Contenu du sommaire : Euroscepticisme et élections européennes de 2014

Revue L'Europe en formation Mir@bel
Numéro no 373, juillet 2014
Titre du numéro Euroscepticisme et élections européennes de 2014
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Euroscepticisme et élections européennes de 2014

    • Introduction - Laurent Baechler p. 3-6 accès libre
    • Euroscepticisme, populisme, droites radicales : état des forces et enjeux européens - Gilles IVALDI p. 7-28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les élections européennes de mai 2014 ont été dominées par la poussée des forces eurosceptiques. La nature de cette mobilisation demeure toutefois profondément hétérogène, entre euroscepticisme « soft » mainstream et formes plus radicales d'opposition à la construction européenne, qu'incarnent en particulier les droites radicales populistes. L'analyse de ce succès suggère la conjonction d'un vote protestataire à l'échelle nationale sur fond de crise économique, et d'un rejet croissant de l'Union, notamment à l'ouest de l'Europe. Les enjeux européens ont occupé une place centrale dans l'offre programmatique des principaux acteurs de la droite radicale populiste européenne. Ces derniers ont articulé un discours protectionniste et anti-immigration, assorti d'une critique forte des plans d'austérité et de sauvetage de l'Euro, consolidant leur base électorale populaire. L'analyse de leurs performances montre cependant d'importantes variations, qui témoignent de la fragmentation de cette famille politique et de son incapacité à se constituer en force organisée au sein du Parlement européen.
      The 2014 European elections have shown a clear rise in support for Eurosceptic parties. Euroscepticism is however a heterogeneous phenomenon combining ‘soft' mainstream Euro-realism with ‘hard' types of opposition to European integration, as revealed in particular in the competitive positions taken by populist radical right parties. These parties have mobilized both on national anti-incumbent protest fed by popular discontent with the economic crisis, and on growing dissatisfaction with the EU, in particular in West European member states. European issues were central to the radical right's programmatic supply composing a mix of economically protectionist and anti-immigration policies, together with a strong criticism of austerity and EU bailout plans, which helped those parties consolidate electoral support among the lower social strata. Analyzing their performances across the EU shows a great deal of variation however, which attests to the political fragmentation of the populist radical right party family, accounting also for their failure to build stable transnational alliances.
    • Euroscepticism and the 2014 European Parliamentary Elections - John FitzGibbon p. 29-44 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le résultat des élections parlementaires européennes de 2014 est largement perçu comme ayant été une victoire pour l'euroscepticisme et les acteurs politiques qui veulent la sortie de leurs pays de l'UE. Le récit des médias a mis l'accent en particulier sur le succès des eurosceptiques (Szczerbiak & Taggart : 2004) de l'UKIP en Grande-Bretagne et du Front national (FN) en France, qui ont émergé comme les plus grands partis, dans leur pays respectif, avec le vote des élections européennes. Cet article soutient, cependant, que ce récit spécifique débouche sur une conclusion trop nuancée du résultat des élections. Il souligne que le résultat des élections est la nature différenciée des euroscepticismes qui ont émergé à travers l'UE. En examinant plusieurs cas – le cas de l'Irlande, de la France, de la Grèce, de la Pologne, de l'Espagne et du Royaume-Uni – il montre que la nature de l'opposition à l'intégration européenne exprimée par les partis « vainqueurs » des élections européennes dans chaque État varie de façon significative. Voir ces résultats à travers le prisme du ‘withdrawalist' du FN et de l'UKIP conduit à exclure l'émergence des opposants à l'intégration européenne dont la position est fondée sur une critique des politiques adoptées par l'UE pour faire face à la crise économique et financière européenne. L'article conclut en replaçant l'émergence de cet euroscepticisme dans le contexte de l'impact catastrophique de la crise sur l'économie européenne, et comment elle n'est pas seulement compréhensible, mais peut-être même mise en sourdine compte tenu de la dévastation causée par la crise.
      The outcome of the 2014 European Parliamentary (EP) election is widely perceived to have been a victory for Euroscepticism and those political actors who want their country to withdraw from EU membership. The media narrative has focused in particular on the success of the hard Eurosceptic (Szczerbiak & Taggart: 2004) UKIP in Britain and the Front National (FN) in France who emerged as the largest parties in their respective countries EP election vote. This article argues, however, that this specific narrative draws too nuanced a conclusion from the outcome of the elections. It emphasises that the overlooked outcome of the election was the differentiated nature of Euroscepticism that emerged across the EU. By examining several case studies—Ireland, France, Greece, Poland, Spain and the UK—it shows that the nature of opposition to European integration expressed by the parties who ‘won' the EP elections in each state, variated to a significant degree. To view such outcomes through the prism of the ‘withdrawalist' FN and UKIP is to exclude the emergence of opponents of European integration whose challenge is based on critiques of the policies employed at the EU level to deal with the European economic and financial crisis. The article concludes by framing the emergence of this Euroscepticism in the context of the catastrophic impact of the crisis on the European economy, and how it is not just understandable but perhaps even muted given the devastation wrought by the crisis.
