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Revue | La Revue de l'IRES |
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Numéro | no 79, 2013/4 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La prise en charge des personnes âgées dépendantes à domicile en France et au Japon : quelles différences ? - Karine Ishii p. 3-33 Avec le vieillissement de la population, les pouvoirs publics des pays industrialisés sont confrontés à la question de la prise en charge des personnes âgées dépendantes. En 1997, la France a mis en place une prestation spécifique dépendance (PSD), tandis que le Japon adoptait une assurance dépendance obligatoire qui est appliquée depuis avril 2000. Cet article met en exergue les similitudes et les divergences de la prise en charge des personnes âgées dépendantes à domicile dans ces deux pays en se plaçant du point de vue de l'usager. Le travail comparatif s'appuie d'une part sur des entretiens semi-directifs menés auprès de professionnels de la santé et du social et d'autre part sur un projet des cas-types. L'étude montre un système de prise en charge japonais particulièrement standardisé, aussi bien dans le processus d'évaluation que dans la composition des aides. Le système français, moins standardisé, semble accorder une plus grande importance aux inégalités de ressources.Maintaining Dependent Elderly People at Home in France and Japan
As the populations of the industrialised nations age, governments are having to face the issue of how best to look after dependent elderly people. France implemented specific benefits for dependent people in 1997, while Japan has had mandatory long term care insurance since April 2000. The article focuses on the similarities and differences in how dependent elderly people are maintained in their homes in each country, taking the viewpoint of service users. The comparative study draws on semi-structured interviews with health and social care professionals and on a project looking at typical case studies. It shows that the Japanese system is particularly standardised, both in evaluating need and in the assistance it offers. The French system is less standardised and seems to place greater emphasis on inequality of income. - Quelle prise en compte de la pénibilité par les partenaires sociaux dans le cadre des négociations collectives d'entreprise portant sur la prévention ? - Ludovic Bugand, Geneviève Trouiller p. 35-64 Un des dispositifs réglementaires sur la pénibilité issu de la loi de réforme des retraites de novembre 2010 incite les entreprises, sous peine de pénalité financière, à conclure un accord ou mettre en place un plan d'action pour la prévention de la pénibilité. Trois ans après la parution des décrets, nous nous interrogeons sur l'influence de ce cadre réglementaire sur les pratiques de négociation collective dans les entreprises et les formes de prise en compte de la pénibilité qui en résultent. L'analyse nous conduit à dépasser le débat entre compensation ou/et prévention de la pénibilité pour nous interroger sur les conditions d'une meilleure articulation entre politiques publiques et pratiques d'entreprise et sur la requalification nécessaire des enjeux sous-tendus par les débats sur la pénibilité.To What Extent Do Social Partners Address the Challenge of Prevention of Heavy Work in Company-based Collective Bargaining ?One of the regulations on challenging working conditions brought in by the November 2010 law reforming retirement in France encourages companies to draw up agreements and implement action plans to improve difficult working conditions or else face fines. Three years after the decree was passed, the article explores the regulation's influence on collective bargaining practices in companies and how challenging working conditions have been taken into account as a result. The analysis goes beyond the debate between whether workers should be compensated for facing challenging conditions or whether the focus should be on working to improve them ; rather, it explores how best to bring public policy and company practices together and what form the long overdue reform of the issues at stake in the debate over challenging working conditions should take.
