Contenu du sommaire : Écriture et migration
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1306, avril-mai-juin 2014 |
Titre du numéro | Écriture et migration |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Polyphonie narrative - Marie Poinsot p. 1
Dossier
- Écrire la migration, écrire en migration(s) - Delphine Leroy, Amandine Spire p. 7-8
- Faire de sa vie une fiction. Des migrations en écriture avec des enfants d'école élémentaire - Bruno Hubert p. 23-30 Le récit d'une histoire personnelle et d'un parcours migratoire n'est pas chose simple. Dans une classe de CM2 composée de 23 élèves, dont la moitié d'origine étrangère, les mises en situation proposées aux enfants leur permettent d'exprimer leur singularité. En se racontant à l'école, en évoquant leur histoire de vie par le détour de la fiction, les enfants peuvent à la fois se l'approprier et la mettre à distance. L'écriture offre ainsi un moyen de se situer et de poursuivre une migration par l'imagination.
- "Si c'était pour moi, je ne venais pas ici." : Les enfants racontent - Teresa Solis p. 33-39 En Italie, où la nationalité est fondée sur le droit du sang, les enfants de parents immigrés ont une perception complexe de leurs origines. Ils ont à trouver une place dans un pays où ils ne sont pas forcément nés et qui, parfois, les rejette. L'étude des rédactions d'enfants dans le cadre scolaire permet de mieux comprendre la nature de leurs questionnements. Outre les doutes liés au rapport à la terre d'origine, au passé ou aux traditions de leurs parents, leurs écrits témoignent d'une identité qui s'invente au-delà des territoires.
- Akira Mizubayashi : Habiter une langue autre - Rose-Marie Volle p. 41-46 Pour un écrivain écrire dans une langue étrangère nécessite un long et complexe travail d'appropriation. Faire sienne une langue impose d'intégrer l'imaginaire et les représentations du réel qu'elle véhicule. Donc, de courir le risque de devenir autre. Akira Mizubayashi, écrivain japonais d'expression française né en 1952, retrace cette expérience de l'altérité qui questionne la fiction d'un sujet stable, un et univoque. Interrogeant ses origines, il fait de son récit en français une ligne de vie, celle d'une personne entre deux langues.
- C'est comment l'Amérique ? : Identité irlandaise, témoignage de migration et transition culturelle dans l'écriture autobiographique de Frank McCourt - José González-Monteagudo, Julia González-Calderón p. 49-55 L'écrivain américano-irlandais Frank McCourt (1930-2009) a noué des liens étroits avec New York, sa ville natale. Il en fait le théâtre d'une grande partie de son œuvre autobiographique dans laquelle il passe au crible et avec humour les stéréotypes de la société américaine. À sa critique sociale, il confère le relief de sa propre expérience migratoire – un aller-retour d'une quinzaine d'années – entre l'Irlande et les États-Unis. Une manière de mettre à distance les cultures pour mieux leur rendre hommage.
- Écrire l'autre. L'histoire du livre de Mehdi Sayed - Virginie Lydie p. 57-64 Écrire la vie d'un clandestin en France, c'est le projet que conçoit Virginie Lydie, écrivaine, quand elle rencontre Mehdi Sayed en 2007. Recueillir le récit hachuré, raturé, d'une vie de galère s'avère difficile. Trois ans durant, elle va se confronter aux conditions de vie iniques de Mehdi qui sont celles des sans-papiers, entre enfermement dans des centres de rétention ou en prison et errance dans la rue. Si le témoignage de Mehdi est l'expression d'une souffrance, il constitue aussi un hymne à la liberté des aventuriers des temps modernes que sont les brûleurs de frontières.
- Agota Kristóf, une écriture de ruines aspirant à la survie : Décryptage de la figure du double dans Le Grand Cahier - Melinda Mod p. 67-70 La mise en scène d'une identité morcelée par le traumatisme de l'exil traverse l'œuvre de l'écrivaine d'origine hongroise Agota Kristóf. L'étude de l'emploi systématique du pronom “nous” dans Le Grand Cahier, pour articuler l'histoire de ses personnages jumeaux, permet de caractériser les modalités du dédoublement d'une identité douloureuse. L'écriture d'Agota Kritóf porte l'urgence d'une réunification qui ne peut avoir lieu que dans et par la pratique littéraire.
- "Le jour où on a découvert l'Europe" : Le voyage et l'aventure dans le récit d'Ibrahim Kanouté - Stefan Le Courant p. 73-80 “Une migration individuelle inscrite dans une histoire collective.” C'est ainsi qu'Ibrahim Kanouté présente son récit de vie. Le voyage en France de ce Malien, né en 1981, ne peut se comprendre sans la longue migration des Soninkés qui le précèdent. Son parcours d'aventurier sans papiers relève ainsi d'une histoire migratoire plus longue où les rêves d'ailleurs voisinent avec les désillusions. Un témoignage qui révèle la façon dont un moi singulier s'intègre, jusqu'à s'effacer parfois, au sein du groupe dans lequel il puise ses racines et dont il se veut un digne héritier.
