Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue d'économie politique |
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Numéro | volume 125, juillet-août 2015 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Débats / Opinions
- Le paradoxe des nouvelles politiques d'insertion - Jekaterina Dmitrijeva, Florent Fremigacci, Yannick L'Horty p. 475-498 Les politiques d'insertion mises en œuvre par les départements français ont été modifiées en profondeur depuis la réforme du RSA. Elles sont désormais organisées selon une logique de parcours dans lesquels sont orientées les personnes après une évaluation de leur situation et des obstacles rencontrés pour accéder à l'emploi. Cette organisation vise à répondre à la variété des difficultés rencontrées par les allocataires. Pour autant, à l'aide de données départementales inédites sur une cohorte d'entrants au RSA, nous montrons que la participation des personnes aux actions départementales est très faible, ce qui constitue un paradoxe. Nous analysons plus en détail l'ampleur et les causes de la non-participation pour un dispositif départemental d'insertion qui consiste en un bouquet de 15 ateliers dans une logique de construction de parcours individualisé. Le taux de participation à ce dispositif n'est que de 13 %. Nous décomposons la participation en trois éléments : être invité à participer ; accepter l'invitation ; être présent à l'invitation. Cela permet d'isoler les responsabilités du côté de la demande (les comportements des bénéficiaires) et celles du côté de l'offre d'actions d'insertion. Nous montrons que les facteurs d'offre jouent un rôle prépondérant dans la faible participation aux actions d'insertion.The paradox of new social policies Social policies implemented by French departments have significantly evolved since the 2009 reform of the RSA (Revenu de Solidarité Active) minimum income scheme. Designed to promote employability through better assessment of individual obstacles to employment, local programs display paradoxically low participation rates. This study uses an original dataset on a cohort of newly registered RSA recipients to investigate the extent and causes of non-participation in a social program consisting of 15 workshops dealing with potential obstacles to employment. While the global participation rate is estimated to only 13 percent, we are able to distinguish the demand side causes (the behavior of eligible individuals) and those on the supply side (social policy offer) by decomposing the participation process in three stages: the receipt of notification to attend; acceptance; effective enrollment. Our finding is that supply factors play a major role in low participation in social policies.
- Le paradoxe des nouvelles politiques d'insertion - Jekaterina Dmitrijeva, Florent Fremigacci, Yannick L'Horty p. 475-498
Bilan / Essai
- Émotions morales et comportement prosocial : Une revue de la littérature - Romain Jourdheuil, Emmanuel Petit p. 499-525 Dans cet article, nous proposons une revue de la littérature consacrée au rôle spécifique des émotions morales en économie. Nous nous appuyons sur les résultats empiriques issus des travaux en économie expérimentale et en psychologie pour analyser l'impact des émotions morales sur l'émergence des comportements prosociaux comme la coopération, l'altruisme, la confiance et la réciprocité. La sanction affective, liée à l'influence des émotions morales négatives (culpabilité, honte, colère...), conduit à la régulation des comportements opportunistes tandis que la récompense affective, issue de l'émergence des émotions morales positives (fierté, gratitude...), favorise l'adoption de comportements socialement ou moralement valorisés. Nous analysons ensuite la façon dont s'effectue la prise en compte formelle du rôle des émotions morales en économie comportementale. Au sein des modèles de « préférences sociales », les émotions sont intégrées, d'une façon minimaliste, sous la forme de préférences exogènes qui sont activées parce que préexistent implicitement des normes sociales et morales contraignant les choix des individus. En tenant compte d'une conception élargie et plus réaliste des affects, l'impact des émotions sur les comportements dépend des intentions des agents, de leurs attentes, de leur personnalité ainsi que du contexte dans lequel s'effectue le processus de décision, ce qui conduit à considérer les émotions morales comme des préférences endogènes.Moral emotions and prosocial behaviors: A review This article provides a literature review on the role of moral emotions in economics. Drawing on empirical results obtained in experimental economics and psychology, we first discuss the impact of moral emotions on the emergence of other-regarding behaviors such as cooperation, altruism, trust and reciprocity. We especially highlight how the affective sanction associated with negative moral emotions (guilt, shame, righteous anger...) participates in the regulation of opportunistic behaviors, whereas the affective reward derived from positive moral emotions (pride, gratitude...) promotes socially or morally valued behaviors. Second, we focus on how economists have responded to the challenge of integrating a role for moral emotions into economic theory. We particularly point out that, in a minimalist conception, emotions can be formalized as exogenous preferences activated because of the behavioral constraints embodied in pre-existing implicit social or moral norms. Nevertheless, a broader and (we argue) more realistic conception of emotions would allow their influence to depend on agents' intentions, expectations, and personalities as well as on the specific context of a decision, implying that moral emotions may be better understood as a form of endogenous preferences.
