Contenu du sommaire : La Russie et l'Antiquité. La litérature et les arts XIXe-XXe siècles
Revue | Revue des Etudes Slaves |
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Numéro | vol. 87, n° 1, 2016 |
Titre du numéro | La Russie et l'Antiquité. La litérature et les arts XIXe-XXe siècles |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
La Russie et l'Antiquité. La litérature et les arts XIXe-XXe siècles. Nadia Podzemskaia (Dir.)
Introduction
- "Héros de l'image" - Nadia Podzemskaia p. 7-16
Articles
- Alcibiade et son image. A propos d'une épigramme d'Evgenij Baratynskij = Alcibiades and his image: Some Considerations on an Epigram by Evegeny Baratynsky - Natalia Mazur, Anna Joukovskaia [Trad.] p. 17-34
- Binômes, opposition, répétition, contraste : les racines mythologiques des catégories esthétiques d'Ol'ga Frejdenberg = Duality, Opposition, Parallelism and Binary Oppositions: The Mythological Roots of Olga Freidenberg's Aesthetic Categories - Nina Braginskaja, Galina Ackerman [Trad.] p. 35-51 L'article est consacré aux travaux de la spécialiste de lettres classiques Ol′ga Frejdenberg (1890-1955). Persécutée et pratiquement pas publiée de son vivant, elle ne fut pas davantage reconnue après sa mort, en raison de sa collaboration avec Nikolaj Marr au début de sa carrière. Dans les années 1970, le milieu sémiotique russe s'intéressa à elle; on republia ses travaux (une centaine) et on écrivit à son sujet (environ deux cents publications), en différentes langues.La base de sa recherche était l'antiquité, mais son approche était comparatiste et concernait l'Orient ancien, l'Inde, le Moyen Âge européen, l'antiquité la plus tardive. Ses travaux ne se limitaient pas à la littérature, faisaient appel à la philosophie, à l'art, à la religion, à la mythologie. Analysant et conceptualisant un matériau varié et hétérogène, Frejdenberg a créé une théorie originale de la dynamique culturelle, une « sémantologie », théorie de la naissance du sens, qui, par certains aspects, devance certains acquis de la philosophie occidentale et de savants précis, les conceptions de Baxtin, les idées de Jung et de Cassirer, de Lévi‑Strauss, les recherches cognitivistes de George Lakoff. L'article expose de manière succincte un des axes de sa théorie, lié à l'idée de double, de parallélisme et d'oppositions binaires.The article focuses on the main theoretical ideas of Russian classicist Olga Freidenberg (1890‑1955). Few of her works were published during her lifetime due to Stalinist persecutions and defamation, and because of her being associated with Marr, with whom she collaborated at an early stage of her career, her written heritage remained in oblivion until the 1970s. At that point, Russian semioticians took an interest in her and about a hundred of her posthumous works were published in different languages and about two hundred books, papers and dissertations devoted to her ideas and writings were printed. Although the basic material of Freidenberg's researches was classical, her work was a comparative one and dealt with the ancient Orient, ancient India, the European Middle Ages as well as with primitive cultures. They were not limited to literature, but also dealt with philosophy, art, religion and mythology. By analyzing and conceptualizing diverse and heterogeneous material, Freidenberg has created her own theory of cultural dynamics, creation and development of meaning and interchange of image and concept (‘semantology'). She anticipated in her writings many of the achievements of Western philosophy and specific sciences, Bakhtin's theories, the ideas of Jung, Cassirer and Levi‑Strauss, the cognitive methods of George Lakoff. The article is an attempt to summarize one of the lines of her theory associated with the concept of duality, opposition, parallelism and binary oppositions.