- Le dialogue social dans les mairies entre subordination nationale et vitalité locale - Gilles Jeannot p. 65-83 L'article présente le cadre général du dialogue social dans la fonction publique territoriale et son application dans deux mairies. Au niveau national, les règles qui s'appliquent à la fonction publique territoriale semblent largement déduites de celles conçues pour la fonction publique d'État, ce qui s'explique d'une part par la difficulté d'une représentation unifiée tant des employeurs que des employés, d'autre part par l'enjeu moindre de telles règles dans le contexte local, du fait de l'autonomie dont disposent les collectivités dans l'application de ces règles. En revanche, au niveau local, les deux études de cas mettent en évidence des échanges soutenus entre employeurs et employés, qui concernent l'organisation du travail et qui passent par les instances comme les comités techniques paritaires ou par des conflits. Ceci semble pouvoir être expliqué par le caractère concret des conséquences de cette organisation et en particulier de la question des horaires de travail sur les services offerts à la population.Social Dialogue in Town Halls : A Balancing Act Between National Regulations and Local Vitality
The article presents the general situation of social dialogue in devolved regional authorities and how it works in practice in two town halls. At the national level, the rules governing regional authorities seem largely to derive from those drawn up for the state civil service, due to the difficulty of achieving unified representation both for employers and employees and to the relative unimportance of such regulations at a local level, where collectivities have autonomy in applying them. However, the two local case studies reveal ongoing exchanges between employers and employees on issues of workplace organisation, via joint committees or through conflict. The explanation for this seems to be the concrete nature of the impact of workplace organisation, particularly the issue of working hours on services to the local population. - Le secteur du bâtiment durable : vers de nouveaux rapports entre acteurs de l'acte de construire ? - Hubert Amarillo p. 85-109 Le bâtiment « traditionnel » est un secteur divisé et hiérarchisé, séparant maîtrise d'ouvrage (MO) et maîtrise d'œuvre (MOE), entreprises de construction et sous-traitants. L'hypothèse de cet article est que l'innovation se fonde au contraire sur la coopération. Ainsi, l'étude d'un pôle d'innovation (« Polebat ») du bâtiment « durable » montre que ce secteur innovant fonctionne sur la base d'une dynamique d'apprentissage collectif et de méthodes coopératives : référentiel de construction conçu en commun, accompagnement des projets. Ce pôle modifie aussi le contenu des métiers de la MO et la MOE. Au-delà, le bâtiment durable réduit les émissions de CO2 et soutient la transition énergétique. Mais, pour l'heure, ce pôle influe peu sur les normes d'emploi (forte précarité) et de formation (peu tournée vers les métiers) du bâtiment, qui risquent de ralentir ce processus de transition.The Sustainable Building Sector : Towards a New Relationship Between Actors of the Building Process ?The traditional building sector is divided and hierarchical, distinguishing between project owners and project managers, contractors and subcontractors. The article hypothesises that innovation is in fact rooted in cooperation. Its study of the Polebat innovation centre, which specialises in sustainable building, demonstrates that one key factor driving innovation in the sector is its uptake of collective learning processes and methods requiring cooperation, such as project support and collaborative authorship of a reference document for the building trade. The centre is also changing the nature of project ownership and management as professions. In addition, sustainable building reduces CO2 emissions and contributes to energy transition. However, it currently has little influence on employment norms in the sector, which relies heavily on casual labour, or on training, which is rarely specialised. As a result, the transition process faces the threat of delay.
- À la recherche du coût du capital - Laurent Cordonnier, Thomas Dallery, Vincent Duwicquet, Jordan Melmiès, Franck Van de Velde p. 111-136 La financiarisation est le concept fréquemment utilisé pour caractériser les changements majeurs intervenus dans le fonctionnement macroéconomique des pays avancés (et, peut-être dans une moindre mesure, des pays en développement) depuis le début des années 1980. Pour résumer, ce concept fait référence au rôle croissant de la finance dans la transformation des institutions, des comportements et des objectifs des acteurs économiques (ménages, sociétés non financières, sociétés financières, État). Dans cet article, nous montrons que la financiarisation, en promouvant une nouvelle norme financière de rentabilité accrue, a élevé le coût du capital pour les sociétés non financières en France. Après avoir revisité la notion de coût du capital et proposé une mesure de ce qu'on pourra appeler le « surcoût » du capital, nous exposons les raisons qui permettent de comprendre pourquoi l'évolution de ce surcoût peut expliquer la diminution du rythme de l'accumulation du capital, et in fine, pourquoi cette élévation du coût du capital permet de mieux appréhender le ralentissement des performances macroéconomiques françaises depuis les trente dernières années.Looking for the Cost of Capital
Financialization is the concept often used to characterize the major changes in the macroeconomic regimes that most of developed as well as, to a lesser extent, emerging economies have undergone since the beginning of the 1980s. To put it in a nutshell, financialization refers to the increasing role of finance in shaping institutions, behaviors and objectives for economic actors (households, non-financial and financial corporations, governments). In this paper, after a reappraisal of the notion of the cost of capital, we argue that financialization, while promoting a new, augmented financial norm for profitability, has raised the cost of capital for non-financial corporations in France. After a measurement of what could be called an over-cost of capital, we show the reasons why the evolution of this over-cost burden may explain the drop in the pace of capital accumulation, and thus the slowdown of French macroeconomic performances for the last thirty years.