Contenu du sommaire : Citoyenneté, engagements publics et espaces urbains
Revue | L'Homme et la société |
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Numéro | no 160-161, 2e et 3e trimestre 2006 |
Titre du numéro | Citoyenneté, engagements publics et espaces urbains |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial : Une revue intellectuelle ? - Michel Kail, Monique Selim p. 5
- Citoyenneté, vous avez dit citoyenneté ? - Christophe Daum p. 11-15 Le Citoyen et l'Étranger La notion de citoyen — et ses dérivés — est devenue souvent floue tant elle est utilisée dans la réthorique publique pour renvoyer à l'universalité dans une perspective qui a trop souvent pour objectif de désigner les « non-citoyens » : les étrangers mais aussi et bien souvent leurs descendants. Pourtant, le mouvement social, parce qu'il éclaire régulièrement certains des dysfonctionnement de la société, interpelle parfois tant les opinions publiques que les plus hautes autorités nationales. Il se positionne alors sur des questions éminemment politiques, dans une citoyenneté revendiquée en acte. Sur le droit au logement, sur le droit au travail ou encore le droit à la résidence, les mouvements sociaux qui sont observés dans ce texte, les revendications exprimées indiquent l'émergence d'une identité collective minoritaire mais néanmoins active et présente sur la scène publique de façon pour le moins remarquable. À observer les occurrences de la citoyenneté dans la revendication collective, et non plus dans la rhétorique publique, force est de constater que des groupes imprévus, exclus a priori du droit à la parole publique, ont su se positionner en citoyens malgré leur extranéïté.
- La citoyenneté entre les frontières - Numa Murard, Étienne Tassin p. 17-35 La citoyenneté entre les frontières Cet article, à la fois sociologique et philosophique, propose de comprendre la citoyenneté comme un processus et pour cela discute les voies qui permettent de circuler de l'idée au fait et du fait à l'idée, des définitions contingentes aux significations inactuelles et réciproquement. Cette proposition, à son tour, implique de dépasser les frontières du politique et du non-politique, et de prêter une attention politique aux manifestations dérangeantes de l'incivilité.Citizenship between the Lines An important question at the present time is how to go beyond the limits of the political and the non-political and to confront politically worrisome manifestations of incivility. Such sociological and philosophical considerations can be made by understanding citizenship as a process, by discussing the ways that allow us to go from the idea to the deed and from the deed to the idea, and from contingent definitions to more general meanings and vice-versa.
- Entre désordre politique et ordre scolaire, les appelés de la citoyenneté : Interrogations en zone violence scolaire au lendemain du 21 avril 2002 - Annick Madec p. 37-54 Entre désordre politique et ordre scolaire, les appelés de la citoyenneté - Interrogations en zone violence scolaire au lendemain du 21 avril 2002. Au soir du 21 avril 2002, s'affiche sur les écrans de télévision le visage de Jean-Marie Le Pen, candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle : il sera opposé au second tour au président sortant. La recherche présentée ici entendait garder une trace de ce qui s'était passé, de ce qui s'était pensé, lors de la journée du 22 avril dans ce qui s'appelait une zone violence scolaire. L'événement est regardé du point de vue de ceux que le gouvernement sortant avait appelé « emplois-jeunes ». L'académie où s'est déroulée cette recherche les avait nommés : « emplois-jeunes citoyens » (EJC). Le dispositif proposait une définition extrêmement restrictive de la citoyenneté en temps ordinaire. La référence à la citoyenneté incluse dans l'intitulé de la fonction n'a pas été mobilisée quand le politique est venu bouleverser l'ordre scolaire. Cet événement a néanmoins parti-cipé à la formation politique de ces citoyens.Between Political Disorder and Order in School: Violence in Schools and Appeals to Civic Responsibility after April 21 In the evening of April 21 2002, it was announced that Jean-Marie Le Pen, far-right candidate in the presidential election, would run against the incumbent resident in the run-off election. Among young high-school age students this event was an important factor in the political education of this category of citizens.
