Contenu du sommaire : Les transformations socio-spatiales de l'Inde : vers un nouveau virage mondialisé ? (II)
Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
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Numéro | no 268, octobre-décembre 2014 |
Titre du numéro | Les transformations socio-spatiales de l'Inde : vers un nouveau virage mondialisé ? (II) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Mondialisation et changement dans la préscolarisation : immixtions dans le mode d'éducation des jeunes enfants au Tamil Nadu et à Pondichéry - Émilie Ponceaud Goreau p. 329-348 En Inde, dès 1975, d'offensives politiques publiques ont permis l'émergence d'un secteur préscolaire s'adressant aux familles les plus défavorisées afin de contrebalancer les inégalités patentes dont elles étaient victimes. Institutionnaliser l'accueil de ces enfants a aussi eu pour effet de rendre quantifiable ces inégalités et a favorisé l'implantation d'ONG, notamment occidentales, dans un secteur moins réglementé que les écoles primaires. Dans les années 1990, l'ouverture économique de l'Inde a permis la diffusion de nouvelles pratiques d'éducation auprès des familles plus aisées, notamment celles favorables à la préscolarisation. Celles-ci ont conduit à l'émergence d'écoles privées de plus en plus nombreuses, dans un secteur de plus en plus concurrentiel, modifiant durablement l'accueil des jeunes enfants pour les ancrer dans la scolarisation. La place importante occupée par les ONG conditionne l'accès pour de nombreuses familles à une certaine idée de la préscolarisation et de ses bonnes pratiques. Cet article interroge le rôle de la mondialisation dans les hausses quantitative et qualitative des structures preschools en Inde et de quelle manière elle innerve les habitudes familiales de ses nouvelles pratiques.In India, since 1975, a governmental preschool sector emerges through important public policies and speaks to the most disadvantaged people with the idea to reduce and quantify inequalities. In the last decade, the state's withdrawal which corresponds to India's economic opening has allowed NGOs to become very active in the social sector, especially in preschools which are less regulated than primary schools. Economic openness supported preschool ideas to increase school opportunities for upper-middle class families, largely influenced by new education practices from Western world. Private schools are increasingly in a competitive sector focusing on school practices. The importance of NGOs determines access to a certain idea of what should be a preschool and its good practice. This article deals with Western influences in a large and qualitative attendance of preschools in India and looks at change in family practices.
- En attendant la Révolution Verte : Science de l'État et dépossession au Vidarbha (II) - Joël Cabalion p. 349-372 Depuis l'Indépendance en 1947, 20 millions d'hectares de terres agricoles ont été transférés à des projets industriels, gagnés par l'expansion urbaine ou ennoyés sous les eaux de milliers de grands barrages, conduisant au déplacement forcé de plus de 60 millions de personnes. Or le « développement par la dépossession » continue d'être privilégié par l'État indien, lors même que ses coûts sociaux génèrent un embarras de plus en plus manifeste et une résistance accrue à travers le pays. Ces « projets de développement » se caractérisent par trois phases encadrées successivement par des politiques publiques sur la dépossession, l'indemnisation et la réinstallation. À la lumière du cas d'un grand barrage au Vidarbha, région de l'Inde centrale promise à une Révolution verte depuis plus de trois décennies, cet article revient sur les logiques et les savoirs qui président à l'action publique du déplacement.Since Independence in 1947, 20 million hectares of agricultural land have been transferred to industrial projects, conquered by urban expansion or submerged by the waters of thousands of large dams, leading to the forced displacement of more than 60 million people. Yet “development by dispossession” remains the privileged option of the Indian State, despite mounting social costs and intensifying protests across the country. These “development projects” are characterized by three phases successively handled with specific public policies on dispossession, compensation and resettlement. In the light of a large dam in Vidarbha, a region of Central India promised to a Green Revolution since more than three decades, this article engages with the logics underpinned in a public action of displacement.