- Chercheures...en migrations : Échanges d'expériences - Anna Weirich, Marie Leroy p. 83-90 La recherche sur les migrations ne peut faire l'économie d'une réflexion sur les conditions de son exercice. Cette exigence conduit le chercheur à interroger sa position politique et scientifique au sein du groupe social dans lequel il mène son étude. À travers l'échange d'emails suivant, deux chercheures, enquêtant respectivement au Tyrol du Sud et en Moldavie s'interrogent sur leur légitimité et leur place dans une société où elles ne sont que de passage.
- Saisir, transcrire, traduire des récits de vie de migrantes hispanophones - Delphine Leroy p. 93-99 La transcription des récits de vie des migrants pose à l'anthropologue de multiples défis. Il est difficile de rendre lisible un parcours personnel sans trahir la texture, souvent opaque, de son expression. La traduction oscille sans cesse entre le respect de la parole recueillie et la trahison toujours possible dans le passage de l'oral à l'écrit. Au-delà du choix des mots, il s'agit pour le chercheur d'établir un équilibre fragile entre sa propre subjectivité face au récit et sa fonction de passeur.
- Migrations mises en récit ou quand l'espace ne cesse de se (re)construire - Amandine Spire p. 101-107 Entre l'enquêté et le chercheur, des représentations différentes des étapes et des enjeux d'un parcours migratoire peuvent influer sur la compréhension d'un récit de vie. Au moment de l'entretien, l'espace parcouru et les temporalités de l'ailleurs entrent dans un processus de reconstruction. La mise en mots et la mise en carte d'une histoire migratoire ouvrent la voie à un questionnement sur les catégories et les référents spatiaux en jeu dans les écritures de la migration. Le choix de se raconter est aussi une manière de poursuivre son voyage.
Chroniques
- Entretien avec Léonora Miano, présidente du jury 2014 du prix littéraire de la Porte Dorée - Marie Poinsot p. 110-112
- Le prix littéraire de la Porte Dorée, 5e édition - Julien Delmaire p. 114
- Isabelle Condou, Un pays qui n'avait pas de port. Paris, Plon, 2013, 305 pages, 18 €. - Michaël Ferrier p. 115
- Louis-Philippe Dalembert, Ballade d'un amour inachevé. Paris, Mercure de France, 2013, 283 pages, 18,90 €. - Mustapha Harzoune p. 116
- Julien Delmaire, Georgia. Paris, Grasset, 2013, 256 pages, 17 €. - Michaël Ferrier p. 117
- Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas. Paris, Fayard, 2014, 315 pages, 17,10 €. - Mustapha Harzoune p. 118
- Fabienne Kanor, Faire l'aventure. Paris, Lattès, 2014, 364 pages, 18 €. - Mustapha Harzoune p. 119-120
- Guy Scarpetta, Guido. Paris, Gallimard, 2014, 407 pages, 23,50 €. - Mustapha Harzoune p. 121
- Shumona Sinha, Calcutta. Paris, L'Olivier, 2014, 206 pages, 18 €. - Elisabeth Lesne p. 122
- Carole Zalberg, Feu pour feu. Paris, Actes Sud, 2014, 72 pages, 11,50 €. - Mustapha Harzoune p. 123
- Faire un don au Musée de l'histoire de l'immigration - Hélène Du mazaubrun p. 124-125
- La présence arabo-musulmane en Languedoc et en Provence à l'époque médiévale - Marc Terrisse p. 126-128
- L'Anarchiste. Colère d'un exilé, loin du massacre des Khmers rouges - Lisa Serrero p. 130-132
- La Légion étrangère, une particularité française - Valérie ESCLANGON-MORIN p. 133-137
- La France, un "modèle" d'ouverture aux langues : Entretien avec Xavier North, Délégué général à la langue française et aux langues de France - Marie Poinsot p. 138-140
- Les migrations contemporaines entre droits de l'homme, liberté de circulation et droit au retour : Docteur en sociologie, maître de conférences en droit privé, université Paris-Dauphine. - Jacques Amar p. 141-147
- "La prudence n'est qu'une qualité : il ne faut pas en faire une vertu" (Jules Renard) - Mustapha Harzoune p. 148-152
- Malouma - François Bensignor p. 153-156
- C'est comme ça. Histoires d'Angevins venus d'ailleurs de 1960 à 1980 : Documentaire français 2012 de Julien Aouidad - Christelle Fifaten Hounsou p. 157-158
- Ali a les yeux bleus : Film italien 2012 de Claudio Giovannesi - Anaïs Vincent p. 159
- City of dream. Documentaire français 2013 de Steve Faigenbaum - Anaïs Vincent p. 160-161
- Catherine Mazauric, Mobilités d'Afrique en Europe. Récits et figures de l'aventure, Paris, Karthala, 2012, 384 pages, 29 € - Nicolas Treiber p. 163-164