Contenu du sommaire : China, Ltd. Un business africain

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 134, juin 2014
Titre du numéro China, Ltd. Un business africain
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le Dossier : China, Ltd. Un business africain

    • L'Afrique face à la puissance économique de la Chine - Antoine Kernen p. 5-19 accès libre
    • L'inévitable « localisation » : les entreprises publiques chinoises de la construction au Ghana - Katy N. Lam, Jean-Nicolas Bach p. 21-43 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En se focalisant sur les entreprises publiques chinoises (EPC) de construction au Ghana, cet article montre que les différences observables dans les comportements économiques et les niveaux de développement de ces entreprises ne se jouent pas essentiellement dans leur rapport à l'État chinois. Les EPC qui enregistrent les meilleurs résultats en termes de développement économique et de comportement social responsable ne sont pas les plus grandes entreprises publiques en Chine, mais plutôt des EPC provinciales ou encore des groupes d'EPC moins stratégiques. Mais ce degré d'autonomie dont bénéficient les entreprises ne devient un facteur déterminant que lorsqu'il est corrélé au temps passé dans le pays d'accueil, source indispensable d'adaptation au contexte local – un fait souvent négligé dans l'analyse des relations Chine-Afrique. Les EPC au Ghana se sont progressivement transformées en entreprises locales, jouissant d'un fort degré d'indépendance sous la conduite de leurs directeurs de filiales.
      Unavoidable localization : Chinese state-owned construction enterprises in Ghana
      Interrogating directly the Chinese construction State-owned enterprises (SOEs) in Ghana, this paper illustrates that the relationship with the Chinese state is not the main factor that differentiates SOEs business behavior and development. The best-performed SOEs in terms of business development and social responsible behavior are not the largest SOEs in China, but provincial SOEs or less strategic central SOE groups. The level of autonomy becomes a significant factor only when it correlates with time as adaptation to the local context takes time for all kind of enterprises, which yet is largely ignored in the China-Africa analysis. With time the SOEs in Ghana become a highly independent and gradually a local enterprise, headed with their entrepreneurial subsidiary directors.
    • Mobilités transfrontalières et réseaux transculturels de petits entrepreneurs chinois et nigérians - Shanshan Lan, Allen Hai Xiao, Alice Judell p. 45-67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Fondé sur des recherches ethnographiques menées à Canton et Lagos, cet article examine deux processus de mobilité transnationale imbriqués : la migration d'entrepreneurs chinois au Nigeria et celle de commerçants nigérians en Chine. Les activités commerciales transnationales de ces petits entrepreneurs sont replacées dans une analyse de la mondialisation « par le bas », une mondialisation qui se déploie bien en deçà du champ de vision de l'État mais qui demeure néanmoins connectée aux pratiques étatiques. Les auteurs examinent les barrières institutionnelles auxquelles ces entrepreneurs font face dans leurs pays d'accueil, puis les stratégies qui les conduisent à développer des réseaux commerciaux transfrontaliers et transculturels en vue de faciliter les flux de personnes, de biens et d'information.
      Trans-border Mobility and Cross-cultural Business Networking among Chinese and Nigerian Petty entrepreneurs. Based on ethnographic fieldwork in Guangzhou and Lagos, this paper examines two intertwined transnational mobility processes : Chinese entrepreneurial migration to Nigeria and Nigerian trade migration to China. The authors interpret Chinese and Nigerian petty entrepreneurs' transnational trade activities within a theoretical framework of economic globalization from below, which operates largely under the radar of the state, yet remains connected to state practices in complex and contradictory ways. The paper rejects a strict binary between the legal and illegal by considering both the state's perspective and migrants' perspective in regard to globalization from below. In addition to examining the institutional barriers faced by Chinese and Nigerian petty entrepreneurs in their host states, the paper explores the strategic development of trans-border and cross-cultural business networks by the two groups in their efforts to facilitate the flow of people, goods and information between Guangzhou and Lagos. The authors also move beyond political and economic analyses by contemplating some of the cultural implications of these business networks, particularly internet-mediated communications, in helping bridge cultural gaps and diversify popular perceptions held by more locally based Chinese and Nigerian traders towards each other.
