Contenu du sommaire : La féminisation de la politique aux États-Unis
Revue | Politique Américaine |
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Numéro | no 27, 2016/1 |
Titre du numéro | La féminisation de la politique aux États-Unis |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Alexandra de Hoop Scheffer, François Vergniolle de Chantal p. 5-8
- Introduction : Femmes et/en politique aux États-Unis - Aurélie Godet p. 9-14
- La difficile ascension des femmes aux fonctions exécutives fédérales aux États-Unis - Elisabeth Vallet p. 15-32 Si les femmes sont présentes à Washington en nombre croissant, et ce dans les trois branches du gouvernement, cette tendance ne peut occulter le fait qu'elles demeurent encore très largement sous-représentées, particulièrement au sein de la branche exécutive fédérale. Ainsi, les hautes fonctions de la République américaine restent hors de portée des femmes, particulièrement lorsqu'elles touchent à la dimension régalienne de l'État, et donc a fortiori à la présidence. Ce travail de recherche analyse la permanence des représentations traditionnelles de genre, qui demeurent peu perméables à une vision alternative du pouvoir exécutif, et l'impact de ces dernières sur les élections présidentielles.More and more women reach high-level positions within the three branches of the federal government. Such a trend needs to be assessed with caution, however : women are still chronically under-represented, particularly at the cabinet level and within the executive branch. Positions that deal with “regal” issues (defense, justice, etc.) remain largely out of their reach and as a consequence, so does the presidency. This article assesses the permanence of traditional gender representations and the way they prevent any possible alternative vision of executive power.
- « Madame Smith Au Sénat » : l'impact des femmes sur la Chambre haute du Congrès - Aurélie Godet p. 33-61 Depuis 1922, seules quarante-six femmes ont siégé à la Chambre haute du Congrès américain. Sans surprise, l'essentiel des travaux scientifiques sur les femmes au Sénat porte donc sur la question de leur sous-représentation et de ses raisons. Aussi crucial soit-il, ce problème rejette dans l'ombre trois questions tout aussi importantes : les sénatrices occupent-elles des positions de pouvoir au sein de l'institution ? Leur comportement législatif est-il différent de celui de leurs collègues masculins ? Sont-elles des parlementaires efficaces ? Sur la base de témoignages, de statistiques et de travaux de recherche antérieurs, cet article offrira une évaluation aussi complète que possible de l'influence exercée par les femmes au/sur le Sénat depuis les années 1920.Only forty-six women have served in the U.
S. upper house since 1922. Unsurprisingly, most of the scientific literature on women senators focuses on the reasons for their underrepresentation. However crucial, the problem overshadows other important issues such as : exactly how much power do women wield in the Senate ? Is their decision-making style fundamentally different from male senators' ? Are they effective legislators ? Confronting female senators' accounts with statistics and previously published research, this article will try to provide a comprehensive, up-to-date assessment of the impact women have had in/on the Senate since the 1920s. - Le lobbying des suffragistes au Congrès (1913-1920) - Claire Delahaye p. 63-83 Cet article étudie l'influence du lobbying des suffragistes sur le Congrès fédéral entre 1913 et 1920. Il analyse la stratégie et les tactiques développées par les organisations suffragistes, méthodes qui ont inspiré d'autres groupes de pression après l'adoption en 1920 du 19e amendement accordant le droit de vote aux femmes. Le lobbying des suffragistes s'est efforcé de donner de la visibilité à la cause et a mobilisé l'opinion publique américaine afin de faire pression sur les membres du Congrès.This paper explores the lobbying efforts of the woman suffrage movement in the US Congress between 1913 and 1920. It analyzes the strategy and methods developed by women suffrage organizations that have been deemed very influential on other pressure groups since the passage of the 19th amendment, granting women the right to vote. The suffragists made their lobby visible and used American public opinion to pressure congressmen.
- Les organisations féministes américaines à l'ONU : un exemple de diplomatie citoyenne - Fatma Ramdani p. 85-112 Les organisations féministes américaines ont fait des quatre conférences onusiennes sur les femmes (1975-1995) et des congrès des ONG organisés en parallèle un nouvel espace de revendications et de militantisme transnational. Vingt années de mobilisation indéfectible leur ont permis de bouleverser le champ des relations internationales et les ont érigées en actrices du changement social. Leur continuelle exclusion du banc des négociations lors des conférences de la « Décennie des femmes » (1975-1985) les a poussées à impulser une lecture féministe des problèmes contemporains dans la conceptualisation du discours démographique à l'ONU. Dans le contexte de l'après-guerre froide, appuyées par l'Administration Clinton, elles se sont inspirées de leurs propres institutions et ont lancé le Women's Caucus. L'efficacité et le professionnalisme de ce mécanisme de lobbying et de plaidoyer ont transformé les organisations féministes américaines en partenaires officielles de l'ONU.American feminists used the four United Nations Conferences on Women (1975-1995) and their NGO congresses as new venues to frame a feminist agenda and promote transnational activism. Twenty years of unflagging diligent mobilization heralded a new era in the field of international relations and transformed American feminists into a powerful force for social change. As they were continuously excluded from the negotiation process during the UN Decade for Women (1975-1985), American women activists embarked upon injecting a new feminist perspective in the UN's population and development discourse. In the post-Cold War era and with the support of the Clinton Administration, they drew on their home institutions to launch the “Women's Caucus.” Thanks to this powerfully efficient lobbying and advocacy tool, American feminist activists emerged as official UN partners.