- La « transition alimentaire » de l'Inde : une hypothèse erronée ? Le changement alimentaire au prisme de la consommation de viande - Mickaël Bruckert p. 373-394 Les termes « transition nutritionnelle » et « transition alimentaire » ont été proposés pour décrire dans les pays émergents le passage d'une alimentation riche en céréales à une alimentation riche en graisses et protéines animales. Cette évolution est souvent perçue comme un aspect de l'occidentalisation des modes de vie. Pourtant, l'Inde présente à bien des égards un modèle de transition différent. Si la consommation de céréales y est effectivement en baisse, celle de produits laitiers reste réduite et celle de viande est très faible (en moyenne 5 kg par personne par an). En théorie, la prégnance de l'ethos hindou et l'inscription subséquente de l'alimentation dans une symbolique bio-socio-cosmique tendent à freiner l'évolution des pratiques. Si une ethnographie des habitudes alimentaires au Tamil Nadu atteste de l'apparition de nouveaux produits et de l'importance croissante des restaurants, elle souligne aussi la permanence des pratiques quotidiennes au domicile. Surtout, elle met en exergue les nombreuses contraintes économiques, médicales, sociales, culturelles ou politiques qui président aux représentations afférentes à la viande et en limitent la consommation. L'exception indienne au modèle de la transition alimentaire rappelle le fort potentiel symbolique que véhicule l'alimentation dans les sociétés.The notions of « nutrition transition » and « food transition » have come up in order to characterise the process of food change in emerging countries and the shift from a diet based on cereals to a diet rich in fats and proteins. This evolution is often described as being part of the dynamic of westernisation. However, in India, the model of food transition differs from the pattern exposed. Cereals consumption is indeed decreasing, but dairy products consumption is still low and meat consumption remains marginal (an average of 5 kg per person per year). Theoretically, the prevailing Hindu ethos and the ascription of food in a bio-socio-cosmological order tend to prevent food change. An ethnography of food habits in Tamil Nadu admittedly testifies the emergence of new products and the growing habit of eating out. But it also points out the continuities of the food eaten home and the economical, medical, social, cultural and political constraints that shape the representations related to meat and limit its consumption. The specific Indian case of food transition thus underlines the highly symbolic charge that food still carries in societies.
- La ressource territoriale, entre réseaux sociaux et innovation. Discussion à partir du secteur logiciel indien - Divya Leducq p. 395-426 La littérature sur les systèmes territoriaux d'innovation montre que les réseaux sociaux, réunissant à la fois des acteurs hétéroclites et ouverts simultanément sur différentes échelles, permettent de stimuler l'innovation, par leurs capacités cognitives de coordination de l'information et de mobilisation autour d'un projet commun. L'article présente une étude menée dans le double contexte des métropoles régionales d'un pays émergent – l'Inde – et dans le secteur d'activité de l'informatique-logiciel, et répond à plusieurs questions. Comment se fabriquent les liens, ces relations interpersonnelles, qui favorisent l'émergence de dynamiques d'apprentissage collectif ? Au-delà de la diversité des réseaux sociaux, sur quels types de solidarité s'appuient-ils ? Quelles sont les interactions entre géographie et économie dans les pratiques collaboratives de ces catalyseurs de flux ? Dans quelle mesure la mise en réseau(x) des ressources relationnelles permet-elle le renforcement des clusters en construction ? L'analyse empirique met en évidence l'encastrement territorial – localisé ou hyperscalaire, éphémère ou pérenne – comme source des proximités nécessaires à l'innovation.The state of the art on territorial innovation systems demonstrates that social networks – where heterogeneous actors involve and open simultaneously on different scales – serve to stimulate innovation by their cognitive ability to coordinate information and to mobilize on a common project. This article presents a case study carried out in the dual context of regional cities of an emerging country – India – and in the software business sector, and aims to answer the following questions. How are made the ties, these interpersonal relationships, which foster the emergence of collaborative learning dynamics ? Beyond the diversity of social networks, what kind of solidarity are they relied on ? What are the interactions among geography and economy in the collaborative practices of such flow catalysts ? To what extent the networking of relational resources allows strengthening clusters in progress ? Our empirical analysis highlights the territorial embedding – localized or hyperscalar, transitory or permanent – as a multiple source of proximities for innovation.
- Inde : une transformation agricole est-elle encore possible ? - Jean-marc Quitté p. 427-442 Dans son élan néo-libéral importé d'Occident, l'Inde continue tant bien que mal d'administrer ses transformations. Dans le domaine agricole celui-ci lui ouvre une porte sur la permaculture, lui donnant ainsi l'espoir de voir apparaître une autonomie alimentaire chez les ruraux les plus économiquement délaissés, mais malheureusement pas encore chez les urbains. Ces transformations agricoles, opposées à celles issues du modèle néolibéral encore naissant, sont-elles durablement envisageables ?Following its neoliberal movement, directly inspired by The West, India continues to implement its transformations, as best it can. In the field of agriculture, India has opened the door to Permaculture. Thus, there is hope that the poorest people in rural areas will be able to reach food sovereinty. However this is not true for urban dwellers. The question is, will this revolutionary agricultural proceedure - which is totally opposite to the one used in the budding neoliberal model - manage to catch on in the long term?
- Soulancé Dominique et Bourdier Frédéric, 2012 - Métamorphose Rurales. Philippe Schar : itinéraire géographique de 1984 à 2010 : Paris : L'Harmattan - Alain Vaguet p. 443-446