Contenu du sommaire : Les Paris des migrants
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1308, octobre-novembre-décembre 2014 |
Titre du numéro | Les Paris des migrants |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Paris autrement : La fabrique d'une “ville-monde” - Marie Poinsot p. 1
Dossier
- Entre horreur et espérance : Billet d'humeur du comité de rédaction de la revue - p. 4-5 Il est difficile pour une revue de sciences sociales de ne pas réagir à chaud aux tueries de ce début janvier 2015, aux atteintes portées aux valeurs et aux symboles qui se rattachent aux personnes assassinées. Ce texte exprime notre attachement indéfectible à la liberté d'expression, au respect de la diversité, et à la laïcité qui en permet l'expression. Il annonce aussi les orientations d'une réflexion approfondie sur les différents volets mis en lumière ces derniers jours. Un dossier thématique interrogera, sur la base de travaux bien délimités, les institutions (école, police, prison, etc.), les dynamiques sociales (situations migratoires, engagement religieux, etc.) et l'espace politique.
- Les Paris des migrants - Marie Lazaridis, Serge Weber p. 8-10 Paris ville cosmopolite ? C'est une évidence. Aucune grande métropole ne s'est constituée sans de multiples immigrations : partout, la croissance urbaine et la métropolisation sont le résultat d'une attractivité migratoire qui est le socle premier de l'attractivité économique. Ce numéro explore les différentes facettes et temporalités d'un Paris fait et vu par les migrants, qu'ils soient asiatiques, africains, américains ou russes, sans-papiers, commerçants, ouvriers, étudiants, musiciens ou écrivains, attachés ou non à des quartiers où les centralités commerciales sont progressivement mises en tourisme.
- L'espace résidentiel des étrangers dans la métropole parisienne : Une exploration statistique - Matthieu Delage, Serge Weber p. 13-26 Comprendre les stratégies résidentielles des étrangers et des Français par acquisition suppose une connaissance fine de l'espace. L'apport des données statistiques et cartographiques centrées sur l'agglomération parisienne permet de préciser la façon dont s'y distribue la population. Aussi les dynamiques spatiales mises au jour interrogent-elles bon nombre d'idées reçues, comme la frontière du périphérique, les phénomènes de ghettoïsation ou les relations entre la ville-centre et la banlieue parisienne.
- Paris et ses migrants : dans les pas de Michelle Guillon - Mathieu Delage p. 27
- L'immigration, une source de vitalité pour la ville de Paris : Entretien avec Colombe Brossel, adjointe à la maire de Paris en charge de la sécurité, de la prévention, de la politique de la Ville et de l'intégration - Marie Poinsot p. 28-30
- Populations d'origine sud-asiatique à Paris et en Ile-de-France : Distribution et visibilité - Delon Madavan p. 33-43 Depuis quarante ans, certains quartiers des Xe et XVIIIe arrondissements de Paris ont la préférence des migrants originaires d'Asie du Sud. S'ils continuent de fréquenter le nord de la capitale, leurs stratégies résidentielles, qui évoluent en fonction de plusieurs paramètres comme l'ancienneté de leur migration ou leur statut familial, les conduisent désormais en banlieue. Les quartiers de La Chapelle et de la gare de l'Est demeurent néanmoins des territoires offrant des lieux de sociabilité privilégiés.
- Les Japonais à Paris : Entre invisibilité résidentielle et hypervisibilité commerciale - Hadrien Dubucs p. 45-52 Les migrants japonais à Paris, malgré la diversité de leur situation sociale et professionnelle, peuvent compter sur un système bien structuré d'acteurs et de ressources qui concourent à créer une relative concentration résidentielle dans le centre-ouest de Paris. La présence de ce groupe relativement peu nombreux devient visible par une offre commerciale croissante et en recomposition, historiquement implantée dans le quartier de l'Opéra. Pour autant, il demeure difficile de parler d'un quartier japonais à Paris.
- Les Wenzhous de Paris et d'ailleurs - Richard Beraha p. 55-63 Migration laborieuse, migration silencieuse. Les migrants chinois originaires du district de Wenzhou demeurent discrets dans la société française. Or la France constitue, depuis une trentaine d'années, une destination privilégiée des réseaux migratoires et commerciaux qui contribuent à la vitalité industrielle du sud-est de la Chine. Entre Paris et cette région chinoise, ces “paysans prolétaires commerçants” ont su développer les conditions d'une ascension sociale, tout en apportant leur contribution humaine et économique à la France, sans jamais rompre les liens avec leur terre d'origine.
