Contenu du sommaire : L'image dans les sciences sociales
Revue | Sociétés |
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Numéro | no 95, 2007/1 |
Titre du numéro | L'image dans les sciences sociales |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Contribution
- Avant-propos - Fabio La Rocca, Amal Bou Hachem p. 5-7
- La sociologie dans la société de l'image - Patrizia Faccioli p. 9 Les réflexions présentées dans cette contribution naissent d'une question : qu'est-ce qu'implique pour les sociologues le fait de développer leur travail théorique et empirique dans une société où l'image est devenue toujours plus présente et canal privilégié de la communication ? Pour répondre à cette question, je prendrai en considération trois aspects du thème « sociologie et société de l'image », interconnectés entre eux. D'abord, je considérerai le concept de « société de l'image » du point de vue de ses implications sociales (du pouvoir), de la visualisation et de la visibilité. Je me focaliserai ensuite sur les sujets et en particulier sur l'importance d'approfondir et d'analyser ce qu'ils font avec les images. J'aborderai enfin le problème relatif à l'accroissement de la connaissance que l'étude des images et de la communication par les images peut apporter aux sciences sociales.
- L'image, vecteur de socialité - Jean-Martin Rabot p. 19-31 Ceux qui dans une perspective critique vouent l'imaginaire à une forme d'aliénation ne peuvent comprendre que l'image puisse devenir un vecteur de socialités. L'importance que la diffusion des images revêt dans la postmodernité est le signe d'une intensification des communions humaines. Aussi faut-il lire dans le foisonnement présent des images (iconiques, publicitaires, télévisuelles, virtuelles, etc.) l'indice d'une appartenance tribale fondée sur le partage des émotions et d'une « remythologisation » par le biais de l'utilisation des nouvelles technologies.
- Introduction à la sociologie visuelle - Fabio La Rocca p. 33-40 Quelle est la place de l'image dans notre société ? L'intérêt porté à la dimension visuelle du monde social est de plus en plus au centre de l'attention des sciences sociales. L'image se révèle comme un signe distinctif de la postmodernité et s'insère dans le discours méthodologique des sciences sociales avec l'entrée en scène de la sociologie visuelle, qui peut être considérée comme a new postmodern research method. L'utilisation de l'image comme outil de recherche aide le chercheur à comprendre mieux le monde social et permet une représentation plus ample de la réalité sociale.
- La sociologie comme véhicule : une nouvelle méthode d'apprentissage dans l'éducation de la photographie documentaire - Corinne Noordenbos, Bart Sorgedrager, Ineke Teijmant, Roos Gerritsma p. 41-52 Faire de la recherche dans le monde des arts est d'actualité. On se rend compte de plus en plus que la recherche est une partie importante du processus de travail. Durant ces quatre dernières années, comme professeurs de photographie et de sociologie au Département de Photographie à l'École des Arts d'Utrecht (HKU), nous avons développé une nouvelle méthode qui consiste en un programme intégrant la sociologie et la photographie documentaire. Dans cet article, nous livrons le compte rendu de nos expériences. Celui-ci peut être considéré comme une évaluation de notre travail de ces dernières années.
- Sociologie visuelle digitale - Giuseppe Pino Losacco p. 53-64 La sociologie visuelle découvre de plus en plus les nouvelles technologies numériques. Productions cinématographiques et photographiques utilisent toujours plus les CD-ROM et DVD comme supports et structures multimédia, permettant un usage plus libre puisque, en dépassant la logique linéaire imposée par les textes écrits, ces produits s'offrent à de possibles déstructurations du texte en faveur de restructurations personnalisées. À mon avis, l'adoption des nouvelles technologies numériques est principalement guidée par une logique d'accumulation. Une logique qui risque de privilégier les contenants par rapport aux contenus, scindant ainsi le medium du message. Bref, la sociologie visuelle classique considère les nouvelles technologies comme une opportunité pour la réalisation de produits plus ductiles, efficaces, créatifs, mais elle reste ancrée à une optique qui est encore analogique. Ma contribution, au contraire, veut être une réflexion sur ce que pourraient être les nouveaux scénarios pour la sociologie visuelle : scénarios sociaux liés à l'utilisation de masse des nouvelles technologies de la visualisation numérique.
