Contenu du sommaire : Firmes et géopolitiques
Revue | L'Espace Politique |
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Numéro | no 15, octobre 2011 |
Titre du numéro | Firmes et géopolitiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'Espace Politique « Firmes et géopolitique » - Yann Richard
- La rivalité SNCF/DB. Une tentative d'interprétation géostratégique à l'échelle ouest-européenne - Antoine BEYER Des différents modes de transport, le chemin de fer est celui qui a introduit le plus tardivement et le moins complètement la nouvelle donne réglementaire européenne. Jusque-là structurées sur la base de monopoles territoriaux et étroitement encadrées par les pouvoirs politiques nationaux, les entreprises ferroviaires traversent cependant des changements majeurs depuis la directive communautaire CE 91-440. La visée libérale n'entame toutefois pas la prégnance des réalités nationales qui structurent encore les choix des acteurs en présence. Dans ce nouveau contexte, les entreprises ferroviaires, et tout particulièrement les opérateurs historiques, sont amenés à composer leurs stratégies paneuropéennes en y incorporant divers facteurs géopolitiques actuels et passés. La lecture géopolitique du transport ferroviaire européen dément ainsi l'idée d'une simple ouverture des marchés qui effacerait les frontières dans un espace communautaire unifié selon un simple principe de déterritorialisation. Bien au contraire, le contrôle du territoire longtemps pacifié refait jouer des antagonismes anciens. La question du partage des marchés conduit ainsi à entrecroiser des considérations d'ordre politique et économique. Le territoire redevient alors un enjeu majeur de positionnement, d'opportunités, mais aussi d'insécurité pour les opérateurs ferroviaires jusque-là protégés par leurs frontières. Il offre de ce fait une clé de lecture importante dans la compréhension de leurs stratégies actuelles.Although mentioned in the Treaty of Rome (1957), the European Transport Policy only came to life much later, as a result of demands by the European Parliament and in the context of the Single European Act (1986). This policy gradually took on a strong liberal dimension. During the 1990s, several European packages were introduced into national legal systems that tried to end the spatial monopolies within each state's control. In this perspective rail seems to be a latecomer compared with the other transport modes. After decades of institutional stability, railway companies have had to adapt their strategies to a new European context. The present paper tries to demonstrate how a national context deeply embedded in history and national geography continues to dictate priorities. A geopolitical reading of a liberalized rail transport suggests the unlikelihood of any simple, footloose industry prevailing within the single European market, without any reference to former national identities. On the contrary, vanishing national borders introduce new challenges and insecurity for the rail companies, which have to be interpreted in a territorial dimension.
- La Bulgarie entre compétitivité et cohésion. IDE, fonds structurels et disparités territoriales dans un PECO - Emmanuelle BOULINEAU L'article explore pour la Bulgarie, nouvel Etat-membre de l'UE depuis 2007, la réponse aux objectifs de la stratégie de Lisbonne de 2000 d'accroître la compétitivité européenne et de garantir la cohésion. Dans les pays d'Europe centrale et orientale (PECO), cette exigence prend la forme d'un dilemme entre le choix de la compétitivité au risque d'approfondir les disparités territoriales et celui de la cohésion par l'équité territoriale de répartition des fruits de la croissance. Au travers de l'analyse des IDE et d'un bilan à mi-parcours des fonds structurels européens, l'article montre les impacts spatiaux de ces deux ensembles de mesures. Il s'attache aussi à étudier la place des niveaux régional et local bulgares dans un processus d'intégration aux économies mondiale et européenne qui passe de plus en plus par les échelons infra-nationaux.The paper analyses how Bulgarian authorities respond to the Lisbon Strategy targets on both demands in increasing European competitiveness and in strengthening cohesion. In Central and Eastern Europe countries (CEEC), these demands raise up a dilemma between competitiveness -at the risk of increasing territorial disparities- and, cohesion through territorial equity in redistributing growth benefits. By studying FDI and mid-term financial implementation of the European Structural funds in Bulgaria, we show their spatial impacts regarding this dilemma. The paper also focuses on regional and local levels, as far as they are more and more concerned by the integration process at both global and European scales.