- Émotions morales et comportement prosocial : Une revue de la littérature - Romain Jourdheuil, Emmanuel Petit p. 499-525
Articles
- Une étude de la répartition du pouvoir confessionnel au Liban - Mostapha Diss, Abdallah Zouache p. 527-546 La composition du parlement libanais est basée sur un compromis entre les différentes confessions religieuses de ce pays, souvent considéré comme seule démocratie parlementaire de l'Orient arabe. A partir des outils de la théorie des jeux coopératifs, cet article analyse le pouvoir des différentes confessions dans le parlement libanais. Nous étudions la différence entre le pouvoir « apparent » et le pouvoir « réel » de chaque confession prenant part au processus de décision. Cet article analyse aussi l'impact des dispositions de la nouvelle réforme électorale sur le pouvoir de chaque confession. Nous montrerons que le compromis confessionnel au Liban est loin d'être parfait.A Study of the confessional distribution of power in Lebanon The composition of the Lebanese Parliament is based on the allocation of a specific number of seats to each of the various minority groups (confessions) in this country, which is considered to be the only parliamentary democracy in Arab Middle East. Using tools from cooperative game theory, this paper analyzes the power of different confessions in the Lebanese parliament. We study the difference between the “apparent” power and the “real” power of each minority group involved in the decision process. This paper also analyzes the impact of the new electoral reform on the power of each confession. We will show that the confessional compromise in Lebanon is far from being flawless.
- Is Self-Reported Risk Aversion Time Variant? - Seeun Jung, Carole Treibich p. 547-570 Nous examinons des données longitudinales japonaises dans le but de vérifier si l'aversion au risque auto-déclarée par les individus varie au cours du temps. Dans la plupart des panels, les variables sur les préférences face au risque ne sont collectées qu'une seule fois (et ne sont donc observables que dans une seule des vagues de l'enquête). L'aversion au risque auto-déclarée est alors supposée rester constante au cours du temps. Toutefois, il est intéressant d'étudier dans quelle mesure les chocs financiers et autres auxquels une personne fait face au cours de sa vie ne modifient pas son aversion au risque. Notre analyse empirique révèle que l'aversion au risque peut varier au cours du temps. Elle montre également que cette variation ne peut être uniquement attribuée à du bruit ou à des erreurs de mesure puisqu'elle est associée à des chocs de revenus. Cependant, les changements temporels n'expliquent qu'une faible part de la variation de l'aversion au risque observée. Les différences entre les individus en représentent quant à elles près de 50 %. En tenant compte du fait que les préférences individuelles face au risque sont en partie déterminées par des facteurs temporels, nous étudions la fréquence à laquelle il est préférable de collecter des mesures d'aversion au risque dans les enquêtes par panels s'étalant sur de longues périodes. Nos résultats suggèrent que le meilleur indicateur du comportement actuel des personnes est la moyenne de l'aversion au risque, où l'aversion au risque est mesurée tous les deux ans. Il est par conséquent recommandé d'introduire les questions concernant les préférences face au risque des individus tous les deux ans dans les enquêtes longitudinales.We examine a Japanese Panel Survey in order to check whether self-reported risk aversion varies over time. In most panels, risk attitude variables are collected only once (found in only one survey wave), and it is assumed that self-reported risk aversion reflects the individual's time-invariant component of preferences toward risk. Nonetheless, the question could be asked as to whether the financial and personal shocks an individual faces over his lifetime modify his risk aversion. Our empirical analysis provides evidence that risk aversion is composed of a time-variant part and shows that the variation cannot be ascribed to measurement error or noise given that it is related to income shocks. Yet, the true time variant factor explains a relatively small share of the observed variation in risk aversion while differences between individuals account for nearly 50 % of it. Taking into account the fact that there are time-variant factors in risk aversion, we investigate how often it is preferable to collect the risk aversion measure in long panel surveys. Our result suggests that the best predictor of current behavior is the average of risk aversion, where risk aversion is collected every two years. It is therefore advisable for risk aversion measures to be collected every two years in long panel surveys.
