Contenu du sommaire : L'Algérie, nouvelle force régionale ?
Revue | Politique étrangère |
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Numéro | no 3, automne 2015 |
Titre du numéro | L'Algérie, nouvelle force régionale ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - p. 5-8
L'Algérie, nouvelle force régionale ?
- Introduction : L'Algérie. Blocages internes, instabilités externes - p. 10-16
- L'économie algérienne : chronique d'une crise permanente - Mihoub Mezouaghi p. 17-29 À son arrivée au pouvoir en 1999, le président Bouteflika a cherché à libéraliser l'économie. Les réformes ont néanmoins été infléchies après quelques années. La hausse du prix des hydrocarbures a permis d'investir dans les infrastructures, mais les grands chantiers ont surtout bénéficié à des entreprises étrangères qui n'ont pas réalisé d'investissements productifs en Algérie. La baisse des cours des hydrocarbures fait craindre une crise majeure qui pourrait avoir des répercussions politiques.When President Bouteflika came to power in 1999, he sought to liberalise the country's economy. But these reforms were reversed after only a few years. The rise in the price of hydrocarbons meant increased investment in infrastructure, but such large projects have above all benefitted foreign companies who have not brought productive investment to Algeria. The drop in hydrocarbon prices is causing fears of a major crisis, which could have political repercussions.
- La politique étrangère de l'Algérie : le temps de l'aventure ? - Jean-François Daguzan p. 31-42 Largement déterminée par l'héritage de la diplomatie de l'après-indépendance, par le repliement contraint de la période de guerre civile et l'obsession de quelques dossiers régionaux, la diplomatie algérienne va devoir se redéfinir face à un monde qui change. Le bouleversement de son environnement proche (Libye, Sahel…) ou plus lointain (Proche-Orient) lui impose des questions mettant directement en cause sa sécurité, au moment même où la rente pétrolière paraît sur le déclin.Having been formed in large part by the legacy of the post-independence diplomatic process, by forced withdrawal during the civil war and fixation on a few regional issues, Algerian diplomacy has to redefine itself in a rapidly changing world. Unrest at its doorstep (Libya and the Sahel, among others) and further afield (Near East) are bringing questions about Algeria's security to the fore at the very moment when its oil revenue appears to be on the decline.
- Le non-interventionnisme de l'Algérie en question - Geoff D. Porter p. 43-55 Marquée par son passé colonial, l'Algérie ne souhaite plus que des puissances étrangères s'ingèrent dans ses affaires intérieures. En retour, Alger se garde bien d'intervenir militairement à l'extérieur de ses frontières. Le non-interventionnisme a même été érigé en principe constitutionnel. Dans un environnement régional particulièrement dégradé, caractérisé par la poussée de différents groupes djihadistes, cette doctrine pourrait toutefois être remise en cause.Given its colonial history, Algeria does not want foreign powers involving themselves in internal affairs. Likewise, Algiers refrains from military intervention outside its borders. Non-interventionism has even been written into the country's constitution. However, given how serious the region's situation has become, marked by the rise of different jihadist groups, this principle could be reconsidered.
- Alger-Moscou : évolution et limites d'une relation privilégiée - Mansouria Mokhefi p. 57-70 Pendant la guerre froide, l'Algérie était un partenaire privilégié de l'Union soviétique. Les liens entre les deux pays se sont distendus dans les années 1990 avant de connaître un regain depuis quinze ans. Si les relations commerciales entre Alger et Moscou restent faibles, il en va tout autrement de la coopération dans les domaines militaire et énergétique. L'Algérie est le deuxième importateur d'armes russes et a fait appel à la Russie pour construire sa première centrale nucléaire.During the Cold War, Algeria was one of the Soviet Union's favored partners. Ties between the two countries deteriorated during the 1990s before going through a renewal around fifteen years ago. Although the trade relationship remains rather weak, this is not the case in terms of military and energy cooperation. Algeria is the second largest importer of Russian arms and has called on Russia to build its first nuclear power station.