- Les investissements étrangers au Royaume-Uni : recomposition des territoires, rivalités géopolitiques et contrecoups identitaires - Mark Bailoni Les investissements directs étrangers (IDE) ont une place considérable dans l'économie britannique. Dans le contexte politique, identitaire et socio-économique particulier du Royaume-Uni, l'installation de firmes étrangère a également des conséquences géopolitiques majeures, perceptibles à plusieurs échelles, à plusieurs niveaux d'analyse. Mais ces effets ont également évolué dans le temps, au fur et à mesure que la perception des IDE a changé dans les représentations des Britanniques. S'ils étaient fortement recherchés dans les années 1980-1990, les Britanniques sont de plus en plus hostiles au rachat de firmes nationales par des capitaux étrangers. Certaines désillusions suite à l'installation de « chasseurs de primes », les restructurations imposées par des firmes étrangères et le contexte de crise économique ont provoqué notamment des réactions de nationalisme économique au Royaume-Uni.Foreign direct investments (FDI) have a major role in the British economy. In the political, cultural, social and economic context of the United Kingdom, the settlement of foreign firms also has major geopolitical implications on different scales. Nevertheless these effects have also changed over time, when the perception of FDI has changed in the representations of the British. If they were highly sought after in the 1980's and 1990's, the British are increasingly hostile to the takeover of domestic firms by foreign capital. Some disillusionment following the installation of "bounty hunters", restructuring imposed by foreign firms and the context of economic crisis, cause reactions of economic nationalism in the United Kingdom.
- 50 ans d'histoire du projet JARI. D'un grand projet contesté à un modèle d'éthique entrepreneuriale ? - Anna Greissing Située aux confins de l'Amazonie brésilienne, la région du Jari a été peuplée jusqu'au milieu du XXe siècle exclusivement par de petites communautés dispersées dans la forêt et vivant de l'extraction des ressources naturelles (caoutchouc, noix du Brésil). L'arrivée, en 1967, de l'entrepreneur Américain D.K. Ludwig, invité par le gouvernement militaire de Geisel à « mettre en valeur » une partie de l'Amazonie brésilienne, provoque un important bouleversement régional : au milieu d'une forêt tropicale intacte, il met en œuvre un énorme projet de développement économique fondé sur l'exploitation minière (kaolin) et plusieurs activités agroindustrielles à grande échelle (riz, élevage), notamment la production de cellulose sur base de monoculture. Socialement contesté et économiquement non rentable, le « projet Jari », fonctionne néanmoins jusqu'à nos jours, revendiquant une propriété de plus de 1,2 millions d'hectares dans la région du Jari. Cependant, le projet du XXIème siècle s'est développé d'une entreprise critiquée pour son « gaspillage en ressources humaines et naturelles » dans une firme moderne et hautement technisée qui englobe plusieurs activités certifiées par le FSC (papier, cellulose, et exploitation de la forêt tropicale). D'ailleurs, la nouvelle gestion à la tête du projet depuis 2000 (le groupe Orsa, une holding pauliste), se caractérise par un modèle de management innovateur, basé sur les prémisses du développement durable et inspiré par les idées de responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSEE). Ainsi, la nouvelle gestion Orsa a en effet réussie non seulement à rentabiliser le projet, mais aussi à atténuer les contestations sociales et politiques suscitées par ses impacts négatifs et à transformer une partie de son passif socio-environnemental en atout économique. Pour cela, et afin de répondre aux contradictions du développement économique provoquées par l'affrontement entre agrobusiness et extraction traditionnelle de ressources de la forêt, le groupe a crée une Fondation interne censée à concevoir et à mettre en place de projets locaux de développement social et économique avec et pour les populations locales. Cet article discute le potentiel mais aussi les limites de la RSE comme stratégie clef pour une gestion territoriale de l'entreprise au XXIème siècle, en la replaçant dans l'évolution historique de la région.Situated at the borders of the Brazilian Amazon, the Jari river region has been until the 1960ies almost exclusively populated by small communities scattered in the forest and living on the extraction of natural resources (rubber, Brazil nut). The arrival, in 1967, of the American businessman D.K. Ludwig, who had been invited by the Geisel military government to « valorize » a part of land in the Brazilian Amazon, provokes an important regional turnover: in the middle of an intact rain forest, the American businessman sets up an enormous economic development project, based on several