as a set of hierarchical positions in the labor market. The composition of the class structure remained stalled during this period, creating structural barriers for upward social mobility. At the same time, while in the period 2000-2006 inequality decreased with moderate improvements in wellbeing for those in the working and rural classes, in 2006-2012 the reduction of income inequality took place in a context of impoverishment of middle classes and lack of improvements for the working and rural classes. Thus, the decrease in income inequality between 2006 and 2012 cannot be interpreted as a sign of social progress.
    • Le travail universitaire au Mexique, du salaire au mérite au travail à la tâche ? - Manuel Gil Antón, Benjamin Moallic p. 55-68 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      À partir de 1989, suite à la profonde crise économique que connut le Mexique, le mode de régulation des professions de l'éducation supérieure a radicalement changé. La rémunération du travail, auparavant essentiellement salarial (c'est-à-dire garantie par des Conventions Collectives) perdait 60 % de sa valeur. Par la suite, le redressement progressif du revenu des personnels académiques, ne s'est pas fait par des augmentations salariales, mais par la mise en place de programmes laissant aux enseignants à temps plein la possibilité d'obtenir des ressources supplémentaires, « payées au mérite », individuellement et hors-salaire, sous condition d'évaluation positive de leur production académique. Aujourd'hui, la part du salaire dans le revenu de l'élite de l'enseignement supérieur est tombée à tout juste 30 %, l'essentiel étant composé de prestations ou de récompenses additionnelles et irrégulières. En nous penchant sur le modèle des Transferts Monétaires Conditionnés, nous montrerons les réussites et les limites d'un tel système, ainsi que les effets contradictoires qu'il peut engendrer.
      The academic profession in Mexico: from merit pay to work on a piecework scheme?
      From 1989 onward, after a dire economic crisis in the country, began a radical change in the regulation of the academic profession in higher education institutions. Remuneration, which previously had been based solely on salary (derived from Collective Bargaining Agreements) lost 60% of its purchasing power. Gradual recovery of income did not occur through salary increases, but by the creation of programs granting additional resources to full time academics, following the logic of merit pay, obtained on an individual basis and not as part of the salary, but by means of periodic productivity evaluations. Today, 30% of the total income of elite professionals comes from their salary and the rest from additional non-stable payments or grants. Using the Conditional Cash Transfers model as a guideline for the analysis, the limitations, achievements, dilemmas and paradoxes that this situation has created are shown.
    • Les politiques publiques en faveur des citoyens à l'étranger : la gestion de la souffrance des migrants mexicains - Françoise Lestage p. 69-86 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Au Mexique, depuis la fin des années 1990, les gouvernements de l'État fédéral et des États régionaux mexicains ont mis en place des politiques publiques pour aider financièrement et administrativement les migrants mexicains aux États-Unis et leurs familles dans les démarches d'une vie quotidienne transnationale. Cet article postule qu'une partie importante de ces aides constitue un système structuré d'assistance que l'auteur qualifie de « gestion publique de la souffrance en migration ». Ce système d'aide a des fonctions spécifiques, notamment celle de maintenir les migrants dans le corps politique de leur pays d'origine. Il a aussi des effets sur la conception de la nation et du citoyen au Mexique, en particulier parce qu'il fait des migrants résidant hors du pays des bénéficiaires de politiques publiques spécifiques.
      State policies for citizens living in foreign countries: the public management of migrant's suffering. Since the 1990s, the Mexican federal and state governments have been implementing policies offering financial and administrative aid to Mexican migrants in the United States, and their families, with the procedures involved in daily transnational life. The article argues that a significant portion of this aid forms a structured system of federal and state assistance that the author qualifies as “the public management of migrant's suffering”. This system of assistance has specific functions, in particular that of maintaining migrants in the body politic of their home country, as well as effects on social life and on the concept of the nation, mainly because it offers a position for migrants as beneficiaries of specific public policies.
    • L'État et les mouvements sociaux durant la transition à la démocratie (2000-2012) - Marco Antonio Estrada Saavedra p. 87-106 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Nous avons l'habitude de penser que les transitions démocratiques, comme celle qu'a connu le Mexique en l'an 2000, supposent une rupture avec les pratiques politiques de l'ancien régime. Le domaine de la lutte sociale fournit des indications précieuses sur le degré d'ouverture du nouveau système politique et son caractère démocratique. Cet article prend pour objet les relations tissées ces 12 dernières années entre le gouvernement fédéral et trois mouvements sociaux. L'auteur y observe le prolongement d'interactions autrefois en vigueur (cooptation et répression), la naissance de relations inédites (reconnaissance des opposants comme des interlocuteurs légitimes et fonctionnement de l'État de droit), enfin l'apparition de répertoires, de ressources, d'acteurs et d'arènes nouveaux. Paradoxalement, faire appel à l'État de droit a autant servi à résoudre des conflits de manière institutionnelle et démocratique, qu'à criminaliser la lutte sociale en en faisant une menace à l'ordre social.
      The State and Social Movements during the Transition to Democracy (2000-2012)Generally speaking it is thought that democratic transitions, as the one México went through during the year 2000, assumed a break up from the political practices from the old previous regime. The scope of social protests results in a good viewpoint to observe how open and how democratic is the new political system. In this paper the relations between the Federal Government and the Social Movements in the last 12 years are studied. The author observes a mixture of interacting patterns from the past (co-option and repression), the appearance of new forms of relations between the two (acknowledgement of the opposition as legitimate interlocutor and the workings of the Rule of Law). Furthermore, it is also observed the appearance of new resources, collections, conflict actors and arenas. Paradoxically, to appeal to the Rule of Law it has been useful, not only to settle conflicts in an institutional and democratic manner, but also to criminalize social protests as a threat to social order.
    • Violence d'État et ordre criminel. Les coûts de la guerre perdue du Michoacán, Mexique - Salvador Maldonado Aranda, Etienne Jezioro p. 107-125 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article décrit les manières dont la violence d'État contre le crime organisé contribue à l'émergence d'un ordre informel et contingent. Ce phénomène peut être analysé à l'aide de la notion centrale de « liaison dangereuse », c'est-à-dire en saisissant les modalités d'articulation entre un État policier et le crime organisé afin de produire des violences quotidiennes et des formes de victimisation. Pour ce faire, nous avons centré notre analyse sur une des organisations délinquantes les plus caractéristiques, Les Chevaliers Templiers. Nous questionnerons leur formation, leurs relations avec l'État ou la population. Enfin nous interrogerons les raisons de leur enracinement social malgré la mise en place de politiques gouvernementales visant à les éliminer. Aussi nous rendrons-nous compte, leçons historiques et exemples ethnographiques à l'appui, que la violence mexicaine est d'une nature plus complexe que ne le prétendent les rapports officiels et certains quotidiens.
      State violence and crime order. The remainders of the lost war in Michoacán, México
      The content of this article is an analysis of how state violence applied to insecurity and organized crime effort to maintain its presence in society, contribute to the construction of informal and contingent orders. One of the concepts central to understanding these informal orders, is “dangerous liaisons”, understood as the way in which organized crime police state and articulate to produce daily violence and victimization rates. To do this, we focus our analysis on one of the most idiosyncratic criminal organizations in Mexico and the Caballeros Templarios, how they arise, what their relations with the state and local people and why do they have social support despite government policies to eradicate it. We will soon see through historical and ethnographic examples lessons that Mexican violence is a more complex nature than that shown by official reports and some media.
  • Lectures