- Mauvais parents, mauvais citoyens... : Aspects diffus et exclusifs de la démocratisation scolaire - Sophie Lamotte p. 55-79 Mauvais parents, mauvais citoyens... Aspects diffus et exclusifs de la démocratisation scolaire Cet article propose une analyse du dernier mouvement de démocratisation scolaire et vise à préciser certains des enjeux politiques qui le sous-tendent. Au-delà de l'usage classique de la citoyenneté comme enjeu pédagogique, nous verrons que les textes émanant du ministère de l'Éducation nationale ont initié une démarche nouvelle, l'ouverture de l'institution scolaire à la société civile. Le partenariat y est conçu comme le moyen d'appréhender les problèmes éducatifs et sociaux en mettant sur un pied d'égalité les différents acteurs concernés, tout particulièrement les « parents ». Nous remarquerons cependant qu'une déclinaison particulière de ce projet est faite pour les enfants et les familles issus des milieux populaires. La diffusion des prétentions socialisatrices dans les échanges observés dans des établissements scolaires situés dans des territoires populaires, disqualifient a priori les parents comme porteurs de valeurs et de capacités démocratiques, et aboutissent à leur effacement des cadres de rencontre pourtant créés à leur intention.Bad Parents and Bad Citizens... Widespread and Particular Aspects of Educational Democratization Declarations and instructions issued by the French National Education Minis-try have announced a new strategy consisting of opening educative institutions to civil society. This partnership is conceived as a means of apprehending educative and social problems by putting the different actors on an equal footing, especially the « parents ». It seems clear, however, that this endeavor is not entirely successful when it concerns children and parents from socially disadvantaged backgrounds. The expression of socializing pretensions in the exchanges observed in schools located in lower-class localities tends to automatically disqualify the parents as agents of democratic values and capabilities. The result is the failure of programs created, paradoxically, with these same parents in mind.
- Pratiques participatives culturelles et régimes de la politique à Lyon : une histoire immédiate de la démocratie participative - Sophie Wahnich p. 81
- Entre l'urbain et le social, un espace politique ? : Histoire et devenir du quartier de la Plaine du Lys à Dammarie-les-Lys à l'aune de la mobilisation politique de l'association « Bouge qui Bouge » - Alexandre Piettre p. 103-134 Entre l'urbain et le social, un espace politique En confrontant une enquête d'un laboratoire de sociologie en vue du renouvellement urbain d'un quartier d'habitat social, au mouvement social et politique qui y est à l'œuvre à la suite d'« émeutes », cet article pose, à nouveaux frais, l'articulation de l'urbain et du social à propos des « grands ensembles ». En effet, il renvoie dos à dos les sociologies qui opposent le social à l'urbain et celles qui assujettissent le social à l'urbain. Car l'une et l'autre achoppent sur l'espace, celui-ci constituant le point aveugle des pratiques et des représentations politiques en termes de contrôle social ou de délibération libre de toute attache qu'elles sous-tendent. De sorte qu'elles évitent l'espace que les citadins-citoyens donnent à voir en deçà et par-delà toute « urbanité » ou communication rationnelles. Et, en l'espèce, qu'elles s'empêchent de penser comment le religieux repose ainsi la question de ce qu'est la politique.Between the Urban and the Social – a Political Space The articulation between the urban and the social in regards to the renewal of inner-city housing is revealed by confronting a sociological study with the social and political movement inspired by a series of « riots ». It shows that sociologies focused on either urban existence or social conditions tend to ignore how space itself is the blind spot of political practices and representations in that they neglect how urban-dwelling citizens inhabit a space that goes beyond « urbanity » and rational communication. What is lost is how religion is now structuring the political.
- Minoritaires et citoyens ? Faites vos preuves ! - Élise Palomares, Aude Rabaud p. 135-160 Minoritaires et citoyens ? Faites vos preuves ! L'« implication citoyenne des habitants » que les pouvoirs publics locaux appellent de leurs vœux apparaît en décalage, voire en contradiction avec la figure idéale de la citoyenneté, qui renvoie en principe à l'exercice effectif de droits politiques. Fondée sur la comparaison entre deux communes de la périphérie bordelaise et parisienne, la perspective adoptée dans cet article interroge plus particulièrement les préconceptions ethnicisantes que les usages politiques ordinaires de la citoyenneté véhiculent. La partition ethnique des espaces publics urbains et la hiérarchisation sociopolitique des habitants en fonction de leurs origines se jouent dans un double mouvement : d'une part, dans l'injonction faite aux groupes minorisés de se saisir de ressources dépolitisées, d'autre part, au sein des espaces institutionnalisés de discussion entre majoritaires, dans omniprésence des problèmes que les « autres ethniques » poseraient.Minorities and citizens ? Prove yourselves! A comparison of two counties, one on the outskirts of Bordeaux and the other on the fringes of Paris, reveals the ethnic division of public spaces and the sociopolitical hierarchies of the inhabitants in relation to their origins in a two-fold dynamic. On the one hand, minority groups are encouraged to appropriate de-politicized resources and, on the other hand, within institutionalized spaces majority groups discuss problems in constant relation to « other ethnicities ».