large-scale agro-industrial (rice, cattle) and mining (kaolin) activities centered around the production of cellulose from monoculture plantation. Socially controversial and economically unprofitable, this project, who gained fame under the name of " the Jari project ", has nevertheless subsisted until our days and claims more than 1,2 millions of hectares in the Jari river region. However, the XXI century project has essentially evolved from a strongly criticized enterprise that « inexorably devoured human and natural resources » to a modern, highly technologized business that includes several companies and activities certified by the FSC (paper, cellulose, and tropical wood extraction). Moreover, the new management team at the head of the project since 2000 (the Orsa group, a holding with domicile in São Paulo), stands out in the Amazon context as an innovative business model, based on the principles of sustainable development and inspired by the idea of corporate social responsibility (CSR). As such, the new Orsa management has indeed succeeded to make a profitable enterprise out of the indebted Jari project, and has engaged in transforming the company's social and environmental liabilities into economic assets. In order to mitigate the contradictions of economic development provoked by the clash of two contrasting socioeconomic models – agro-business and traditional forms of agriculture and forest resource extraction- the Orsa group has created a company-intern Foundation that aims at the conception and implementation of social and economic development projects with and for the benefit of the local populations. This article discusses the potential but also the limits of CSR as a key strategy for the new company's management of its huge territory in the Amazon, in the context of the region's and the project's historical evolution.
- Grands projets d'exploitation minière et stratégie des firmes pour se rendre environnementalement acceptables - Michel Deshaies L'essor considérable de la demande mondiale de certains minerais depuis la fin du XXè s. a conduit à la multiplication des grands projets miniers, concernant notamment des métaux très convoités et de plus en plus rares comme l'or. Dans le même temps, les firmes qui veulent créer de nouvelles exploitations minières de grandes dimensions et à l'impact environnemental considérable, risquent de plus en plus de se heurter à une opposition résolue des populations locales soutenues par des ONG environnementalistes. L'influence de ces dernières sur les opinions publiques par le biais de campagnes médiatiques, peut faire pression sur les Etats et amener ceux-ci à remettre en cause les projets miniers. Certaines firmes, conscientes de l'enjeu capital que constitue leur image environnementale, ont réussi, mieux que d'autres, à développer une stratégie, une communication et des actions permettant de rendre plus acceptables leurs projets miniers, même quand ceux-ci ont un impact considérable sur l'environnement. Si les conflits entre compagnies minières et groupes environnementalistes ont été de plus en plus nombreux au cours des dernières années, notamment dans les pays en voie de développement, ils ne sont pas non plus systématiques et n'ont pas reçu le même soutien des communautés d'habitants. L'analyse de différents projets d'exploitations aurifères en cours, ou au contraire infructueux, permet d'étudier la stratégie suivie par les firmes pour se rendre environnementalement acceptables. Elle permet aussi de discuter de l'impact de ces projets à plus ou moins long terme dans la perspective du développement durable.The enormous increase of the world demand of some metals since the end of the twentieth century leads to the multiplication of great mining projects which concern very coveted and scarce minerals as gold. In the same time firms that want to develop new great mines with huge environmental impact risk to encounter a determined opposition from communities with the support of environmental NGOs. The influence of the NGOs on the public opinion through media campaigns can exert pressure on States and conduct them to reject mining projects. If conflicts between mining firms and environmentalist groups grew in numbers in the last years, particularly in developing countries, there are not systematic, or they don't collect the same support in the communities. Some firms, aware of the stake which represents their environmental identity, have success better as others to develop a strategy, a communication and tasks to make more acceptable their mining projects, also when these projects have a huge environmental impact. The study of different gold mining projects in process or fruitless allows to analyze the strategy of the firms to become environmentally acceptable. It allows to discuss the impact of mining projects in regard of sustainable development.
