Contenu du sommaire : La république des langues

Revue Raisons Politiques Mir@bel
Numéro no 2, juillet 2001
Titre du numéro La république des langues
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • Dossier : Être de parole et situations langagières

    • Portrait du grand Sujet - Dany-Robert Dufour p. 9-25 accès libre avec résumé
      Le « sujet », c'est, littéralement, ce qui est soumis (subjectus). Soumis à qui ? Soumis à l'Autre, c'est-à-dire à un grand Sujet qui se présente sous des figures constamment construites et reconstruites par les « sujets » au cours de l'histoire. Qu'en est-il aujourd'hui, en démocratie, régime qui promeut l'autonomie politique et symbolique des sujets ?
    • Ce qu'on demande aux langues (autour du Monolinguisme de l'autre) - Marc Crépon p. 27-40 accès libre avec résumé
      Avec pour fil conducteur le travail effectué par Derrida dans Le monolinguisme de l'autre, Marc Crépon contribue, dans cet article, à déconstruire le principal présupposé du nationalisme linguistique : l'idée que la langue serait ou devrait être « la propriété d'un peuple » ' une propriété que chacun aurait à charge de « s'approprier ». A cette attente, il oppose une autre promesse inscrite dans le rapport aux langues.
    • Quelles langues pour une Europe démocratique ? - Pierre Bourdieu, Abram De Swaan, Claude Hagège, Marc Fumaroli, Immanuel Wallerstein p. 41-64 accès libre
    • Traduire les sciences humaines - Rainer Rochlitz p. 65-77 accès libre avec résumé
      La traduction d'un ouvrage de sciences humaines et sociales est un exercice qui se heurte à des difficultés à la fois d'ordre linguistique, intellectuel, culturel et économique. Ces difficultés sont multipliées lorsque la langue cible n'est pas la langue maternelle du traducteur. En revanche, cette situation est particulièrement révélatrice des enjeux intellectuels et culturels de la traduction d'ouvrages de sciences humaines et sociales. Elle met en évidence les traditions divergentes et les barrières mentales entre les cultures, le degré historiquement variable d'ouverture de l'une à l'autre, mais aussi les progrès généraux des connaissances.
    • Sociologies du langage - Claude Javeau p. 79-87 accès libre avec résumé
      Comme tout phénomène relevant de l'ordre du social, propre à l'espèce humaine, le langage peut être abordé sous l'angle des sous-ordres biologique (phonétique), symbolique (syntaxe et sémantique) et structurel (politique). La dimension politique du langage est généralement ignorée par les principaux théoriciens, à l'exception de Bourdieu, ce qui engendre l'occultation du fait que toute communication humaine, outre ses aspects phonétique, syntactique et sémantique, s'origine dans un lieu que l'on peut toujours situer dans un système de domination.
    • L'indicible - Astrid von Busekist p. 89-112 accès libre avec résumé
      L'indicible en tant que figure du langage, mais aussi comme situation éthico-politique puise ses sources dans le rapport de l'être à son Dieu, mais aussi dans son rapport au pouvoir politique. Les lieux et les manifestations d'un indicible sont cependant contextuels et façonnés par l'histoire : ce sont des lieux mouvants dont on tentera ici de montrer les articulations à partir de l'exemple du mysticisme et de la littérature concentrationnaire.
  • Dossier : Langues et façonnements identitaires

