Contenu du sommaire : La terre : une marchandise ?
Revue | L'Homme et la société |
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Numéro | no 183-184, 1er et 2e trimestre 2012 |
Titre du numéro | La terre : une marchandise ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial. La vieillesse ! Quelle vieillesse ? De l'intérêt du point de vue philosophique - Michel Kail p. 5-8
La terre : une marchandise ? Agriculture et mondialisation capitaliste
- La terre : une marchandise ? Agriculture et mondialisation capitaliste - Thierry Pouch p. 9
- Land grabbing versus investissements fonciers à grande échelle. Vers un « accaparement responsable ? » - Benoît Lallau p. 15-34
- Échanges alimentaires et juste prix : Un détour par l'histoire de la pensée économique pour alimenter un débat contemporain - Benoît Prevost p. 35-59
- Sécurité alimentaire mondiale et crise structurelle d'un mode de fonctionnement de l'économie agricole - Gérard Azoulay p. 61-81 Un mode spécifique de fonctionnement de l'économie agricole mondiale maintient dans l'insécurité alimentaire chronique près de 900 millions d'individus. Les règles du commerce international des produits agricoles et les pratiques des institutions internationales constituent une entrave à la mise en œuvre de stratégies cohérentes dans ces pays. Les alternatives stratégiques et théoriques à la crise structurelle de ce modèle supposent la combinaison de multiples facteurs tenant à la capacité des gouvernements à mettre en œuvre de véritables politiques, à fournir des biens publics et à gérer les ressources de manière autonome par leurs propres institutions et procédures c'est-à-dire la volonté politique d'élaboration et de mise en œuvre de véritables stratégies globales, alliant rôle du marché et de l'État.A specific mode of functioning of the agricultural world economy maintains in chronic food insecurity about 900 million individuals. The rules of international trade of agricultural products and the practices of international institutions constitute an obstacle to the implementation of consistent strategies in these countries. Theoretical and strategic alternatives to the structural crisis of this model suppose the combination of multiple factors including the capacity of Governments to implement efficient policies to provide public goods and to manage resources autonomously by their own institutions and procedures that means the political determination to design and implement comprehensive strategies combining the role of the market and the State.
- Les défis de l'agriculture paysanne : le cas du Burkina Faso - Rémy Herrera, Laurent Ilboudo p. 83-95 Cet article analyse les problèmes actuellement rencontrés par l'agriculture paysanne, dans un premier temps de façon générale (partie 1), puis dans le cas précis d'un pays d'Afrique subsaharienne, le Burkina Faso (partie 2), avant de proposer une série de pistes de réflexion pour entrevoir un avenir meilleur des sociétés paysannes (partie 3).This article analyzes the current problems of peasant agriculture, beginning with a general point of view (part 1), then in the particular case of a Sub-Saharian African country, Burkina Faso (part 2), and finally proposes a series of ideas for a debate about a better future of the peasant societies (part 3).