- Chinese corporations and the scramble for resources. A study in the oil business - Stefania Paladini, Suresh George La Géopolitique semble être de nouveau à la mode, et la géo-économie a gagné l'attention générale sous la forme de compétition entre les États pour les ressources naturelles. Bien que les implications de sécurité soient plusieurs et variées, et que la doctrine soit divisée sur les conséquences en terme de probabilité de conflits, elle a certainement provoqué une augmentation des tensions internationales sur les matériaux stratégiques. La Chine est au centre de ce phénomène, et beaucoup d'attention est consacrée à sa croissance économique ainsi qu'à ses possibles aspirations impérialistes dans le monde d'aujourd'hui. Cet article explore en détails la quête de ressources des sociétés chinoises, en particulier celles impliquées dans le commerce du pétrole, et les conséquences en termes de sécurité à un niveau géopolitique. Alors que la dualité « conflit / coopération » est prise en compte, cette recherche se concentre sur les sociétés pétrolières Chinoises et indiennes, qui agressivement tentent d'obtenir un accès privilégié aux marchés et aux ressources. Les multinationales des deux géants asiatiques font concurrence à celles des pays de l'OCDE et d'autres acteurs émergents. Pour illustrer les défis que ce phénomène implique, l'analyse va utiliser une étude de cas spécifiques, PetroChina (et sa société-mère CNOOC), en montrant la façon dont elles sont impliquées dans l'acquisition de ressources à l'étranger et comment cela les a placées sur une route de collision avec les sociétés indiennes ONGC et ONGC Videsh Ltd, impliquées dans la même activité. Enfin, l'analyse se penchera sur la rivalité entre l'Inde et la Chine en termes économiques et géopolitiques dans le contexte plus large des questions économiques mondiales.Geopolitics appears to be increasingly back in fashion, and geoeconomics is gaining the limelight in the form of state competition for natural resources. While the security implications are diverse, and the doctrine is divided about the consequences in term of likelihood of conflicts, it has resulted in increased international tensions on strategic materials. China is at the very centre of this scramble, and there is quite an amount of attention devoted to China's economic growth as well as its possible imperialistic aspirations in today's world. This article explores resource-seeking Chinese corporations, especially the ones involved in the oil business, and the consequences in term of security issues at a geopolitical level. While the duality conflict / cooperation is taken into account, this research focuses on oil corporations from China and India, which aggressively try to secure markets and resources. They generally compete against MNCs both from the OECD countries and from other emerging players. In order to illustrate the challenges this phenomenon involves, the analysis will use a specific case-study, PetroChina (and its parent CNOOC), showing the way they are involved in acquisition of resources abroad and how this has put them on a collision route with ONGC and ONGC Videsh Ltd, Indian companies involved in the same activity. Finally, it will look at the rivalry between India and China in economic and geopolitical terms as well within the context of broader global economic issues.
- Les paradis fiscaux dans la mondialisation boursière - Maude Sainteville Dans le contexte de mondialisation boursière, les cotations transfrontières permettent aux entreprises de lever des capitaux et de faire coter leurs valeurs sur des marchés étrangers. En dépit de la déréglementation des marchés financiers et de l'illusion d'un « global marketplace » véhiculée par l'usage intensif des TIC, les émetteurs ne sont pas indifférents à la localisation de leurs places de cotation. Au contraire, ils manœuvrent habilement pour utiliser au mieux les ressources, les réseaux et les opportunités offertes par les lieux de la planète boursière. Non seulement les entreprises sélectionnent méticuleusement les marchés sur lesquels elles font lister leurs valeurs, mais certaines n'hésitent pas à lever des capitaux et à faire coter leurs titres sur les grands marchés internationaux à travers des filiales, des entités à vocation spécifique (EVS) ou des sièges juridiques sans véritable consistance opérationnelle, enregistrés dans les paradis fiscaux. Ces derniers intègrent alors les réseaux des cotations transfrontières. Quels acteurs et puissances usent et abusent des paradis fiscaux ? A partir de l'observation des matrices mondiales des cotations transfrontières issues de la compilation des cotes officielles des bourses des valeurs (2007), cet article propose de lever le voile sur les stratégies de cotation des firmes et sur la place des paradis fiscaux dans les réseaux de la globalisation boursière. Quelles sont les préférences relationnelles au sein du tripôle firmes, Etats et places de cotation?Within the framework of global financial integration, cross-border listings enable firms to raise capital and to list their shares on foreign markets. Despite both the deregulation of financial markets and the widespread illusion of a so-called « global marketplace » spread by an intensive use of IT, corporate issuers are not indifferent to the location of their listing place(s). On the contrary, they manoeuvre astutely in order to benefit at best from the resources, networks and opportunities provided by the different places throughout the financial world. Firms not only select markets meticulously to list their shares, but some of them raise capital and quote their equities on major markets through their subsidiaries, dummy entities or legal headquarters incorporated within tax havens as well. Tax havens thus fit into the worldwide networks of cross-listings. Which actors and powers use and benefit from tax havens? Based on the study of the worldwide matrices of cross-listings -- built thanks to a data compilation of the stock markets' listings in 2007 -- this article proposes to lift the veil on the listing strategies of transnational firms and to observe the position of tax havens in the networks of the global integration of financial markets by replying to the question: what are the relational preferences within the group firms-states-listing places?
