Contenu du sommaire : Groupes et individus

L'auteur distingue et articule trois espaces de la réalité psychique : l'espace du groupe, l'espace du lien intersubjectif et l'espace du sujet singulier. Une réalité psychique inconsciente spécifique se forme en chacun de ces espaces : leurs interférences sont repérables dans la clinique de la cure et dans celle des groupes organisés par un dispositif de travail psychanalytique. Après avoir exposé comment la matière psychique prend la forme de groupes internes de différents types, l'auteur montre leur rôle dans la formation de l'appareil psychique groupal, dans les processus qui organisent les chaînes associatives, l'espace onirique commun et partagé, et les alliances inconscientes. Une conséquence de ce modèle est la construction d'une métapsychologie de l'intersubjectivité incluant celle du sujet de l'inconscient.

À partir d'une expérience de travail de groupe avec des adolescents délinquants ; on verra comment le groupe et le travail en groupe peuvent permettre une meilleure approche du monde psychique de l'adolescent délinquant. Les difficultés de symbolisation sont-elles alors un moyen de mieux comprendre la manière dont il fonctionne? Et de réfléchir à de nouveaux modes de prise en charge clinique.

Le rapport collectif/ individuel est suivi à travers la psychothérapie psychanalytique d'un groupe d'enfants à la latence. Les médiations utilisées sont la pâte à modeler et le dessin, mais c'est surtout la première qui traduit mieux les processus groupaux. Ainsi, une production plastique commune, le « cerveau du groupe », permet de comprendre le cheminement des mouvements psychiques profonds et de pouvoir repérer les transformations collectives dont les individus en bénéficient dans l'après-coup. Le « cerveau du groupe » est une forme de symbolisation, un objet transitionnel commun, qui éclaircit aussi le transfert de certains enfants. Il suppose une version de « sein-toilettes », ce qui montre l'importance du clivage du transfert et de l'identification projective à l'intérieur même de l'espace commun. Mais ces phénomènes sont dilués dans des transferts multiples, qui s'intègrent dans l'organisation œdipienne du groupe. À souligner que le groupe est mené en co-thérapie, d'où l'importance de l'intertransfert, qui est aussi décrit.

Cet article vise à mettre au travail, à partir d'une clinique issue d'une pratique en centre de jour adulte et en appui sur différents apports théoriques, la question du dispositif pour des sujets présentant une pathologie narcissique identitaire ou pathologie de l'activité représentative.Nous avons alors cherché à montrer dans quelle mesure le double étayage du groupe et du médium terre offre une possibilité de mise au travail et de symbolisation des traumatismes.En premier lieu nous nous sommes attardés sur les propriétés du médium terre, puis nous avons relaté l'histoire du groupe « atelier céramique ». Dans un deuxième temps nous avons mis l'accent sur la clinique groupale et individuelle liée au groupe, données analysées par la suite de manière transversale grâce à une méthode approfondie d'étude de cas et d'analyse de contenu des séances.Enfin, les résultats obtenus suite à l'analyse des données cliniques ont été discutés grâce à différents apports conceptuels et ont mis en lumière le caractère symbolisant du dispositif selon plusieurs points. Ce qui s'inscrit dans l'« objeu » terre et qui se rejoue au sein du groupe est directement en lien avec ce qui s'est joué historiquement entre le sujet et son objet primaire. En retournant au stade perceptivo-moteur et en matérialisant les expériences subjectives, c'est-à-dire en insistant sur la symbolisation primaire, le sujet peut petit à petit accéder à une symbolisation secondaire.

Depuis quelques années, sont proposés des groupes de récits de vie. À travers la présentation de ce dispositif d'intervention original, les auteurs réfléchissent à l'advenue d'une identité particulière qu'ils nomment, à la suite des travaux de P. Ricœur, identité narrative. Celle-ci est à entendre comme un processus qui se déploie pour l'individu au fil du récit de sa propre histoire de vie. La narration de son histoire permet de lier ce qui apparaît comme ruptures et discontinuités en produisant des effets de sens. Mais plus encore, l'identité narrative qui s'en dégage renforce le sentiment d'être en lien avec la communauté des hommes. C'est par cet effet de renforcement des liens sociaux que le dispositif de récits de vie en groupe s'avère particulièrement fécond dans notre société contemporaine où la fragilisation des liens semblent conduire à l'expression de nouvelles difficultés.

