Contenu du sommaire : Géopolitique du Nigeria
Revue | Hérodote |
---|---|
Numéro | no 159, 4ème trimestre 2015 |
Titre du numéro | Géopolitique du Nigeria |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Béatrice Giblin p. 3-5
- Le Nigeria, une puissance émergente ou un État failli ? - Marc-Antoine Pérouse de Montclos p. 6-12 Le Nigeria intrigue autant qu'il fait peur par sa capacité de nuisance et de destabilisation régionale. D'un côté, on vante le dynamisme d'une puissance émergente, de l'autre, on déplore son incapacité à endiguer la menace terroriste de Boko Haram. Si, fort de sa puissance démographique et économique, le Nigeria a des ambitions diplomatiques à l'international, la liste des dysfonctionnements est longue : croissance démographique non maîtrisée, chômage des jeunes, corruption généralisée, affairisme de sa classe politique, gabegie de la rente pétrolière, niveaux de criminalité élevés, pauvreté rampante, déliquescence des services publics de base, effondrement du système éducatif, fortes tensions régionalistes, ethniques et religieuses et l'insurrection djihadiste de Boko Haram dans le Nord-Est depuis 2009 n'est jamais que le énième avatar d'un État trop souvent incapable de réguler les conflits autrement que par une répression aveugle et une corruption massive. De fait la fin de la dictature militaire et l'instauration d'une IVe République parlementaire n'ont pas permis de régler les problèmes. Cependant cette démocratie très imparfaite n'a pas complètement démérité car contrairement à l'Afrique francophone, ce pays n'a jamais connu de partis uniques ou de présidents à vie, même du temps des juntes militaires. Pour comprendre la complexité du Nigéria, il convient alors de garder raison.Nigeria intrigues as much as it is feared for its regional trouble-making and destabilisation potential. On one hand, the dynamism of an emerging power is praised whilst, on the other, we lament a weak and disfunctional – or even failed – state, one that is at the very least incapable of stopping the terrorist threat posed by Boko Haram. Due to its demographical and economic strength, Nigeria also has international diplomatical ambitions, however the list of hindrances is long: an out of control demographic growth, youth unemployment, generalised corruption, the political class' business making, waste of the oil profits, high criminality rates, rampant poverty, lack of basic public service, lacking educational system, strong regional, ethnical and religious tensions and Boko Haram's jihadist insurrection in the North-East since 2009 which is only the latest avatar of a state that is all too often incapable of regulating conflicts aside from using blind repression and massive corruption. In fact, the end of the military dictatorship and the establishment of a fourth parlamentary republic did not settle these problems. However, this very imperfect democracy is not completely without merit because, contrary to french speaking Africa, this country has never known single parties and lifelong presidential terms, even during the military dictatorship period. Undestanding Nigeria's complexity relies on reasonable analysis.
- L'héritage spatial de l'Indirect Rule au Nigeria - Vincent Hiribarren p. 13-26 Cet article analyse les dimensions spatiales de la politique britannique de l'Indirect Rule dans le Nigeria de l'époque coloniale. Il examine à la fois la création et les modifications des frontières régionales sur des critères historiques et ethnolinguistiques. Cet article entend démontrer que le rôle politique et constitutionnel donné à ces frontières pendant la décolonisation du Nigeria est essentiel pour comprendre les dynamiques spatiales du Nigeria du XXIe siècle.This article analyses the spatial dimensions of Indirect Rule in colonial Nigeria. It examines both the creation and modifications of the Nigerian regional boundaries based on historical and ethno-linguistic criteria. This article contends that the constitutional and political roles given to the regional borders in the decolonization years are pivotal to understand the spatial dynamics of twenty-first-century Nigeria.
