Contenu du sommaire : Territoire rural : pratiques et représentation

Revue Etudes rurales Mir@bel
Numéro no 177, 2006
Titre du numéro Territoire rural : pratiques et représentation
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Organisation de l'espace rural

    • La mise en forme des parcellaires cultivés : Un outil pour contrôler les systèmes naturels - Yves Poinsot p. 9 accès libre avec résumé
      Dans les parcellaires ruraux, les systèmes naturels sont autant des partenaires (pour la partie que l'on maîtrise) que des adversaires (pour leur partie sauvage). Dans les sociétés traditionnelles, l'apparition des parcelles marque un seuil de densité qui sépare les peuplements lâches, où, par le biais de la jachère, la reconstitution de la fertilité est confiée à la nature, des peuplements denses, où celle-ci repose en partie sur le travail humain. Dans les agricultures modernes, bien que les clôtures permettent la maîtrise des circulations, les proliférations par la chimie et les transferts aériens de pollens et de l'avifaune perturbent le fonctionnement des agrosystèmes. On y répond par des « mises en forme » nouvelles qui remodèlent les paysages.
    • L'économie du potager en Biélorussie et en Russie - Ronan Hervouet p. 25-42 accès libre avec résumé
      Cet article s'intéresse aux dimensions économiques d'une pratique citadine généralisée dans le monde postsoviétique : la culture du potager. Deux modèles peuvent être distingués. Le premier, dit du « contre-handicap », est caractérisé par une rentabilité faible (ou négative) et repose sur une logique d'amélioration de la qualité des aliments consommés. Le second modèle, dit entrepreneurial, permet un accroissement réel de la richesse. L'étude ethnographique et statistique permet de relativiser l'importance du potager dans l'économie domestique et de nuancer son apport en termes de « survie ».
    • Réforme foncière et propriété dans la région de Houaïlou (Nouvelle-Calédonie) - Michel Naepels p. 43-54 accès libre avec résumé
      Depuis 1978, date du début de la réforme foncière en Nouvelle-Calédonie, la région de Houaïlou connaît d'importants conflits, notamment entre Kanaks. Cette réforme était censée répondre aux revendications des indépendantistes quant aux spoliations de la période coloniale qui avaient abouti à la reconnaissance du « lien à la terre » dans les accords de Nouméa de 1998. Les principes mis en avant aujourd'hui par ceux qui réclament leurs terres pourraient être considérés comme constitutifs d'un « droit coutumier » contemporain. Toutefois l'examen empirique de revendications concurrentes révèle une part de flou et d'incohérence dans les divers processus d'appropriation des terres.
    • Les éleveurs de porcs face à leurs détracteurs en Dordogne et dans le Finistère - Laure Bonnaud, Christian Nicourt p. 55-68 accès libre avec résumé
      Les éleveurs de porcs sont soumis à la critique de leur projet d'élevage lors des enquêtes publiques liées aux procédures d'autorisation de leurs établissements. Au quotidien, ils peuvent aussi être critiqués dans leur territoire de travail et dans leur lieu de résidence. Ces reproches sont d'autant plus éprouvants que ces éleveurs sont fragilisés par la réorganisation de leur territoire de travail désormais ouvert à l'agrotourisme. L'enquête repose sur des entretiens effectués dans deux départements contrastés du point de vue de l'organisation territoriale : la Dordogne et le Finistère. Elle révèle que ces éleveurs, contraints de modifier leurs pratiques, doivent recomposer leur identité.
  • Pratiques et représentations

