Contenu du sommaire : Varia
Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 221, octobre-décembre 2007 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Quelques éclairages sur l'histoire de la mode contemporaine - Dominique Veillon p. 3-7
- Aux couleurs franco-américaines. : Quand la haute couture parisienne rencontre la confection new-yorkaise - Regina Lee BLASZCZYK p. 9-31 Cet article explore les relations entre le marché de masse des États-Unis et la haute couture de Paris dans l'entre-deux-guerres. Plus précisément, il se centre sur les rapports entre l'Association américaine pour les nuanciers de couleurs du textile (TCCA) et Paris, la capitale mondiale de la mode. Il examine de près les réseaux professionnels et les échanges d'informations pour évaluer les manières dont les chefs de file du goût français ont influencé le marché de masse américain. Le complexe new-yorkais de la mode et de l'industrie textile, qui était auparavant dans la dépendance totale des nuanciers de Paris, devint plus autonome au cours de la Première Guerre mondiale et se donna les moyens d'élaborer une prospective de la couleur à l'intention du marché de masse américain. Mis au point par la TCCA, le nuancier américain standard (SCCA) parvint à combiner les impératifs américains : standardisation, simplification, démocratisation de la mode et le cachet culturel longtemps associé à Paris.Franco-American Colors : Paris Fashion Meets the New York Rag Trade. This paper explores the relationship between the US mass market and Parisian high style in the interwar years. Specifically, it focuses on connections between the Textile Color Card Association of America (TCCA) and Paris, the world's fashion capital, following professional networks and information flows to consider exactly how French tastemakers influenced the American mass market. Once entirely dependent on Parisian palettes, New York's fashionindustrial complex became more self-sufficient during World War I, creating mechanisms to generate color forecasts for the American mass market. Issued by the TCCA, the Standard Color Card of America meshed the US imperatives for standardization, simplification, and the democratization of fashion with the cultural cachet long associated with Paris.
- La mise en scène de la mode soviétique au cours des Congrès internationaux de la mode (années 1950-1960) - Larissa Zakharova p. 33-54 Après la formation du bloc des pays socialistes, la vision bipolaire du monde se répandit jusque dans la mode vestimentaire. Les Congrès internationaux de la mode furent l'occasion de réunir annuellement les créateurs des pays d'Europe centrale et orientale et de l'URSS. Ils devinrent un lieu de conceptualisation et de légitimation de la mode socialiste, laquelle était définie en opposition à la mode bourgeoise. Le politique s'emparait de la création vestimentaire afin de réglementer les pratiques vestimentaires et les normes du goût socialiste. Les artistes n'en restaient pas moins fascinés par la haute couture française qu'ils considéraient comme une référence absolue à laquelle ils continuaient d'emprunter, de façon dissimulée, les tendances et les principes théoriques. Mais les Congrès étaient aussi pensés comme un lieu d'échange des expériences en matière d'élaboration des modèles, en vue d'une production planifiée et de masse. Cela impliquait la présence de fonctionnaires industriels qui jetaient un regard pragmatique sur la mode, lequel restreignait alors sensiblement la créativité des créateurs. En raison de leur fonctionnement (préparation des collections, modalité de sélection des modèles, procédures de présentation au public), les Congrès internationaux de la mode autorisent une analyse de l'interaction entre les administrateurs, les créateurs et les consommateurs soviétiques et permettent ainsi de réévaluer le processus de normalisation de la vie quotidienne.International Fashion Congresses of the 1950s and 1960s as the Site for the Production of Soviet Fashion. As the socialist bloc emerged, the bipolar vision of the world extended to the world of fashion. International Fashion Congresses served as opportunities for designers of Central and Eastern European countries and of the Soviet Union to assemble annually. These Congresses became occasions to conceptualize and legitimate a specifically socialist model of fashion, defined in opposition to bourgeois fashion. In this way, politics began to shape clothing design, regulating socialist « taste » and what people wore. However, the designers themselves were as fascinated as ever by French haute couture, whose trends and theoretical principles remained the absolute standard to follow, albeit in a somewhat disguised manner. But the Congresses were also seen as places to exchange know-how concerning styles and how they might be elaborated within a system of mass planning and production. That required the presence of industrial officials who looked at fashion with a more practical eye, thus restraining the creativity of the designers. Because the International Fashion Congresses figured in the preparation of the collections, the selection of the designs, and the methods of public presentation, they permit us to analyse the interaction between Soviet administrators, designers and consumers, and thus to re-evaluate the process of normalization of everyday life.