- The footprint of the JSF/F-35 Lightning II military jet in the Netherlands. Geopolitical and geo-economic considerations in arms procurement and arms production - Virginie Mamadouh, Herman van der Wusten Bien que l'Union européenne œuvre à une politique étrangère commune et un marché commun de l'armement les États européens ne collaborent que médiocrement dans le domaine de l'acquisition des armements. Les firmes nationales sont souvent en compétition les unes avec les autres (chacune secrètement assistée par son propre gouvernement), au moins autant qu´avec les firmes américaines, des initiatives européennes rivalisent avec des initiatives transatlantiques. Dans le même temps, les relations entre la Politique de défense et de sécurité européenne (PDSE) et l´Organisation du traité de l´Atlantique Nord (OTAN) restent l´enjeu de nombreux débats. Alors que les positions des plus grands États-Membres (la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne) sont bien connues dans ce domaine, les visions et les pratiques des États-Membres moins importants sont à peine analysées dans la littérature. Cette communication examine les dimensions géopolitiques et géoéconomiques de la politique concernant la technologie et la production militaire aux Pays-Bas. Pays neutre jusqu'à l´invasion et l´occupation allemandes (1940-1945), les Pays-Bas sont un des États fondateurs des Communautés européennes et de l´OTAN et un allié proche des États-Unis et du Royaume-Uni. En 2000 c´était le sixième État européen, au regard de ses dépenses militaires en termes absolus, aussi bien en ce qui concerne la Recherche & Développement que l'achat d'équipements. Quels sont les arguments géopolitiques et géoéconomiques employés par le gouvernement néerlandais pour acquérir une nouvelle génération d´avions de combat et pour participer au programme du Joint Strike Fighter pour développer et produire le Lockheed Martin F 35 Lightning II, plutôt que de faire l´acquisition de Rafales français ou d´Eurofighters ? Comment ce choix influence-t-il l'évolution de l´UE comme acteur territorial dans les affaires internationales ?While the European Union aims at developing a common foreign policy and a common arms market, European states still collaborate poorly in the field of actual defence procurement. National firms (each furtively supported by its national government) often compete with each other as much as with American ones, European initiatives compete with Transatlantic ones. At the same time the relations between the European Defence and Security Policy (EDSP) and the North Atlantic Treaty Organisation (NATO) remain a much debated issue. While the positions of the larger member states (France, UK and Germany) are well known in this field, the views and practices of the smaller member states are hardly discussed in the literature. This paper explores the geopolitical and geo-economical dimensions of policy making regarding military technology and production in the Netherlands. A neutral country until German invasion and occupation (1940-45), the Netherlands is a founding member of the European Communities and NATO, and a close ally of the US and the UK. Around 2000 it was in absolute terms the sixth spender in the EU regarding both military Research & Development and Equipment Procurement. What are the geopolitical and geo-economical arguments of the Dutch government to procure a new generation of jet fighters and to participate in the Joint Strike Fighter programme to develop and produce the Lockheed Martin-F-35 Lightning II rather than to purchase the French Rafale or the Eurofighter? What does this mean for the further development of the EU as a territorial actor in international affairs?