Contenu du sommaire : Transmission

Revue Etudes rurales Mir@bel
Numéro no 169-170, 2004
Titre du numéro Transmission
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Protection par le sang et accord par le lait dans la tribu des Aït Khebbach (Sud-Est marocain) - Marie-Luce Gélard p. 9 accès libre avec résumé
    Dans le Sud-Est marocain, les pactes de protection et de colactation se concluent par l'intermédiaire de deux substances corporelles disjointes : le sang (idamn) et le lait (agho). L'étude de l'usage et des représentations de ces fluides manifeste la surdétermination du lait par rapport au sang. Si le sang versé matérialise l'accord entre individus et/ou entre groupes en instaurant une relation temporaire ou durable de protection, le lait scelle l'entente et l'intégration en établissant un lien de parenté permanent. L'appropriation du lait par les hommes, indispensable au regard de la primauté agnatique, n'occulte cependant pas le rôle et l'influence de la parenté utérine, tant au niveau des représentations qu'au niveau des pratiques.
  • La dimension identitaire des peurs alimentaires au Danemark - Anne-Elène Delavigne p. 29-41 accès libre avec résumé
    Au Danemark, la recherche d'une nourriture de qualité est à mettre en rapport avec une politique de santé publique présente au quotidien. Les débats médiatiques sur les peurs alimentaires font une grande place aux réflexes identitaires « défensifs », réaction qui est confortée par la prise en compte du changement d'échelle décisionnelle au sein de l'Europe.
  • Résistances et alternatives rurales À la mondialisation - Béatrice Mésini p. 43-59 accès libre avec résumé
    La résistance active à la mondialisation libérale, initiée par les campagnes aux côtés des luttes urbaines, s'articule sur deux analyses distinctes et néanmoins complémentaires. D'une part, on assiste au développement, dans le sud de la France, de nouvelles ruralités vécues comme une réappropriation des moyens d'existence (pratiques d'autosubsistance, mise en réseau de multiples collectifs) ; d'autre part, à l'échelle internationale, des mobilisations paysannes animent les rassemblements antimondialistes, qu'il soient locaux, nationaux ou internationaux, aussi bien en France qu'au Brésil. À terme, par l'analyse des acteurs et des mouvements, il s'agit de comprendre la convergence mondiale des luttes rurales dans une dynamique d'internationalisation des revendications portées par les campagnes.
  • Les organisations paysannes dans l'Ouest-Cameroun : Palliatif a la crise ? - Yves Guillermou, André Kamga p. 61-76 accès libre avec résumé
    Au Cameroun, l'essor actuel du mouvement associatif dans les campagnes s'inscrit dans un contexte de crise économique et de désengagement de l'État. Sur les hautes terres de l'Ouest, le système coopératif relativement efficace mis en place dans les années soixante n'a pas résisté à la chute brutale de la production caféière à la fin des années quatre-vingt. Les nouvelles organisations paysannes fonctionnent selon une tout autre logique et de tout autres perspectives. Les groupes de producteurs, fondés sur des formes de coopération souple et égalitaire, cherchent à valoriser en priorité les cultures vivrières et maraîchères tout en développant la pluriactivité. Les unions paysannes, les groupes de services et les ONG, qui sont leurs principaux interlocuteurs actuels, s'efforcent de remplir les fonctions qui auparavant relevaient des seules instances étatiques (crédit, fourniture d'intrants, commercialisation, formation?).
  • Bourgeoisie agraire et famille dans l'Andalousie du XIXe siècle - David Martínez López p. 77-91 accès libre avec résumé
    La bourgeoisie agraire andalouse a trouvé dans la famille conjugale qui s'est renforcée au XIXe siècle l'instrument idéal pour servir ses intérêts économiques et ses aspirations politiques. Alors que le régime libéral avait supprimé toutes les formes d'aliénabilité vis-à-vis de la propriété privée et de la transmission égalitaire du patrimoine, la bourgeoisie terrienne a favorisé des avances héréditaires préciputaires pour lutter contre la dispersion des biens. Les stratégies matrimoniales visaient à choisir des alliés dans la parenté proche et à s'infiltrer dans les réseaux politiques et économiques afin de contrôler le marché de la terre.
