Contenu du sommaire : Politiques de la formation professionnelle
Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 232, juillet-septembre 2014 |
Titre du numéro | Politiques de la formation professionnelle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial. Nouvelles perspectives dans l'histoire de la formation professionnelle initiale et continue - Guy Brucy p. 3-7
- Les formations techniques et professionnelles entre l'État, la ville et le patronat : l'emploi de la taxe d'apprentissage à Lyon dans l'entre-deux-guerres - Marianne Thivend p. 9-27 Avec la loi Astier votée en 1919, l'État entend non seulement organiser et contrôler l'offre locale de formation technique et professionnelle, développer la formation professionnelle des jeunes de moins de 18 ans employé(e)s dans l'industrie et le commerce, mais également étoffer le réseau d'écoles techniques publiques. Pour financer cette nouvelle politique, la loi de finances du 13 juillet 1925 instaure une taxe d'apprentissage alimentée par les entreprises. Le présent article se propose d'examiner, à l'échelle de la ville de Lyon, l'usage qui est fait de cette taxe. Un compromis s'instaure progressivement entre l'État, la Ville et les milieux économiques locaux pour soutenir fortement les écoles techniques publiques et privées de la métallurgie ainsi que les cours professionnels dont l'offre est étoffée et structurée. Les formations commerciales ne soulèvent quant à elles pas les mêmes enjeux.In passing the Astier law in 1919, the government sought not only to control and develop local professional training for young workers in industry and business, but also to expand its network of public technical schools. To finance this initiative, the law of 13 July 1925 imposed a tax on apprenticeships supported by firms. Through a case study of the city of Lyon, this article examines how these tax funds were deployed. Increasingly a consensus was reached between the government, the city and local employers. This compromise gave strong support to private and public technical schools in metallurgy, as well as to a structured and developed network of professional courses. Commercial training was not developed in the same way.
- La promotion sociale des femmes : le retournement d'une politique de formation d'adultes au milieu des années 1960 - Françoise F. Laot p. 29-45 La politique de promotion sociale – selon la loi Debré de 1959 –, c'est-à-dire une politique de formation pour des adultes déjà au travail –, a d'abord été pensée par des hommes, pour des hommes. Fondé sur des archives, cet article montre comment, dans la mise en œuvre de cette politique, on a d'abord oublié les femmes comme de possibles destinataires des actions de formation. Il décrit ensuite les circonstances et les événements qui ont progressivement conduit, au plan national, à soulever la question de la promotion féminine dans les travaux de différents comités. Les discours commencent à changer à partir de la mi-1966. Les femmes vont y acquérir une nouvelle, mais éphémère, visibilité, en tant que public de la formation. Visibilité qu'elles vont perdre en se fondant dans la figure asexuée du « salarié » qui devient le bénéficiaire des nouveaux droits à la formation, qui se mettent en place au début des années 1970.Following the Debré law of 1959, the policy of social advancement concerned the education and training of adults who were already employed. It was originally intended to be carried out by men for men only. Based on archival research, this article shows how in the original implementation of the policy, women were overlooked as possible targets of training. The text then describes the circumstances and events which led to greater focus on women's social advancement at a national level. The discourse began to change in mid-1966. At that time, women began to acquire a new, although fragile, visibility in terms of adult education. Eventually, however, they were no longer singled out. Instead they were subsumed under the non-gendered category of the “salaried” which became the recipient of new types of training at the beginning of the 1970's.
- Autopsie d'une négociation. Le règlement de la grève d'avril-mai 1947 à la Régie Renault - Cyrille Sardais p. 47-73 Grâce à la richesse des archives du premier PDG de la Régie Renault, et notamment des comptes rendus inédits des réunions qui ont rassemblé la direction de l'entreprise, la CGT et/ou le gouvernement, cet article rend compte du processus de négociation qui a conduit à résoudre le conflit Renault d'avril-mai 1947. Il montre comment la solution qui fut construite par les acteurs, tout en étant impensable au début du conflit, a finalement rendu compatibles l'ensemble des impératifs posés d'entrée par les différents protagonistes.Parce qu'il se propose d'entrer dans l'univers des principaux acteurs de cette négociation, ce texte éclaire d'une manière originale un processus de négociation particulièrement spectaculaire, ainsi que toute une page de l'histoire de la France de l'après-guerre, page décisive qui a conduit à l'exclusion des ministres communistes du gouvernement et à la rupture du tripartisme.This article explores the process of negotiation which brought about an end to the strike at Renault in April-May 1947, one of the most important postwar conflicts in France. The article draws on research from the rich archives of Renault's CEO, in particular, the minutes of meetings held between top company executives, union leaders from the CGT, and/or top government officials. It shows exactly how an acceptable solution to the conflict was reached by all those involved, one which was inconceivable to the protagonists at the outset, but which ultimately met all their demands. By entering into the “different worlds” of the principle actors in this negotiation, the text sheds new light on a particularly impressive negotiation process as well as an important chapter in postwar French history, one which proved decisive in the exclusion of communist ministers from the French Government and the break with the tripartite system.
