Contenu du sommaire : Usages de l'énergie dans l'habitat : la transition énergétique vue d'en bas
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Numéro | no 96, avril-juin 2014 |
Titre du numéro | Usages de l'énergie dans l'habitat : la transition énergétique vue d'en bas |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Usages de l'énergie dans l'habitat : la transition énergétique vue d'en bas
- Introduction - Hélène Subrémon p. 4-9
- La transition énergétique à l'épreuve du mode de vie - Bruno Maresca, Anne Dujin p. 10-23 Cet article vise à proposer une refondation théorique et empirique de la notion de mode de vie, et à la mobiliser comme grille de lecture des problématiques auxquelles se confronte le projet de transition énergétique. La thèse qui est défendue ici est que la notion de mode de vie est souvent réduite, notamment dans le projet de transition énergétique, à la seule dimension du comportement de l'usager et consommateur d'énergie, déconnecté des cadres matériels et normatifs qui orientent et surdéterminent les pratiques individuelles et collectives. On propose au contraire d'appréhender le mode de vie comme un ensemble de dispositifs à la fois matériels (forme d'habitat, réseaux, objets techniques ...), et idéels (représentations, valeurs ...), sur lesquels repose l'organisation de la vie sociale (le logement, la mobilité, l'alimentation, l'éducation ...) et qui désignent implicitement la « normalité », au sens des usages et pratiques habituelles au sein de la société considérée. C'est en prenant en compte la dimension du mode de vie que les conditions du passage à un nouveau système énergétique, qui définit la transition, peuvent être explorées avec plus de précision.Rethinking lifestyles in the context of the energy transition
This paper presents a theoretical and empirical overhaul of the notion of lifestyles, and uses it as a framework of analysis of the issues the energy transition project is facing. It is argued here that the notion of lifestyles is often reduced, particularly in the energy transition project, to a single dimension of user behaviour and energy consumption, and thus excludes the material and normative frameworks that guide individual and collective practices. It is proposed instead to understand lifestyles as a set of devices which are at once material (living form, networks, technical objects ...) and ideational (representations, values ...), upon which social organization lies (housing, mobility, food, education ...) and through which « normality » is implicitly defined in the sense of customary uses and practices within society. Taking into account this approach to lifestyles can enable us to explore with greater precision how the shift towards a new energy system can be achieved. - Insights from social practice and social learning theory for sustainable energy consumption - Harold Wilhite p. 24-30 Le domaine de recherche consacré aux transformations vers une consommation sobre d'énergie a souffert de la faiblesse des représentations des facteurs sociaux et matériels de la consommation d'énergie. Selon la théorie dominante sur laquelle s'appuient les politiques publiques, la consommation est vue comme un exercice fait par des individus souverains qui déploient des connaissances cognitives de manière économiquement rationnelle afin de parvenir à des fins utilitaires. Au cours de la dernière décennie, un certain nombre de chercheurs de différentes disciplines a contribué au développement et à l'application de la théorie de la pratique sociale pour mieux comprendre la consommation quotidienne d'énergie. Cette théorie permet de renouveler la théorie de la consommation d'énergie et fournit une base pour de nouvelles orientations des politiques d'économies d'énergie. Cet article propose des pistes théoriques utiles sur les pratiques sociales et donne des exemples de nouvelles catégories de politiques qui pourraient stimuler des pratiques énergétiques sobres. Une attention particulière est accordée à la façon dont les pratiques se forment et changent, ainsi qu'à la relation entre les transformations des pratiques et l'apprentissage fondé sur l'expérience concrète.The research domain aimed at theorizing a transformation to low energy use has suffered from weak representations of the social and material contributors to energy consumption. In the dominating theory that informs policy, consumption is theorized as an exercise done by sovereign individuals who deploy cognitive knowledge in economically rationale ways in order to achieve instrumental ends. Over the past decade, a number of social scientists from differing academic disciplines have contributed to the development and application of social practice theory to an understanding of everyday energy consumption. This theory has promise for renewing energy consumption theory and providing a basis for new directions in energy savings policy. This article lays out promising theoretical insights from social practice theory and give examples of new categories of polices for stimulating low-energy practices. Special attention is given to how practices form and change, as well as the relationship between practice transformations and experience-grounded learning.