- Immigrés, sans-papiers, des travailleurs en deçà de la citoyenneté - François Brun p. 161-175 Immigrés, sans-papiers, des travailleurs en deçà de la citoyenneté La figure du sans-papiers est paradoxale. Il est le « sans », caractérisé par « l'exclusion » dont il est l'objet, mais il est aussi un travailleur sur lequel reposent en partie des pans entiers de l'économie, tout au moins dans certains secteurs. Et il exprime aussi fortement le désir d'accès à la citoyenneté grâce aux papiers dont il est demandeur. L'article tente d'éclaircir cette apparente contra-diction, à travers une double approche, sociologique et juridique. Cette dernière s'inscrit en faux contre la notion ambiguë de « zone de non-droit », dans la me-sure où le droit, qui a vocation à enserrer l'ensemble du corps social, ne saurait ignorer totalement les sans-papiers, aussi bien dans ses dispositions répressives, bien sûr, que dans son aspect protecteur. La question qui se pose est à cet égard celle de l'effectivité des droits. L'approche sociologique met l'accent sur la dénomination que subissent des personnes qui, mises à contribution pour la production de biens et de services à moindre coût, sont avant tout soumises à des conditions de flexibilité maximales et bénéficient à ce titre de tolérances de fait, à proportion des services qu'elles rendent. Pour accéder quand même à une forme de « citoyenneté de résidence », les sans-papiers, comme beaucoup de travailleurs « jetables », doivent passer par l'engagement collectif.« Immigrants, Alien Resistents and Other Sub-Citizen Workers » The status of illegal aliens is paradoxical in that, far from being « excluded » from society as often claimed, much of the economy is dependant upon them. The desire of such workers to obtain citizenship is, in fact, indicative of their integration into the society. This social phenomenon must be understood in both sociological and juridical terms, as the question of legality must be reconsidered in light of the social role played by this population. At the root of the question is the social domination exercised by those who benefit from the exploitation experienced by these workers. In order to achieve a kind of « resident citizenship », legal aliens, like other « disposable workers », must engage in collective action.
- Les grèves de la faim lyonnaises contre la double peine : opportunités militantes et opportunités politiques - Mathieu Lilian p. 177-197
- Le Citoyen et l'Étranger - Christophe Daum p. 199-219
- La pauvreté à l'épreuve de l'Ouzbékistan - Bernard Hours, Monique Selim p. 221-238 La pauvreté à l'épreuve de l'Ouzbékistan Cet article aborde les représentations et le vécu de la pauvreté en Ouzbékistan d'abord à travers l'examen de la perte de statut des intellectuels académiques puis en examinant localement la faible pertinence de la catégorie de « pauvreté » telle qu'elle est conçue par la Banque mondiale. Les ONG font l'objet d'une troisième partie qui analyse leur histoire et leurs profils comme entreprises d'exportation de la démocratie américaine dans l'espace postsoviétique. L'Ouzbékistan offre l'exemple d'un État tombé dans le « sous-développement » qui bloque toute évolution démocratique. Il s'agit d'une « transition » ratée et d'un relatif retour à une situation de guerre froide dans une région plus prospère à l'époque de l'URSS où l'expérience de l'indignité est plus prégnante que celle de la pauvreté partagée par la majorité de la population.The Politics of Poverty in Uzbekistan Examining the representations and reality of poverty in Uzbekistan, in the case of the declining status of academic intellectuals and then in relation to the World Bank's inadequate category of « poverty », reveals a country that has fallen into « underdevelopment » and that blocks any democratic change. In this context, the role of NGOs has been to export US-style « democracy » to countries of the ex-Soviet Union. The end result has been a failed « transition » and a return to « cold war » to a region that was more prosperous at the time of the Soviet Union and where, at the present time, the feeling of indignity is even stronger than the poverty shared by most of the population.
- Débats et controverses : Quelles statistiques pour quelle lutte contre les discriminations ? - Véronique de Rudder, François Vourc'h p. 239-253
- Comptes rendus - p. 255-262