Contenu du sommaire
Revue | Africana Linguistica |
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Numéro | No 16, 2010 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Ikoma Nominal Tone - Aunio L. p. 3-30 L'ikoma est une langue bantu lacustre parlée dans le district de Serengeti, dans la région de Mara (Tanzanie occidentale) référencée E(J) 45 dans la classification de Guthrie (mise à jour par Maho). L'ikoma fait usage à la fois de tons lexicaux et grammaticaux. Mais les constructions nominales sont les seules qui manifestent des contrastes tonals. Ces constructions et les règles tonales qui s'y appliquent sont traitées dans cet article. Nous montrerons que la tonologie nominale de l'ikoma est plus complexe que celle typique des systèmes tonals restreints que l'on rencontre dans d'autres langues bantu de cette région.Ikoma is a Lacustrine Bantu language spoken in the Serengeti District, Mara Region (Western Tanzania), and classified a E(J) 45 in the updated Guthrie's list. Ikoma has both lexical and grammatical tone, but lexical tonal contrasts are found only in nominal constructions. These constructions and the relevant tonal rules are discussed in this article, and it will be shown that the tone system of Ikoma nouns is more complex than the typical reduced tonal systems of other Lacustrine Bantu languages.
- Perfectives and perfects and pasts, oh my!: On the semantics of -ILE in Bantu - Botne R. p. 31-64 Le suffixe verbal -ILE, largement répandu dans les langues bantu, présente, à travers tout le domaine, une grande variété de notions temporelles, allant de l'aspect perfectif, au parfait et au passé. La fonction qui semble lui être le plus communément assignée est celle d'un marqueur du «parfait » ou, dans certaines descriptions, d'un marqueur du «passé antérieur » . En différenciant finement le «perfectif » du «parfait » , l'auteur démontre – à partir de l'emploi de -ILE dans quatre langues, luwaanja et lusaamia d'une part, rutooro et runyoro d'autre part – que -ILE est à l'origine un marqueur du «perfectif » (non du «parfait » !), qui, dans certaines langues, a acquis un statut de marqueur temporel. L'analyse distingue entre les emplois perfectifs résultatifs et complétifs et met en lumière les cheminements différents que l'évolution a suivi dans les deux groupes de langues. Ces cheminements évolutifs ne concordent pas avec l'hypothèse avancée par Bybee, Perkins et Pagliuca (1994).The widespread Bantu verb suffix -ILE manifests a variety of temporal notions across the Bantu domain, ranging from perfective aspect to perfect to past tense. The most common function assigned to -ILE seems to be Perfect (or Anterior in some accounts) marker. In this paper, the author proposes a detailed analysis differentiating perfective and perfect, demonstrating through the analysis of -ILE use in four languages – Luwanga and Lusaamia, and Rutooro and Runyoro– that -ILE is a type of perfective (not perfect !) marker that developed into a tense marker in some languages. The analysis distinguishes resultative from completive perfective uses, showing how the paths of development from earlier stages to the modern languages differed in the two sets of languages, and differ from the developmental path set out by Bybee, Perkins, and Pagliuca (1994).
- Classifying Botatwe: M60 languages and the settlement chronology of south central Africa - de Luna K. p. 65-96 L'article retrace l'histoire des études linguistiques sur les langues dites «bantu botatwe » , que Julius Torrend avait identifiées comme telles dès le début du xxe siècle. L'article entend aussi faire le point sur l'état actuel des recherches portant sur la classification de ce groupe de langues. Au cours du xxe siècle, les locuteurs de ces langues ont réinterprété la notion de parenté linguistique successivement en termes de parenté ethnique et même, le cas échéant, en termes d'affiliation politique. Tout au long du siècle, cette conception socio-historique a, à son tour, orienté la recherche en linguistique avec pour résultat que l'étude des langues botatwe orientales a été privilégiée par rapport à celle des langues occidentales du groupe. Récemment, les linguistes ont repris la recherche sur les langues botatwe occidentales, fournissant ainsi de nouvelles données pour la classification interne de ce groupe. Tout en identifiant les problèmes en suspens et les axes de recherche future, le présent article propose une nouvelle classification combinant lexicostatistique et phonologie diachronique ainsi qu'une chronologie de peuplement basée sur cette classification.This article traces the history of linguistic scholarship on the Bantu Botatwe languages first identified by Julius Torrend in the early 20th century and assesses the current state of the literature on the classification of the Bantu M. 60 (Botatwe) group. Over the course of the 20th century, the notion of language relatedness was reconfigured into arguments about ethnic relatedness and, eventually, political affiliation, by speakers of the Bantu Botatwe languages. These historical processes shaped linguistic research on the Botatwe group throughout the twentieth century, with the result that eastern Botatwe languages were privileged over those spoken in the west. In recent years, linguists have taken up research on western Botatwe languages and provide new data with which to classify the M. 60 group. The article puts forward a new classification that combines lexicostatistics and an analysis of diachronic phonology, proposes a historical settlement chronology based on that classification, and identifies outstanding problems and areas for future research on the M. 60 languages.