    • Codifier les nouveaux parlers en Afrique du Sud - Rehana Ebrahim-Vally, Abebe Zegeye p. 113-125 accès libre avec résumé
      La Constitution sud-africaine de 1996 légalise onze langues officielles. La culture et la langue sont conçues comme les deux paramètres identitaires les plus saillants en Afrique du Sud. Cependant, l'abolition de l'apartheid a institué une mobilité sociale nouvelle, autrefois déniée, créatrice de nouvelles identités. En considérant l'histoire des politiques linguistiques en Afrique du Sud, il apparaît qu'une politique culturelle et des langues viable n'est possible dans ce pays en transition que si l'on prend en compte l'instrumentalisation de la langue par les Sud-Africains pour exprimer leur nouveau statut de citoyens d'une démocratie.
    • La Croatie : un exemple d'« épuration langagière » ? - David Bruce MacDonald p. 127-148 accès libre avec résumé
      L'auteur retrace les politiques propres à l'émergence du « croate » en tant que langue nationale. La re-création et la ré-interprétation d'une langue nationale n'étaient pourtant qu'une politique parmi d'autres dans le souci général de distinguer la Croatie de la Serbie en termes raciaux, culturels, historiques et psychologiques : les Croates se présentant en effet comme plus « occidentaux » et donc plus « civilisés » et plus « démocrates ». Dans le contexte de la contestation des frontières croates à la veille de l'indépendance (le territoire visé comprenant une minorité de 11 % de Serbes), la langue a été instrumentalisée par les nationalistes croates et utilisée comme argument légitimant dans l'établissement de l'Atat.
    • Arrêt sur langage en Bosnie-Herzégovine - Neven Andjeliç p. 149-151 accès libre
    • Les nouvelles frontières de la civilisation russe - Timour Atnachev p. 153-173 accès libre avec résumé
      La « diaspora russe » semble menacer l'intégrité des nouveaux Atats dans l'espace postsoviétique. L'histoire de l'expansion russe et soviétique a déterminé la carte ethnique actuelle et les jeunes communautés doivent construire leurs identités culturelles et politiques avec ce lourd héritage. Malgré les attentes, on ne peut pas parler de formation de la diaspora ethnique russe ni de rejet univoque des Russes. L'analyse des différents types de données montre que la langue russe trace au sein des sociétés de l'ex-URSS des frontières sociales souples d'un type nouveau où la relation entre le groupe et la langue n'a pas de caractère exclusif. Un équilibre dynamique assure la séparation des tâches entre les langues nationales et le russe, d'un côté, le russe et les autres langues à vocation universelle, de l'autre. Les nouvelles frontières de la civilisation russe sont peut-être moins bien gardées et plus souples, mais, à leur façon, plus durables.
    • Nynorsk et bokmål : aux origines du bilinguisme en Norvège - Emmanuelle Vignaux p. 175-194 accès libre avec résumé
      L'apparition d'une deuxième langue officielle en Norvège trouve son origine dans les luttes pour l'indépendance au 19e siècle, face au Danemark, puis à la Suède. Une partie des élites norvégiennes se fait l'écho des populations vivant dans les zones périphériques pour revendiquer avec succès une autonomie culturelle face à un centre assimilé à un relais de l'occupant danois. Grâce à leur position privilégiée au sein des institutions centrales, les représentants de la périphérie parviennent à imposer une nouvelle langue, le nynorsk, épurée des scories danoises (et créée de toutes pièces par un instituteur). Ni expression d'un régionalisme vindicatif ni attribut ethnique d'un séparatisme territorial, le nynorsk illustre une revendication territorialement diffuse bien que périphérique.
    • Les anciens et les modernes : une conciliation difficile au Québec - José Woehrling p. 195-206 accès libre avec résumé
      Les politiques linguistiques respectivement mises en oeuvre par l'Atat fédéral canadien et l'Atat fédéré du Québec se révèlent parfois difficiles à concilier. Le Canada privilégie la liberté linguistique individuelle et le bilinguisme institutionnel qui, en favorisant la concurrence entre les langues anglaise et française, maintiennent cette dernière en situation de vulnérabilité. En revanche, les autorités québécoises cherchent à protéger et à promouvoir le français en rendant son usage obligatoire dans certains domaines sociaux et économiques, parfois de façon exclusive mais, le plus souvent, en permettant également l'usage d'autres langues.
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  • Lectures critiques