Contenu du sommaire : Autour d'Axel Honneth

La question des « maladies » ou des pathologies sociales fait partie des formes établies d'auto-compréhension des sociétés modernes. Se référer à la part sociale des pathologies engage toutefois une approche dépassant la simple addition des maux individuels. En reliant les symptômes individuels à des processus collectifs, les approches psychanalytiques de Freud et Mitscherlich pensent les « maladies de la société » comme des dysfonctions de la reproduction sociale. Une autre voie est d'identifier les pathologies sociales comme des réalisations faussées, dans les institutions sociales et les formes établies de socialisation, des normes que la société s'est elle-même donnée dans ses convictions éthiques fondamentales. Si ce trouble du rapport des sujets – individuels ou collectifs – à eux-mêmes est pathologique, on peut parler de « maladies de la société » lorsque différents univers fonctionnels, à défaut de s'articuler organiquement, entrent en collision au point de réduire la liberté sociale.

Dès ses premiers écrits, Axel Honneth a situé ses travaux dans le cadre d'une reconstruction des contenus moraux de l'expérience négative et des potentiels de conflictualité ancrés dans cette dernière. Ce projet a pris la forme d'une théorie des luttes pour la reconnaissance qui, sans porter sur l'espace public, s'avère fertile pour mener une critique immanente de la communication sociale. La mise au jour critique des formes de mépris, d'invisibilité et de réification s'opère ainsi à partir des exigences de reconnaissance contenues en creux dans les processus communicationnels. Au vu de ces potentialités, le programme de « reconstruction normative » réalise ces ambitions tout en opérant d'importants infléchissements.

Il s'agira dans cet article d'examiner, à travers sa filiation avec les travaux de l'École de Francfort (Adorno et Horkheimer, Habermas), la contribution d'Axel Honneth à une théorie critique de l'espace public. Après avoir mis en lumière les traits caractéristiques d'une telle approche, l'auteur revient sur les analyses proposées par Honneth en termes d'« évolutions manquées » de l'espace public moderne. Ce dernier apparaît comme étant traversé par des tendances contradictoires : incluant en principe tous les concernés à la participation aux débats publics, il n'est pas non plus exempt d'« hégémonie culturelle » de la part des classes dominantes ; tout en élargissant les canaux de la communication politique, il se prête aussi à des logiques de marchandisation de l'information qui ont pour effet de « dépolitiser » le public. En conclusion, à partir du diagnostic d'ensemble posé par Honneth, des pistes sont dégagées en vue de réfléchir aux enjeux nouveaux que soulève le « cyberespace » de l'internet pour la sphère publique démocratique.

Cet article souhaite démontrer la fécondité de la théorie honnethienne de la reconnaissance en recourant aux résultats partiels d'une étude empirique sur les jeux de rôle en ligne. Bien que ces espaces médiatiques puissent apparaître, de prime abord, étrangers aux phénomènes de (dé)valorisation sociale, nous souhaitons insister sur les potentialités analytiques de cette philosophie sociale pour appréhender les dimensions symboliques et morales des interactions médiatisées des joueurs. Nous montrons notamment comment la pensée d'Axel Honneth nous a amenés à prêter attention aux manifestations d'estime et de mépris dans ce monde synthétique.

Cet article se propose de montrer que la catégorie honnethienne de « paradoxes de la modernisation capitaliste », telle qu'elle se trouve en particulier analysée dans la sphère de l'« individualisme qualitatif », offre des ressources précieuses pour l'étude des environnements sociaux numériques. Permettant de rendre compte de la dimension d'« expressivité » qui définit les interactions en ligne tout en la réinscrivant dans la perspective historique de l'évolution des sociétés capitalistes, cette catégorie ouvre des pistes qui invitent à sortir l'analyse des rapports de reconnaissance de leur cadre strictement intersubjectif, représentant ainsi un important vecteur d'élargissement de la théorie de la reconnaissance.

L'objectif de cet article est double : étudier les évolutions de l'information service et celles des titres de la Presse Quotidienne Régionale française. Ainsi, après un retour sur la notion d'information service et sur son rôle dans l'établissement de l'offre informationnelle, aussi bien éditoriale qu'économique, proposée par la PQR, il s'agira d'abord d'étudier ses reconfigurations socio-financières contemporaines ainsi que de présenter les acteurs médiatiques qui se proposent désormais de la prendre en charge. Par la suite, par l'intermédiaire de la mobilisation du concept de territoire nous tenterons de déterminer les nouvelles frontières que dessinent ces évolutions, pour les titres de la PQR mais aussi pour l'information infra-nationale en général.

Cet article entend montrer que les sections commentaires de certains sites d'actualité contribuent à stabiliser des communautés à la forte homogénéité idéologique. Après avoir circonscrit une définition de la « communauté cognitive » comme lieu de construction d'une unité d'appréhension du monde dans l'interaction discursive, nous montrons que les agoras numériques que fournissent les sites d'information en ligne permettent aux internautes de tester, confronter, et renforcer une unité idéologique. Nous appuyons notre propos par une analyse argumentative d'un corpus de commentaires sur les sites Atlantico.fr et l'Humanité.fr en réaction à l'« affaire DSK ». Nous défendons ainsi l'intérêt de l'analyse qualitative des tableaux de commentaires pour observer avec finesse des sédimentations idéologiques sur le web.