- "Cose antichissime, e nueve a' moderni animi" : Alberti et l'Antique selon Vasilij Zubov = 'Cose antichissime, e nueve a' moderni animi': Alberty and Antiquity according to Vasilii Zubov - Pierre Claye p. 53-60
- Le parcours scientifique d'Aleksandr Gabricevskij et son esthétique du vase = Alexander Gabrichevsky's Scholarly Career and his Aesthetics of the Vase - Nadia Podzemskaia p. 61-78 Le travail d'Aleksandr Gabričevskij (1891‑1968) au Musée des beaux-arts de Moscou en 1918‑1922 semble avoir été un bref épisode, presqu'une parenthèse dans le destin scientifique de cet intellectuel connu surtout pour ses études sur la Renaissance italienne, notamment sur l'architecture. Or ses écrits sur les vases grecs rédigés à l'époque font partie d'un grand projet théorique visant à renouveler les méthodes d'une histoire de l'art sclérosée, selon lui, par les principes de l'école formelle allemande.Reconsidérant les notions fondamentales de la théorie artistique, Gabričevskij essaie de dégager leur valeur philosophique et de réexaminer avec leur aide l'histoire de l'art eu égard à l'espace et au temps. L'art ancien, et notamment la céramique grecque, n'ayant pas été touché par les formalistes (Wölfflin, Hildebrand) lui semble correspondre le mieux à ses ambitions théoriques. À partir d'observations sur la surface courbe du vase, il arrive à une nouvelle caractérisation de la surface artistique, devant sans doute répondre à une discussion lancée par les constructivistes adeptes de la faktura ; d'autre part, il murit une réflexion anthropologique sur le vase comme un organisme plastique, dont les fonctions relèvent de ses gestes.The work of Alexander Gabrichevsky (1891-1968) at the Moscow Museum of Fine Arts in 1918‑1922 appears to have been a brief episode, almost an interlude, in the scholarly career of an intellectual who was primarily known for his studies of Italian Renaissance art and, in particular, architecture. Yet the works on Greek vases that he wrote at the time were part of a major theoretical project that aimed to renew the methods of art history. According to Gabrichevsky, the latter had been fossilized by the principles of the formal German school. Reassessing the fundamental notions of art theory, Gabrichevsky tried to bring out their philosophical value and use them to reexamine art history from the standpoint of space and time. Since ancient art and, in particular, Greek ceramics had not been treated by the formalists (Wölfflin, Hildebrand), they were particularly well suited, in Gabrichevsky's opinion, for his theoretical ambitions. On the basis of observations of the curved surface of the vase, he came up with a new description of the art surface, undoubtedly replying to the discussion launched by the Constructivists who were adepts of faktura. At the same time, he developed an anthropological approach to the vase as a plastic organism whose functions derive from its gestures.
- ЗАгяНскАя Галина, Концепция древнегреческого рельефа как основа теории художественной формы Владимира Фаворского: мате-риалы к истории формального метода в России = Vladimir Favorsky, his Views on Classical Antiquity Traditions and his Theory of Greek relief: Towards a Story of the Formal Method in Russia - Vladimir Favorsky p. 79-92
- Résumé de l'article précédent. L'interprétation du relief grec par Vladimir Favorskij (1886-1964) et sa théorie de la forme artistique : éléments pour l'histoire de la méthode formelle en Russie - Vladimir Favorsky p. 93-94
André Grabar et la filliation entre l'art antique, l'art byzantin et russe ancien dans l'historiographie russe = André Grabar and the Continuity Between Antique, Byzantine and Ancient Russian art in Russian Historiography
- Olga Medvedkova p. 95-106Cet article évoque un aspect méconnu de l'œuvre du grand byzantiniste français d'origine russe André Grabar. Il s'agit de la genèse de l'une de ses idées principales, celle qui consiste à affirmer la continuité entre l'art antique et l'art byzantin et russe ancien. Selon nous, cette idée prend naissance dans l'enseignement qu'André Grabar a reçu de Nikodim Kondakov, lui-même héritier de Fedor Buslaev. C'est dans les ouvrages de ce dernier, jamais traduits en aucune langue occidentale, que nous trouvons la racine de l'une des intuitions grabariennes les plus profondes, selon laquelle, à l'intérieur du patrimoine figuratif gréco-romain, l'iconographie byzantine choisissait et retenait les caractéristiques d'un langage technique, issu de l'ensemble des artes memoriae.This paper deals with a lesser known aspect of the work of André Grabar, the great French Byzantinist of Russian origin. That is, the genesis of one of his main theories, the continuity between antique, Byzantine and ancient Russian arts. According to us, this idea has its roots in the teaching Andre Grabar received from Nikodim Kondakov, himself the heir of Fedor Buslaev. It is within the works of the latter, never translated into any European language, that we find the root of one of Grabar's most profound intuitions: the Byzantine iconography would choose and preserve from the body of the Greco-Roman figurative culture its idiomatic characteristics, as a technical language deriving from the artes memoriae.
Chronique Bibliographique
Comptes rendus
- Mouchard Florent. La Maison de Smolensk : une dynastie princière du Moyen Âge russe (1125-1404), 2015 - Gail Lenhoff p. 107-109
- Sarga Moussa et Alexandre Stroev (Dirs.). L'invention de la Sibérie par les boyageurs et écrivains français (XVIIIe-XIXe siècles), 2014 - Michel Mervaud p. 109-112
- Patrick Lally Michelson, Judith Deutsch Kornblatt. Thinking Orthodox in Modern Russia: Culture, History, Context, 2014 - Françoise Lesourd p. 113-116
- Dulguerova Elitza. Usages et utopies : l'exposition dans l'avant-garde russe pré-révolutionnaire (1900-1916), 2015 - Olga Medvedkova p. 117-118
- Wollman Slavomír. Milos Zelenka (Ed.). Slovanské literatury ve stredni Evrope, 2013 - Michel Aucouturier p. 118-119