- Les productions locales : une alternative au productivisme mondialisé ? : Le cas de la valorisation du riz tinawon dans la province Ifugao (Philippines) - Aurélie Druguet p. 97 À travers une étude de cas portant sur la valorisation commerciale de variétés locales de riz, le tinawon, produites par les communautés Ifugao des Philippines, cet article a pour objectif d'interroger les modèles agricoles qui privilégient la qualité des productions locales plutôt que la productivité d'aliments de qualité standardisée et d'analyser leur mise en œuvre, leur succès tout comme leurs limites et leur impact au niveau local. L'émergence du projet de commercialisation du tinawon dans la Province Ifugao intervient dans une période de crise mondiale à la fois économique, agricole et environnementale. Les enjeux liés à la production rizicole sont multiples : sécurité alimentaire, développement socioéconomique, conservation de l'environnement ainsi que des paysages de terrasses et de la culture locale. Les dynamiques de développement et de conservation entrent parfois en contradiction au niveau local. Au final, nous verrons que le potentiel de ces productions locales à répondre à ces enjeux socioéconomiques et environnementaux doit à chaque fois être contextualisé. La nature du produit, culturel et denrée de base pour le riz tinawon, les politiques agricoles nationales, promouvant la productivité et les variétés améliorées aux Philippines, les modèles de production locale, l'autoconsommation prévalant chez les Ifugao, ainsi que l'ouverture des producteurs au marché global et au système capitaliste, peuvent constituer des facteurs limitants. La réussite de tels modèles ne peut alors se faire sans l'apport d'innovations sociales, économiques et techniques dans le système local. Mais à quel prix ?Through a case study on the commercial development of local rice varieties, the tinawon, produced by Ifugao communities of the Philippines, this article aims to examine agricultural models that emphasize the quality of local production rather than the food productivity with standardized quality, and to analyze their implementation, success, limitations and impact at the local level. The tinawon marketing project in Ifugao Province falls within a period of global economic, agricultural and environmental crisis. Issues related to rice production are numerous : food security, socioeconomic development, environmental conservation, as well as terraced landscape and local culture preservation. The dynamics of development and conservation sometimes come into contradiction at the local level. We show that the potential of local production to meet these socioeconomic and environmental issues must always be contextualized. The nature of the product, cultural and staple food for tinawon rice, the national agricultural policies promoting productivity and improved varieties in the Philippines, the local production models in which subsistence prevails in Ifugao Province, and the opening of producers to global market and capitalist system can be limiting factors. The success of such models cannot happen without bringing social, economic and technical innovation in the local system. But at what cost ?
- L'agriculture familiale au Brésil : Une présence ancienne mais une reconnaissance très récente par les politiques publiques au pays du capitalisme agraire - Bernard Roux p. 125-159 Au Brésil, dont l'agriculture est trop souvent résumée à son impressionnant agrobusiness, une masse d'agriculteurs peu dotés en facteurs de production et mettant en œuvre la force de travail familiale a, de tout temps, été présente dans la structure agraire. Or, depuis peu, celle-ci retient l'attention des pouvoirs publics, après avoir subi un « oubli » de plusieurs siècles. L'article se divise en trois parties. Dans la première partie, cette forme d'agriculture de « petite production » est observée au cours de l'histoire agraire brésilienne, pour comprendre ses vicissitudes sur le temps long et montrer comment s'est créée sa situation « subalterne ». Dans la deuxième partie, est caractérisée cette agriculture, désignée actuellement comme « familiale » et sont indiquées les circonstances récentes qui ont conduit à son institutionnalisation. Dans la troisième partie est présenté le contenu des politiques publiques dont elle bénéficie.In Brazil, agriculture is too often summarized by is impressive agrobusiness. But, at the same time, exist, since centuries, a very big number of small and very small farmers. Now, recently, those farmers are concerned by public policies, while it was not the case before. The paper is divided in three parts. In the first part, that agriculture of small farmers is observed in the long term period of Brazil agrarian structure with the purpose to understand how she was always placed in a subordinate position. In the second part, that agriculture, called « family agriculture » is described and the circumstances of his recent institutionalisation are mentioned. In the third part, the public policies managed towards the « family agriculture » are described.
- L'exploitation familiale à la française : une institution dépassée ? - Patrick Mundler, Jacques Rémy p. 161-179 L'exploitation familiale, comme institution, est bousculée par l'évolution de l'agriculture. Ce modèle est-il réellement en décomposition ? Comment ont évolué les relations entre famille et exploitation agricole ? Nous nous proposons ici d'analyser les relations « famille - exploitation agricole » en cheminant entre quatre figures : la ferme paysanne, l'exploitation familiale modernisée, l'entreprise agricole, forme d'exploitation post-familiale, et l'exploitation rurale fortement diversifiée. Chacune correspond à un modèle type que nous décrirons au travers des liens entre espace professionnel et espace domestique. Si ces quatre figures n'épuisent évidemment pas la diversité des formes d'exercice de l'agriculture, leur examen pose ici à nouveau la question de la frontière entre les métiers et les statuts professionnels et celle de la détermination du périmètre de l'exploitation agricole et avec elle de la famille dite « agricole ».The family farm, as an institution, has been shaken up by the evolution of agriculture. Is this model really dying out ? How have the relationships between family and farm changed ? Our proposition here is to analyse the relationships « family - farm » by exploring four patterns : the peasant farm, the modernized family farm, the farm enterprise as a model of the post-family farm, and the strongly diversified rural corporation. Each of them represents a standard model that we will describe through the links between professional and domestic space. Even though the examination of these four models obviously does not allow us to deal fully with the various forms of agricultural activities, it does raise the question of the divide between farming skills and professional status, as well as the issue of determining the scope of the farm operation and with it, that of the so called ‘agricultural' family.
