Contenu du sommaire : L'anglais et les cultures : carrefour ou frontières ?
Revue | Droit et cultures |
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Numéro | no 54, décembre 2007 |
Titre du numéro | L'anglais et les cultures : carrefour ou frontières ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
L'anglais et les cultures : carrefour ou frontière ?
- L'anglais et les cultures : carrefour ou frontière ? - Larissa Aronin, Daphné Romy-Masliah p. 25-41
- Bilinguisme, interculturalité et communication politique - Viola Krebs p. 43-74 Dans un monde de plus en plus interconnecté, où les personnes sont de plus en plus mobiles, la communication interpersonnelle et la maitrise de plusieurs langues prennent une importance grandissante. C'est la raison pour laquelle, depuis quelques années, un nombre croissant d'études scientifiques ont été effectuées en avec le bi- et le multilinguisme. Ces études montrent clairement que l'éducation bilingue est un bon moyen permettant de transmettre à l'enfant de multiples langues et qu'elle a un impact positif sur le développement cognitif de l'enfant.Globalement, même si le multilinguisme est essentiel pour la communication moderne, il n'existe que relativement peu de programmes de bilinguisme scolaire au sein d'écoles publiques. Cela est particulièrement frappant dans des régions où différentes communautés linguistiques se côtoient. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, ces communautés ne se mélangent souvent pas de façon harmonieuse. Dans de nombreux cas, des luttes de pouvoir se développent entre les communautés, créant ainsi des situations où il n'est guère facile de mettre en œuvre des programmes de bilinguisme scolaire.Dans le présent article, nous considérerons les arguments avancés dans le contexte de deux référendums et votations populaires. Dans deux régions très différentes, la Californie (États-Unis) et Fribourg (Suisse), ces votes populaires ont mené à une interdiction de programmes de bilinguisme scolaire. Dans les deux cas, les arguments utilisés dans la presse écrite et dans le cadre de témoignages personnels ont clairement montré que le degré de résistance au bilinguisme est directement lié à la perception de l'autre langue. En effet, celle-ci a une incidence importante sur le succès ou non de programmes de bilinguisme scolaire. Nous avons également analysé le rôle spécifique qu'a l'anglais dans les deux cas, le comparant à d'autres contextes socioculturels, particulièrement en Afrique (Mali, Sénégal, Tanzanie et Cameroun). Tous ces pays ont un passé colonial où l'anglais a soit le rôle de la lingua franca soit de langue internationale.Sur la base de ces observations, nous proposerons des recommandations permettant d'accroître les chances de succès de nouveaux programmes de bilinguisme scolaire.In an increasingly interconnected world, where people are more and more mobile, interpersonal communication and the mastering of multiple languages are of growing importance. This might be one reason why, in the past few years, an increasing number of scientific studies on bi- and multilingualism have been published. They show that bilingual education is a good way of transmitting multiple languages and that it is positive for the cognitive development of a child. Even if multilingualism is essential for modern communication, only relatively few programs of generalized bilingual education in public school systems exist internationally. This is particularly striking in regions where different linguistic communities live in the same area. Contrary to what one might think, these communities often do not mix very well. In many cases, power struggles develop between communities, thus creating a situation where bilingual school systems cannot easily be implemented. In this article, we look at arguments developed in the context of two popular referendums. In two very different regions of the world, California (United States of America) and Fribourg (Switzerland), popular votes have outlawed bilingual education. Arguments brought forward in the written press and by individuals in both cases clearly show that the degree of resistance to bilingual education is directly linked to the perception of the other language. Hence, this perception has a strong influence on the success of bilingual programs in schools. We also look at the specific role the English language is playing in both of theses cases, comparing it to other socio-cultural contexts, particularly in Africa (Mali, Senegal, Tanzania and Cameroon). All of these counties have a colonial past and where English either has the role of the lingua franca and/or the international language. Based on our observations, we will outline recommendations aiming to increase the chances of success of a new bilingual program.