- Paris, une retraite rêvée pour Américains moyens ? - Catherine Guilyardi p. 64-65 “Essayez la retraite à Paris, c'est aussi romantique et magique que vous l'imaginez et beaucoup plus facile que vous ne le pensez !” Sur son blog, la journaliste américaine Pamela Griner Leavy, 65 ans, raconte son séjour à Paris et celui de son mari, 77 ans, depuis neuf ans. Elle décrit la capitale française comme “une ville abordable” à condition de se débarrasser de la mentalité “je suis en vacances”, et de ne pas se livrer à une “exploration quotidienne de la pâtisserie”.
- Une cathédrale russe au pied de la tour Eiffel : Entretien avec Tatiana Kastouéva-Jean, responsable du Centre Russie-NEI à l'Institut français des relations internationales (Ifri). - Marie Poinsot p. 67-73
- Le touriste, le migrant et la fable cosmopolite : Mettre en tourisme les présences migratoires à Paris - Amandine Chapuis, Sébastien Jacquot p. 75-84 À l'instar des grandes métropoles cosmopolites comme Londres, New York ou Montréal, Paris commence à inscrire ses quartiers de migration dans ses parcours touristiques. À grand renfort de communication institutionnelle, les itinéraires proposés se diversifient, conduisant les touristes à la rencontre des populations immigrées de la capitale. Face à des visites nourries de clichés exotiques, des associations tentent de se réapproprier l'histoire de cette présence migratoire et la mise en tourisme de ces quartiers.
- Évolutions récentes des quartiers d'immigration à Paris : L'exemple du quartier “africain” de Château-Rouge - Marie Chabrol p. 87-95 À l'instar d'autres arrondissements populaires de Paris, le quartier de Château-Rouge, au nord de la capitale, se transforme depuis une quinzaine d'années au fil des politiques de rénovation urbaine et avec l'installation de nouveaux habitants, plus jeunes et plus aisés. Si ce quartier spécialisé dans le commerce ethnique demeure très fréquenté par des migrants africains, la réhabilitation de nombreux immeubles révèle un processus de gentrification bien avancé sur le plan résidentiel. Et un décalage de plus en plus marqué avec les commerces ethniques.
- Les quartiers africains de Paris comme lieux d'inclusion et d'exclusion par la consommation - Virginie Silhouette-Dercourt p. 97-103 À Paris, certains lieux de consommation sont presque entièrement dédiés aux populations originaires d'Afrique subsaharienne. Circonscrits autour de deux stations de métro emblématiques, Château-d'Eau et Château-Rouge, ces quartiers constituent des pôles commerciaux où abondent les produits venus de toute l'Afrique. De quoi satisfaire les besoins d'une clientèle “ethnique” en cosmétiques et biens alimentaires. Mais derrière les étals colorés court une invisible frontière : celle de la gentrification urbaine qui peu à peu gagne le nord de la capitale.
- Travailleuses sans-papiers à Paris : Retour sur la tentative de constitution d'un collectif de femmes - Joanne Le Bars p. 105-111 Confrontées à des discriminations croisées dues à leur leur sexe et à leur origine ethnique, à Paris, les travailleuses migrantes commencent à faire entendre leur voix dans les mobilisations de sans-papiers. Suite à l'occupation d'un lieu parisien, l'émergence d'un collectif de femmes sans-papiers va mettre en avant leur expérience racialisée de travailleuses domestiques. Leur souhait de manifester dans l'espace public traduit leur volonté d'accéder à une reconnaissance sociale.
- Le café Soleil, la face cachée de l'astre - Marie-Joëlle Rupp, Arezki Metref p. 112-116 Depuis deux ans, ils travaillent sur un projet documentaire intitulé : Une journée au Soleil. L'idée est d'associer l'histoire de l'immigration algérienne, et plus particulièrement kabyle, à un lieu à la fois pratique et symbolique. Le Soleil est un café situé au 136, boulevard de Ménilmontant dans le XXe arrondissement de Paris. En tant que substitut du village d'origine, il assure cette fonction de refuge où persiste le passé, mais il sait aussi s'adapter aux évolutions sociétales.
- Les étudiants étrangers à Paris en 1900 - Pierre Moulinier p. 119-127 À la veille de la Première Guerre mondiale, dans les universités parisiennes, près de 1 étudiant sur 6 est étranger. Parmi les nationalités représentées, on compte une part importante de Russes, de Turcs, de Roumains ou d'Allemands venus acquérir une formation universitaire de qualité. Le Paris de la Belle Époque étend son rayonnement culturel sur le reste de l'Europe et au-delà. Tout en accueillant favorablement ces migrants pour études, les autorités françaises tentent toutefois d'en limiter l'installation.
- Se loger à Paris. L'expérience des étudiants étrangers - Carolina Pinto Baleisan p. 129-136 De la Cité universitaire à l'appartement privatif en passant par la colocation, le logement des étudiants étrangers détermine fortement leur futur avec la société française. Car leur appréhension de la ville n'est pas la même selon les types de logements. L'entre-soi protecteur d'une résidence étudiante peut constituer une barrière que seule une longue pratique de la capitale permettra de lever. L'accès au parc locatif privé représentant l'étape ultime de ces stratégies résidentielles.
