Contenu du sommaire : Cinématographie du politique Vol. 1
Revue | Raisons Politiques |
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Numéro | no 38, septembre 2010 |
Titre du numéro | Cinématographie du politique Vol. 1 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Editorial
- Cinématographie du politique ou l'écriture du politique comme image-mouvement - David Smadja p. 5-16
dossier
- Science politique et cinéma : penser le politique et le local avec Eric Rohmer - Laurent Godmer p. 17-30 La science politique est une science sociale qui a rarement étudié ou utilisé le cinéma. Néanmoins, de par la spécificité de son regard, ce dernier est intéressant pour l'étude de la théorie politique contemporaine, dans la mesure où il est essentiel pour appréhender finement ce que pourrait être par exemple un individu, une politique, une communauté, une utopie. Pour mener une étude contribuant à la pensée politique contemporaine à l'aide du cinéma, il est utile d'analyser les œuvres d'un cinéaste « non politique », comme par exemple Eric Rohmer. Ainsi, grâce à trois des films de ce réalisateur, on peut mieux regarder des phénomènes divers comme la démesure et l'ambition d'un homme politique et les effets de la décentralisation (comme on peut le voir en suivant un jeune maire socialiste dans L'Arbre, le maire et la médiathèque (1993)), ou mieux observer les contradictions des politiques publiques, comme la politique de développement des villes nouvelles (avec Les nuits de la pleine lune, conte dubitatif évoquant Marne-la-Vallée (1984) et avec L'ami de mon amie (1987) traitant de l'utopie réalisée que serait Cergy-Pontoise et ses limites).
- Perfectionnisme démocratique et cinéma : pistes exploratoires - Philippe Corcuff, Sandra Laugier p. 31-48 L'article se propose d'explorer les rapports entre deux « jeux de langage » (Wittgenstein) : la philosophie et le cinéma. Le philosophe américain contemporain Stanley Cavell a amorcé une analyse des passages entre une tradition de la pensée politique aux Etats-Unis (le perfectionnisme démocratique incarné par Emerson et Thoreau) et des uvres cinématographiques. L'article prolonge cette inspiration en s'intéressant aussi à des films hollywoodiens récents (Appaloosa d'Ed Harris, 2008 et Terminator Renaissance de McG, 2009).
- Le discours cinématographique de Clint Eastwood : individualisme et humanisme - Jean Szlamowicz p. 49-66 L' oeuvre de Clint Eastwood développe un discours politique concernant les rapports de l'individu et de la cité. Ce discours est à apprécier dans le cadre de l'individualisme comme valeur politique américaine et de l'individualisme méthodologique. Parmi ses thématiques principales, Eastwood s'intéresse aux conflits et la légitimité de la violence, à la solitude des faibles et à la question de la liberté individuelle. Dans les rapports horizontaux, il montre la spécificité individuelle face à la pression du communautarisme, de l'appartenance sociale ou sexuelle. Dans les rapports verticaux, c'est leur fragilité face aux pressions de toutes sortes, institutionnelles, religieuses ou criminelles qui souligne une lutte de l'individu face aux pouvoirs. Certains héros ou figures allégoriques interviennent alors pour souligner la violence inhérente à ces rapports. Son discours est parfois considéré comme sécuritaire, voire « fascisant » par certains critiques, ce qui pose la question des tensions idéologiques qui entourent son cinéma. Face à l'idéologie gramscienne des critiques, Eastwood affirme une position individualiste tocquevillienne originale qui impose une certaine vision du processus démocratique américain.
- A la recherche de la démocratie : 1980-1981, la « saison exceptionnelle » du cinéma polonais - Élise Domenach p. 67-90
- Sur Le tombeau d'Alexandre (1992) de Chris Marker. Réflexion sur la dissolution révolutionnaire d'une personnalité artistique - Anton Granik, Philippe Rozin p. 91-104 Nous proposons dans cet article d'étudier Le tombeau d'Alexandre de Chris Marker. Dans ce film, le cinéaste français met en scène la relation très particulière qu'il a entretenue avec le cinéaste russe Alexandre Medvedkine (particulièrement actif pendant la guerre civile de 1918-1921 et inventeur d'un nouveau format documentaire, le ciné-train). Le film de Chris Marker prend pour objet le cheminement intellectuel de son ami Medvedkine et mène une investigation sur les relations entre propagande politique et intégrité artistique. Il étudie tout particulièrement le parallélisme de destin et d'engagement politique entre Medvedkine et Vertov et aborde la question des conditions esthétiques de fabrication des images animées en insistant sur le rôle cardinal joué par la propagande, une propagande appréhendée comme une matrice indissociablement politique, biographique et esthétique.In this article, we analyze one of Chris Marker's last films, The Last Bolshevik (Le tombeau d'Alexandre) in which the author contemplates his relationship with the late Soviet film director Alexandre Medvedkine. A staunch believer in the communist ideology, Medvedkine was commissioned by the propaganda division of the Red Army to develop an in-house film production studio known as the "film train". The film's focuses on Medvedkine's intellectual journey and the relationship between political propaganda and artistic integrity. Marker is particularly interested in comparing Medvedkine's political and aesthetic views to those of his more famous contemporary Dziga Vertov.
- Science politique et cinéma : penser le politique et le local avec Eric Rohmer - Laurent Godmer p. 17-30
varia
- La portée de la typologie élaborée par Tönnies de l'existence humaine, entre communauté et société - Gaëlle Demelemestre p. 105-124 Cet article propose de reprendre le débat engagé, dans la seconde moitié du 20e siècle, entre les libéraux et les « communautariens » à la lumière de la distinction sociologique opérée par Tönnies, à la fin du 19e siècle, entre l'existence humaine développée dans la forme de la communauté, et celle répondant plus à la rationalité dont il observait la montée en puissance, qu'il désignait comme la société. Ces deux approches théoriques d'une même réalité, l'homme existant avec ses semblables, sont couramment présentées comme antagonistes, voire inconciliables. Mais où se situe exactement leur supposée incompatibilité ? Faut-il absolument sacrifier ce qu'apporte à l'individu la vie en communauté, dès lors que l'on existe dans le cadre de la société libérale capitaliste ? Et inversement, la vie communautaire occulte-t-elle radicalement toute possibilité d'exister sur le mode de la rationalité procédurale requise par la société libérale ? C'est l'intuition de Tönnies d'une nécessaire conciliation entre la forme de vie développée au sein de la communauté, et celle engendrée par la société, que nous suivrons ici pour reprendre ce débat.
- La portée de la typologie élaborée par Tönnies de l'existence humaine, entre communauté et société - Gaëlle Demelemestre p. 105-124
lectures critiques