- Minorités et conflits identitaires au sein de la Fédération nigériane : une analyse linguistique et géopolitique - Bernard Caron p. 27-44 Le Nigeria est une Fédération composée d'une inextricable mosaïque linguistique et ethnique correspondant à plus de 500 langues minoritaires, dominées par les trois entités culturelles que forment les Haoussa, les Yorouba et les Igbo. On observe dans le pays la concurrence de deux tendances : une tendance à l'intégration nationale, à la centralisation, via le fédéralisme, et, d'autre part, une tendance à la division en faveur d'unités de plus en plus petites créées par fissiparité, afin d'assurer la représentation des minorités, via la multiplication des États et des collectivités locales à base ethnique. La Fédération est ainsi passée de douze États en 1967, à 19 en 1976, puis 36 en 1996. L'article étudie les mécanismes à l'œuvre dans le problème des minorités au Nigeria, qui sont le principe fédéral, le principe de l'indigénisme, et le principe de l'égalité dans l'allocation budgétaire des États fédérés et des collectivités locales.Nigeria is a federation composed of an inextricable linguistic and ethnic mosaic of more than 500 minority languages, dominated by three major groups: the Hausa, Yoroubas and the igbo. Two tendencies are competing in the country: on the one hand, a tendency leading to national integration, centralization, via federalism; and on the other hand, a tendency toward the division into smaller units, to ensure the representation of minorities, through the proliferation of ethnically based States and Local Governments. The number of States composing the Federation has thus gone from 12 in 1967, to 19 in 1976, then 36 in 1996. This paper studies the mechanisms at work in the problem of minorities in Nigeria, which are the federal principle, the principle of indigeneity and the principle of equality in the revenue allocation to the States and Local Governments.
- Structuration régionale et déterminants ethnoreligieux de la violence politique au Nigeria depuis la fin de la dictature militaire - Corentin Cohen, Hugo Lefebvre p. 45-57 Cet article explore les déterminants de la violence politique au Nigeria à l'appui de données recensant les conflits qui ont impliqué des partis politiques et entraîné des morts entre 2006 et 2014. Il défend l'idée que, depuis la fin de la dictature militaire en 1999, la politique nigériane sous la IVe République reste structurée par les ancrages locaux et régionaux des partis. Partant de la littérature existante qui se focalise sur les confrontations au moment des élections générales, nous montrons d'abord que ces élections ne représentent que la moitié des décès sur la période et que les violences politiques représentent en réalité un phénomène large avec des spécificités et enjeux locaux en dehors des logiques électorales. Dans un second temps, nous montrons que les ancrages régionaux des partis structurent toujours la vie politique nigériane. C'est le cas en ce qui concerne les violences entre partis, qui sont souvent limitées à quelques États où ces partis sont forts et étaient en mesure de contester le monopole du People's Democratic Party (PDP). Les violences intra-partis, peu analysées, confirment aussi le poids des enjeux locaux et la forte implication du PDP. Enfin, les violences entre partis se concentrent dans les États de la Middle Belt en proie à des conflits religieux ou ethniques. Nous analysons l'importance de ces deux facteurs dans les violences de masse et montrons qu'elles sont provoquées par leur imbrication avec la compétition politique.This paper explores the factors of political violence in Nigeria through the analysis of data concerning deadly clashes involving political parties between 2006 and 2014. We claim that Nigeria political system under the 4th republic remains deeply influenced by local and regional logics. Starting from the existing literature – which focuses mainly on clashes during general elections – we demonstrate firstly that deaths occurring during those type of elections account for only half of the total number of casualties. Secondly, we show that the regional organization of political parties still predominates. That is more specifically the case for inter-parties violence, which is concentrated in a few states where local parties were strong enough to contest the monopoly of the ruling PDP. Ignored by the existing literature, inter-parties violence also confirms the importance of local factors and the implication of the PDP. We finally show that inter-parties violence is concentrated in the Middle Belt where ethnic and religious conflicts are most important. Along with political competition, those rivalries explain mass violence. Indeed, events combining both electoral competition and ethnic/religious factors accounted for only 5 % of the total, but caused 75 % of fatalities during the period under review.