- Régulation versus dérégulation des marchés agricoles : la construction sociale d'un clivage économique - Jean-Christophe Kroll, Thierry Pouch p. 181-206 Le retour de la volatilité des prix, la crise structurelle que traverse le secteur laitier, les répercussions de la crise économique et financière ont pris à rebrousse-poil les économistes qui avaient œuvré dans le passé à une déréglementation graduelle mais généralisée des économies. Les politiques agricoles, à l'exception de celle pratiquée aux États-Unis, ont été la cible des réformateurs se réclamant du libéralisme. On assiste pourtant à une réhabilitation de la notion de régulation dans le champ de l'économie agricole. Pour mieux comprendre ce retour de la régulation, il était nécessaire de mettre en perspective historique les conditions sociales qui ont été à l'origine de la dérégulation des marchés agricoles, Mais par contraste avec l'exemple américain de préservation de la politique agricole, les inerties propres à la pensée économique contemporaine restent fortes dans le domaine de l'agriculture.The return to price volatility, the structural crisis that the dairy sector undergoes and the consequences of the economic and financial crisis strongly contradicted the economists who encouraged a smooth but general deregulation of the economies in the past. Except in the case of the US, agricultural policies were the target of reformers in favor of liberal policies. Nevertheless the notion of regulation is now being rehabilitated in the field of agriculture. To understand why this return to regulating our economies, it was first necessary to put the social context from which deregulation originated into an historical perspective and disclose the inertia of contemporary economic analysis so to contrast it with the American everlasting will to preserve its agricultural policy.
- Des agriculteurs contre le marché ? Itinéraire d'un mode alternatif de commercialisation des fruits et légumes - Madlyne Samak p. 207-224 Cet article interroge la façon dont une pratique alternative de commercialisation des fruits et légumes bien connue des sciences sociales — les Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP) — s'est développée dans un espace géographique limité — l'extrême Sud-Est de la France. L'étude sur le temps long des appropriations différenciées de cette innovation sociale et commerciale par les agriculteurs, permet de mettre en évidence et d'expliquer son « itinéraire ». Ainsi, des premières AMAP (nommées comme telles) aux systèmes de paniers qui se développent aujourd'hui, la dimension non marchande de la transaction semble avoir disparu. Parmi les explications qui sont traitées ici, on trouve la diversification des profils sociologiques des agriculteurs qui commercialisent en AMAP, et les transformations des conditions de mise en marché des produits issus de l'agriculture biologique.Some farmers against market ? The itinerary of an alternative marketing system for fruit and vegetable. This paper questions the way that an alternative practice for marketing fruit and vegetable, well-known by social sciences — Community Supported Agriculture (CSA) — has developed in a limited area — the extreme south-east of France. The long-term study of differentiated appropriations of this social and commercial innovation by farmers, allows us to enhance and explain its « itinerary ». From the first CSA (named in such a way) to baskets systems which develop today, the non-market dimension seems to have disappeared. Among the explanations which are treated here, we find the diversification of farmers' sociological profiles, and the transformation of organic local products' marketing conditions.
Hors dossier
- Les sciences sociales en mouvement. Aux frontières des disciplines : le cas des recherches sur les femmes et l'emploi - Sabine Erbes-Seguin p. 225-259
Débats et controverses
- « Philosophie solaire ? » Philosophie sommaire : Quand Michel Onfray recycle Albert Camus - Jean-Pierre Garnier p. 261-282
Note critique
- Travail et multiactivité - Pierre Lantz p. 283-291
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 293-305