- Pourquoi donc apprendre l'anglais ? Le point de vue des élèves - François Grin p. 75-95 L'enseignement des langues étrangères dans les systèmes éducatifs répond à des considérations qui sont très rarement basées sur un examen systématique des objetifs poursuivis. En général, on se contente d'admettre que telle ou telle langue étrangère « doit » faire partie du curriculum (en invoquant, à la rigueur, des arguments assez vagues sur la valeur professionnelle et/ou culturelle de la langue concernée). La récente introduction (2000) d'une obligation généralisée de l'apprentissage de l'anglais dans le système scolaire du canton de Genève offre la possibilité d'examiner de plus près les motivations des différents acteurs. Cette réforme a fait l'objet, en 2004, d'une enquête auprès de tous les élèves en dernière année de scolarité obligatoire. Dans cet article, nous analysons tout particulièrement le point de vue des élèves, en mettant l'accent sur leurs motivations, leurs attitudes et leurs représentations. Les résultats indiquent que si l'on propose aux élèves des items nuancés sur la place des différentes langues étrangères en présence, ils sont tout à fait à même d'exprimer des points de vue nuancés, parfois loin des clichés médiatiques sur la valeur de telle ou telle langue.The teaching of foreign languages in education systems responds to considerations that generally eschew any systematic examination of the overall goals pursued. Most of the time, an implicit assumption appears to be made to the effect that a given foreign language « must » be part of the curriculum. At best, some passing reference is made to the labour market or cultural value of the language concerned. The recent introduction of English (in 2000) as a compulsory subject for all pupils in the Geneva education system offers a possibility to investigate at closer range the motivations of different groups of actors. This reform was evaluated in 2004 through a survey of all students in their last year of compulsory schooling (age 15). In this paper, we analyse their motivations, attitudes and representations. Results indicate that if students are asked to give their opinion on nuanced statements regarding the role of various foreign languages, they are perfectly capable of making complex and balanced judgements about them, which are sometimes quite different from the clichés found in the media about the value of particular languages.
- Dichotomie entre constitution d'un État de droit et mondialisation dans le contexte de la Malaisie : perspective sociolinguistique - Renate Kärchner-Ober p. 97-122 La mondialisation est devenu l'un des principaux mots-clefs dans le contexte multilingue, multiracial et pluriculturel malaisien alors même que cette nation s'efforce d'accéder au rang de pays développé d'ici à 2020 (« Vision 2020 »). Contrairement à d'autres nations plurilingues dans les pays en voie de développement ou en Europe (notamment en Belgique et en Suisse), la Malaisie n'a qu'une langue officielle, le bahasa malaysia. Cette tentative de fonder l'unité nationale sur la langue s'inscrit, pour les sociétés, cultures et nations, dans un contexte d'évolution vertigineuse de la communication et des technologies qui s'y rattachent à l'ère de la globalisation du 21e siècle. Tout cela ne va pas sans occasionner des effets secondaires. La Malaisie, en tant que membre de l'ASEAN a – à l'instar de la plupart des pays de la région – une population plurilingue recoupant ses groupes ethniques, Malais, Chinois et Indiens. Ce pays, issu du colonialisme, n'a jamais existé en tant que nation avant le passage des Britanniques et il a longtemps eu la langue anglaise comme unique dénominateur commun. Après l'Indépendance, de larges segments de la population ont rejeté cette langue au nom de son passé colonial. L'anglais a donc été éliminé progressivement au profit du bahasa malaysia (BM) dans un effort de créer une ‘lingua franca malaya'. BM est l'unique langue officielle et son usage s'étend à la communication officielle, à l'administration gouvernementale, aux écoles et universités. Ce processus de diminution de l'importance de l'anglais dans ces secteurs a entraîné un déclin très sensible de la maîtrise de l'anglais en Malaisie au point d'être pointé du doigt comme menace à l'encontre de Vision 2020. Alors que les sociétés multiculturelles et plurilingues cherchent le plus souvent à équilibrer les intérêts de tous les groupes ethniques en évitant les discriminations, la Malaisie, pays plurilingue, ne reconnaît aucun statut officiel aux autres langues (chinois ou tamil). Cet article entend explorer l'existence d'une dichotomie en matière de politique linguistique malaisienne. D'une part le renforcement autoritaire d'une langue unique et unificatrice dans un contexte de processus de constitution d'un Etat-Nation a porté ses fruits avec l'existence d'un unique commun dénominateur