  • Héritage et rapports de genre chez des familles paysannes au Brésil : Deux études de cas - Maria José Carneiro p. 93 accès libre avec résumé
    Portant sur le partage égalitaire des biens, les décalages entre la législation brésilienne et les pratiques sont analysés à partir de deux études de cas qui concernent deux groupes originaires de l'immigration européenne : les colons italiens de Nova Pádua (État du Rio Grande do Sul) et les colons allemands et suisses de Nova Friburgo (État de Rio de Janeiro). En s'appuyant sur des données qui couvrent trois générations, l'auteur évoque les stratégies mises en place pour assurer la continuité de la transmission des biens fonciers, menacée par le morcellement et la dispersion. On s'intéresse particulièrement à la condition de la femme, dont l'éviction de la succession par le mariage n'est évitée qu'au prix d'un renoncement au statut matrimonial et, par là, au prestige qui en découle. Les règles et les pratiques de succession sont ici mises à l'épreuve des transformations économiques et sociales de la société brésilienne.
  • Terres d'État, affaire de particuliers (Argentine, XIXe siècle) - Andrea Reguera p. 109-129 accès libre avec résumé
    La constitution de quelques grands patrimoines fonciers dans le cadre de la politique adoptée par l'État argentin au XIXe siècle est analysée en prenant comme terrain d'observation la région de Tandil. Le recul de la frontière indienne ouvre au marché les nouvelles terres colonisées. Des études de cas montrent le rôle que les liens personnels ont joué dans le transfert des terres, révèlent le caractère informel des transactions et mettent en évidence des tensions entre natifs et étrangers. La propriété apparaît comme un modèle d'organisation sociale qui repose à la fois sur le pouvoir économique et sur le prestige social.
  • Les héritiers de la terre : Famille, patrimoine et reproduction sociale dans la Pampa argentine (XIXe-XXe siècle) - Blanca Zeberio p. 131-148 accès libre avec résumé
    En Argentine, les principes juridiques régissant la propriété de la terre et les règles égalitaires de succession n'ont pas éliminé une multitude de pratiques qui tendaient à l'éviction de certains héritiers dans le dessein de préserver l'essentiel du patrimoine foncier contre le morcellement. Les colons basques et danois notamment, nourris d'une tradition de primogéniture, adoptèrent une série de stratégies pour atténuer les effets de la loi. L'hétérogénéité des comportements montre que la transmission du patrimoine ne présente pas une forme unique et linéaire. Cette diversité des modalités de reproduction familiale est mise en rapport avec l'hybridation de coutumes européennes différentes sur un territoire ? la Pampa ? peuplé massivement d'immigrants. Le décalage entre discours juridiques et pratiques de succession est examiné à partir d'une documentation archivistique qui met au jour les conflits familiaux et les ajustements complexes à la législation.
  • Propriété et non-propriété de la terre : La confusion entre souveraineté politique et propriété foncière (2ème partie) - Alain Testart p. 149-178 accès libre avec résumé
    Tandis que la première partie de cet article examinait la question de la propriété de la terre indépendamment de la royauté, cette deuxième partie envisage les conséquences de l'institution royale sur la propriété, l'Afrique précoloniale restant toujours l'exemple de référence. La première est l'apparition de domaines royaux qui, bien que constitués sur la base de la conception traditionnelle de la propriété africaine, en modifie considérablement la teneur du régime foncier. La seconde est la superposition sur la même terre de droits fonciers et de droits fiscaux. La confusion entre les uns et les autres a conduit à une interprétation aberrante en termes de « féodalité », dont la critique constitue le coeur de l'article. Celui-ci se termine en évoquant les causes possibles de transformation du régime de propriété foncière.