- Boko Haram et la souveraineté du Nigeria : une histoire de frontières - Marc-Antoine Pérouse de Montclos p. 58-75 Partie d'une région périphérique dans le nord-est du Nigeria, l'insurrection djihadiste de Boko Haram a fini par ébranler le pays le plus peuplé d'Afrique. En effet, elle a obligé les autorités à repenser la géopolitique des frontières du lac Tchad et, pour la première fois depuis l'indépendance, à admettre le principe d'une intervention de troupes étrangères sur leur territoire, en l'occurrence dans le cadre d'une coalition internationale avec les pays limitrophes, à savoir le Tchad, le Niger et, dans une moindre mesure, le Cameroun. Cet article analyse ainsi la façon dont le panislamisme de Boko Haram revient à nier la réalité du Nigeria tel qu'il existe dans des limites héritées de la colonisation. Face à l'affirmation militaire de la souveraineté nationale des États de la région, il montre également en quoi une frontière poreuse se définit d'abord par les usages que l'on en fait.Born at the periphery of Nigeria, in the North-East, the jihad of Boko Haram has shaken the most populated country in Africa. Indeed, it forced the authorities to take into consideration the geopolitics of Lake Chad and, for the first time since independence, to accept the intervention of foreign troops on their territory, with an international coalition that involves neighboring countries, namely Chad, Niger and, to a lesser degree, Cameroon. This article thus analyses how the pan-Islamism of Boko Haram challenges the colonial legacy of the current borders of Nigeria. It also shows how borders are used as strategic assets both by insurgent groups and governmental forces that try to assert national sovereignties.
- Les limites spatiales de l'insurrection de Boko Haram dans le nord du Nigeria : le cas de Sokoto - Akinola Ejodame Olojo p. 76-85 Une partie considérable du discours sur la crise de Boko Haram se concentre sur l'insurrection dans la région du Borno au nord-est du Nigeria. Peu d'études débattent de la résilience d'autres zones septentrionales qui connaissent pourtant de fortes similitudes sur les plans socioéconomique et religieux. Cet article analyse ainsi le cas de Sokoto, un État du nord-ouest de la Fédération où la capacité à prévenir l'insurrection résulte d'une synergie entre les structures communautaires locales et l'héritage historique d'un califat issu d'un djihad du XIXe siècle, qui permet de se prémunir contre les appels à la guerre sainte de Boko Haram. Tout en se focalisant sur Sokoto, cet article prolonge aussi le débat en s'interrogeant sur certaines difficultés fondamentales qui, si elles ne sont pas bien gérées, pourraient déboucher sur d'autres insurrections.A considerable part of the discourse on the Boko Haram crisis focuses overwhelmingly on troubling accounts of the insurgency in the northeast zone. Few studies discuss the counter-insurgency resilience generated within states in other northern Nigerian zones where the crisis reached, and where there is indeed a strong socioeconomic and religious correlation with affected states in the northeast. This paper immerses our perspective in Sokoto, a state in the northwest zone, where the capacity to deter the insurgency is the result of a societal synergy among communal structures, which although located in the contemporary milieu, draw some inspiration from Sokoto's unique historical legacy of the 19th century jihad. This legacy serves in a way as a collective counter-narrative which effectively confronts the pseudo-narrative (of jihad) pushed by Boko Haram. While acknowledging the strength of the local actors involved in Sokoto, this paper takes the debate further by offering a cautionary note drawing attention to certain fundamental issues which, if not addressed, can undermine efforts in the long run.
- Islam et territoires au Nigeria - Élodie Apard p. 86-98 Le présupposé selon lequel le Nigeria serait divisé en deux espaces distincts, Nord musulman et Sud chrétien, est une idée à déconstruire ; l'existence de territoires religieux homogènes et séparés les uns des autres ne se vérifie pas sur le terrain. Tandis qu'au nord les communautés chrétiennes sont non seulement nombreuses mais géographiquement disséminées, le Sud est loin d'être un bloc monolithique où seul est représenté l'éventail des différents mouvements chrétiens. Le processus d'islamisation a été long et irrégulier ; il s'est déroulé par phases successives, en commençant par toucher les élites urbaines et la religion musulmane n'a atteint l'ensemble des classes sociales qu'au XIXe siècle, à la faveur de l'établissement du califat de Sokoto par Ousmane dan Fodio. Toutefois, si la puissance du califat a permis la construction d'un territoire islamique géographiquement distinct, le modèle hégémonique qu'il incarnait est aujourd'hui largement fantasmé.The idea that Nigeria is divided into two different spaces – a Muslim North and a Christian South – has to be deconstructed. Homogeneous religious territories, separated from each other, are not the reality on ground. In the North, Christians communities are not only numerous but widely dispersed, while the South is far from a monolithic Christian bloc. The islamisation process was long and irregular; it started with urban elites and reached the other social classes in the 19th Century, as a result of the establishment of Usman Dan Fodio's Caliphate in Sokoto. This powerful Caliphate succeeded in building an Islamic territory, geographically defined, and represented a hegemonic model that is now largely fantasized.