en terme de communication résolument non colonial. D'autre part une nouvelle dichotomie a vu le jour avec la nécessité de remettre la langue mal-aimée sous les projecteurs, cette langue des colons, cette langue pourvue d'un lourd bagage culturel. A l'heure actuelle, l'anglais est à nouveau valorisé en tant que langue étrangère la plus importante permettant d'atteindre les objectifs de Vision 2020 ainsi que pour le monde globalisé des affaires, de l'économie et du commerce. Cet article s'efforce de décrire et d'analyser le contexte particulièrement complexe et particulier de la Malaisie. De plus, le statut et la co-existence des langues vont être décrit dans leur relation avec l'anglais comme lingua franca mondialisée et son rôle dans l'environnement malaisien. Enfin, il tente de suggérer des pistes pour combler le fossé entre demandes globales et besoins locaux.Globalisation has become one of the main keywords within the Malaysian multilingual, multiracial and multicultural context, as the nation strives to become fully developed in 2020 ("Vision 2020"). Unlike other multilingual nations in the developing world or in Europe (e.g. Belgium, Switzerland), Malaysia uses only one single official language, Bahasa Malaysia. Within the rapid changes of communication and communication technologies of the globalized world in the 21st century among societies, cultures and nations, this attempt to forge unity on the language must come across with side effects. Malaysia as a member of ASEAN has – like most countries in the region – a multilingual population according to its ethnic groups: Malays, Chinese and Indians. Malaysia as a product of colonialism that had never existed as nation before the advent of the British, has seen its only common linguistic denominator in the English language. After independence, large parts of the population rejected this language on the grounds of its colonial heritage. English was subsequently gradually phased out and replaced by Bahasa Malaysia (BM) in an effort to create a 'lingua franca malaya'. BM is the sole official language and is used in official communication, government administration, schools and universities. This continuous process of diminishing the relevance of English in these sectors has lead to a dramatic decline in its use and command, which recently was acknowledged to jeopardize Vision 2020. While the reality of multicultural and multilingual societies often seeks to accommodate the interest of all ethnic groups without discrimination, Malaysia as multilingual country does not grant credit to any official status to the other languages (Chinese, Tamil). The intention of this paper is, to explore the current dichotomy with respect to the Malaysian language policies. On one hand, the authoritarian enforcement of the single, unifying language in the difficult process of nation-building has born fruit with the existence of a single common and strictly non-colonial denominator in order to communicate. On the other hand, a new dichotomy has opened up with the necessity to bring the disliked language back into the lime-light; the language of the colonial masters; a language not free of a cultural context. At present, English is being promoted again as the most important foreign language for the purpose of meeting the goal of Vision 2020 as well as for global business, economy and commerce. This paper aims to describe and analyse the highly complex and unique multilingual setting of Malaysia. Furthermore, status and co-existence of the languages will be explored with regard to English as global lingua franca and its role within the Malaysian context. Finally, it will discuss how the gap between the global demands and local needs could be closed.
- Éléments d'évolution et de permanence de l'anglais dans le contexte plurilingue israélien - Larissa Aronin, Elisheva Barkon p. 123-142 Cet article traite des défis auxquels se trouvent confrontés les résidents dans l'état plurilingue d'Israël quant au recours ou non à l'anglais ainsi que du statut de facto de cette langue en tant qu'élément constitutif du répertoire des individus multilingues. Prenant comme base la théorie des affordances de Gibson, il est révélateur de comprendre comment le fait d'immigrer en Israël depuis un autre pays, également multilingue, notamment des pays issus de l'ancienne Union Soviétique, met en éveil les affordances sociales, linguistiques et personnelles ainsi que leur mise en pratique. Les attitudes des individus multilingues envers l'anglais, lorsqu'on les compare à leur attitude envers d'autres langues qu'ils parlent vont bien au-delà de la simple reconnaissance de fait qu'ils aiment ou non cette langue mais contiennent implicitement les objectifs et intentions du locuteur, leurs projets en tant qu'ils sont stimulés et modifiés dans leur rapport avec l'aisance à s'exprimer dans des langues étrangères, particulièrement