- Les musiciens étrangers et l'émergence du champ musical. L'exemple des émigrés allemands à Paris 1760-1870 - Damien Ehrhardt p. 139-147 Au tournant du XIXe siècle, Paris constitue une destination de choix pour les artistes internationaux. Dans le champ musical, les échanges culturels sont nombreux et connaissent différentes phases. Ainsi, musiciens allemands, italiens ou belges vont successivement tenir le haut du pavé parisien. Si la relation entre les Allemands et Paris dépend des aléas de l'histoire mouvementée entre les deux pays, la contribution des musiciens d'outre-Rhin à l'invention de la musique classique en France va se révéler déterminante.
- L'Afrique à portée de métro : Entretien avec Pedro Kouyaté, musicien - Nicolas Treiber p. 148-149
- Les dessous de la Ville-lumière : Fantasmes et nausée littéraires des étudiants africains à Paris (1945-1975) - Nicolas Treiber p. 151-158 Pour les étudiants africains qui l'ont arpentée depuis les années 1930, la Ville-lumière semble constellée de zones d'ombre. Paris, la capitale mondiale des arts et des lettres de l'après-guerre qui attire les artistes de tous horizons, est aussi celle d'un empire colonial. Aussi, dans certains espaces de la ville relève-t-on les marques de la colonisation. Des traces dans l'espace, dans les relations humaines dont certains écrivains comme Ousmane Socé, Aké Loba, Cheikh Hamidou Kane ou Saïdou Bokoum nourrissent leur premier roman, dressant de Paris un portrait en clair-obscur.
- Paris, capitale des exils littéraires - Mustapha Harzoune p. 161-167 Le 13 octobre 2014, à la BNF, Jake Lamar, Nancy Huston et Elisabeth Niggemann étaient invités pour une rencontre autour de “Paris, capitale des exils littéraires : entre ici et ailleurs”. Exil choisi et plutôt heureux pour les deux premiers, exil contraint pour d'autres, car Paris fut aussi une ville refuge pour les persécutés du monde, écrivains ou non.
- Entre horreur et espérance : Billet d'humeur du comité de rédaction de la revue - p. 4-5
Chroniques
- La Maison des journalistes de Paris : Abriter les héros en fuite - Sophie Pasquet p. 170-173
- Les travailleurs chinois en France pendant la Grande Guerre - Laurent Dornel p. 174-178
- Échappé aux griffes de la tribu - Mustapha Harzoune p. 180-183
- Le gwoka, patrimoine culturel immatériel - François Bensignor p. 184-189 Aujourd'hui le gwoka fait la fierté des Guadeloupéens. Ses jeux de tambour, paroles chantées, pratiques de la danse font société au point que l'identité culturelle de la Guadeloupe ne saurait s'en passer. Pourtant, cette pratique artistique et sociale aurait pu disparaître au milieu du XXe siècle, victime d'une certaine vindicte populaire. La “bonne” société créole n'avait alors que mépris pour cette mizik a vié nèg (musique de sauvages). Or le chemin parcouru en faveur de sa réhabilitation aboutit à l'inscription du gwoka sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco (PCI). L'annonce en a été faite par le Comité du PCI lors de sa réunion en 2014.
- Jean-Paul Gourévitch, Les Migrations pour les nuls : Paris, Editions First, 2014, 22,95 €. - Catherine Guilyardi p. 190-191
- Ian Coller, Une France arabe 1798-1831. Histoire des débuts de la diversité : Paris, Alma Editeur, 2014, 29 €. - Catherine Guilyardi p. 192-193
- Peggy Derder, Idées reçues sur les générations issues de l'immigration : Paris, Le Cavalier Bleu, 2014, 18 €. - Catherine Guilyardi p. 194
- Kamel Daoud, Meursault, contre-enquête : Paris, Actes Sud, 2014, 19 €. - Mustapha Harzoune p. 195
- Linda Lê, Par ailleurs (exils) : Paris, Christian Bourgois, 2014, 13 €. - Mustapha Harzoune p. 196-197
- Richard Beraha, La Chine à Paris. Enquête au cœur d'un monde méconnu : Paris, Robert Laffont, 2012, 21 €. - Mustapha Harzoune p. 199-200
- Yannick Torlini, Nous avons marché : Paris, Al Dente, 2014, 15 €. - Mustapha Harzoune
- Minh Tran Huy, Voyageur malgré lui : Paris, Flammarion, 2012, 18 €. - élisabeth Lesne p. 201
- Valérie Zenatti, Jacob, Jacob : Paris, L'Olivier, 2014, 16 €. - élisabeth Lesne p. 202