    • Comment les ménages d'une zone rurale du Sénégal gèrent-ils leurs ressources ? - Agnès Adjamagbo, Valérie Delaunay, Pierre Lévi, Ousmane Ndiaye p. 69-90 accès libre avec résumé
      Une étude menée à Niakhar, au Sénégal, montre que près de 50 % des ménages ne produisent pas suffisamment de céréales pour couvrir leurs besoins alimentaires. Le recours à la migration et à l'entraide familiale permet de compenser en grande partie ce déficit. Notre analyse révèle que certaines caractéristiques des ménages sont défavorables à la productivité : c'est le cas lorsqu'ils sont de grande taille, que le chef du ménage est une femme ou qu'il appartient à une caste. D'autres caractéristiques sont garantes d'une meilleure capacité productive : le grand âge, la polygamie. Toutefois, si les ménages de petite taille dirigés par des femmes sont moins productifs, ils compensent efficacement par une bonne aptitude à capter les ressources extérieures.
    • L'idéal d'ubiquité : Pratiques et représentations de la mobilité dans une caste de commerçants indiens - Véronique Pache Huber p. 91 accès libre avec résumé
      Les Maheshwari, commerçants originaires du Rajasthan, se sont installés, au gré des aléas historiques, du nord au sud de l'Inde et même à l'étranger. Bien qu'attachés à leur lieu d'origine, ils considèrent que leur caste a une envergure nationale du fait que ses membres sont dispersés à travers tout le sous-continent et contribuent au développement économique du pays. Cette revendication va de pair avec la prétention qu'ils ont d'étendre leur activité à un espace couvrant l'ensemble du globe. Pour approcher au plus près cet idéal d'ubiquité, les Maheshwari sollicitent et exploitent de puissants réseaux de caste, de parenté et d'affaires ; ils tirent partie des structures associatives de caste qui se sont développées aux niveaux local, régional et national.
    • Le nomade, le saisonnier et le migrantune culture de la mobilité en Anatolie centrale ? : - Benoît Fliche p. 109-120 accès libre avec résumé
      Cet article explore l'hypothèse d'une « culture de la mobilité » dans une région d'Anatolie centrale. Pour ce faire, l'auteur rappelle les différentes formes de mobilité successives et distingue différents niveaux d'observation. Si la continuité entre ces formes n'est pas aisément décelable à un niveau mésoscopique, à un niveau d'observation plus fin, on constate que les mobilités passées ont influencé la constitution des ressources et des dispositions nécessaires à l'émigration. Elles ne sont cependant pas suffisantes pour expliquer les mobilités contemporaines. Ainsi, dans ce plateau anatolien, l'hypothèse d'une culture de la mobilité perd-elle de sa pertinence ; elle n'en reste pas moins heuristique pour d'autres contextes.
    • Des vents, des espaces et des hommes (Provence, Cotentin, Flandre) - Marie-France Gueusquin p. 121-136 accès libre avec résumé
      Le vent est ici envisagé dans ses répercussions sur les pratiques et les représentations des habitants. L'étude porte sur trois régions de France : la Provence rhodanienne, le Cotentin et la Flandre. L'auteur s'intéresse à la manière dont les vents sont maîtrisés et domestiqués dans les domaines de la protection de l'environnement et de l'agriculture, et à la manière dont ils sont ressentis au niveau individuel. Présent tout au long de l'année, le mistral est le maître-vent de la Basse-Provence même s'il n'est pas le seul à souffler sur ce pays. Les régions du nord-ouest et du nord de la France sont, elles, balayées par des vents multiples et saisonniers. Quel que soit le lieu, les représentations liées au vent varient en fonction du sexe et de l'âge.
    • Chasser la palombe, vivre dans une palombière - Frédérick Guyon p. 137-150 accès libre avec résumé
      Cette pratique exprime une culture locale : à l'aide d'appeaux ou d'oiseaux domestiqués, il s'agit d'attirer les palombes lors de leur migration, de les faire se poser sur les arbres de la palombière et de les tirer. La région témoin est le Béarn, où, tous les ans et six semaines durant, la « fièvre bleue » s'empare des chasseurs. Considéré comme féminin et sauvage, ce gibier bénéficie d'un statut spécifique : la relation qui s'établit entre l'homme et l'animal révèle un véritable jeu de séduction. Quant à la palombière, espace organisé et structuré, elle offre aux hommes un foyer temporaire, lieu de convivialité et de camaraderie.
    • Image et statut des femmes dans l'Iran rural : une révolution silencieuse ? - Anne-Sophie Vivier-Muresan p. 151-166 accès libre avec résumé
      La société rurale iranienne a connu, durant les dernières décennies, de profonds bouleversements liés à l'exode rural et à l'emprise croissante de l'influence urbaine. Ceux-ci ont entraîné une transformation progressive des valeurs et des structures sociales, en particulier dans les rapports de genre. Notre terrain porte sur un village de la région de Kerman, au centre du pays. Dans le nouveau contexte économique, pour les femmes, un niveau d'études élevé et une activité salariée sont de plus en plus valorisés, tandis que le contrôle des naissances contribue à remettre en cause l'association traditionnelle entre statut féminin et sphère domestique. Plus largement émerge une nouvelle conception de la féminité, de la famille et du couple, dans laquelle une plus grande place est accordée au sentiment amoureux.
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