en anglais. Les actions ayant une référence linguistique, prise en tant que résultat direct ou indirect des défis sociolinguistique actuels sont l'indication la plus éclairante de l'implication de l'anglais dans la vie de ce pays particulier du Moyen-Orient. Plusieurs facteurs sociaux, politiques et inhérents au pays lui-même, dont certains contribuent à l'importance de l'anglais dans le contexte israélien tandis que d'autres suscitent des évolutions permanentes, contribuent à l'image actuelle du multilinguisme par rapport à l'anglais en Israël.The article deals with the challenges that the use or non-use of English brings about for those living in the multilingual state of Israel and discusses the de-facto status and role of the English language as a constituent of the multilingual's repertoire. Drawing on Gibson's theory of affordances, it is enlightening to understand how moving to Israel from other, also multilingual countries, and in particular from the countries of the former Soviet Union, activates the social, linguistic and personal affordances as well as their practical realization. The attitudes of multilinguals towards English as compared to their attitudes towards other languages they speak go beyond like-dislike assessment, but implicitly contain the speaker's objectives and intentions, the plans as stimulated and modified in connection with one's mastery of languages and especially English. The actions having reference to languages, taken as the direct or indirect result of current sociolinguistic challenges are the most informative indication of the involvement of English in the life of this particular Middle East country. Various social, political and country-specific factors, some of which firmly establish English in the Israeli arena, while others provoke continual changes, contribute to the current complex picture of multilingualism with English in Israel.
- Enseignement et éducation en langues étrangères en Algérie : la compétition entre le français et l'anglais - Samira Abid-Houcine p. 143-156 Lorsque l'Algérie obtint son indépendance en 1962, l'une des premières mesures prises fut de déclarer l'arabe langue nationale et officielle du pays afin de rompre avec le français, langue du colonialisme et de l'oppression. Cette officialisation donna rapidement naissance à une arabisation massive de la société savamment orchestrée par les divers organes de l'Etat. Cependant, la tâche qui se voulait rapide et efficace se révéla ardue et de longue haleine. En fait, après plus de quatre décennies de mesures radicales, l'arabisation est toujours au cœur des débats et suscite toujours autant de passions. En effet, en dépit du monolinguisme prôné par l'Etat, la situation linguistique est bel et bien celle d'un multilinguisme. L'arabe est langue officielle mais coexiste avec d'autres langues nationales vernaculaires, notamment le berbère, ce qui donne lieu à une diglossie institutionnalisée. Le français, et ce malgré les efforts vains des gouvernements successifs, est largement usité au quotidien et est essentiellement la langue utilisée dans l'enseignement supérieur. La langue d'instruction du système éducatif algérien est l'arabe standard qui existe exclusivement en situation d'apprentissage. Néanmoins, la récente réforme du système éducatif (2003) met l'accent sur l'enseignement précoce des langues étrangères, à savoir le français dès la troisième année primaire (CE2) et l'anglais en première année secondaire (sixième). Malgré son refus idéologique d'intégrer la francophonie, l'Algérie demeure le second pays francophone de la planète mais subit de plein fouet l'expansion de l'anglais. L'engouement exprimé par une large frange de la société (étudiants, ingénieurs, enseignants, médecins…) pour l'apprentissage de la langue internationale au détriment du français est un signal d'alerte clairement perçu par les promoteurs de la langue française. L'anglais semble inexorablement étendre son influence en Algérie et ce, malgré les efforts déployés par l'agence pour la francophonie pour freiner son expansion. Les Algériens sont conscients que dans le contexte actuel de la globalisation, les échanges, la communication et la reconnaissance passent également – essentiellement – par l'apprentissage de l'anglais. Le conflit langue française/langue anglaise est plus que jamais d'actualité en Algérie ! Dans le présent article, nous ferons tout d'abord un état des lieux de la situation linguistique algérienne puis nous nous intéresserons au système éducatif et à la place octroyée aux langues. Finalement nous tenterons de cerner le conflit émergeant entre la langue française et la langue anglaise en essayant d'en définir les enjeux.When Algeria achieved its independence in 1962, one of the first official measures was to grant Arabic the status of national and official language in order to break away from French, the language of