Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue internationale de politique comparée |
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Numéro | vol. 22, no 1, 2015 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Hauts fonctionnaires et organisations régionales en Amérique centrale : émergence informelle du supranationalisme - Kevin Parthenay p. 7-31 L'objet de cet article est le processus d'institutionnalisation du Système d'Intégration Centraméricain (SICA). Malgré les critiques, l'inefficacité et les échecs de réformes, le SICA s'est transformé en profondeur depuis sa création en 1991. Pour comprendre le changement, nous adoptons une approche sociologique de l'intégration. Ainsi, nous empruntons à la sociologie politique et à la sociologie du changement en organisations internationales afin d'identifier les facteurs du changement au sein du SICA. Dans cet article, nous utilisons deux variables : l'ambigüité institutionnelle et les dispositions individuelles. Nous étudions d'une part le contexte organisationnel dans lequel les acteurs sont amenés à se mouvoir ainsi que les trajectoires socioprofessionnelles de ceux-ci par le biais d'une analyse prosopographique. Les données utilisées dans cet article sont le produit de trois terrains de recherches réalisés en Amérique centrale entre septembre 2009 et juillet 2012.This article deals with the institutionalization process of the Central American Integration System (SICA). Despite critics of inefficiency and failed reforms, SICA has deeply changed since its creation in 1991. To explain this process, we use a sociological approach of regional integration that borrows from political sociology and sociology of change in international organizations. To understand the drivers of informal change, we consider institutional ambiguity and individual competences. On the one hand, we study the organizational context in which actors are encouraged to act as well as their socio-professional trajectories. The data used in this article are the product of three research fields made in Central America between September 2009 and July 2012.
- L'unité du Génie militaire et l'intimidation armée au Gabon : Les motivations professionnelles du racket des « gens d'armes » - Axel Augé p. 33-58 En 2012 l'unité du Génie militaire se déploie dans les quartiers de Kinguélé et Akébé-Ville pour distribuer l'eau aux habitants. Au cours de cette mission, des soldats 2e classe intimident et rackettent la population. Cet article montre que l'intimidation des habitants par les soldats du Génie de l'armée de terre gabonaise tient à des enjeux socioprofessionnels qui nuancent l'interprétation politique du phénomène. L'accent est mis sur la condition sociale des militaires du rang étudiée comme un groupe professionnel distinct de leur hiérarchie. Dès lors, l'intimidation s'interprète d'abord comme l'externalisation de la frustration d'une troupe en désespérance sociale ensuite comme un phénomène régulateur à la fois de la profession militaire et du système politique autoritaire qui met en concurrence ses forces armées.In 2012, militaries units deployed in Kinguele and Akebe-Ville districts have mission to give water in civil population. During civil-military operation, a part of soldiers intimidated and extorted money from population. This article explains that intimidation phenomenon by Gabonese soldier is based on professional's motivations, not only political logic. The article is focused on the soldier's social condition which appears as a professional group different from their hierarchy. The intimidation phenomenon is interpreted at first as professional frustration of the troop. The intimidation phenomenon is not only dependant of the authoritarian political system, it's depending economics logics.
- L'espace des politiques mémorielles locales. Variables territoriales et part du national dans quatre anciens ports négriers de France et du Royaume-Uni - Renaud Hourcade p. 59-82 Cet article propose une analyse comparée des politiques mémorielles locales mises en œuvre dans quatre anciens ports négriers de France et du Royaume-Uni : Nantes, Bordeaux, Liverpool et Bristol. Reposant sur des données recueillies par un travail empirique, il élabore une comparaison de niveau intermédiaire permettant le repérage des variables qui expliquent les formes contrastées prises par les politiques mémorielles dans ces quatre villes. La question à résoudre porte sur l'impact respectif des variables territoriales et nationales dans les orientations données à cette politique. Il apparaît que certaines différences entre villes s'expliquent par les configurations particulières des territoires sous deux aspects : la politisation du dossier et son association à d'autres politiques municipales. En revanche, le contenu de la politique suivie et les instruments choisis dérivent de référentiels cognitifs qui échappent à l'espace local : les villes britanniques mettent en œuvre une politique de reconnaissance de la communauté noire, dans le cadre britannique des race politics tandis que les villes françaises déclinent localement l'approche nationale colour-blind des enjeux identitaires.In this article, four cities are compared: Nantes, Bordeaux, Liverpool and Bristol. They have in common a difficult past as slave trade ports and the fact that they have launched policies of memory in order to recognising it. Based on empirical data, the article offers a medium range comparison, suited to identify the factors that explain the stark differences between the policies of memory of the four cities. The goal of the analysis is to assess the impact of territorial factors and of national ones in the making of a specific local policy of memory. Some of the differences can be explained by local parameters, such as the level of politicization of the memory issue, or its association to other field of local policies. Other differences can only be derived from a non-local factor: the weight of national ideologies of identity. British local actors base their memory action upon multiculturalism and the recognition of a “black community” while the French local actors refuse such association, in line with a prevalent national “colour-blind” perspective. In this respect, it appears that local authorities remain strongly dependent from ideological frames that are set at the national level.
