Contenu du sommaire : L'économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique

Cet article a pour ambition de questionner l'usage de la notion de performativité, emprunté à Austin, par une frange de la sociologie s'intéressant au rôle des économistes dans la construction de la réalité sociale. Après avoir montré que cet usage dénature l'approche austinienne, et que cela pose problème en ce qu'il mène à un relativisme heuristiquement peu instructif, on tente d'offrir une perspective alternative. Dans un mouvement de retour à Austin, on utilisera le concept de convention à la Lewis afin de penser la performativité par ses conditions de félicité.

Être écouté par « tout le monde » et voir ses meilleures phrases regroupées dans un recueil de citations, voilà bien deux aspects, liés entre eux, du pouvoir symbolique : cette autorité particulière conférée aux auteurs de certains discours qui peuvent être caractérisés, simultanément, par l'exercice d'une forme de pouvoir. Ces discours ont pour propriété d'être universellement ou quasi-universellement efficaces, en tout cas apparemment.Cet article analyse l'exercice du pouvoir symbolique par les dirigeants de banques centrales et tente de comprendre quels en sont les ressorts profonds.Ceux-ci sont à chercher, en particulier, du côté de différents types de légitimité, parmi lesquels la légitimité scientifique occupe une place particulière.

Faire payer le patient (ticket modérateur, forfait, franchise) est une stratégie qui illustre le pouvoir politique de l'économie mainstream. La théorie économique du « risque moral » considère que les politiques de partage des coûts avec le patient et le développement de l'assurance privée sont de nature à réduire les dépenses de santé sans dommage sur l'état de santé. Cette « leçon » a énormément influencé les décideurs politiques et justifie la privatisation du soin. Cet article montre que l'influence de ce discours théorique est intimement liée au pouvoir des intérêts dominants alors que les preuves empiriques sont aussi inconsistantes que l'approche théorique est déficiente.

Cet article se veut une analyse socioéconomique des forces qui ont fait advenir un nouveau secteur, celui des « services à la personne ». Nous le faisons en nous intéressant non seulement au « contenu » (c'est-à-dire aux idées, aux arguments, aux images) de ce qui est véhiculé pendant la période de construction de son avènement, mais aussi aux conditions sociales de la légitimation de ce secteur, en nous intéressant à celles et ceux qui ont rendu ces contenus légitimes, et qui, ce faisant, on fait advenir une réalité.

Les sciences économiques décrivent et prescrivent à la fois. Pourquoi mêlent-elles ces deux rôles alors que les autres sciences les distinguent ? Pour répondre à cette question l'auteur commence par rappeler la distinction entre les actes performatifs assumés explicitement et ceux qui sont effectués implicitement sous le couvert d'énoncés descriptifs, comme le font les théories économiques. Il montre ensuite, en prenant l'exemple de représentations sociocosmiques de l'ancienne Égypte, puis de la théologie médiévale comment ces sociétés ont dû, elles aussi, se référer à un ordre qui est, et qui est ce qu'il doit être. La thèse générale de l'article est que les sociétés humaines doivent nécessairement instituer un monde commun, et que, pour assurer la crédibilité de ce cadre, il leur faut faire comme si elles ne l'avaient pas créé.

L'article vise à examiner la prolifération des réseaux coopératifs dans la Grèce rurale de l'entre-deux-guerres via l'analyse du cas thessalien. Son objectif principal est de souligner les enjeux des acteurs, le poids des traditions et des blocages sociaux. On examine donc les variables du changement rural dans la Grèce au lendemain de la première guerre mondiale, en utilisant la microanalyse de ces réseaux thessaliens locaux. Cette étude démontre le rôle primordial et impératif de l'État en ce qui concerne la régularisation de l'économie agraire et l'influence de cette intervention à l'échelle régionale, reposant sur une exploitation d'archives locales.