Contenu du sommaire : Le rapprochement États-Unis – Iran
Revue | Politique Américaine |
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Numéro | no 26, 2015/2 |
Titre du numéro | Le rapprochement États-Unis – Iran |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Alexandra de Hoop Scheffer, François Vergniolle de Chantal p. 5-7
- Introduction - Ata Ayati, Julien Zarifian p. 9-12
- Entretien avec Pierre Melandri - Julien Zarifian p. 13-29
- Le dossier du nucléaire iranien et la question du rapprochement États-Unis – Iran - Julien Zarifian p. 31-47 L'accord sur le nucléaire iranien signé le 14 juillet 2015 entre l'Iran et le « groupe des 5 + 1 » (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) constitue un succès majeur, malgré les difficultés rencontrées pendant les négociations et même s'il ne règle pas les désaccords profonds entre l'Iran et la communauté internationale, et en particulier l'Occident. Outre geler le programme nucléaire iranien pour au moins quinze ans et lever l'essentiel des sanctions internationales à l'encontre de Téhéran, il montre les diplomaties américaine et iranienne sous un jour relativement positif et prouve qu'elles peuvent travailler ensemble et obtenir des résultats. Ce faisant, il laisse entrevoir des possibilités de réchauffement des (non -) relations bilatérales américano-iraniennes, mais aussi les obstacles à une telle amélioration des relations.The agreement on the Iranian nuclear question, signed on July 14, 2015, between Iran and the “5 + 1 group” (United States, Russia, China, France, United Kingdom, and Germany) is a major success, even though it was difficult to reach and despite the fact that it does not solve all the problems between Iran and the international community, and especially the West. It freezes the Iranian nuclear program for at least fifteen years. It lifts most of the international sanctions towards Iran. Moreover, i shows U.S. and Iranian diplomacies under a rather positive light and proves that they can work together and even obtain convincing results. It therefore suggests that a rapprochement between both countries is not impossible in the long run, but also that such a rapprochement will not be easy to reach.
- Le « fantôme » de l'Irangate dans les négociations sur le nucléaire iranien - David Rigoulet-Roze p. 49-68 Les négociations et tractations sur le nucléaire iranien, par les acteurs qu'elles ont mis en présence, renvoient étrangement à un épisode encore controversé des relations irano-américaines, l'Irangate. Cette obscure « affaire » de ventes d'armes américaines à destination de Téhéran en pleine guerre Iran-Irak (1980-1988), qui avait donné lieu dans les années 1980 à un scandale politique aux États-Unis, mais avait été étouffée dans l'œuf en Iran, impliquait alors un certain Hassan Rohani qui en était l'un des négociateurs principaux avant de devenir en août 2013 le président de la République islamique d'Iran. par une réelle ironie de l'Histoire, c'était à l'époque notamment un certain sénateur John Kerry qui avait instruit le procès politique des transferts financiers illégaux issus de la transaction au profit des Contras, les rebelles anti-communistes nicaraguayens. Ceci revient à dire que de l'argent iranien avait indirectement participé au financement de la lutte anti-communiste en pleine guerre froide. Or, les deux protagonistes se sont retrouvés en charge des négociations sur le nucléaire iranien, l'un via son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, familier des ÉtatsUnis, l'autre en tant que secrétaire d'État de l'Administration du président Obama, et pressés de finaliser un accord susceptible de bouleverser les équilibres géopolitiques régionaux en favorisant un rapprochement stratégique irano-américain.The negotiations and the discussions on the Iranian nuclear power, by the actors whom they bring together, sand back strangely to an episode still debated in the Iranian-American relations, the Irangate. This dark “affaire” of American arms sales to Tehran during the Iran-Iraq War (1980-1988) which had given rise in the 80s to a political scandal in the United States but had been suffocated in Iran, involved Hassan Rohani who was one of the main negotiators before becoming in August, 2013 the president of the Islamic Republic of Iran. By a strange irony of the History, at this time it was the Senator John Kerry who had conducted the political trial of the illegal financial transfers stemming from the deal for the benefit of the Contras, the anti-communist rebels of Nicaragua. This means that some Iranian money had indirectly participated in the financing of the anti-communist fight in the middle of the Cold War. And recently, both protagonists have been in charge of the negotiations on the nuclear deal with Iran, the first one via its Minister of Foreign Affairs, Mohammad Javad Zarif, regular visitor to the United States, the other one as Secretary of State of the Administration of president Obama, and have finalized an agreement which may upset the regional geopolitical balances of power.