  • Des juges dans l'antre du logis : Pouvoirs judiciaire et religieux dans une chefferie tooroobe du Yatenga (Burkina Faso) - Maud Saint-Lary p. 179-195 accès libre avec résumé
    Au Yatenga, ancien royaume moaga de l'actuel Burkina Faso, les Peuls, minoritaires, se répartissent en cinq chefferies parmi lesquelles celle de Todiam où le chef exerce un pouvoir judiciaire essentiellement fondé sur l'islam. Si la fonction pacificatrice des chefs est généralement reconnue en Afrique de l'Ouest, elle se distingue à Todiam par un grand nombre de recours quotidiens effectués par une population qui ne se réduit pas au seul groupe de référence. En effet, Peuls et Moose s'en remettent à «Sa Majesté » pour trouver une solution à leurs problèmes. Les cas présentés ici montrent que le droit musulman est adaptable à des réalités sociales multiples telles que la sorcellerie, le vol, les conflits conjugaux, l'héritage ou les bénédictions.
  • Pratiques paysannes oubliées : L'étêtage et l'émondage des arbres en Grande-Bretagne (1600-1900) - Sandrine Petit, Charles Watkins p. 197-214 accès libre avec résumé
    En Grande-Bretagne l'étêtage et l'émondage des arbres étaient des pratiques courantes jusqu'au xviie siècle. Au milieu du xviiie siècle, l'émondage devient plus rare et tend quasiment à disparaître au cours du xxe. Il persiste dans les régions rurales méditerranéennes, en Scandinavie et dans la zone intertropicale. Cet article retrace le cheminement des idées d'auteurs spécialistes de l'agriculture, de la forêt et du paysage, dont les écrits, publiés entre 1600 et 1900, ont été analysés. Peu d'entre eux s'intéressent à l'émondage et cette pratique suscite au fil du temps une attention moindre relayée par une vive critique au fur et à mesure que, à partir du xviie siècle, les disciplines forestière et agricole s'individualisent.
  • Carnaval et émigration saisonnière au Mexique : La cosmogonie Otomi régénérée par l'acculturation - Frédéric Saumade p. 215-236 accès libre avec résumé
    Le contact des sociétés traditionnelles avec la modernité signifie-t-il nécessairement leur perte d'originalité ? À partir d'une enquête sur le carnaval d'une communauté otomi de la Huaxtèque (Mexique) l'auteur montre que la confrontation de la population locale avec les réalités sociales et économiques globales, les influences que subissent les travailleurs migrants et la présence des éléments de culture urbaine et hispanique ont, paradoxalement, ravivé d'anciens modèles d'organisation spatiotemporelle. Métissage et modernisation ont favorisé la résurgence d'une structure dualiste et remis en lumière une cosmogonie traditionnelle articulée sur les oppositions masculin/féminin, haut/bas, extérieur/intérieur, vie/mort.
  • Temps, mémoires et construction de l'identité : L'édification d'un monument aux morts dans un village corse - Charlie Galibert p. 237-251 accès libre avec résumé
    L'édification d'un monument aux morts dans un village corse, en 1929, constitue un exemple de « mise en scène » du monde local. Le projet politique municipal de rassembler la communauté autour d'une mémoire unique éveille des mémoires différentielles et concurrentes des « anciens » et des « jeunes » qui, obéissant à des positions différentes par rapport à l'orientation du temps (passé et futur), trouvent dans le présent de cet événement l'occasion de se poser en altérités relatives tout en perpétuant l'identité communautaire. La communauté y démultiplie et exemplifie sa diversité, ses contradictions, mais aussi son unité, dans le moment et le processus mêmes où cette mémoire est en train de se constituer, délivrant par là même la logique en actes d'un ethos communautaire.
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