- Le « patron » MGEN : un exemple de gestion salariale syndicalo-mutualiste (1946-1991) - Charlotte Siney-Lange p. 75-90 Cet article traite de la politique salariale élaborée par la Mutuelle générale de l'Éducation nationale (MGEN) depuis sa création en 1946. Aujourd'hui première mutuelle de France en termes d'effectifs, la MGEN a connu une croissance sans précédent au cours des Trente Glorieuses, tant au plan des effectifs d'adhérents, du nombre de salariés, que du nombre d'établissements médico-sociaux créés. En conséquence, les administrateurs de la Mutuelle, anciens militants syndicalistes, ont affaire à un personnel de plus en plus nombreux et diversifié. En vertu de leur origine syndicaliste, ces derniers estiment devoir organiser des relations particulières avec leurs salariés. Mais malgré cette bonne volonté affichée, ces « patrons sociaux » ne sont pas épargnés par des conflits sociaux parfois violents, en particulier durant la décennie 1970. Il paraît donc judicieux d'analyser la politique salariale mise en œuvre par la MGEN, l'évolution des relations entre les administrateurs mutualistes et leurs salariés, ainsi que la portée et les retombées des mouvements sociaux qui secouent l'institution.This article examines the wage policy developed by MGEN, the mutual health insurance company of the French educational system, founded in 1946. Today MGEN is the largest health insurance company in France. Since the 1970s, MGEN has experienced unprecedented growth in the numbers of its members, its employees and its medical center affiliates. As a result, the board members of MGEN, former activists from the teachers' trade-union movement, have had to manage an increasingly large and diverse workforce. Because the board members were trade-unionists, they aimed to create a special relationship between management and employees. Despite their good will, however, these “social bosses” were not spared numerous industrial actions, particularly frequent during the 1970s. This article examines the wage policy implemented by MGEN in order to understand the evolution of personnel management and the impact of these labor conflicts.
- Le Matin, les affaires et la politique, 1884-1897 - Dominique Pinsolle p. 91-107 Fondé par le journaliste new-yorkais Samuel Chamberlain en 1884, Le Matin est censé révolutionner la presse d'information française en important les méthodes du journalisme américain. Treize ans plus tard, le journal, qui est devenu une feuille officieuse et un instrument de chantage, doit être vendu suite à son échec commercial. Cet article a pour but d'analyser le rapport entre la dépendance du Matin à l'égard des milieux d'affaires, d'une part, et les liens qu'entretiennent le journal et ses bailleurs de fonds avec le monde politique, d'autre part.Lancé grâce au soutien financier d'un richissime industriel américain, Le Matin, dont la formule semble prometteuse, attire des bailleurs de fonds avant tout mus par l'appât du gain. Le journal, trop peu rentable, déçoit rapidement les premiers actionnaires américains, ce qui permet au journaliste Alfred Edwards d'en prendre le contrôle. Ce dernier, de plus en plus confronté à des difficultés financières, transforme Le Matin en une feuille de chantage au service de ses intérêts personnels. Les relations qu'Edwards entretient avec le monde politique sont ainsi subordonnées à des impératifs d'ordre économique.Founded in 1884 by a New York journalist, Samuel Chamberlain, Le Matin was supposed to radically change the French press by introducing it to American methods of journalism. However, thirteen years later, the newspaper had become a tool of blackmail and corruption, and was sold due to commercial failure. This article analyses the links between Le Matin's dependence on the business world, on the one hand, and the relation between its backers and the political world, on the other. Launched with the financial support of an extremely wealthy American businessman, Le Matin, which seemed to promise success, drew investors who were most interested in earning money. The paper, which was not profitable enough, quickly disappointed its American shareholders. Their dissatisfaction allowed the journalist Alfred Edwards to take the helm of Le Matin. Increasingly confronted with financial difficulties, Edwards transformed the paper into an instrument of blackmail against enemies of its financial supporters. In this way, the relations Edwards maintained with the political world became subordinate to the paper's economic imperatives.
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 109-141
Informations et initiatives
- Informations et initiatives - p. 143-147