colonialism and oppression. This recognition soon led to the massive arabisation of the Algerian society under the ruling of various official State offices. However, this task, which was intended to be quick and efficient eventually turned out to be lengthy and painful. In fact, after over four decades of radical measures, the issue of arabisation is still the focus of passionate debates. Indeed, despite the State supported monolingualism, the linguistic situation indeed reflects the phenomenon known as Plurilingualism. Arabic is the official language, yet it coexists with other national vernacular languages, especially the Berber, which results in diglossic side effects. French, despite unsuccessful efforts from successive governments, is an everyday language and constitutes the main language of higher education. The language of education in Algeria is standard Arabic, which is exclusively used in learning situation. However, a recent reform of the educational system (2003) insists on the early foreign language education, i.e. French from the third grade and of English at the sixth grade. Despite its ideological refusal to integrate the Francophonie, Algeria remains the second French-speaking country in the world and is particularly affected by the expansion of English. A large segment of society (students, engineers, teachers, doctors…) is anxious to learn the international language, i.e. English rather than French. This has been perceived with alarm by the supporters of the French language. The use of English seems to be expanding inexorably in Algeria, despite the efforts of Francophones to put a halt to it. Algerians are aware that in the contemporary context of globalisation, cultural and business exchanges and international communication implicitly assume knowledge of English. The conflict between French and English is more than ever debated in Algeria. In this paper, we will describe the linguistic situation in Algeria and then focus on the system of education. Finally, we will attempt to assess the emerging conflict between French and English by defining the issues at stake.
- Anglais et irlandais : hybridité dans un espace de transition - Muiris Ó Laoire p. 157-176 L'Irlande, avec une langue minoritaire irlandaise et une langue majoritaire anglaise a toujours résidé dans un espace de transition linguistique où les identités étaient en constante formation, renaissance et marchandage. Cette tension et transition se reflète constamment dans les traductions contemporaines de l'anglais vers l'irlandais. C'est notamment le cas à l'heure actuelle pour les traductions des œuvres des poètes irlandais Nuala Ní Dhomhnáill et Cathal Ó Searcaigh, par exemple, qui ne se limitent pas à la perspective de la langue majoritaire sans pour autant se renfermer dans l'expérience de la langue minoritaire. Il y a un sens d'éloignement distancié et un niveau d'aliénation en tant que traduction, qui se situe dans une zone de transition et de frontière entre ces deux langues et lutte pour un équilibre entre majorité et minorité, post-coloniale et post-moderne. A partir de la théorie de la traduction, cet article va explorer le contexte des activités de traduction d'anglais en irlandais (traduction en tant que propagande, réforme linguistique en tant qu'activité pragmatique et catalyseur du renouveau culturel) et dans un second temps, va analyser l'équivalence structurelle, l'adéquation et la transformation dans la récente traduction de deux poètes irlandais, Nuala Ní Dhomhnaill et Cathal Ó Searcaigh, afin de démontrer l'existence de cette zone de transition entre majorité et minorité.Ireland with a minority language Irish and a majority language English has always inhabited a linguistic transition zone where identities are constantly being forged, renewed and negotiated. This tension and transition is consistently reflected in contemporary translations from English to Irish. Contemporary translations of the work of Irish poets, Nuala Ní Dhomhnáill and Cathal Ó Searcaigh, for example, do not restrict themselves to the perspective of the majority language nor confine themselves to the experience of the minority one. There is a sense of distance estrangement and a level of alienation, therefore, as translation who find themselves in the transition and boundary zone between these two languages struggle to balance majority and minority, post-colonial and post-modern. Based on translation theory, this paper will explore the background to translation activities from English to Irish (translation as function of propaganda, linguistic reform, as a pragmatic activity and a catalyst for cultural renewal) and secondly will analyse structural equivalence, appropriateness and transformation in recent translation of two Irish poets Nuala Ní Dhomhnaill and Cathal Ó Searcaigh to demonstrate the existence of a transition zone between majority and minority.