Contrechamps
- La Turquie face au génocide des Arméniens : de la négation à la reconnaissance ? - Ali Kazancigil p. 73-81 À l'issue de la Première Guerre mondiale, la négation du génocide des Arméniens est devenue un point central de l'idéologie officielle en Turquie. Jusqu'au milieu des années 2000, des intellectuels ont été poursuivis en justice pour avoir parlé du génocide en public. Des signes d'ouverture sont toutefois perceptibles, dans les sphères gouvernementales et dans la société civile. À terme, Ankara finira par reconnaître la responsabilité de l'Empire ottoman dans ce génocide.At the close of World War I, denial of the Armenian genocide became a central point in Turkey's official doctrine. Up to the mid-2000s, intellectuals have been denounced for having spoken about the genocide in public. However, there are signs that things are changing, both in government circles and in wider society. Eventually, Ankara will recognize the Ottoman Empire's responsibility in this genocide.
- Génocide arménien : retour sur un centenaire - Michel Marian p. 83-91 Le centenaire du génocide arménien ne restera pas dans l'histoire comme un moment fort des relations arméno-turques. Les deux pays campent sur leurs positions. L'Arménie cherche à étendre la liste des pays reconnaissant le génocide. Elle enregistre des succès notables – comme l'illustrent les déclarations du pape – mais se heurte par ailleurs à de fortes résistances. De son côté, la position négationniste de la Turquie n'évolue guère. Les diasporas pourraient permettre de faire bouger les lignes.The 100th anniversary of the Armenian genocide will not mark a great historical moment in Armenian-Turkish relations. The two countries are standing firm on their positions. Armenia is trying to extend the list of countries that recognize the genocide and has made some significant progress – the declarations made by the Pope, for example – but is still coming up against strong resistance. Turkey's stance of denial has hardly changed. The Armenian diaspora might be able to help redefine the lines.
- La Turquie face au génocide des Arméniens : de la négation à la reconnaissance ? - Ali Kazancigil p. 73-81
Actualités
- Une nouvelle donne migratoire - Catherine Wihtol de Wenden p. 95-106 La crise actuelle en Méditerranée s'inscrit dans une configuration migratoire inédite à l'échelle mondiale. Dans ce contexte, les trois ensembles méditerranéens Maghreb-Europe, Balkans, Proche-Orient, présentent des caractères particuliers pour les déplacements de populations. Mais qu'il s'agisse de réfugiés – de plus en plus nombreux –, ou de migrants économiques, les instruments européens restent essentiellement nationaux, et ne correspondent pas aux exigences d'une situation nouvelle.The current crisis in the Mediterranean is a part of an unprecedented global migratory movement. The three areas of the Mediterranean: the Maghreb-Europe, the Balkans, and the Middle East, each present particular characteristics of population displacement. But whether they are refugees – whose numbers are constantly increasing – or economic migrants, Europe's mechanisms for dealing with them remain essentially national and are failing to adapt to the demands of this new situation.
- L'accueil des réfugiés : l'autre crise européenne - Matthieu Tardis p. 107-120 Depuis quinze ans, l'Union européenne (UE) tente de mettre en place un régime d'asile européen commun. Ce projet se heurte aux divergences des États, soucieux avant tout de leurs intérêts nationaux. L'espace européen est ainsi très mal préparé aux situations créées par les déstabilisations du sud de la Méditerranée, qui génèrent des flux de réfugiés importants mais pas inédits. La logique actuelle de l'UE semble ainsi mal s'accommoder de l'exigence de solidarité nécessaire entre États membres.The European Union has been trying to establish a common European asylum system for fifteen years. This project has been stalled by disagreements between states, each looking out for its own national interests. Europe is very ill prepared for the kinds of situations brought about by instability in the southern Mediterranean, which is causing refugee movements that are considerable but not unprecedented. The EU's current systems appear poorly equipped to bring about necessary solidarity between member states.
- Une nouvelle donne migratoire - Catherine Wihtol de Wenden p. 95-106
Repères
- TISA, TTIP : comment négocier au nom de l'Europe ? - Emmanuel Vivet, Aurélien Colson p. 123-134 La manière dont les mandats de négociation sont octroyés à la Commission pour mener les négociations de l'Union européenne en matière commerciale fait d'elle un négociateur particulier. La publicité donnée aux instructions de négociation tend à en diminuer la valeur et à reporter le vrai mandat sur des instructions orales complexes à interpréter. Le contenu des mandats dévoilés fin 2014 et début 2015 montre une Commission concentrée sur des objectifs offensifs larges, au détriment de ses « lignes rouges ».The way in which bargaining mandates are granted to the Commission for the purpose of leading the European Union's commercial negotiations make it a unique negotiator. Press coverage of the negotiation instructions has tended to play down their value and to report the actual oral instructions of the mandate, which are more complex to interpret. The contents of mandates revealed at the end of 2014 and the beginning of 2015 show a Commission that is concentrated on broad offensive goals to the detriment of its “red lines.”
