Contenu du sommaire : Territoires de la citoyenneté en France et en Italie

L'article propose une définition et un repérage empirique du concept de citoyenneté matérielle. La question du statut, prioritaire dans les approches juridiques, se situe au second plan dans cette lecture véritablement sociologique de la citoyenneté qui se concentre sur le thème des pratiques individuelles. Si les droits permettent à la personne d'avoir accès aux ressources sociales, les capitaux déterminent l'ampleur de ces ressources allouées individuellement : dans l'ensemble elles forgent les capacités que la personne met en œuvre dans l'expérience du quotidien, à savoir en pratiques de citoyenneté. En utilisant les données Eurostat, l'attention se focalise donc sur les pratiques mises en œuvre par les ressortissants nationaux, européens et de pays tiers en France et en Italie en mettant en relief la persistance et la complexification d'une hiérarchie de la citoyenneté dans l'Europe contemporaine.

Basé sur le paradigme des représentations sociales, l'article présente les principaux résultats d'une enquête par entretiens conduite auprès d'un groupe de jeunes musulmans enfants d'immigrés dans la ville italienne de Gênes. Trois modèles de représentations de la citoyenneté en ressortent - les « diasporiques », les « italiens-musulmans pratiquants », les « individualistes démocratiques » - montrant des façons différentes de concevoir l'appartenance et l'engagement. Les modèles sont ensuite analysés afin de faire ressortir les articulations entre les dimensions du religieux, du national et du politique. L'étude montre comment les représentations de la citoyenneté informent le rapport au politique des jeunes, et met à jour une correspondance dans les façons de concevoir appartenance religieuse et nationale. Par rapport à un cadre d'analyse français, dans le contexte italien ces dimensions semblent pouvoir s'agencer de façons différentes et moins concurrentielles.

Cet article analyse les conditions de mise en œuvre d'une plateforme de démocratie participative dans le cadre d'une politique publique de rénovation urbaine. L'entrée par la sélection du public participatif révèle que ces dispositifs, souvent présentés comme une manière de démocratiser l'action publique en complément du système représentatif, peuvent constituer de véritables instances au service de la délégation politique. Comment démocratiser l'action publique quand le public se révèle incapable de produire autre chose que les mécanismes routinisés d'un système clientéliste, dérive de la représentation politique ? Cette réflexion permet plus largement de mettre en exergue l'importance de la prise en compte du contexte – politique – local dans l'analyse de la mise en œuvre d'une politique publique.

À partir d'une étude récente amorcée en 2013 par le CEURISS (Centre Européen de Recherches et d'Etudes Sociales) pour le compte du CESVOT (Centre des Services du Bénévolat de Toscane), cet article cherche à travers un cas d'étude à ouvrir une perspective pour analyser la citoyenneté au niveau local. Pour ce faire on a observé les associations de bénévoles qui, à divers titres, développent des actions d'advocacy en Italie à l'intérieur du territoire toscan. L'objectif est de déterminer les caractères dont se parent différents modèles de protection et de promotion des droits des citoyens en Toscane à travers les synergies déployées par des associations de bénévoles et le Médiateur. Une attention particulière est portée à l'assistance que de telles synergies peuvent proposer face aux problèmes liés à la crise économique sur le terrain local. L'hypothèse qui sous-tend cet article est que le trilogue entre citoyens, associations et défense citoyenne constitue un processus de transformation de la citoyenneté en direction du propre renforcement de cette dernière.

Cet article offre des considérations préliminaires à une exploration socio-historique des conséquences de l'introduction du gouvernement représentatif dans le royaume de Sardaigne, après l'octroi par le monarque du Statut albertin en 1848 et jusqu'à l'unification italienne prise en charge par cet État. Il expose l'importance des enjeux interprétatifs que pose pareille investigation et esquisse des premières pistes de réflexion relatives à l'étude de l'encadrement institutionnel et matériel du vote et des processus électoraux induits par cette transformation.

Cet article analyse la structure des relations publiques-privées à Barcelone à travers les politiques du vélo en ville et montre une facette originale de l'évolution de ces relations au sein du gouvernement barcelonais. Loin de représenter un modèle barcelonais de consensus, les relations publiques-privées sont fluctuantes, marquées par des rapports de force institutionnels et économiques et ponctuées par des changements politiques. Elles s'inscrivent dans une configuration locale qui s'est transformée au début des années 2000. Le développement du vélo à Barcelone a suivi une trajectoire similaire à de nombreuses métropoles européennes, s'appuyant d'abord sur le tissu associatif local, avant de mettre en œuvre en 2007, un système de vélos en libre service géré par une grande multinationale spécialisée dans l'affichage publicitaire et le mobilier urbain. Ce changement de configuration s'est effectué pour consolider le pouvoir municipal et pour légitimer l'action du maire de Barcelone par rapport aux autres échelles du pouvoir métropolitain. Les élus doivent dorénavant faire face à la gestion du vélo par une grande firme.

L'objectif de cette contribution consiste à analyser les controverses politiques qui se font jour au début des années 1980 à propos de la mémoire de l'esclavage. Ces controverses qui opposent dans les DOM les nationalistes et les départementalistes s'invitent dans les assemblées parlementaires au moment de l'arrivée de la Gauche au pouvoir et dans le contexte du vote de la première loi sur la décentralisation. En s'appuyant empiriquement sur l'étude de comptes rendus de débats parlementaires et en mobilisant conceptuellement des outils issus de la Frame analysis et de la sociologie pragmatique, l'ambition de cet article vise à montrer comment la loi du 30 juin 1983 est le produit d'un consensus équivoque qui consiste à agréger des acteurs antagonistes et des intérêts contradictoires.