Études
- La cour d'assises. Approche ethnologique du judiciaire - Christiane Besnier p. 179-202 Cet article présente la pertinence scientifique des travaux réalisés dans le cadre d'une thèse de doctorat en sciences sociales, Une ethnographie de la cour d'assises. La construction de l'intime conviction. Il s'agit d'une approche singulière qui aborde un terrain judiciaire – la cour d'assises – selon une perspective ethnographique. Quels critères légitiment une telle approche ? Les spécificités juridiques de l'audience criminelle – l'oralité des débats, le jury populaire, l'intime conviction – constituent des caractères anthropologiques qui érigent le terrain en objet ethnologique. Ces critères constitutifs de l'audience justifient la démarche de l'ethnologue dans la continuité de l'héritage disciplinaire. Une nouvelle forme d'ethnologie à vocation diplomatique est annoncée avec la comparaison du terrain judiciaire de Bruno Latour.The following article aims at highlighting the scientific and methodological approach of my dissertation in social sciences, An ethnography of the court of assizes. The construction of conviction. This is an original study from an ethnographic point of view, dealing with the legal field and more specifically with the French Criminal Court. Which criteria legitimate such an angle? The specificities of hearings in a criminal court are mainly the oral character of debates, the civilian jury and the certainties of each individual. These are anthropological features making the legal field an interesting subject for an ethnological study and this is actually the very substance of the hearings which justifies the interest of the research.
- Des limites de l'approche positiviste dans l'appréhension du droit coutumier kanak - Pierre Frezet p. 203-211
- La pratique judiciaire dans le domaine foncier à Madagascar - Philippe Karpe, Mino Randrianarison, Saholy Rambinintsaotra, Sigrid Aubert p. 213-239 À Madagascar, il existe des titres officiels de propriété : l'immatriculation individuelle et le cadastre. La pratique sociale en a créé un autre de force égale : « les petits papiers ». Elle tend en effet à conférer à des actes sous seing privé légalisés et authentifiés une valeur juridique identique à celle des titres officiels de propriété. Ceci est une réponse aux contraintes matérielles actuelles d'accès à ces titres. Cette pratique sociale peut néanmoins entrer en conflit avec des titres officiels présents ou à venir (revendications concurrentes de droits). Dans ce cas, seuls ces derniers devraient l'emporter. Toutefois, par le passé, les magistrats ont pu marquer une certaine tolérance à l'égard des « situations de fait » et ainsi ne pas nécessairement les sanctionner (Rarijaona, 1967). Une étude en cours sur le traitement des conflits fonciers traités par l'administration judiciaire malgache nous permet, sur la base d'un travail d'enquêtes et de dépouillement d'archives, d'aborder le rôle joué aujourd'hui par le juge dans l'application et la création de normes de droit. Il s'en suit que la pratique des acteurs malgaches interroge sur la pertinence du recours systématique au droit positif dans les stratégies de développement national. Des pistes de réflexion pour la constitution d'un ordre juridique viable dans un contexte de Pays en Développement sont proposées.In Madagascar, there are land ownership official titles: individual registration and cadastre. The social practice has created another one of equal force: “the little papers.” It is true that it seems to give to private documents (not officially recorded) that are legalized and authenticated an identical legal value to the one of land ownership official titles. This is a social answer to current material constraints to have access to these titles. Nevertheless, the social practice may clash with present or official titles to come (claiming actions for land rights). In that case, the last ones only should prevail. In the past, however the magistrates could show some tolerance towards “de facto situations” without necessarily sanctioning them. An ongoing study on how land conflicts dealt with by the Malagasy judicial administration enables us, on the basis of enquiries and archives perusal to broach the part played by the judge in the enforcement and the creation of legal norms. The result is that the practice of the Malagasy actors examines the relevance to systematically resorting to positive law in national development strategies. Some ways of thoughts for the setting-up of a viable legal order within the framework of Developing Countries are suggested
- La cour d'assises. Approche ethnologique du judiciaire - Christiane Besnier p. 179-202
Lectures : notes et comptes rendus
- L'institution du lien social : À propos des ouvrages d'Alain Supiot, Homo Juridicus. Essai sur la fonction anthropologique du droit et Tis - Gérard Courtois p. 243-249
- Franz von BENDA-BECKMANN, Keebet von BENDA BECKMANN & Melanie WIBER (eds), Changing Properties of Property - Els A. Baerends p. 250-256
- Alain Testart, Éléments de classification des sociétés - Charles de Lespinay p. 256-260
- Nicolas Trigault, Les Triomphes Chrétiens des Martyrs du Japon (1624) - Alexandre Leroi-Cortot p. 260-262