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Revue | Revue historique |
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Numéro | no 678, avril 2016 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Acteurs et espaces de la renommée universitaire. Jalons pour une histoire des messagers de l'université de Paris à la fin du Moyen Âge - Antoine Destemberg p. 3-32 L'historiographie attribue traditionnellement à l'université médiévale de Paris l'initiative d'un développement précoce du réseau de messagers qui, couvrant un large espace européen, assura le lien entre des écoliers déracinés et leur milieu d'origine. Si la documentation atteste, dès la fin du XIIIe siècle, l'activité de messagers au service des membres de l'université parisienne, elle ne permet pas, toutefois, d'observer l'existence d'une messagerie institutionnalisée avant le milieu du XVe siècle. Organisé au sein des nations universitaires, le réseau de messagers couvrait chaque diocèse pourvoyeur en maîtres et écoliers, ainsi que quelques villes importantes. L'examen de la documentation universitaire de la pratique permet d'esquisser une anthropologie de l'information, attentive aux acteurs, à leurs gestes et aux conditions d'exercice de leur fonction. Elle permet de révéler les contours d'une institution pléthorique, qui constitua, dans les derniers siècles du Moyen Âge, un enjeu de pouvoir et un instrument de contrôle de la renommée universitaire.Actors and areas of the university reputation. The messengers of the University of Paris and information at the end of the Middle Ages
Historiography traditionally confered to the medieval University of Paris an early development of messengers network, covering a large European area. This network was meant to assure the link between foreign students and their initial environment. If documentation, dating from the late 13th century, attests an activity of messengers in the service of members of the Parisian university, it does not allow, however, to observe the existence of an institutionalized messaging board before the middle of the 15th century. Organized within university nations, the messengers network included each diocese of which masters and scholars were coming from, and some other major cities. The examination of the academic practice documentation allows to suggest an anthropology of information, attentive to actors, to their actions and conditions of practicing their office. It allows to draw the outlines of a late Middle Ages oversized institution, which has become a power issue and control instrument of university reputation. - La forme de la prédication à Berne au XVI e siècle - Max Engammare p. 33-58 On connaît peu de choses de la forme de la prédication au siècle des Réformes protestantes, en particulier dans ses premières décennies, quand les traités d'homilétique réformée étaient rares ou restaient à écrire. L'historiographie s'est en effet davantage focalisé sur le contenu que sur le contenant et a trop vite conclu, à l'exemple de la pratique genevoise, que la forme de la prédication se limitait à une reprise de la prédication en suivant verset à verset tout un livre biblique (lectio continua). Après avoir étudié les formes de la prédication à Bâle et à Zurich, cet article constitue le troisième volet de la recherche, en s'intéressant à Berne, troisième et dernier lieu majeur de la Suisse de langue germanique. Il s'est d'abord agi de lire et d'analyser les sources institutionnelles et politiques, ordonnances ecclésiastiques et Agenbüchlein. Dans un second temps, ce sont des sermons manuscrits (la publication de sermons contemporains était alors rare) qui sont étudiés. On constate que les autorités politiques et religieuses ne légifèrent pas sur la forme du sermon, comme à Bâle et à Zurich, alors qu'on relève, en passant, le sermon très intéressant d'un pasteur bernois qui, en 1567, prêche contre l'alliance avec la France, et ce en accord avec les autorités politiques. On montre que l'usage d'un lectionnaire en relation avec certaines fêtes chrétiennes ancestrales a été maintenu à Berne, comme à Bâle et à Zurich, tout au long du XVIe siècle, contrairement à ce qui se faisait à Genève.The preaching form in Bern in the 16th century
We know a little about the preaching form during the first century of the Reformation, in particular in its first decades, when the treaties of reformed homiletics were rare or not yet composed. The historiography focused indeed more on the contents than on the shape, and too fast concluded, considering the Genevan practice, that the formal reformed preaching limited itself by following verse with verse a whole biblical book (lectio continua). Having studied the preaching forms in Basel and in Zurich, the author comes to Bern, the third and last major place of German Switzerland. It was a question at first of reading and of analyzing the institutional and political sources, the ecclesiastical prescriptions and the so-called Agenbüchlein. Secondly, handwritten sermons are studied. We notice that the political and religious authorities do not legislate on the form of the sermon, as in Basel and in Zurich, while we find a very interesting sermon of a Bernese pastor which, in 1567, preaches against the alliance with France, obviously in agreement with the political authorities. We show that the use of a lectionary in connection with some ancestral liturgical days was maintained in Bern, as in Basel and in Zurich, throughout the 16th century, contrary to what was made in Geneva. - La captivité des combattants irlandais de la Première Guerre mondiale : propagande de guerre, transferts de loyauté et résistances - Emmanuel Destenay p. 59-80 Pendant la Première Guerre mondiale, les prisonniers de guerre irlandais bénéficient d'un traitement singulier. Le gouvernement allemand sépare les captifs irlandais des autres prisonniers britanniques quelques mois après le début des hostilités et les regroupe dans un seul et même camp. Nourriture abondante, conditions de détention enviables, possibilités de lire et de fumer ; tout cela tranche singulièrement avec le sort des