- La variable israélienne de la politique américaine vis-à-vis de l'Iran - Jean-Loup Samaan p. 69-84 On ne peut comprendre la politique américaine vis-à-vis de l'Iran sans la mettre en perspective avec la relation israélo-américaine. Il existe indéniablement des similitudes dans les processus de « sécuritisation » américains et israéliens du régime iranien mais un examen des positions de chacun oblige à nuancer le propos et à constater des divergences qui peuvent parfois constituer des sources de tension diplomatique entre les deux alliés. L'évolution du triangle stratégique composé des États-Unis, de l'Iran et d'Israël au cours des trois dernières décennies donne à voir comment cette ancienne coopération devenue confrontation se décline en fonction des problématiques suivantes : l'émergence du Hezbollah, le développement du programme nucléaire iranien ou encore la guerre civile syrienne.To understand the American foreign policy toward the Iranian regime one needs to put it into perspective with the Israeli-American relations. Although there are commonalities in the American and Israeli processes of securitization of the ‘Iranian threat', an in-depth look at both countries' positions calls for a nuanced analysis and allows us to reveal divergences that sometimes lead to diplomatic crisis among the two allies. Over the last three decades, the evolution of the strategic triangle that constitute the US, Israel and Iran has been shaped by a few key drivers exposed here : the rise of Hezbollah, the development of Iran's nuclear program and the on-going civil war in Syria.
- La relation américano-saoudienne à l'épreuve du rapprochement entre Washington et Téhéran - Sébastien Wesser p. 85-101 Dans un Moyen-Orient en pleine ébullition, l'administration Obama a gagné son pari, lancé en 2013, de négocier une sortie de crise avec Téhéran afin de maîtriser la menace nucléaire iranienne et de restaurer les relations entre les deux pays après un gel de plus de trente-cinq ans. Ébranlés par le printemps arabe et déstabilisés par les conséquences des inextricables conflits syrien et irakien, les partenaires arabes des États-Unis étaient vent debout contre ce projet. Le Royaume saoudien, pourtant allié historique des États-Unis au Moyen-Orient, se méfie désormais des intentions de Washington. Au-delà de sa volonté de consolider sa puissance militaire, Riyad semble décidé à acquérir également un arsenal nucléaire pour faire face à une potentielle menace nucléaire iranienne. Alors que les deux pays s'affrontent déjà par alliés interposés en Irak ou en Syrie, le conflit yéménite apparaît, de plus en plus, comme un affrontement direct entre Riyad et Téhéran. Washington peut-il résoudre la quadrature du cercle du retour de l'Iran sur les scènes régionale et internationale ?Caught in the shifting sands of the Middle East, the Obama administration finally succeeded in dealing with Iran. Since 2013, Washington had tried to negotiate an agreement with Teheran to prevent Iran from getting the bomb and to restore relations that have been frozen for thirty-five years. The Arab Spring and the consequences of the Iraqi and Syrian wars destabilized Washington's Arab allies in the region. They did not want any deal between the US and Iran. They consider it as a major threat for their future. Saudi Arabia – the historic ally of the US in the Middle East – is now wary of Washington's intentions. Riyadh has spent a lot of money to reinforce its military equipment over the past years. Now the country seems eager to get the nuclear weapon to face a potential Iranian nuclear bomb. The two countries have confronted each other indirectly in Iraq and Syria for years. The new war in Yemen seems that the ‘cold war' has turned into a ‘hot war'. Now that international negotiations succeeded, how can Washington solve the equation of reintegrating Teheran on the regional and international scene ?