La potentialité soignante d'une équipe est corrélée à sa capacité de s'approcher des zones de confusions mortifères, à accueillir et à présentifier en son sein les affects les plus archaïques dans lesquels l'« usager » (patient, résident,…) est perdu ; à le rejoindre là où a été détruite une part de son « humanité ». Le travail de soin, d'accompagnement, etc., opère ses effets mutatifs à proportion de la capacité d'une équipe, de donner à la mort une place.C'est dans la mesure où les affects les plus archaïques (les affects meurtriers et mortifères) sont cycliquement présentifiés dans la psyché groupale que la vie “empêchée” a quelque chance de retrouver son cours. Cet indispensable travail de nouage des affects (clivés, déniés, forclos), cette prise en compte de la présence déliante de la pulsion de mort, potentialise la transformation des “usagers” et de leur famille.Cette dynamique sera élaborée à partir de la clinique du handicap, et de la prise en charge d'un enfant dans le cadre d'un Service d'éducation spéciale et de soins à domicile.

L'article propose une analyse sociologique de la relation entre un patient et un groupe de soignants, lorsque ce dernier prend la forme d'un réseau. Dans le contexte du soin en psychiatrie, qui fera l'objet de cet article, l'individu est de plus en plus souvent confronté à une myriade d'intervenants. Le réseau de soin est une forme particulière de relation thérapeutique qui bénéficie aujourd'hui d'une certaine légitimité, mais pose en même temps une série de questions importantes, liées à sa qualité, à sa pratique concrète, à son organisation et à son maintien dans le temps.

La clinique des situations de grande précarité et d'errance est caractérisée par des formations groupales particulières qui tiennent d'avantage du rassemblement contigu que du lien véritable. Les formations « groupales agglutinées » font office de défense contre le lien et contre le groupe générateurs d'angoisses. À travers la présentation d'un dispositif groupal en accueil de jour, les auteurs entendent à la fois présenter ces « formations groupales agglutinées » à l'origine des processus de détachement et de diffraction et l'utilité du recours à la médiation comme objet de relation dans le processus thérapeutique de « regroupement psychique » réamorçant les processus de liaison intra et inter-subjectif.

À partir de la thèse d'Anzieu, selon laquelle le Malaise dans la civilisation semble aujourd'hui dépendre de les caractéristiques paradoxales des rapports entre les individus, les générations et les groupes, et de celle de Kaës, selon laquelle les nouvelles formes du malaise intersubjectif semblent se caractériser par un défaut dans la fonction du préconscient, que nous essaierons, avec l'aide du film La Ciénaga, d'indaguer les actuelles formes du malaise dans la famille, les entendant comme opérateurs de lecture du malaise dans la civilisation.

Nous hésitons à admettre que notre subjectivité est historique et issue de notre participation à différents groupes, depuis toujours. Notre vie adulte et notre créativité en dépendent, tout comme nos vies professionnelles. Ainsi, notre participation à ces groupes a une incidence majeure sur nos pratiques comme psychologues cliniciens, psychiatres, psychanalystes, éducateurs et enseignants. Cette incidence porte souvent sur nos idées et nos théories, qui deviennent parfois de véritables symptômes, entretenant des liaisons douteuses avec notre expérience réelle.

Le concept de Soi et celui de Self sont utilisés dans des acceptions très diverses par des auteurs appartenant à des disciplines et des courants de pensée hétérogènes. Cet article n'en propose pas une recension exhaustive, mais, dans un itinéraire impressionniste partant de la neurobiologie pour aboutir à l'histoire de l'art, suit le fil du Soi pour en dégager, dans les différents champs où il apparaît, l'intérêt pour une appréhension globale de l'identité individuelle et groupale dans ses liens intrinsèques avec la complexité du monde.