prisonniers de guerre ordinaires. Lorsque les hommes reçoivent la visite de Sir Casement, ancien diplomate britannique sensible à la cause nationaliste et fervent défenseur d'une indépendance irlandaise, les prisonniers comprennent que les Allemands espèrent les inciter à renier l'uniforme britannique. En cherchant à instrumentaliser les tensions historiques entre l'Irlande et la Grande-Bretagne, les Allemands réfléchissent au moyen de lever une brigade irlandaise qui combattrait contre l'armée britannique en Irlande. Les mauvais traitements que subissent ensuite les prisonniers s'inscrivent ici dans une volonté de les forcer à trahir la Grande-Bretagne. Alors que les violences envers les prisonniers de guerre visent généralement à briser les résistances individuelles ou à faire pression sur les gouvernements ennemis, les punitions endurées par les captifs irlandais s'inscrivent ici dans un dessein visant à les inciter à renier l'uniforme britannique et à rallier la cause allemande.Irish prisoners during the First World War : war propaganda, transferts of loyalty and resistances
During the First World War, Irish prisoners of war enjoyed special treatment. A few months after the outbreak of war, the German government separated Irish captives from other British soldiers and housed them together in a single camp. They were given plenty to eat, enviable living conditions, reading material and tobacco in striking contrast to the usual treatment of prisoners of war. When the men had a visit from Sir Casement, former British diplomat, sympathetic to the nationalist cause and an ardent supporter of an independent Ireland, the POWs understood that the Germans expected them to reject their British uniform. In their quest to excite historic tensions between Ireland and Great Britain, the Germans imagined a way to raise an Irish force to overcome the British army in Ireland. The ill treatment to which the prisoners were afterwards subjected can be put down to the desire to force them to betray Great Britain. While aggression towards prisoners of war usually aimed to break down individual resistance or put pressure on enemy governments, the punishments and deprivation endured by the Irish captives were exacted in order to incite them to support the German cause. After the failure of the German government's strategy which succeeded in mobilising a mere fifty men, the events that took place in Ireland on the eve of this First World War conflict shaped the way that the enemy looked on Irish troops. - Les débuts de « 10/18 » (1962-1968) : « une petite révolution dans l'édition française » - Patricia Sorel p. 81-102 Créée chez Plon par Paul Chantrel, avec la collaboration de Michel-Claude Jalard, et publiée par l'UGE, la collection « 10/18 » naît en mai 1962, neuf ans après le lancement par Hachette du « Livre de poche ». Dans un marché du poche en plein essor, cette nouvelle collection se distingue par son format – qui lui donne son nom –, la sobriété de sa couverture, et surtout par une ligne éditoriale audacieuse. « 10/18 » se veut une collection de poche qui ne soit pas un simple réceptacle du roman mais des textes les plus importants dans des domaines aussi divers que la littérature classique, la philosophie, les sciences humaines et sociales, la politique ou la religion. Des accords passés avec les Éditions de Minuit permettent de surcroît à « 10/18 » de publier des titres du Nouveau Roman, qui vont alors atteindre des tirages inédits. En 1964 est créée, avec Jean-Edern Hallier et Dominique de Roux, « L'Herne 10-18 » qui a pour dessein de publier des œuvres inédites d'écrivains au début de leur carrière. En 1966 et 1967, la collection s'ouvre à l'histoire de l'art avec la « Collection d'art Unesco 10/18 ». Le catalogue de « 10/18 » est ainsi pour le moins éclectique : le général de Gaulle voisine avec Machiavel, Baudelaire avec Mao Tsé-toung, Michel Butor avec sainte Thérèse d'Avila. Par ses choix éditoriaux, « 10/18 » s'adresse à un lectorat restreint, constitué essentiellement d'universitaires. Ce pari ambitieux, celui de publier des textes difficiles à un prix modique, n'ira pas sans difficultés et c'est une collection en net déclin que reprendra, en 1968, Christian Bourgois.The “10/18“ collection (1962-1968) : a small revolution in the publishing world
Created by Plon's chief executive Paul Chantrel in collaboration with Michel-Claude Jalard, and published by the UGE, the “10/18” collection was born in May 1962, 9 years after the launching of the “Livre de poche” by Hachette. In a booming paperback market, this new collection differed by its size – which gave it its name –, the sobriety of its cover, and above all a bold editorial line. “10/18” was designed to be a paperback collection which did not contain merely novels but some of the most important texts in fields as diverse as classic literature, philosophy, human and social sciences, politics or religion. In addition to that, “10/18” signed an agreement with the Editions de Minuit allowing them to publish Nouveau Roman titles which then reached record print runs. In 1964, with Jean-Edern Hallier and Dominique de Roux, “L'Herne 10/18” was created to publish new works of writers making their debuts on the literary scene. In 1966 and 1967, the collection opened up to art history with the “Collection d'art Unesco 10/18”. The “10/18” catalogue was then, to say the least, eclectic: General de Gaulle alongside with Machiavel, Baudelaire beside Mao Tse-Tung, Michel Butor and St. Teresa of Avila. By its editorial choices, “10/18” aimed at a limited readership, mainly composed of intellectuals and students. This ambitious goal of publishing difficult texts at a modest price did not go without difficulty. The collection was in a sharp decline when in 1968 it picked up again with Christian Bourgois who remained faithful to the editorial approach drawn by his predecessors. Mélanges
- Commentaire anonyme sur Frontin (vers le milieu du VIe siècle). Lecture rétrospective et anticipative - Elisabeth Magnou-nortier p. 103-130
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 131-220