- Comment se décide une rénovation thermique en copropriété ? Un nouveau mode d'organisation de l'habitat comme condition de l'innovation énergétique - Gaëtan Brisepierre p. 31-39 En France, la rénovation thermique du parc des copropriétés est un défi majeur de la transition énergétique de par son ampleur et sa complexité. En 2010, une enquête qualitative sur des premiers cas de rénovation thermique met en lumière que ce qui se joue n'est pas seulement un choix à partir de critères technico-économiques mais une métamorphose de l'organisation comme condition de l'innovation. Mettant à distance le gestionnaire professionnel, un nouveau jeu d'acteurs s'installe à travers l'émergence d'un « leader énergétique » qui suscite une dynamique de participation des copropriétaires. Celle-ci alimente un processus social de rénovation qui commence par des étapes préparatoires comme la cogestion du chauffage collectif et/ou la coproduction d'un audit énergétique. Le vote des travaux se prépare en amont par un important travail de montage de projet incluant la mise en place de circuit informel de communication et l'ingéniosité financière. Chaque solution technique fait l'objet d'un travail spécifique d'appropriation en fonction des contraintes de la situation.How is thermal renovation work decided in co-owned apartment buildings ? A new form of organisation of living as a condition of energy innovationIn France, the thermal renovation of co-owned apartment buildings is a major challenge for the energy transition because of their sheer number and complexity. In 2010, a qualitative survey of early cases of thermal renovation highlighted not just a choice from technical and economic criteria but also a shift in the organization, which is a condition of innovation. Distancing the professional manager, a new set of actor relations arises through the emergence of an « energy leader » who promotes the active participation of the co-owners. This feeds in to a collective process of renovation which starts with preliminary steps such as co-management of collective heating and/or the co-production of an energy audit. The voting of renovation work is prepared beforehand by a thorough study of the project set-up. This includes the creation of informal communication circuits and financial ingenuity. Each technical solution involves specific appropriation work according to the constraints of the situation.
- Les déterminants de la consommation énergétique domestique - Jean-Pierre Lévy, Nadine Roudil, Amélie Flamand, Fateh Belaïd p. 40-54 Cet article vise à définir les modalités selon lesquelles se construisent et s'organisent les rapports des habitants à l'énergie, dans des immeubles d'habitation spatialement contextualisés (centre-ville, zone pavillonnaire de banlieue, cités d'habitat social, secteur périurbain, etc.) et architecturalement différenciés (individuel, collectifs d'espaces centraux en location ou en copropriété, barres et tours de grands ensembles, etc.) en région Île-de-France.Cet article repose sur l'hypothèse que la consommation énergétique des ménages au domicile renvoie à des comportements socio-spatiaux complexes. Ces comportements sont appréhendés à partir du rapport à l'énergie que les habitants entretiennent à l'échelle de la résidence, en analysant leurs pratiques de consommation dans le contexte urbain de la région francilienne.La démarche méthodologique comprend deux volets :l'un socio-économique, mené selon des méthodes d'analyse quantitative, à partir de traitements secondaires d'enquêtes nationales (notamment l'Enquête Nationale sur le Logement) et d'une enquête ad hoc réalisée auprès de 2000 ménages franciliens.l'autre repose sur un volet social visant à confronter les représentions qu'ont les ménages de leur consommation énergétique à leur pratique réelle, à partir d'entretiens semi-directifs menés auprès de cinquante-neuf ménages.Le croisement de ces dimensions a permis de construire une typologie de consommateurs d'énergie fiable qui associe les pratiques résidentielles aux performances techniques des bâtiments à différentes échelles.The determinants of domestic energy consumption
This article is situated within the context of the recommendations made by the Grenelle environment round table (Grenelle de l'Environnement) which highlighted the need to improve the thermal performance of housing in France by 2020. It aims to define the modalities through which the relations between citizens and energy are constructed and organised in housing in the Île-de-France region that is spatially contextualised (city centre, low rise suburban housing, social housing complexes, peri-urban sector, etc.) and architecturally differentiated (single family homes, multiple rented or co-owned central housing units, large linear and tower block complexes, etc.).The article is based on the hypothesis that the energy consumption of households in their homes reflects complex socio-spatial behaviour patterns. These behaviour patterns are examined from the point of view of the relationship to energy that inhabitants have at the scale of their homes, as well as by analysing their consumption practices within the urban context of the Ile-de-France region. The methodological approach is twofold :A socio-economic approach using quantitative methods based on the secondary analysis of national surveys (particularly the national housing survey), and an ad hoc survey that we carried out on 2000 Île-de-France households. A socio-technical approach comparing the subjective appreciation of energy consumption of households with their actual practices, based on semi-structured interviews with fifty-nine households. These approaches allow the construction of a typology of energy consumers which integrates residential practices and the technical performances of buildings on different scales. - La rénovation thermique en chantier. Les capacités d'autofinancement des ménages au c?ur du dispositif - Pierre Ducret, Hélène Subrémon p. 55-60
Rubriques
- Portrait d'entreprise : La transition énergétique - 2 - Christophe Defeuilley p. 61-72
Repères bibliographiques
- Notes de lecture - Anne Marchais-Roubelat p. 73-74
- Ouvrages - p. 74
- Revue des revues