- De la sphère domestique à la sphère politique : l'engagement des militantes Tea Party - Marion Douzou p. 113-129 Onévalue souvent l'influence des femmes en politique à l'aune du nombre de sièges et de postes qu'elles détiennent dans les enceintes du pouvoir. Une grille d'analyse fondée sur ce seul critère n'épuise pas une réalité complexe, d'où l'intérêt d'examiner le rôle que les femmes jouent dans la mobilisation du Tea Party, mouvement qui se veut dans une large mesure non institutionnel. Tous les observateurs soulignent qu'elles y sont à la fois nombreuses, influentes et qu'elles y tiennent des emplois inédits. Elles y occupent ainsi bien souvent une place de porte-parole. L'hypothèse testée ici est que la redistribution des cartes à l'œuvre au sein du Tea Party est liée à des déclinaisons multiples et parfois contradictoires de la figure de la « mère au foyer ». Bien entendu, l'engagement des femmes et des mères au foyer n'est pas né avec le Tea Party. De Phyllis Schlafly à Jenny Beth Martin, il y a une tradition de lutte. La spécificité de l'engagement des femmes dans le Tea Party serait d'être une forme d'émancipation qui s'opère dans le cadre de représentations et de revendications extrêmement traditionnelles et conservatrices. En somme, la défense des traditions serait, en l'espèce, porteuse de nouveauté. Cette grille de lecture a fait l'objet d'une enquête de terrain en Pennsylvanie à travers une collecte de témoignages oraux et une observation des pratiques militantes à la base.Women's influence in politics is often gaged by how many seats they hold in various elected offices. This criterion seems insufficient. Studying the role women play in the Tea Party, a movement which is primarily grassroots, seems to offer new ways of understanding women's contribution. All accounts of the movement emphasize that women are present in the Tea Party in great numbers, that they have an influential role and sometimes are present in positions in which they were not before. These women present themselves first and foremost as “stay-at-home moms”. In using this representation, they build on the involvement and the tactics of conservative women before them. From Phyllis Schlafly to Jenny Beth Martin, women have always had an important place in conservative social movements. The particularity of the involvement of women in the Tea Party would reside in the various roles they play which are deeply intertwined with very traditional and conservative representations. The defense of tradition itself would lead to the creation of a new political role. This hypothesis is presented using a number of interviews conducted in Pennsylvania over the past year and a close observation of various meetings of activists.
- Le débat sur les violences faites aux femmes aux États-Unis : les limites du consensus - Pauline Delage p. 131-145 Alors que, depuis sa promulgation en 1994, le Violence Against Women Act était jugé consensuel, son renouvellement a généré des débats entre républicains et démocrates en 2011. Ce débat a été l'occasion d'interroger les fondements de ce consensus, qui, en creux, reflète les contours de la formulation du problème public des violences faites aux femmes, et en particulier de celui de la violence conjugale, aux États-Unis. Retracer l'histoire du problème public souligne alors les questions politiques qu'il continue de soulever dans les mondes universitaire et associatif. En effet, les politiques publiques de lutte contre les violences conjugales font toujours l'objet de « luttes définitionnelles » qui mettent en avant la manière de penser l'influence du genre et des rapports sociaux dans la sphère intime.Although the Violence Against Women Act had been considered consensual since its passage in 1994, its reauthorization sparked debates between Republicans and Democrats in 2011. This controversy provides an opportunity for questioning this supposed consensus which reflects how the public problem of violence against women, and most specifically domestic violence, has been formulated in the United States. Retracing the history of the public problem thus highlights the political issues it raises in the academic and non-profit organizations' worlds. Policies against domestic violence indeed remain an object of “definitional struggles” which shed light on how the influence of gender and social relationships in the private sphere is thought out.
- Entretien avec Vincent Michelot et Jennifer Merchant - Aurélie Godet p. 147-152
- Compte-rendu d'ouvrages - p. 153-165