Contenu du sommaire : Les Systèmes d'Aide au Vote : défis et potentialités

Cette étude examine l'impact du choix des affirmations sur les résultats des Systèmes d'Aide au Vote (SAV). Au-delà de la littérature existante sur le sujet qui examine la mesure dans laquelle le résultat du SAV reflète globalement la force réelle des partis politiques, nous nous focalisons sur la capacité des SAV à associer électeurs et partis sur la dimension gauche-droite. Nous utilisons les données de 2007 du SAV belge Do the Vote Test pour évaluer l'impact de la sélection des affirmations sur ces deux critères et nous observons un effet considérable sur les résultats produits, quel que soit le critère utilisé. Tout d'abord, le choix des affirmations affecte la capacité des SAV à produire des recommandations reflétant le poids électoral réel des partis. Deuxièmement, nous démontrons que la tendance des concepteurs de SAV à disperser les affirmations en de nombreux domaines politiques affecte négativement leur capacité à associer électeurs et partis idéologiquement proches.

L'élection présidentielle française est considérée comme la ‘clé de voûte' du système politique français. Elle est le moment politique lors duquel la compétition partisane s'affirme et les évolutions au sein de l'électorat s'expriment. Cet article présente le travail réalisé par l'équipe de La Boussole présidentielle lors de l'élection présidentielle française de 2012 et les premières analyses réalisées à partir des données collectées. En effet, si les Systèmes d'Aide au Vote (SAV) ont comme objectif principal de permettre aux électeurs de comparer leurs positions à celles des candidats sur les enjeux saillants de la campagne, ils sont également un outil d'analyse novateur pour les politistes. En utilisant les données récoltées sur des variables classiques du comportement électoral, les analyses de cet article contribuent à illustrer les opportunités fournies par les SAV pour la recherche en science politique. Tout d'abord, nous proposons une typologie dynamique des utilisateurs de SAV qui aille au-delà de leurs caractéristiques sociodémographiques. Ensuite, grâce à plusieurs variables conatives et comportementales – probabilités de vote, vote déclaré au premier tour, intention de vote pour le second tour – nous illustrons la congruence sur les positions sur enjeux entre les électeurs et les candidats à l'élection présidentielle.

Les Systèmes d'Aide au Vote (SAV) ont longtemps été considérés comme un intéressant épiphénomène. C'est seulement au cours de ces dernières années que politologues et sociologues ont commencé à étudier les SAV et leurs effets potentiels sur les utilisateurs d'un point de vue aussi bien empirique que normatif. L'objectif de cet article est de faire le point sur les principales conclusions issues des études existantes et d'établir un agenda de recherche pour mieux comprendre leur impact sur la participation et les préférences électorales. Plus particulièrement l'article expose les principales difficultés méthodologiques rencontrées à ce jour pour mesurer l'impact des SAV – principalement les problèmes de représentativité, d'auto-sélection et d'auto-évaluation – et plaide pour l'utilisation d'une approche expérimentale.

Les Systèmes d'Aide au Vote (SAV) fournissent des conseils aux électeurs avant les élections et les aident à choisir entre les différents candidats et partis politiques en se basant sur la proximité politique. Bien que les SAV soient aujourd'hui largement utilisés à travers le monde, seules quelques recherches scientifiques portant sur leur effet sur le comportement électoral ont été publiées à ce jour. Cet article apporte un élément à ce débat en cours en se focalisant sur la question de savoir si la ‘popularité' des candidats sur le SAV smartvote peut être considérée comme annonciatrice de leur succès personnel aux élections. Autrement dit : les candidats qui arrivent le plus souvent en tête des recommandations émises par smartvote sont-ils aussi les candidats qui obtiennent les meilleurs scores préférentiels aux élections ? Si tel était le cas, ces outils pourraient, en plus de leur rôle premier d'information aux électeurs, servir dans la prédiction des résultats électoraux.

L'objectif de cet article est d'étudier si les Systèmes d'Aide au Vote (SAV) peuvent constituer un instrument de recherche fiable pour combler les deux grands objectifs des études électorales : à savoir (a) documenter la distribution des variables politiques d'intérêt et (b) établir les relations entre ces variables et les choix électoraux. Afin de répondre à cette question, les auteurs examinent, dans le cadre de l'élection provinciale québécoise de 2012, les différences et les similitudes entre un échantillon probabiliste par téléphone, un panel Internet non probabiliste et un Système d'Aide au Vote (la Boussole électorale). Le principal enseignement est que les relations entre le choix électoral et ses déterminants lorsqu'elles sont analysées à l'aide des données du SAV sont très proches de celles observées dans une analyse ayant recours au panel Internet. Généralement, les mêmes facteurs explicatifs émergent des modèles multivariés, arborant des effets allant dans la même direction et de la même ampleur. Ce résultat est d'autant plus intéressant et intriguant que 1) le profil démographique des répondants du SAV s'est avéré moins représentatif ; 2) les données issues du SAV diffèrent sur la plupart des attitudes politiques examinées ; et 3) les préférences électorales exprimées dans le SAV ne correspondent pas aux résultats officiels de l'élection. Par ailleurs, la pondération sociodémographique atténue certains de ces biais, mais ne parvient pas à les faire tous disparaître.

Alors que la littérature portant sur les Systèmes d'Aide au Vote (SAV) a tendance à se focaliser sur les instruments positionnant les utilisateurs par rapport aux partis politiques, cet article invite le lecteur à s'intéresser de plus près au potentiel scientifique des SAV « orientés candidats », qui sont toujours plus nombreux et permettent aux électeurs de se positionner par rapport aux candidats. Il propose à cette fin un état de la littérature scientifique dans deux domaines. Premièrement, il s'intéresse à l'attrait que les SAV exercent sur les candidats ainsi que leur influence sur la personnalisation des campagnes électorales en analysant l'étendue de l'adoption de ces nouveaux outils au moment de leur introduction en Suisse et au Luxembourg. Deuxièmement il expose à travers des exemples concrets issus du SAV luxembourgeois (smartvote.lu) comment, grâce à la collecte massive et détaillée des positions politique des candidats, il est possible d'étudier une série de questions classiques relevant du choix électoral, de la représentation politique, de la cohésion intra-partisane ou encore de la responsabilité des élus par rapport à leurs promesses pré-électorales. Pour l'ensemble de ces questions, les SAV « orientés candidats » peuvent fournir aux politologues des données nouvelles qui ne peuvent être obtenues que très difficilement par les instruments de recherche classique. En particulier, ces SAV peuvent devenir des moyens complémentaires voire alternatifs aux enquêtes post-électorales auprès des candidats qui souffrent généralement d'un taux de réponse relativement bas.