Contenu du sommaire : Logement et différenciations sociales dans les villes européennes - Housing and social differentiation in european cities

La dimension historique de l'espace résidentiel décrit la différenciation actuelle de l'habitat en tant que sédimentation des formes historiques d'organisation de l'espace urbain. Ces formes dépendent du mode de reproduction de la force de travail durant chacune des trois grandes périodes de croissance depuis la révolution industrielle. La dimension structurelle se réfère à l'organisation et au fonctionnement du marché du logement, qui décide de la localisation des ménages dans cet espace différencié. Ces deux dimensions expliquent la correspondance entre caractéristiques des habitants et des logements. Elles donnent lieu à des espaces résidentiels différenciés qui concourent au processus général de reproduction sociale. L'article est illustré par le cas de Bruxelles.

L'enquête néerlandaise sur les besoins en logements de 1980 sert ici à comparer le développement du logement d'après-guerre dans les quatre grandes villes, les villes moyennes et les communes suburbaines des Pays-Bas. Une analyse générale du système national de logement depuis 1945, caractérisé par une importante intervention de l'Etat - souvent par l'intermédiaire de règlements communaux, permet de décrire la composition différente du parc de logement et les différents degrés de tension sur le marché dans les trois groupes de communes. Ils déterminent des conditions spécifiques de fonctionnement des marchés locaux. Les développements futurs des quartiers ne dépendent pas d'une évolution cyclique, comme le laissent croire les théories du développement des zones résidentielles, ni des tendances nationales, mais des structures des marchés locaux qui assignent des fonctions spécifiques à chaque type de logement selon leur offre, leur demande et leur accessibilité.

La politique communale du logement et la différenciation socio-spatiale de la région urbaine amstellodamoise. L'article analyse l'influence de la politique communale du logement sur la différenciation sociale de la région urbaine d'Amsterdam. Les communes peuvent influencer la composition sociale de leur population par le type et la quantité des logements qu'elles construisent et par le système d'attribution des logements. Quatre types de politique du logement sont distingués : le type urbain, suburbain, néo-urbain et rural. L'autonomie des communes en matière de logement leur donne les moyens de rechercher une composition de population souhaitée et beaucoup de communes saisissent cette occasion. Le marché du logement est divisé en communes autonomes, mais aussi dans chaque commune en un marché public et privé. Cette division entrave fortement la mobilité du groupe de population qui dépend du secteur public. Une réduction de l'autonomie communale en faveur d'une régulation régionale du marché pourrait résoudre ce problème.

L'évolution des villes et la politique urbaine en Grande-Bretagne. Les grandes villes britanniques ont connu un déclin important en termes de population, d'emplois et de revenus depuis les années cinquante. Face à cette évolution, l'article cherche à répondre à trois questions. Ce processus de déclin urbain est-il naturel dans le cadre de l'économie de marché, ou est-ce-que les politiques urbaines y ont joué un rôle - que celui-ci soit conscient ou non ? Les secteurs publics et privés sont-ils capables de transformer cette évolution, plus particulièrement dans le domaine du marché du logement, étant donné le contexte de crise économique ? Ces différentes stratégies urbaines ont-elles renforcé les disparités sociales et spatiales dans les grandes villes ? Pour répondre à la dernière question, des données détaillées des recensements de 1971 et 1981 pour le Grand Manchester sont analysées.

Grande-Synthe est l'exemple d'une cité champignon produite par la croissance du complexe sidérurgique Usinor sur le littoral dunkerquois au cours des années soixante. Or, à partir du milieu de la décennie suivante, un processus de vacance du logement se fait jour et s'amplifie dans certains secteurs du grand ensemble résidentiel. L'article analyse, au-delà du contexte de la récession économique et de la dégradation du cadre de vie en logement collectif, la part des responsabilités incombant aux différents acteurs publics et privés ; puis il évalue les chances de résorption du phénomène. La vacance apparaît en outre comme un assez bon révélateur de la mobilité résidentielle et de l'évolution des disparités sociales au sein d'une agglomération.

La fin du logement social en République Fédérale Allemande ? Le cas de Hanovre. En République Fédérale Allemande, la part du logement social dans les grandes conurbations est très importante. Les politiques d'après-guerre ont favorisé la construction et la distribution égalitaire de logements sociaux. Les tendances récentes en menacent l'avenir. La structure et l'importance du logement social et sa fin programmée (plus spécifiquement le secteur locatif où les logements sont attribués par les administrations urbaines du logement) sont analysées à l'aide des résultats d'une étude récente du marché régional du logement de Hanovre. Apparaissent des effets de redistribution importants (privatisation, résidualisation, marginalisation et recentralisation). Des conclusions quant à la politique communale du logement sont tirées.

L'effacement progressif de l'État depuis la renaissance de la Grèce contemporaine au XIXe siècle a entraîné à Athènes le développement très efficace de procédures privées de substitution pour la production de logements : rénovation dans les quartiers centraux, habitat illégal, mais non bidonvillisé, à la périphérie. L'espace résidentiel apparaît comme le résultat de la superposition de trois trames : les grands clivages socio-économiques, la recomposition sociale et spatiale de la centralité, le maintien d'une vie de quartier active. Ces processus sont eux-mêmes inséparables de l'ambiguïté de la capitale grecque : métropole occidentale, elle peut, dans sa société comme dans son économie, révéler des réponses nouvelles à la crise actuelle.

Sous le Franquisme, essentiellement de 1955 à 1965, les pouvoirs publics ont tenté de résoudre le problème de la forte croissance de Madrid par la construction de logements sociaux. Ceux-ci sont très variés par leur nature et leur localisation. On peut étudier leur influence sur l'actuelle structure sociale de la ville, assez bien connue grâce à des études factorielles récentes. Leur rôle est mineur dans le centre mais important dans les districts périphériques, notamment pour la transformation des faubourgs traditionnels et la naissance du grand croissant ouvrier du sud-est. Ailleurs, il est difficile à interpréter, du moins à l'échelle du quartier.

Quelques modèles de la différenciation sociale et spatiale de la ville post-médiévale (XVIe - XVIIIe siècle) sont analysés. Le modèle de Sjoberg décrit un gradient social allant du centre à la périphérie. Le modèle de Lichtenberger (qui prend Vienne pour exemple) oppose une différenciation sociale et résidentielle à l'échelle de la ville, à l'idée d'intégration à une échelle plus fine. Quelques indications sont données sur l'influence des cycles économiques, des prix du sol et du logement et des formes typiques de crédit sur le marché du logement pré-industriel. La répartition des groupes et des institutions dans l'espace urbain et le rôle des autorités et des institutions dans la production de cet espace sont également traités.