- La nouvelle Route de la soie. Les ambitions chinoises en Eurasie - Nadège Rolland p. 135-146 Le projet chinois de « nouvelle Route de la soie » vise à constituer un vaste réseau d'infrastructures reliant trois continents, avec la Chine comme clé de voûte. Il constitue un élément central de la diplomatie régionale de Pékin et sert de laboratoire à un futur nouvel ordre asiatique. Présenté comme une initiative purement économique, ce projet possède un volet stratégique sous-jacent qui vise à l'affaiblissement de la présence américaine en Asie.China's “One Belt, One Road” project, also known as the “New Silk Road”, aims to create a vast infrastructure network connecting three continents, with China playing the central role. It constitutes a central element of Beijing's regional diplomatic strategy and will be used as a laboratory for a future new Asian order. It has been presented as a purely economic initiative, yet this project has an underlying strategic side to it that aims to weaken America's presence in Asia.
- La Somalie, Sisyphe moderne ? - Jean-Bernard Véron p. 147-160 Depuis son indépendance en 1960, la Somalie n'a connu que peu de périodes de stabilité. Les guerres avec ses voisins – en particulier l'Éthiopie – ont alterné avec de graves troubles internes, notamment depuis la chute du dictateur Syad Barre en 1991. Quatre causes expliquent cette instabilité chronique : l'incapacité à instaurer un État fort, la lutte pour les ressources, la montée en puissance de l'islamisme radical et la fréquence des interventions extérieures.Since gaining independence in 1960, Somalia has enjoyed only a few periods of stability. Wars with neighbouring countries – Ethiopia in particular – have persisted, causing serious internal issues, especially since the fall of dictator Siad Barre in 1991. Four causes explain this chronic instability: the incapacity to create a strong state, the battle for resources, the rise of radical Islam, and the high frequency of external interventions.
- Sécurité dans le golfe de Guinée : un combat régional - Thierry Vircoulon, Violette Tournier p. 161-174 La piraterie et les vols à main armée en mer menacent la sécurité du golfe de Guinée, région riche en hydrocarbures. Aucun État de cette région ne dispose des moyens d'agir seul. Une architecture de sécurité maritime régionale est donc en cours d'élaboration, mais les obstacles ne manquent pas. Les pays occidentaux et la Chine cherchent à renforcer les capacités des marines et des garde-côtes des États concernés ; mais c'est oublier que la source du problème est la gouvernance socio-économique.Piracy and armed robbery at sea are a threat to security in the hydrocarbon-rich Gulf of Guinea. None of the states in this region have the means to take action alone. A framework of maritime security is being drawn up in the region, but there are still plenty of obstacles. Western countries and China are trying to bolster the capacity of local navies and coast guards. However, this is avoiding the real source of the problem, which is of a socioeconomic nature.
- TISA, TTIP : comment négocier au nom de l'Europe ? - Emmanuel Vivet, Aurélien Colson p. 123-134
Libres propos
- Les États musulmans et l'islam de France - Bernard Godard p. 177-189 Les tentatives successives d'institutionnalisation de l'islam de France n'ont pas abouti à un résultat pleinement satisfaisant. Parmi les facteurs qui rendent difficile l'émergence d'un organe représentatif se trouvent les oppositions entre États musulmans – en particulier l'Algérie et le Maroc – qui utilisent la question religieuse comme un levier d'influence. Les États du Golfe cherchent aussi à influer sur les Français musulmans, mais leur poids ne doit pas être surestimé.Successive attempts to institutionalise Islam in France have not resulted in an entirely satisfactory outcome. Among the factors making the emergence of a representative body more difficult are oppositions between Muslim states – Algeria and Morocco in particular – who are using the religious issue for leverage. The states of the Gulf are trying to exert influence on French Muslims too, although their impact should not be overestimated.
- Les États musulmans et l'islam de France - Bernard Godard p. 177-189
Lectures