- Bienfaisance royale et crise hospitalière : « l'impossible » création d'un hôpital pour enfants à Lisbonne (1858-1878) - Françoise Salaün Ramalho p. 55-70 Initialement conçu pour l'enfance malade, l'hôpital Estefânia de Lisbonne ouvre en 1878, vingt ans après sa fondation, comme établissement pour patients adultes. La création compliquée de cet établissement couvre une période particulièrement riche de l'histoire hospitalière portugaise. Dans un pays marqué par une progressive laïcisation de l'assistance et à une époque où les pouvoirs publics manifestent un intérêt croissant pour les questions de protection de l'enfance, des arguments moraux et sanitaires militent en faveur de l'hospitalisation séparée des plus jeunes. Mais la crise hospitalière que connaît alors la capitale portugaise (manque de lits, vétusté des structures, mélange des pathologies) engage tout un débat sur la taille, l'emplacement et la conception des hôpitaux. Si l'urgence des besoins empêche la création d'un établissement exclusivement pédiatrique, l'ouverture d'un service réservé aux enfants dans l'hôpital Estefânia marque néanmoins le début de l'hospitalisation infantile au Portugal.Royal Charity and Hospital Crisis : The'Impossible' Creation of a Hospital for Children in Lisbon (1858-1878). Although originally foreseen for sick children, the Lisbon Estefânia Hospital opened in 1878, twenty years after its foundation, as an institution for adults. The complex creation of this hospital reflects an extremely rich period in Portuguese hospital history. In a country marked by a progressive secularisation of public services such as assistance, and at a time when public authorities showed increasing interest in childhood protection issues, questions of morality and hygiene encouraged a separate hospital for the youngest patients. However the city hospitals of the Portuguese capital were also in the middle of a crisis (lack of beds, obsolete structures, a mixing up of certain pathologies), which gave rise to a vigorous debate concerning the size, location and design of their facilities. Although the urgency of needs prevented the creation of an exclusively pediatric hospital, the opening of a service reserved for children at the Estefânia hospital marked the starting point of pediatric hospitalisation in Portugal.
- Lariboisière : un hôpital pour les travailleurs parisiens. Étude sur les publics et les fonctions d'un hôpital moderne en 1887 - Claire Barillé p. 71-94 Lariboisière, présenté comme un des hôpitaux modernes de la fin du XIXe siècle, fleuron des nouveaux hôpitaux de l'Assistance Publique comme l'hôpital Tenon un peu plus tard, est l'un de ceux qui illustrent ces nouvelles pratiques de l'hôpital pour les Parisiens des quartiers populaires. En réponse à la question de savoir qui fréquente le plus l'hôpital, il est intéressant de voir qu'il s'agit d'une population plutôt jeune, récemment venue à Paris, plutôt bien insérée professionnellement mais qui ne paraît pas l'être d'un point de vue familial : ce sont plus souvent des personnes vivant seules et fraîchement arrivées à Paris. L'examen des professions nous donne un aperçu de la population des quartiers environnants : les classes populaires et intermédiaires sont les plus représentées. Néanmoins la précarité n'est jamais très loin. Surtout l'étude du séjour à l'hôpital est révélatrice d'un usage assez moderne, disons désacralisé, de l'hôpital, dont on attend moins le secours et l'assistance que le soin, le remède, le palliatif pour une cause de mieux en mieux identifiée. En même temps que la médecine progresse, l'usage de l'hôpital évolue pratiquement simultanément, preuve que les avancées médicales sont, sinon intégrées, du moins comprises par une partie de la population, qui a désormais toute confiance dans l'institution hospitalière.Lariboisière : A Hospital for Parisian Workers. A Study of the Clients and the Functions of a Modern Hospital in 1887. Viewed as one of the late nineteenth century's most modern hospitals, Lariboisière (like Tenon a little later) was considered the jewel of the Assistance Publique's new system. It modelled a novel approach to public hospitals in working-class neighborhoods. As for the clientele of the new hospital, it is interesting to discover that Lariboisière served a relatively young population of people who had recently arrived in Paris. If they appeared to be, for the most part, well-established professionally, they were much less so in terms of family : they were often individuals living alone and new to Paris. A closer look at the professional background of the hospital patients offers a picture of the population in the surrounding neighborhoods, for the most part, from the working and lower-middle class. At the same time, economic precariousness was a familiar presence. In particular, a study of in-patient practices and patterns reveals a fairly modern and secular approach to medicine; the expectations were not so much that the hospital would dispense charity and support, but that it would help to care for, cure or palliate causes of illness which were increasingly identified. Medical advances and hospital practices proceeded hand-in-hand, and, in so doing, furnished proof that such progress was understood by at least a part, if not all, of the population, whose confidence in the hospital as an institution grew.
Controverse
- L'opinion publique dans l'histoire politique : impasses et bifurcations - Brigitte GAÏTI p. 95-104
- Notes de lecture - p. 105-146