- A quantitative analysis of the morphology, morphophonology and semantic import of the Lusoga noun - de Schryver G.M., Nabirye M. p. 97-153 Dans cet article, nous montrons comment l'analyse distributionnelle d'un corpus peut être utilisée pour aborder la description d'une langue, pour ainsi dire non documentée. Cette approche est illustrée avec le lusoga (JE16), une langue bantu de la région des Grands Lacs, parlée dans la ville de Jinja (Ouganda) et dans ses environs. L'étude porte sur le nominal en lusoga, en accordant une attention particulière à trois niveaux d'analyse : morphologique, morphophonologique et sémantique. Dans une première partie, nous montrons que, pour chaque classe nominale, une distribution relative du nombre de types et d'occurrences combinée à un système de classes nominales pondéré à deux dimensions constitue un outil très puisssant pour visualiser la force de chaque noeud et de chaque lien dans la structure. Dans une seconde partie, nous indiquons comment la combinaison d'une énumération quantifiée de la morphophonologie nominale et des constructions nominales avec significations associées fournit une image représentative des divers aspects de construction nominale. Enfin, dans une troisième et dernière partie, nous plaiderons en faveur d'une conception tridimensionnelle d'importation sémantique des noms, avec pour axes les classes nominales, les catégories sémantiques et les fréquences d'apparition dans le corpus. C'est là, non seulement une nouveauté, mais également une voie très révélatrice et prometteuse pour décoder le système sémantique sousjacent des nominaux en lusoga ou dans toute autre langue bantu.In this article it is shown how distributional corpus analysis may be used to start the description of a (mostly) undocumented language. The approach is illustrated for Lusoga (JE16), an eastern interlacustrine Bantu language spoken in and around Jinja, Uganda. The topic is the noun in Lusoga, with three levels receiving particular attention : the morphological, morphophonological and semantic. In a first section we show that a relative distribution of the type and token counts for each noun class in combination with a weighted two-dimensional noun class system is a most powerful way to visualize the strength of each node and each link in the structure. In a second section we proceed with an indication of how a quantified enumeration of both nominal morphophonology and noun constructions cum linked meanings provides for a representative picture of the various noun-building issues. In a third and final section, we then argue in favour of a three-dimensional semantic-import view of nouns, with as axes noun classes, semantic categories, and corpus frequencies. 1 This is not only a novel but also a most revealing and promising avenue to decode the underlying semantic system of the noun in Lusoga, as well as the noun in any other Bantu language.
- Jespersen cycles in Kanincin: double, triple and maybe even quadruple negation - Devos M., Kasombo Tshibanda M., van der Auwera J. p. 155-181 Cet article montre comment la succession de cycles de Jespersen aboutit à trois voire à quatre marques de négation dans une phrase en kanincin, une langue bantu. En nous basant sur des données tirées de la langue elle-même et sur des données comparatives, nous avons pu retracer l'origine locative et possessive des marques négatives postverbales, lesquelles servaient au départ à renforcer la négation.This article shows how successive Jespersen cycles lead to three and maybe even four sentential negative markers in the Bantu language Kanincin. Postverbal negative markers, which originally served to strengthen negation, are traced back to locative and possessive sources on the basis of language– internal and comparative data.
- Functions of demonstratives in Makhuwa narratives - van der Wal J. p. 183-213 Les démonstratifs, ceux de distance en particulier, sont très fréquemment utilisés dans les récits makhuwa. Même si tous les types de démonstratifs peuvent être utilisés comme déictiques exophoriques, pour se référer à une entité intradiscursive, les démonstratifs de distance sont davantage utilisés comme référence anaphorique. Ils interviennent dans les changements de topique, le lien queue-tête et aux frontières d'épisodes, renvoyant à des entités qui sont relativement moins accessibles à ce stade du récit (ce qui est conforme à la Théorie de l'Accessibilité). Les démonstratifs dans les narrations makhuwa ne sont pas seulement utilisés anaphoriquement pour l'identification du référent, mais ils indiquent également l'importance d'un certain référent et attrait d'attention, et ils jouent un rôle important dans la structuration des textes.Demonstratives are used very frequently in Makhuwa narratives, especially the distal demonstratives. Although all types of demonstratives can be used for exophoric deixis, referring to an entity in the speech setting, the distal demonstratives are predominantly used for anaphoric reference. They occur in topic shifts, tail-head linking and at episode boundaries, referring to entities that are relatively less accessible at that point in the narrative (which is in line with Accessibility Theory). Demonstratives in Makhuwa narratives are not only used anaphorically for referent identification, but they also indicate importance of a certain referent and drawing attention, and they play an important role in text-structuring.