- Les États-Unis et l'Iran face à l'« AfPak » : des alliés naturels ? - Didier Chaudet p. 103-127 Quand on analyse les relations entre Iran et États-Unis, on se concentre le plus souvent sur les tensions existant entre ces deux pays au Proche-Orient. Cela est dû à une compréhension incomplète de l'Iran, vu uniquement comme un pays proche/moyen oriental. Sa proximité géographique avec l'Asie Centrale et l'Asie du Sud en fait une nation également connectée, historiquement et politiquement aux espaces asiatique et eurasiatique. Quand on accepte cette approche plus géopolitiquement correcte, on constate que sur bien des sujets Américains et Iraniens sont bien plus proches qu'ils ne l'admettent. Cela se retrouve notamment quand on analyse la politique iranienne face à l'AfPak. Sur ce sujet, on ne peut que constater qu'Américains et Iraniens sont des alliés de fait.When one analyzes the bilateral relationship between the US and Iran, it is customary to focus on the tensions and issues related to the Near East. It comes from a mistaken vision of Iran as being exclusively part of this region. Its geographical proximity with Central Asia and South Asia makes of Iran a country that is also historically and diplomatically connected to Asia and Eurasia. Once one accepts this much more geopolitically correct approach, it becomes clear that on many issues, Americans and Iranians are much more alike than they care to admit. It is particularly true on Afpak related issues. About Afghanistan and Pakistan, in fact, one can go as far as to say that they are de facto allies.
Varia
- La négociation du Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement (TTIP) : comparaison entre les motivations, les oppositions et l'opinion publique des États-Unis et de l'Union européenne - Vicki Birchfield, Laure Géant p. 129-158 Le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP en anglais), actuellement en cours de négociation entre les États-Unis et l'Union européenne, est généralement présenté comme le plus grand et le plus ambitieux accord de libre-échange régional de l'histoire du commerce international. Il se distingue particulièrement des autres accords de libre-échange parce qu'il a pour but d'établir des normes de réglementation communes au sein du marché transatlantique. Cela met ainsi sur le devant de la scène médiatique et au cœur des débats publics les valeurs et les préférences sociétales relatives notamment aux questions de sécurité alimentaire, de protection de l'environnement et de confidentialité des données. Cet article propose une analyse comparée entre les principaux intérêts et motivations des États-Unis et ceux de son partenaire, l'Union européenne. Dans un deuxième temps, ces positions officielles seront confrontées aux points de vue des différentes parties prenantes de la société civile et de la population de part et d'autre de l'Atlantique. Les conclusions partielles que l'on peut tirer de cette analyse suggèrent que le succès du TTIP repose plus sur la capacité des deux partenaires à calmer leurs divisions internes que sur leur capacité à trouver un terrain d'entente entre les deux rives de l'Atlantique.The Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) currently being negotiated by the United States and the European Union is widely touted as the largest and most ambitious regional free trade agreement in the history of international trade. Further setting it apart from other free trade deals is the attempt to establish common regulatory standards for the transatlantic marketplace, bringing societal values and preferences about such issues as ensuring food safety, protecting the environment, and governing data privacy to the forefront of media attention and public debate. This paper offers an analysis of the core motivations and interests of the United States compared to those of its EU partner and then contrasts these official positions with the views of the public and civil society stakeholders on both sides of the Atlantic. Tentative conclusions are drawn suggesting that the success of TTIP hinges much more on smoothing internal divisions on both sides of the Atlantic than on unifying oppositions across it.
- Compte-rendu d'ouvrages - p. 159-172
- La négociation du Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement (TTIP) : comparaison entre les motivations, les oppositions et l'opinion publique des États-Unis et de l'Union européenne - Vicki Birchfield, Laure Géant p. 129-158