Contenu du sommaire : Enfant tyran, parents coupables ?

Les professionnels de la santé mentale de l'enfant sont de plus en plus confrontés aux plaintes familiales concernant un symptôme particulier, à savoir l'« enfant-roi ». Celui-ci interroge les rapports au sein de la famille, que l'on soit parent ou enfant. Les auteurs proposent de réfléchir aux questions que ce comportement met en exergue : qu'est-ce que l'autorité ? Faut-il mettre des limites à l'enfant ? Comment conjuguer liens d'attachement et cadre d'éducation ? A l'aide de quelques repères du développement psycho-affectif de l'enfant, ils établissent un canevas pour l'accompagnement thérapeutique de l'« enfant-roi » et de sa famille.

La crise de notre société démocratique déséquilibre la fonction parentale qui manque de repères. L'éducation devient elle-aussi « démocratique », basée sur le principe d'égalité. Beaucoup de parents consultent car leurs enfants présentent des difficultés comportementales face auxquelles ils se sentent démunis. Ne posant pas de limites, car ils ne sont pas convaincus de leur utilité, le père et la mère renforcent ainsi leur sentiment d'être « bons » parents, « aimables », et d'élever un enfant « idéal », c'est-à-dire « épanoui », comme la société le souhaite. La frustration et le conflit sont ainsi évités et le processus de différenciation est mis en veilleuse. L'enfant grandit alors, dépourvu d'un « guide interne ». Tout se passe comme si les frontières inter-générationnelles n'existaient pas.

Les prises en charge des familles d'enfants-tyrans présentent des difficultés comparables à celles des familles maltraitantes, en particulier un risque d'interruption prématurée de la relation thérapeutique. Une étude portant sur vingt-deux familles consultant pour un enfant perturbateur, sans pathologie psychiatrique caractérisée, a permis d'observer les mécanismes relationnels à l'œuvre dans ces familles et d'identifier les mythes familiaux les plus fonctionnels pour la poursuite de la thérapie.

L'auteur évoque à propos des « jeux familiaux », les différents rôles distribués en fonction de type de jeu existant et propose une intervention s'adressant au « jeu scénique familial ». Considérant le « symptôme » – signe identitaire amené par la famille – comme une « condition indécidable » en référence au principe de différance de Derrida concernant le fait de différer les différentes identités), il déconstruit le symptôme en traitant « l'enfant tyran - l'enfant non tyran » comme un script familial donnant lieu à une « mise en scène familiale ». Voyant dès lors la séance thérapeutique comme du « théâtre dans le théâtre », l'auteur propose que le thérapeute invite la famille à écrire à la maison un nouveau scénario, faisant de la thérapie un moment théâtral ludique qui place la famille et le thérapeute à un niveau logique différent de celui d'un dysfonctionnement familial.

Les auteurs présentent une série de démarches destinées à aider les parents à gérer des enfants agressifs ou violents. Ils insistent sur la nécessité de restaurer la présence parentale sans viser prioritairement à l'assujettissement de ces jeunes.

Objet central de la situation scolaire, le savoir et le rapport au savoir se trouvent imbriqués dans une triangulation concrète : « enseigner – apprendre – former (sous-entendu éduquer) », qui met par raccourci en présence deux acteurs principaux : l'élève (apprenant, enseigné) et le professeur (enseignant), sous l'œil des minerves sociales. Au centre de cette relation de couplage, à la fois duale et duelle, moteur de la relation dite scolaire, complexe, et toujours « sous-entendue » qui met en œuvre cette construction, se trouvent dans le meilleur des cas contenues des formes de violence, où l'affrontement, l'évitement, la perversion sont en suspens. Pourquoi apprendre en fin de compte, et de quel droit enseigner ? Modélisations de la vie d'aujourd'hui, la relation pédagogique est à présent une relation parmi d'autres, à son corps défendant.

L'auteur décrit la prise en charge d'un adolescent victime et auteur de transgressions sexuelles. Il souligne la nécessité de tenir compte du clivage interne existant dans ce type de cas.

Le divorce représente une situation critique pour toute la famille ; on a souligné ses effets sur les enfants en cherchant à mettre en évidence les facteurs causaux des troubles qu'ils manifestent. Au cours des dernières années, cette perspective causale a été mise de côté au profit de la recherche d'explications plus complexes, fondées sur l'identification de facteurs de risque, ou au contraire, d'éléments protecteurs du développement de l'enfant. Les recherches sur les enfants de parents séparés ont longtemps négligé le rôle actif de l'enfant dans le conflit conjugal ; ce n'est que récemment que sa participation active aux dynamiques relationnelles des adultes en tant que source de conflits, a été soulignée. Les auteurs de ce texte présentent deux contextes où l'enfant joue un rôle important dans les dynamiques conjugales : le Parental Syndrome Alienation (PAS) et le contexte de préadolescence / adolescence.

Dans cet article, l'auteur discute de l'approche systémique lors des premières rencontres avec des parents demandant de l'aide pour une pathologie d'un enfant. L'aspect essentiel considéré ici est la non-coïncidence du demandeur et du patient. Comment passer du premier contact au premier entretien ? Quels en seront les objectifs ? Comment favoriser la poursuite du parcours psychothérapeutique ? L'accueil de la demande est orienté vers la construction d'une alliance avec le patient, fondée sur la reconnaissance de sa souffrance. La position classique interventionniste centrée sur le changement immédiat est réexaminée pour faire place à un modèle de psychothérapie vu comme une « procédure » en phases progressives, ayant chacune ses objectifs spécifiques, plutôt que comme une série de « séances uniques » orientées vers la solution.

Toute relation humaine stable repose sur un contenu symbolique spécifique non verbalisable. La discussion logique du problème présenté conduit habituellement à une impasse. Essentielle est donc la révélation en séance de ce contenu symbolique par l'utilisation de méthodes d'entretien non conventionnelles.