Contenu du sommaire : L'organisation en mouvement
Revue | Communiquer |
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Numéro | no 5, 2011 |
Titre du numéro | L'organisation en mouvement |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'organisation en mouvement : action, temporalité et processus - Benoit Cordelier, Consuelo Vásquez, Isabelle Mahy p. i-viii
- Chronos vs. Kairos, quand les temps de l'organisation s'affrontent au lieu de se compléter : risques et paradoxes temporels du changement organisationnel - Paul Peigné p. 1-22 Dans l'ensemble des théories des organisations, le concept du temps est souvent abordé comme simple cadre implicite de l'action permettant seulement d'apprécier par sa variation la notion de mouvement ou de changement. Or, dans nombre de disciplines, aussi bien en sciences exactes qu'en sciences humaines, afin de rendre plus intelligible la complexité des causalités observées, le temps s'est progressivement départi de ce rôle d'implicite pour devenir un concept plurivoque. Pour souligner l'intérêt d'une approche analogue en théories des organisations, nous proposerons le cas d'étude d'une entreprise confrontée, suite à un effort de rationalisation de ses activités, à de profonds dysfonctionnements. La discussion des résultats obtenus nous permettra de proposer qu'une perception strictement monologique du temps (Chronos) est en mesure de limiter le degré de compréhension d'une complexité organisationnelle au point d'éluder une des composantes principales de son équilibre (Kairos) menaçant par la même les efforts pourtant consentis pour en optimiser les activités.In the organization theories, the concept of time is often used as an implicit framework to estimate the concept of movement or change. However, in many disciplines, in natural sciences as in social sciences, to understand further the complexity of causalities studied, time became an explicit concept. To underline the interest of a similar approach in organization theories, we propose the case of study of a company which meets some deep organizational dysfunctions following an effort of rationalization of its activities. The discussion of the results enables us to propose that a unique perception of time in organization (Chronos) is able to limit the understanding of an organizational complexity to the point to elude one of the principal components of its balance (Kairos).
- Co-configuration d'une plateforme à code source ouvert en organisation : analyser la transformation d'un outil et des pratiques de travail avec la théorie de l'activité - Claudine Bonneau p. 23-36 Dans cet article, nous montrons comment le concept de contradiction développé dans la théorie de l'activité (Engeström, 1987) peut être mobilisé pour analyser de façon simultanée la transformation d'un outil et des pratiques de travail au fil du temps. Une étude de cas portant sur la co-configuration d'une technologie open source dans une organisation permet d'illustrer l'application de ce cadre conceptuel.In this article, we show how the concept of contradiction developed in Activity Theory (Engeström, 1987) can be mobilized to analyze simultaneously the transformation of a tool and the work practices as they unfold through time. The application of this conceptual model is illustrated by a case study concerning the co-configuration of an open source technology in an organization.
- Évolution et dégénérescence des coopératives autogérées : pour de nouvelles conceptions socio-organisationnelles - Suzy Canivenc p. 37-46 Nombre de travaux menés sur les structures autogérées ont souligné les difficultés rencontrées par ce type d'expérimentations mais surtout leur incapacité à durer dans le temps. Au-delà des dispositifs et pratiques novateurs qu'elles développent, les expérimentations autogestionnaires nous invitent ainsi à opter pour une approche dynamique des processus organisationnels, qui se doit d'être sensible à leur évolution. Tel est précisément l'objet de ce texte qui, à travers l'exemple de deux coopératives autogérées, interroge la trajectoire dégénérative de ces structures en soulignant les riches enseignements dont est porteuse cette perspective dynamique pour repenser les phénomènes organisationnels et les processus d'innovation sociale.Many works on self-managed structures highlight the difficulties faced by this type of experiments but also their inability to last in time.Beyond the innovative devices and practices developped by these organisations, self-management experiments invite us to opt for a dynamic approach of the organizational processes, which must be sensitive to their evolution. Such is exactly the purpose of this text based on the example of two self-managed cooperatives. It aims at questioning the degenerative trajectory of these structures by underlining the rich teachings carried by this dynamic perspective to rethink the organizational phenomena and the processes of social innovation.
- Proposition pour l'étude des tensions dans le mouvement, la sociomatérialité et le paradoxe - Valérie Michaud p. 47-74 Les tensions et paradoxes sont des mouvements inhérents aux organisations. Pourtant, nous en savons peu sur la façon dont les tensions organisationnelles sont gérées dans la pratique, et encore moins au sujet des non-humains impliqués dans ces pratiques. Cet article pose que les non-humains ne sont pas de simples intermédiaires d'interactions (strictement) humaines : ils modifient les relations, médiatisent les situations (Hennion et Latour, 1993) et sont des acteurs qui « font une différence » (Cooren, 2006) dans les tensions. Or, pour diverses raisons, ils sont généralement absents des analyses. Qui plus est, alors que, dans une approche du paradoxe, les tensions sont acceptées, dans les écrits, on dénote un biais fréquent pour l'un ou l'autre des pôles en tension. Partant de ces constats, une approche conceptuelle et méthodologique est proposée pour saisir l'action des non-humains dans les tensions. Fortement inspirée par la sociologie des épreuves, elle permet d'aborder les tensions dans une perspective de la pratique sensible à leur sociomatérialité et à leur acceptation.Tensions and paradoxes are inherent organizational moves. However, we know very little about how they are dealt with, in practice, and even lesser about the sociomateriality of such practices, especially with regards to the sociomaterial tools involved. The central argument of this paper is that non-humans are not mere intermediaries of (strictly) human interactions: they modify relations; they médiate situations (Hennion et Latour, 1993) and they are actors in the sense that they “make a difference” (Cooren, 2006, p. 82) in tensions. Due to various reasons, such tools are not being fully considered in the study of tensions. Moreover, many writings are biased toward one pole of the tension, ignoring the other. As a response to these observations, a framework is proposed to capture non-humans' actions with regards to tensions. Greatly inspired by the “sociologie des épreuves”, it allows for the study of tensions with a sociomateriality- sensitive, practice perspective that allows for their acceptance.
- Quel mode d'existence pour l'organisation ? - Nicolas Bencherki p. 75-92 La littérature existante sur l'action organisationnelle demeure très floue sur la manière exacte dont une organisation peut agir. Elle tend à osciller entre l'affirmation que l'organisation agit elle-même et une réduction de l'action organisationnelle à celle de ses membres. Dans tous les cas, l'organisation est déjà présumée. Je propose ici une perspective proprement communicationnelle, qui explique l'existence de l'organisation et sa capacité d'agir du même coup, à partir de l'observation des pratiques situées par lesquelles, dans le langage, des actions sont attribuées à l'organisation. J'analyse un extrait d'une réunion d'un comité chargé de planifier une importante réforme dans un grand établissement d'enseignement français.Existant literature on organizational action is hazy with respect to the precise way an organization may act. It tends to vacillate between the affirmation that the organization acts by itself and a reduction of organizational action to that of its members. In both cases, the organization is already presumed. I suggest here a properly communicational perspective, which explains organizational existence and its capacity to act in a single stroke. I do this by observing the situated language practices through which actions are attributed to the organization. This is done by analyzing an excerpt of a meeting of a committee in charge of planning the major reform of a French higher education institution.