    • « Anciens » et « nouveaux » Chinois à Madagascar : Stratégies d'intégration et rapports de force intergénérationnels - Cornelia Tremann, Christine Deslaurier p. 69-88 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Madagascar abrite une forte communauté de Malgaches d'origine chinoise, ainsi qu'une population de nouveaux migrants chinois en pleine expansion. Dans le pays, on les appelle volontiers respectivement les « anciens » et les « nouveaux » Chinois. En centrant l'analyse sur les stratégies d'intégration de ceux qui sont arrivés au tournant des années 1990-2000, cet article examine les dynamiques sociales et économiques entre ces différentes générations d'immigrés. En particulier, il retrace la rivalité qui s'exerce à la tête des associations locales chinoises. Autorité traditionnelle de référence, la Congrégation chinoise est concurrencée par une nouvelle association économique dirigée par des « nouveaux » Chinois qui ont réussi dans les affaires et comptent s'installer durablement dans la Grande île.
      Integration Strategies and Shifting Power Relations among Generations of Chinese Migrants in Madagascar. Madagascar is home to a large community of inter-generational Malagasy of Chinese descent and a fast growing population of new Chinese migrants – known in Madagascar as “les anciens” and “les nouveaux” (the old and the new), respectively. Focusing on the social and economic integration strategies of Chinese migrants who arrived in the late-1990s and early-2000s, this article investigates the social and economic dynamics between the different generations of Chinese settlers in Madagascar. A shift in relations, of competition in particular, is manifested in rivalry over leadership in local Chinese associations. The traditional power of Chinese social, economic, and political organization, the Chinese congregation, is being challenged by the creation of a new business association led by more recent Chinese immigrants who have become economically successful and settled into their new environments with long-term perspectives. It is argued that the growing influence of established Chinese entrepreneurs in Madagascar is changing power relations between the old and new Chinese communities, positioning them as pivotal interlocutors between the old Chinese community, more recent Chinese investors and traders, and elements of the Malagasy business community on the island.
    • Négocier les profits et la facticité : Le commerce des produits pharmaceutiques entre la Chine et le Nigeria - Gernot Klantschnig, David Ambrosetti p. 89-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine le commerce de produits pharmaceutiques entre la Chine et le Nigeria. Il se penche sur le travail des acteurs économiques impliqués dans la chaîne d'approvisionnement, depuis les sites de production chinois jusqu'aux marchés de médicaments nigérians, et rend ainsi compte de la grande variété des acteurs en présence et de leurs relations différenciées avec les producteurs, les intermédiaires et l'État. L'observation des points de rencontre entre les acteurs de cette chaîne et l'État montre combien ces interactions sont négociables. Les commerçants œuvrent ainsi à peser sur la définition de la frontière entre la légalité et l'illégalité de leur travail et entre l'authenticité et l'inauthenticité des médicaments chinois. Ce faisant, ces acteurs économiques négocient à la fois leurs propres marges de profits et la qualité et la légalité de leurs produits.
      Negotiating Profits and Fakeness : The China-Nigeria Trade in Pharmaceuticals
      This article examines the China-Nigeria trade in pharmaceutical drugs. It assesses the work of traders along the supply chains originating in Chinese production sites and ending in Nigeria's drug markets. It explores the great variety of actors and their different relations to producers, intermediaries and the state. While ethnicity and nationality play an important role in these supply chains, it is argued that the trade cannot be fully understood through an ethnic lens. Moreover, the article highlights the physical points of interaction between traders and the state and how they are negotiable, as well as attempts of traders to define the legality of their work and the ‘fakeness' of Chinese drugs. Thus, traders do not only negotiate the profits they make but also the quality and legality of their products.