    • Towards the German model? : Spitzenkandidaten and European Elections 2014 - Oliver Höing, Johannes Müller Gómez p. 45-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les élections européennes de 2014 marquent une tentative historique pour accroître la transparence de l'élection de la Commission européenne. Les ambiguïtés constitutionnelles dans les traités de Lisbonne ont encouragé les partis européens à nommer les principaux candidats, le soi-disant ‘Spitzenkandidaten', pour le poste de président de la Commission. L'élection de Jean-Claude Juncker par le Conseil européen a été considérée par certains comme “le jour où est advenu le parlementarisme de l'UE”.Le terme ‘Spitzenkandidat' indique une compréhension spécifique du parlementarisme qui est proche du système politique allemand. Le parlementarisme de l'UE est, cependant, encore différent de la plupart des contextes nationaux. Cet article analyse les implications politiques et institutionnelles de la nouvelle procédure de nomination. Bien que le Parlement européen soit souvent considéré comme un gagnant vis-à-vis du Conseil européen, ce sont les partis politiques au sein du PE qui bénéficient probablement le plus de candidatures Spitzenkandidaten lors d'élections futures.Notre argument est que la personnalisation de la campagne électorale n'offre pas de meilleurs choix politiques sur l'éventail gauche-droite pour l'électorat, comme il a été initialement souhaité. L'augmentation simultanée de votes pour les partis eurosceptiques oblige les partis pro-européens à coopérer plus étroitement et donc à prendre des décisions dans une coalition toujours plus large. De même que dans d'autres ‘démocraties de consensus', le vote aux élections parlementaires influence par conséquent – au mieux – le choix du chef de l'exécutif. Il n'influence pas, cependant, la composition exacte de la Commission, ni le programme politique qu'elle exécute. Cela est et restera le résultat de négociations complexes entre les multiples acteurs européens et nationaux.
      The 2014 European elections mark a historic attempt to increase the transparency of the election of the European Commission. Constitutional ambiguities in the Lisbon Treaties encouraged European parties to nominate leading candidates, the so-called ‘Spitzenkandidaten', for the position of the Commission President. The election of Jean-Claude Juncker by the European Council was coined by some as “the day we got EU parliamentarianism”.The term ‘Spitzenkandidat' indicates a specific understanding of parliamentarianism which is close to the German political system. EU parliamentarianism is, however, still different from most national settings. This paper analyses the political and institutional implications of the new nomination procedure. Although the European Parliament is often considered a winner vis-à-vis the European Council, it is the political parties within the EP that probably benefit the most from nominating Spitzenkandidaten in future elections. We argue that the personalization of the election campaign does not offer better policy choices on a left-right scale for the electorate, as it was initially desired. The simultaneous increase of votes for Eurosceptical parties forces the pro-European parties to cooperate more closely and thus to take decisions in an ever broader coalition. Similar to other ‘consensus democracies', voting in parliamentary elections thus influences – at best – the choice for the chief executive. It does not, however, influence the exact composition of the Commission nor the policy platform it runs on. This is still and will remain a result of complex negotiations among multiple European and national actors.
    • From Albertini to Anti-Europeanism: Shades of Euroscepticism in Italy - Eleonora Poli, Mark Valentiner p. 66-78 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'Euroscepticisme est loin d'être un phénomène nouveau et il est largement antérieur au déclenchement de la crise financière. En effet, le détachement inquiétant entre les citoyens européens et les institutions de l'Union européenne a été une question centrale du débat public européen au cours des deux dernières décennies, pendant lesquelles le soutien populaire et gouvernemental à l'intégration européenne a constamment diminué dans la majorité des États membres. Cependant, initialement l'Italie se distingue parce qu'elle a suivi une tendance inverse dans le panorama eurosceptique croissant en Europe. Inspirée par des personnalités fédéralistes pro-européennes italiennes telles que Mario Albertini ou Altiero Spinelli, l'Italie a été considérée comme l'un des membres de l'Union les plus pro-européens. Pourtant, la Grande Récession et la crise de la dette publique de la zone euro ont entraîné l'apparition de nouveaux mouvements antieuropéens contre l'ordre établi dans les États membres, l'Italie incluse. À ce jour, avec seulement 34 pour cent des Italiens qui font encore confiance aux institutions européennes, le pro-européanisme italien à la Albertini semble soudain être en question.
      Euroscepticism is far from being a new phenomenon and largely predates the outbreak of the financial crisis. Indeed, the disturbing detachment between European citizens and European Union (EU) institutions has been a central issue of the European public debate over the last two decades, in which popular and government support for European integration has steadily decreased among the majority of Member States (MS). Initially however, Italy rather stood out as it followed an opposite trend within the European growing eurosceptic panorama. Inspired by the likes of Italian pro-European federalists such as Mario Albertini or Altiero Spinelli, Italy was considered to be one of the most pro-European Member States in the Union. Yet, the Great Recession and the euro area sovereign debt crisis resulted in the rise of new anti-establishment and anti-European movements all around the MS, including Italy. To date, with only 34 per cent of the Italians still trusting the European institutions, Italian pro-Europeanism à la Albertini suddenly seems at stake.1
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