- Capital Mobility in the Enlarged Europe: A New Look at the Feldstein-Horioka Puzzle using a Quantile Regression Approach - Irina Syssoyeva-Masson, João de Sousa Andrade p. 571-599 Dans cet article, nous déterminons le degré d'intégration financière dans l'Europe élargie à 24 pays (EU-24) ainsi que dans deux sous-échantillons [anciens membres de l'UE (EU-14) et nouveaux membres de l'UE (NMS-10)] en reprenant l'approche analytique de Feldstein-Horioka [1980], c'est à dire en analysant économétriquement la relation, dans ces pays, entre l'épargne et l'investissement domestiques. Les résultats obtenus au moyen de la méthode des régressions quantiles en données de panel sont cohérents avec l'hypothèse d'un haut niveau de mobilité du capital entre les pays (EU-24). Nos résultats montrent aussi que, dans les pays où les rapports « investissement/PIB » sont plus élevés, ces besoins d'investissements sont moins contraints par l'épargne intérieure, alors que, dans les pays où le taux de l'investissement/PIB est faible, les deux rapports « investissement/PIB » et « épargne intérieure/PIB » sont davantage dépendants l'un de l'autre (ou liés l'un à l'autre). Ces principaux résultats sont confirmés par l'étude de la causalité au sens de Granger que nous avons menée, pour savoir si l'épargne intérieure joue un rôle actif pour financer l'investissement domestique dans l'Europe élargie. Nos résultats montrent que, globalement, la causalité au sens de Granger entre l'épargne et l'investissement est bidirectionnelle. Toutefois, pour certains pays de l'EU-24 aucune preuve de causalité au sens de Granger entre l'épargne et l'investissement domestiques n'a été trouvée.This study assesses the degree of financial integration in the Enlarged Europe (EU-24), as well as in two sub-groups [Old Member States (EU-14) and New Member States (NMS-10)] separately by using the Feldstein-Horioka [1980] approach, i.e., by analysing the relationship between domestic saving and investment. Our results, obtained by the quantile regression method for panel data models, are consistent with a relatively high level of capital mobility in the EU-24. They also indicate that the higher ratios of domestic investment to GDP (I/GDP) in the EU-24 are less restricted by domestic saving (S/GDP), while the two ratios (I/GDP and S/GDP) are more closely related in countries with low investment rates. Our main findings are also confirmed by the results of the Granger causality test, which we undertook to ascertain if domestic saving plays an active role in financing investment in the Enlarged EU. According to our results, the Granger causality is running in both directions between saving and investment in the EU-24 and for some countries no evidence of Granger causality between saving and investment has been detected.
- Sécurité alimentaire dans les pays en développement : quelle contribution des Filières d'exportation ? - Abdelhakim Hammoudi, Oualid Hamza, Stefano Migliore p. 601-631 L'article propose un modèle micro-économique pour analyser les interactions entre les filières domestiques et les filières d'exportation des pays en développement et leur rôle dans la disponibilité de l'offre alimentaire sur les marchés domestiques. L'analyse prend en compte la rareté du foncier agricole et évalue deux politiques publiques : un quota minimal de production imposé aux exportateurs et réservé aux marchés domestiques et une subvention à l'entrée des producteurs spécialisés dans les cultures domestiques. Nous montrons comment un quota minimal de production imposé aux exportateurs ne suffit pas, quand il est pratiqué isolément, à satisfaire à la fois l'objectif de sécurité alimentaire et une participation importante de producteurs locaux. A l'inverse, une subvention accordée aux filières domestiques conduit à satisfaire ces deux objectifs. Une combinaison de ces deux instruments (subvention et quota de production minimal) est plus efficace dans l'amélioration de l'offre totale disponible sur les marchés domestiques que l'utilisation d'un seul type d'intervention mais induit une moindre participation par rapport au cas où seule la subvention est utilisée.The paper proposes a theoretical model of Industrial Economics to analyze the interactions between domestic and export sectors of developing countries and their role in the availability of food supply in the domestic market sectors. The analysis takes into account the scarcity of agricultural land and evaluates two public policies: a production quota reserved for domestic markets and imposed to exporters and a subsidy to producers specialized in domestic crop. We show how a minimum production quota reserved for domestic markets does not suffice, when practiced separately, to simultaneously satisfy food security and producers participation objectives. Conversely, a subsidy for producers specialized in domestic crop can satisfy those two objectives. A combination of these two instruments (subsidy and minimum domestic production quota) is more effective than a single intervention to increase the total available supply but less effective for improving the participation of local producers, which is better when only subsidy is used.
- Une étude de la répartition du pouvoir confessionnel au Liban - Mostapha Diss, Abdallah Zouache p. 527-546