- La participation électorale au prisme de la variable ethnique. Premiers résultats et perspectives de recherche - Julien Audemard, David Gouard p. 83-114 La variable ethnique est rarement mobilisée pour expliquer la participation électorale. Lorsque c'est le cas, les études soulignent régulièrement le fait que la proximité à des groupes ethniques minoritaires est un facteur d'abstention. Le présent article examine au contraire l'hypothèse inverse : dans quelle mesure l'appartenance à des groupes ethniques minoritaires peut-elle être un facteur de participation électorale ? L'analyse s'appuie sur une étude empirique de la participation électorale de 10 475 électeurs répartis dans dix bureaux de vote à Montpellier lors des élections présidentielle et législatives de 2012. À partir de l'analyse des listes d'émargement de ces bureaux, et en croisant ces informations avec les bases de données INSEE, nous avons pu estimer le poids de la variable ethnique sur la participation. La comparaison des résultats obtenus pour chacun des bureaux de vote, sélectionnés en raison de leurs situations spatiales et sociales contrastées, montre que les Français issus de l'immigration maghrébine vivant dans les quartiers populaires de la ville se sont plus mobilisés que les Français issus de cette même région d'émigration vivant dans les quartiers de classes moyennes lors de l'élection présidentielle. Ce résultat suggère que l'appartenance ethnique peut, sous certaines conditions, jouer un rôle positif du point de vue de la mobilisation électorale. Nos résultats montrent que l'impact de l'appartenance ethnique sur la participation électorale est déterminé à la fois par le statut social de l'électeur, des facteurs relatifs au contexte social et par la conjoncture médiatique propre à certains scrutins.The variable of ethnicity is rarely used for explaining electoral participation. When they do so, social surveys usually underline the fact that belonging to ethnic minorities is a factor of electoral abstention. This article analyses the contrary hypothesis: how can ethnicity be a factor of electoral participation ? To answer this question, the article is based on a study of the electoral participation of 10475 voters from 10 voting stations of the city of Montpellier during French 2012 presidential and legislative elections. From the study of voting lists and by crossing these informations with census data of INSEE, we have estimated the impact of ethnicity on electoral participation. The comparison of the results obtained for each voting stations, selected on the base of their geographic and sociologic situations, shows that French voters belonging to ethnic minorities living in popular estates were more mobilized than French voters belonging to ethnic minorities living in middle class areas during the French presidential election. This result, surprising because these populations vote generally less than others, suggests that ethnicity can, under some conditions, play a positive role over electoral mobilization. Our results suggest that the impact of ethnicity on electoral participation is determined both by voters' social status, some factors relied to social context and by the electoral and media context.
- Traditions étatiques et régimes linguistiques : comment et pourquoi s'opèrent les choix de politiques linguistiques ? - Linda Cardinal, Selma Sonntag p. 115-131 Grâce à la combinaison des concepts de régime linguistique et de traditions étatiques et des outils d'analyse de la politique comparée, aux premiers rangs desquelles nous retrouvons les notions de dépendance au sentier et de points tournants, l'article propose une approche pour expliquer les choix de politiques linguistiques au sein des différents États. Les auteurs soutiennent que même lorsque les traditions étatiques dans un pays peuvent reposer sur la représentation des citoyens comme des locuteurs unilingues, cette dernière n'a rien de naturel ou de nécessaire. Grâce au concept de régime linguistique et de traditions étatiques, l'approche proposée dans ce texte considère que l'État gouverne les langues et organise la diversité linguistique comme il le fait pour d'autres biens sociaux et en fonction d'autres enjeux. L'État gouverne les langues par le moyen d'instruments, en l'occurrence par les politiques linguistiques. Sans une approche dynamique reposant sur le pourquoi et le comment des politiques linguistiques, le travail de description risque de s'enliser dans une dimension statique et se priver de toute capacité d'explication des phénomènes étudiés. De plus, les concepts analytiques de régime linguistique et de traditions étatiques permettent de placer la réalité empirique de la diversité linguistique à l'avant-scène du débat sur les politiques linguistiques. Grâce à ces concepts, s'ouvre à nous un nouvel espace de délibération pour la mise en récit d'une autre histoire des politiques linguistiques et à une meilleure compréhension des choix de politiques linguistiques d'un pays à l'autre ainsi que sur le plan international.Combining the concepts of language regime and state traditions with the tools of comparative politics, which include the concepts of path dependency and critical junctures, the article proposes an explanation to language policy choices in a variety of states. The authors argue that even if a state traditions rests on the representation of the unilingual citizen, such representation is not natural or necessary. Thanks to the concept of language regime and state traditions, the article argues that the state governs languages and organises linguistic diversity as it does with any other social goods and issues. The state governs languages through language policies. Without a dynamic approach to address the why and how of language policies, descriptive studies of language policies can become static and lack any explanatory value. Analytical concepts such as language regime and state traditions help place the empirical reality of linguistic diversity at the forefront of the debate on language policies. These concepts provide a new space of deliberation for debating language policies among political scientists, including both comparativists and political theorists, and sociolinguists.
- Recensions - p. 133-141