Contenu du sommaire : Les nouvelles frontières de l'entreprise

Revue Revue Interdisciplinaire Management, Homme & Entreprise — RIMHE Mir@bel
Numéro no 11, mars-avril 2014
Titre du numéro Les nouvelles frontières de l'entreprise
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les nouvelles frontières de l'entreprise. Ouverture à la diversité ou reconfiguration ? - Martine Brasseur, Séverine Le Loarne-Lemaire p. 2 accès libre
  • Dossier : Les nouvelles frontières de l'entreprise

    • Absentéisme et conditions de travail au féminin : Une frontière méconnue au sein des organisations - Gregor Bouville p. 3-22 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Un phénomène distingue nettement les hommes et les femmes dans les lieux de travail : l'absentéisme. La littérature établit sans conteste que les femmes s'absentent du travail plus que les hommes. Pour expliquer la différence entre taux féminin et masculin d'absentéisme au travail, certains chercheurs mettent en exergue des déterminants hors travail tels que les responsabilités familiales. En fait, la relation entre les responsabilités familiales et l'absentéisme n'est pas clairement établie. D'autres chercheurs par contre mettent en évidence des facteurs liés au fonctionnement du lieu de travail : organisation du travail, conditions de travail, relations de travail, ressources de l'emploi. Nous examinons ces facteurs et montrons qu'il existe une frontière méconnue en France au sein du monde du travail en fonction du sexe du salarié. L'organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et les ressources de l'emploi sont différentes selon le sexe du salarié et sont les principaux déterminants de l'absentéisme féminin.
      A phenomenon clearly distinguishes men from women as regards workplaces : absenteeism. The current literature establishes as an unquestionable fact that women are more absent from work than men. To explain the discrepancies between men and women absenteeism rate, some researchers highlight off-work determinants such as family responsibilities (duties). Actually, the connection between family responsibilities and absenteeism is not clearly established. On the other hand, other researchers point up factors related to the functioning of the workplace : work organization, working conditions, work relations, job resources. We examine these factors and show that, within the working world, we can find an unheard of boundary in France that depends on employee's sex. Work organization, working conditions, social relations and job resources are different depending on the employee's sex and are the main causes of women's absenteeism.
    • Crowdsourcing : La nébuleuse des frontières de l'organisation et du travail - Sophie Renault p. 23-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De manière consciente ou non, une armée d'internautes s'investit chaque jour dans des démarches de crowdsourcing. Ainsi, la foule apporte des ressources en termes de savoir, de temps, de compétences à des organisations ayant une problématique à résoudre. Le crowdsourcing se définit comme l'externalisation d'activités vers la foule. Les activités confiées à la foule peuvent prendre des formes variées : créer un nouveau design, traduire le Web, observer les écrans de caméras de surveillance... Or, l'activité de la foule ne donne pas nécessairement lieu à une compensation financière. Dès lors, le crowdsourcing n'est ni considéré comme du bénévolat ni comme un travail – il est davantage assimilable à un loisir permettant d'obtenir quelques « fèves de cacao ». Cet article explore alors le « brouillage » des frontières du travail et de l'organisation que génère le crowdsourcing. A l'appui d'études de cas, cette recherche synthétise les principaux atouts et freins du recours au crowdsourcing pour ses parties prenantes. A l'issue de notre analyse et en écho avec les résultats de notre démarche qualitative à visée exploratoire, nous proposons plusieurs pistes de réflexion afin que le crowdsourcing s'inscrive dans une démarche socialement responsable.
      Consciously or unconsciously, an army of Internet users participates every day in crowdsourcing activities. The crowd thus provides the necessary resources such as knowledge, time and skills in order to solve an organisation's issue. Crowdsourcing consists in outsourcing tasks to large networks of Internet users. The activities entrusted to the crowd are varied : creating a new design, translating the Web, watching over surveillance cameras... However, this crowd activity is not paid. Therefore, crowdsourcing is not considered as a volunteering activity or a real job, it is assimilated to a hobby that can be rewarded by a few “cocoa beans”. This article examines the blurring of boundaries at work and in organisations generated by crowdsourcing. This research is based on case studies and summarizes the main strengths and weaknesses of crowdsourcing. As a result of our evaluation and as an echo to our qualitative and exploratory study, we offer specific recommendations to design socially responsible crowdsourcing practices.