- Les visages multiples du christianisme au Nigeria : histoire, dynamique, influence et défis - Jan De Volder p. 99-111 Au Nigeria, l'islam – enraciné depuis des siècles dans le Nord – se sent de plus en plus menacé par le dynamisme des missionnaires chrétiens. Arrivé depuis les côtes atlantiques et le fleuve Niger au XIXe siècle, le christianisme a d'abord vu son expansion vers les régions sahéliennes freinées par le colonisateur britannique, qui voulait préserver l'influence de ses alliés musulmans du califat de Sokoto. Ces dernières décennies, ce sont surtout les Églises africaines néopentecôtistes qui ont développé le christianisme dans le nord du Nigeria. À l'échelle du pays, les chrétiens restent toutefois divisés entre les Églises anglicane, catholique romaine, protestantes traditionnelles et une pléiade de nouvelles Églises de la mouvance évangélique ou pentecôtiste. La Christian Association of Nigeria (CAN) est censée les rassembler mais son unité a été gravement minée par la crise de Boko Haram. Cela étant, une « guerre de religion » peut toujours être évitée car les insurgés ont d'abord et avant tout développé leur conflit à l'intérieur du monde musulman.In Nigeria, Islam – rooted for centuries in the North – is increasingly challenged by dynamic Christians. Christianity presented itself from the coasts and the Niger River in the 19th century. While the English colonial masters limited missionary expansion in the northern territories, neopentecostal African churches introduced Christianity to the north to recent decades. Christians, however, are divided between the Anglican, Roman Catholic, mainstream Protestant churches and an array of new churches in the evangelical or neopentecostal movement. The Christian Association of Nigeria (CAN) is un umbrella for them all, but its unity has been severely undermined. Boko Haram poses a real threat to living together in Nigeria. But as its fight – especially since the election of President Buhari – appears first as a struggle within the Muslim world, a veritable “religious war” can still be avoided.
- Comprendre l'organisation spatiale de Lagos, 1955-2015 - David Lamoureux p. 112-125 Depuis le début des années 2000, Lagos, ancienne capitale du Nigeria, suscite l'intérêt des universitaires comme celui du grand public. Pourtant, malgré ce regain d'intérêt, la ville reste très largement décrite dans des termes peu valorisants. Certains universitaires n'hésitent pas à décrire son évolution comme étant « maladive » tandis que les termes « enfer » ou « anarchie » sont le plus souvent associés par la presse à la mégapole africaine. Il est vrai que sa superficie est difficilement mesurable et sa croissance démographique si rapide qu'elle rend toute mesure presque immédiatement obsolète. C'est cette image d'une ville supposée anarchique que nous analysons. Cet article met l'accent sur l'importance des politiques « formelles » d'aménagement de la ville dans le développement d'espaces urbains « informels » perçus comme étant les symptômes de son anarchie supposée.Since the early 2000s, Lagos, the former capital city of Nigeria, at the forefront of popular and academic interests. Nevertheless, the city remains largely described in rather unflattering terms. Some academics describe its evolution as that of a “disease” while terms such as “hell” or ‘anarchy' remain widely associated with the city in mainstream media. It is true that its real size exceeds largely its official boundaries and its population growth is such that it effectively deters any hope of measuring. Yet, this article claims that its supposed anarchic organization is largely unfounded. It also stresses the importance of public works in the making of informal settlements.