- Visualisation du changement urbain - Jerome Krase p. 65-87 Cet essai vise à démontrer que la sociologie visuelle des paysages vernaculaires peut être utilisée pour documenter et analyser la manière dont un environnement défini, par exemple un quartier, reflète l'action de ses résidents. Il suggère que les méthodes visuelles, complétées par des approches symboliques ou sémiotiques, peuvent construire un pont entre les diverses disciplines théoriques et appliquées qui se concentrent sur la forme et la fonction des métropoles contemporaines. À travers la discussion de certains modèles souvent concurrentiels, le texte illustre les circonstances de transition et de gentrification ethnique à travers une sélection de photographies prises dans diverses villes des États-Unis aussi bien qu'à Cracovie, en Pologne, où les résidents d'un quartier ont expérimenté, pendant les deux dernières décennies, des changements rapides et significatifs.
- Vol d'images, images en vol. L'intermédialité et l'imitation au secours des superhéros - Gianni Haver, Michaël Meyer p. 89-96 L'invention du genre « superhéros » est liée au développement des comic books, forme spécifique de la bande dessinée américaine, à la fin des années 1930. Cependant, cette nouveauté suppose la cristallisation et la réinvention d'un vaste ensemble de codes visuels qui dépasse largement son support principal. Parti d'images spécifiques, nous ne pouvons qu'aboutir à l'exploration d'un univers visuel multiple et intermédiatique. Sans cela, l'étude des images de comic books risque de servir uniquement de confirmation à des savoirs déjà établis, plutôt que nous apprendre quelque chose sur la société qui les produit et les consomme.
- Images médicales entre art et science - Rosana Horio Monteiro p. 97 Cet article est une partie d'un travail en cours, qui vise à étudier les interactions entre l'art et les images scientifiques. Il évoque notamment les ?uvres de l'artiste brésilienne Monica Mansur et explore des questions telles que : comment les images de rayons X, d'endoscopie, d'ultrason, de tomographie interagissent-elles avec les interprétations culturelles et comment sont-elles réappliquées dans le contexte non médical ? Comment les concepts de public et de privé sont-ils (re)signifiés ? Comment les corps scientifiques médicalisés sont-ils (re)construits dans le scénario artistique ? Les images sont conçues comme des objets culturels.
Marges
- La femme des foules : la passante, la mode et la ville - Agnès Rocamora p. 109-119 Cet article interroge l'appropriation de la figure de la passante dans les images de mode. Contrastant cette figure avec celle du flâneur, il analyse le thème du genre des pratiques de la ville et des présences masculines et féminines en ses rues. Le jeu du regard propre à la ville ? l'observation de l'autre et de son apparence ? est analysé à travers la représentation, dans les magazines de mode, de la présence féminine dans l'espace urbain et l'invocation du thème de la passante. Appropriée par le discours de mode, cette dernière permet l'articulation de différentes expériences de lecture et le positionnement des lectrices à la fois comme sujets actifs et objets passifs d'un regard par l'intermédiaire duquel se joue l'identité féminine.
- Vu du Brésil : la France comme un pays imaginaire. Les enfants gâtés de l'ancien régime : (Regard des médias brésiliens sur le mouvement des jeunes Français contre le CPE) - Juremir Machado Da Silva p. 121-127
- Techniques du corps et communication ritualisée. À propos de la culture du boire en Corée - Sang-Gil Lee p. 129-139 L'orgie est un rituel profane quotidien dans la société coréenne. En ce sens, il nous semble qu'elle peut montrer quelques caractéristiques significatives de la culture coréenne. Dans cet article, nous avons analysé le cadrage spatio-temporel et une chaîne de techniques corporelles qui constituent l'orgie ordinaire. L'orgiasme coréen avec ses techniques du corps fonde l'esprit de communauté, le sentiment de solidarité avec le groupe lui-même et avec ses membres. Ce qui naît et renaît à travers ce rituel quotidien, ce n'est rien d'autre que l'éthos collectif proprement mondain. Il sert à renforcer très souvent le sectarisme répandu dans la société coréenne. Il ne faudrait pas oublier non plus que les femmes sont ordinairement exclues de ce jeu autour de l'alcool. En effet, l'orgiasme appartient encore à la culture masculine, malgré quelques signes de changement comme la croissance récente de la population féminine qui boit.
- La femme des foules : la passante, la mode et la ville - Agnès Rocamora p. 109-119
Activités sociologiques
- Activités sociologiques - p. 141-151