    • La révolution des produits chinois en Afrique Consommation de masse et nouvelle culture matérielle - Antoine Kernen, Guive Khan Mohammad p. 111-132 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que depuis une quinzaine d'années, les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont connu un accroissement rapide, cet article porte son attention aux conséquences de l'arrivée de produits chinois sur le quotidien des sociétés africaines. Omniprésents même sur les marchés les plus reculés, ces derniers accompagnent l'entrée de l'Afrique dans la consommation de masse. Trop souvent analysés sous le seul angle de leurs bas prix, ces produits contribuent en fait à l'émergence d'une nouvelle culture matérielle. Dans cet article, nous nous intéresserons aux consommateurs de made in China, mais également à d'autres acteurs essentiels de cette émergence : les commerçants africains de produits chinois. Ces derniers jouent un rôle central dans la diffusion de cette culture matérielle. Leurs activités participent en outre à une reconfiguration partielle des rapports de pouvoir liés à l'extraversion.
      The Revolution of the Chinese Goods in Africa
      Although Sino-African trade has increased significantly during the last fifteen years, this article aims to examine the consequences of the arrival of Chinese goods in the daily life of African societies. Omnipresent, even in the most remote villages, they coincide with Africa entering an era of mass consumption. These goods are frequently analyzed through the sole lens of their cheap prices. Yet, they contribute in fact to the emergence of a new material culture. In this article, we look at African consumers of made in China, but also at African traders of the Chinese goods, as a key category of actors in this emerging material culture. It is eventually argued that African traders' activities also reconfigure power relations surrounding the access to extraversion.
  • Recherches

    • « Opération Somme » : La French Connection et le coup d'État de Seyni Kountché au Niger en avril 1974 - Klaas van Walraven, Alice Judell p. 133-154 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article revient sur le rôle de la France dans les changements de régime en Afrique à partir d'un cas particulier, le putsch de Seyni Kountché au Niger (1974), qui conduit à la chute du président Hamani Diori. La France fut suspectée d'être impliquée dans ce putsch parce qu'elle avait eu des désaccords avec Diori. L'article analyse cet évènement en s'appuyant sur les archives de Jacques Foccart, jamais consultées à ce jour. Il montre que non seulement la France n'a pas été impliquée dans le putsch, mais qu'elle fut prise au dépourvu par le coup de Kountché. La France mit même sur pied, dans les jours qui suivirent le putsch, une opération aéroportée destinée à sauver Diori. Baptisée « Plan Somme », cette opération fut annulée, face au fait accompli à Niamey, et du fait de la situation d'interrègne à Paris après le décès du président Pompidou, intervenu quelques jours avant le putsch. L'événement est replacé dans le contexte des liens changeants entre la France et le Niger, dans celui des réactions des Nigériens face au changement de régime, et plus largement dans les vicissitudes de la politique africaine de la France.
      Operation Somme : The French Connection and Seyni Kountché's Coup d'État in Niger, April 1974This article revisits the question of French involvement in African regime change by analysing an example from the past : the putsch by Seyni Kountché in Niger (1974), which led to the fall of President Diori. The French were accused of involvement because Diori had disagreements with them. The article discusses this with the help of archival material so far never consulted : the papers of Jacques Foccart. It shows that the French were not only not involved in the putsch but also taken by surprise by Kountché's action. Moreover, in the wake of the coup they took measures for an airborne operation to save Diori, code-named “Plan Somme”. This was called off because of the fait accompli in Niamey and the interregnum in Paris after Pompidou's death. The analysis is set against the background of changing Franco-Nigérien ties, Nigériens' reactions to regime change and the wider vicissitudes surrounding France's Africa policy.