- Activité commerciale et violence au Nigeria : des interactions complexes - Marjolaine Paris p. 126-141 Cet article explore les influences réciproques entre les activités commerciales internationales au Nigeria et les formes de violence dans le pays. Ces dernières sont basées sur différents clivages évolutifs, notamment socioéconomiques, identitaires et religieux, modelés en partie par certaines caractéristiques des relations commerciales internationales. La diversification des secteurs économiques impliqués dans le PIB et dans la balance du commerce extérieur est susceptible de réduire certaines inégalités entre territoires et individus, mais aussi de radicaliser davantage la frontière déjà existante entre « inclus » et exclus. La montée en puissance des acteurs des pays émergents au sein des partenaires économiques vient alimenter la formation d'un groupe social internationalisé se distinguant du reste de la population, clivage lisible notamment dans l'espace urbain. La diversification nationale et socioéconomique des membres de ce groupe fonde également des divisions internes en émergence, qui viennent complexifier les formes de violence.This article analyses the reciprocal influences between international trade and violence in Nigeria. The various types of violence are based on evolving socio-economic, identity-related and religious divisions. These divisions are themselves influenced by some characteristics of international trade. The diversification of the economic sectors contributing to the GDP and to the external trade balance is likely, on the one hand, to reduce some inequalities between territories and individuals, but on the other hand, strengthen the existing gap between those who are “in” and those who are “out”. The rise of emerging countries amongst Nigeria's commercial partners is building up an internationalized social group distinct from the rest of the population. This division is made visible in the urban space. Besides, internal divisions are emerging between the members of this group because of the national and socio-economic diversification process it goes through. All together, the forms of violence are getting even more complex.
- Le pétrole au Nigeria, instrument de puissance et miroir d'une fragilité étatique - Benjamin Augé p. 142-154 Premier producteur de pétrole en Afrique, le pouvoir au Nigeria sera confronté dans les prochaines années à de nombreux défis s'il veut éviter la poursuite du naufrage de ce secteur si central pour son économie. Le mandat du président Goodluck Jonathan, qui vient de s'achever en mai 2015, a considérablement détérioré la confiance des investisseurs pétroliers qui ont diminué leurs activités dans la région riche en hydrocarbures du delta du Niger. Le nouveau chef de la Fédération, Muhammadu Buhari, aura à fort à faire pour récréer les conditions d'une confiance avec le secteur privé, notamment sur des points clés comme la fiscalité, la sécurité, la corruption et le vol du brut sur les infrastructures.The biggest producer of oil in Africa, Nigeria, is facing many challenges. President Goodluck Jonathan, who just left power in May 2015, has largely participated in the deterioration radically diminished their investments in the hydrocarbons rich-province of Niger Delta. The new President, Muhammadu Buhari, will private sector, regarding security, corruption and the massive robbery of crude in the pipelines, better known as oil bunkering.
- Le Nigeria, une puissance continentale imaginaire ? - Steve Page p. 155-165 En analysant la politique et les relations étrangères, de même que les représentations du Nigeria dans les domaines de la migration, de l'économie et du maintien de la paix, cet article pose la question de savoir si la démocratisation en cours donnera au Nigeria les moyens de s'affirmer comme une grande puissance africaine. Les conflits locaux débordant les frontières se nourrissent en premier lieu de déficiences institutionnelles de l'État nigérian. Tant que ces déficiences favorisent l'opacité et la corruption, dont plus d'une multinationale s'accommode, la population bénéficie peu des rapports économiques avec l'étranger et l'aspiration à un meilleur futur outre-mer reste largement partagée. On ne peut prédire quand les projets de pax nigeriana et de rayonnement économique gagneront en crédibilité, mais récemment plusieurs progrès en matière de gouvernance ont permis de surmonter des problèmes jusque-là attribués à la culture locale.Analyzing Nigeria's foreign policy and relations, as well as its representations in the fields of migration, economy and peacekeeping, this article aims to show if Nigeria will be an African big power soon. Local conflicts spilling over borders are primarily fuelled by institutional deficiencies of the Nigerian state. As long as such deficiencies favor opacity and corruption that many multinational corporations support through their practices, the population is not sharing the benefits of foreign trade and keep on dreaming of a better future oversea. Nobody can predict when the projects of pax nigeriana and integrative economic influence will earn more credibility, some progress in governance allowed to overcome problems that were until then attributed to the local culture.