    • Reconsidérer le débat sur le rapport vie professionnelle/vie privée en France pour le dépasser : Plaidoyer pour une approche relationnelle - Séverine Le Loarne-Lemaire, Pierre-Yves Sanséau, Mark Smith p. 41-51 accès libre
  • Dossier : Varia

    • La soutenabilité du modèle économique dual de la Croix-Rouge Française en question - Monique Combes-Joret, Laëtitia Lethielleux p. 52-72 avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis l'arrivée d'une nouvelle équipe dirigeante en 2005, la Croix-Rouge Française est engagée dans une mutation profonde de son organisation interne et son mode de gouvernance. D'une association humanitaire traditionnelle gérée par des bénévoles, elle s'est transformée en une entreprise associative gestionnaire d'établissements. Même si cette facette est moins connue du grand public, la Croix-Rouge française fait partie des associations-employeurs (avec 17 700 salariés, 53 000 bénévoles et un milliard de budget) évoluant dans un environnement de plus en plus concurrentiel et contraignant. Elle est actuellement confrontée à trois défis majeurs : la transformation de son modèle économique lié à la raréfaction des ressources publiques ; la mutation des formes d'engagement vers un modèle d'engagement distancié et la défense d'un projet de société d'humaniser la vie.A partir d'une enquête qualitative approfondie de la Croix-Rouge française (réalisation de 104 entretiens entre 2010 et 2013) auprès de salariés et de bénévoles (élus et de terrain), l'objectif de cet article est double : qualifier le nouveau modèle économique de la Croix-Rouge française en le situant par rapport aux quatre grands modèles économiques associatifs décrits par Tchernonog (2007, 2012), et interroger la soutenabilité de ce modèle, face aux risques d'isomorphisme institutionnel (Di Maggio et Powell, 1983) analysé par Enjolras (1998) et Bidet (2003). Il ressort de ce travail monographique que la Croix-Rouge française, pour faire face à un triple isomorphisme (coercitif, par la réduction des financements publics, mimétique, par la présence à la direction générale de managers venant du privé lucratif ou du public et, normatif par l'imprégnation de la logique performance), a adopté un modèle économique « dual ». Ce modèle dual correspond à la juxtaposition de deux modèles économiques aux logiques diamétralement opposées. D'un côté, on trouve une logique « réciprocitaire » du don, de l'autre se développe une logique gestionnaire dominée par des enjeux financiers et par la concurrence avec les autres associations du secteur. Ceci amène à penser que la soutenabilité du modèle économique dual de la Croix-Rouge française (militant versus gestionnaire) est aujourd'hui questionnée par des arbitrages relevant d'une rationalité technico-instrumentale.
      Since the arrival of a new management team in 2005, the French Red Cross (FRC) has been committed to a profound transformation of its internal organization and its governance. From a traditional humanitarian organization run by volunteers it turned into an associative company in charge of the administration of establishments. The French Red Cross belongs to non-profit organizations employers (with 17 700 employees, 53 000 volunteers and one billion euro budget). FRC develops charity and social activities in competitive and restricting environments. It must be confronted with three major challenges : transformation of its economic model with increasing scarcity ; a change of commitment and its willpower to transform society.With FRC's qualitative study since 2010 near salaried and volunteers (elected or not), the aim of this article is double : to give a name of this new FRC economic model and to ask the sustainability of this model with institutional isomorphism theory (Di Maggio et Powel, 1983), Enjolras (1998) and Bidet (2003). It follows from the monographic work that the FRC is facing a triple isomorphism : coercive, reducing public funding, mimetic, by the presence of managers at top management level coming from both private profit and public sectors, by impregnating a normative logic performance. Therefore the FRC adopts a “dual” economic model. This dual model corresponds to a juxtaposition of two economic models with two diametrically opposite logics. First, we find a “reciprocical” logic of the gift, and second, a logic of performance. The sustainability of the dual model of FRC (militant and managerial) is now weakened by arbitration under a technical and instrumental rationality.
    • Le don gratuit et la contagion d'émotions positives. Quelles stratégies pour les dirigeants ? - Sandrine Frémeaux, Christine Noël p. 73-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article met en perspective la théorie des émotions positives et la théorie du don gratuit. Nous appréhendons les émotions positives à partir de la théorie de la révision des émotions telle qu'elle est développée par le philosophe Pierre Livet. Celui-ci montre en effet qu'une émotion qui se répète à de multiples reprises peut entraîner une révision graduelle ou, au contraire, l'enracinement de nos valeurs ou de nos croyances. A la suite de Haag et Laroche (2009) qui explorent les processus par lesquels le dirigeant peut initier une dynamique collective à l'intérieur du comité de direction, nous cherchons à savoir comment le dirigeant peut amorcer un phénomène de contagion positive et un enracinement des valeurs altruistes en accueillant le don gratuit. Nous retenons comme définition du don gratuit celle du don non calculé, don tourné vers l'autre, don réel et non imaginaire. Notre étude explique donc comment le dirigeant peut générer une contagion émotionnelle positive en utilisant les trois pratiques d'accueil suivantes du don gratuit : accueil de la gratuité (absence de calcul) ; accueil du sens visé par le don (réponse aux besoins d'un autre) ; accueil de la réalité du don et donc de l'investissement sollicité par le don.