    • Renouveau religieux et politique au Mozambique : entre permanence, rupture et historicité - Éric Morier-Genoud p. 155-177 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La recherche sur le religieux en Afrique s'est beaucoup intéressée, ces vingt dernières années, au phénomène du « renouveau religieux », et elle s'est plutôt penchée sur la question des ruptures et des innovations qui en résultent. Le présent article interroge la réalité ce renouveau et explore, sur la base d'une étude de cas, la question des continuités et des ruptures dans les changements survenus1. Tout d'abord, il s'intéresse à la nature du renouveau religieux au Mozambique ; il examine ensuite les continuités historiques et dénominationnelles existantes au sein du renouveau pour discuter, dans une troisième section, l'impact des transformations religieuses sur la relation entre religion et politique. La conclusion tente, elle, de faire la part entre ruptures et permanences, et d'appréhender la question du renouveau au-delà de cette dichotomie.
      Religious Revival in Mozambique : between Continuity, Rupture and Historicity
      Research on religion in Africa has focused ever more in the last twenty years on the question of the “religious revival”, and it has usually focused on the question of the ruptures and innovations that resulted from it. This article questions the reality of the “religious revival” in Africa and explores, on the basis of a case study, the issue of change and continuity in religious change. In a first section, the text looks at the nature of the religious revival in Mozambique ; it then examines the historical and denominational continuities which exist in the revival ; a last section investigates the impact religious transformations have had on the political realm. The conclusion tries to unpack the question of ruptures and continuities and to think the question of a religious revival beyond this dichotomy.
  • Conjoncture

    • La Centrafrique, de la rébellion Séléka aux groupes anti-balaka (2012-2014) : Usages de la violence, schème persécutif et traitement médiatique du conflit - Andrea Ceriana Mayneri p. 179-193 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article explore les dynamiques historiques, politiques et sociales des violences qui font rage en République centrafricaine. Le conflit centrafricain (2012-2014) oppose des groupes issus de l'ex-rébellion Séléka, qui avait pris le pouvoir en Centrafrique par un coup d'État le 24 mars 2013, et des formations d'auto-défense dites anti-balaka, qui s'en prennent aux communautés musulmanes et mettent en scène une violence extrême sur le corps de leurs victimes. Derrière le clivage religieux qui opposerait des combattants « musulmans » et des formations armées « chrétiennes » – un clivage sur lequel insistent, sans grande distance critique, les médias internationaux – l'article analyse la complexité des relations qui, depuis le XIXe siècle, caractérisent les échanges et les heurts entre les populations établies sur le territoire centrafricain et celles qui proviennent de la région tchado-soudanaise. Plus récemment, les relations complexes entre le gouvernement centrafricain et ses États frontaliers, Tchad en tête, ainsi que les revendications de groupes armés établis dans les régions frontalières entre les deux pays, ont contribué à la détérioration du climat politique et à l'émergence de revendications d'autochtonie dans une partie de la population centrafricaine.
      The Central African Republic, from the Seleka Rebellion to Anti-Balak Groups (2012-2014). Uses of Violence, Persecutory Pattern and Media Perspectives on the Conflict. This article explores the historical, political and social dimensions of violence in the Central African Republic (CAR). The current conflict in CAR (2012-2014) opposes groups from the former Séléka rebellion, who took power in a coup on March 24th 2013, and so-called anti-balaka self-defence groups, who take on to Muslim communities while staging extreme violence against their victims' bodies. Moving beyond a simplistic perspective that sees the conflict as the result of a cleavage between “Muslim” fighters and “Christian” armed groups – a vision that international media have been propagating rather uncritically –, the article analyses the intricate links that have shaped exchanges and clashes between populations established on the Central African territory and those originating from the Chad-Sudan region since the 19th Century. In recent years, the complex relations between the Central African government and its neighbouring states, Chad especially, as well as the grievances by armed groups established in the border areas between the two countries have contributed to the deterioration of the political climate. It is also in this context that claims to autochthony have emerged within the Central African population.
  • Lectures