      This study puts into perspective the theory of positive emotions and the theory of giving out for free? We apprehend positive emotions from the theory of revision emotions as developed by the philosopher Pierre Livet. He shows indeed that a repeated emotion can result in a gradual revision or, on the contrary, contribute to the grounding of our values and our beliefs. Following Haag and Laroche (2009) who explore the processes by which the leader can initiate collective dynamics within the leadership committee, we seek to know how the manager can initiate a process of positive contagion by welcoming the gratis gift. We retain the definition of the gratis gift given by Frémeaux and Michelson (2011) not calculated, turned to the others and not imaginary. Our study explains how the leader can generate a positive emotional contagion and the root of altruistic values by using the three following practices of welcoming gratis gift : welcoming the gratuity (no calculation), welcoming the meaning intended by the gift (response to the needs of another) ; welcoming the reality of the gift and therefore the investment requested by the gift.
    • Les déterminants individuels de la dynamique identitaire post fusion - Leila Lakhdhar p. 92-114 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les fusions constituent des mouvements de croissance qui, depuis le début du siècle dernier, ne cessent de s'étendre dans le monde. Néanmoins, les études rapportent l'échec de bon nombre de ces démarches. Les explications fournies dans ce cadre, dépassent les dimensions stratégiques et financières. L'accent est de plus en plus mis sur les questions humaines. Si les analyses culturelles étaient à la une des recherches effectuées en matière d'intégration post fusion, la dimension identitaire demeure encore ambigüe. Les analyses de l'évolution de l'identité organisationnelle ont mis en exergue la centralité des interprétations dans l'adaptation aux changements sans pour autant expliciter les processus de sensemaking qui lui sont associées. Le sensemaking est un processus de construction rétrospective de significations partagées à travers l'interaction (Weick, 2005). Cet article fournit une lecture approfondie de la dynamique de l'identité organisationnelle post fusion dans une perspective de sensemaking. Si quelques études antérieures ont traité les questions de sens dans les contextes de fusions, la présente recherche se démarque par la prise en considération de la dimension inter-organisationnelle. Nous avons adopté une approche constructiviste abordant l'identité organisationnelle comme étant le résultat d'un processus de sensemaking. En ce qui concerne l'étude empirique, nous avons mené une recherche qualitative vu la nature des questionnements soulevés. Le caractère exploratoire de l'étude réside dans son orientation théorique et plus exactement dans son application dans le contexte public tunisien. Dans ce cadre de découverte, nous avons opté pour l'étude d'un cas unique, une fusion partielle entre deux organisations publiques tunisiennes œuvrant dans le secteur de la gestion du risque maladie. L'analyse de contenu des récits de vie recueillis a révélé la portée des déterminants individuels dans la construction et l'évolution de l'identité organisationnelle. Ces déterminants semblent orienter la dynamique identitaire post fusion vers la diversité et la variété des identités organisationnelles.
      Mergers are growth movements that have been expanding throughout the world since the beginning of the last century. Nevertheless, studies demonstrate the failure of much of these initiatives. Explanations of these findings were not only based on strategic and financial preoccupations. They also emphasize human questions related to mergers. Cultural analyses were stressed by researches on post mergers integration but identity dimension is still ambiguous. Organizational identity evolution has been analyzed especially interpretations centrality in adaptation to environment but sensemaking processes have not been explained. Sensemaking is a retrospective social process of giving meanings to situations (Weick, 2005). This article provides a deep understanding of post merger's organizational identity construction within a sensemaking perspective. In contrast to studies which focused on sensemaking in merger contexts, our research stands out by highlighting the inter-organizational level of sense-making within post merger's organizations. In this research we chose the constructivist perspective, which defines organizational identity as a result of a sensemaking process. The empirical study was based on a qualitative research encouraged by studies focused on interpretations. Our study is exploratory because of its conceptual frame and its application in the Tunisian public sector. This article provides a case study of partially merger between two Tunisian public organizations in the domain of management of illness risks. Content analysis of life histories revealed the impact of individual dimensions on construction and evolution of post merger's organizational identity. These dimensions direct identity dynamics towards variety.