Contenu du sommaire : Espace, genre et sociétés

Cet article propose de comprendre comment les pratiques migratoires étudiantes en Europe sont différenciées selon le genre. À travers une approche spatiale du phénomène, il souligne la plus forte mobilité féminine et la forte différenciation par genre des pratiques migratoires à différentes échelles territoriales, celles des pays, des villes et des réseaux. Une analyse spécifique des migrations préférentielles féminines conduit à proposer les aspects socio-culturels comme facteurs explicatifs essentiels des pratiques migratoires « genrées ». L'analyse de la différenciation par genre des migrations étudiantes renvoie aux représentations que se font les femmes et les hommes du territoire européen, aux modèles sociétaux et modes de vie qui sous-tendent chacune de ses parties.

En Inde, les sex-ratios diminuent régulièrement depuis 1901. L'infanticide des filles et l'avortement sélectif des embryons femelles sont deux des pratiques qui expliquent ces résultats. En effet, dans la société patriarcale indienne, les filles ne sont pas désirées car elles représentent tout au long de leur vie un fardeau socio-économique pour leurs parents. Nous conduisons ici une étude spatiale à différentes échelles du Sud de l'Inde, afin de cartographier les anomalies du sex-ratio infanto-juvénile, qui dénotent d'importantes variations dans les comportements discriminatoires en particulier dans l'État du Tamil Nadu. L'objectif de cet article est d'apporter des premiers éléments de réponse au pourquoi de la discrimination de genre, dans certaines régions de l'Inde du Sud, notamment grâce à l'introduction du concept de diffusion. Malgré l'absence de statistiques directes sur ces phénomènes, nous constatons, à l'éclairage d'études de terrain, que désormais l'infanticide des filles laisse place à une généralisation et à une diffusion des pratiques de sélection des embryons, dans un nexus d'enracinement profond de la discrimination et d'accès à la modernité.

La situation des femmes en Iran a considérablement changé depuis l'instauration de la République islamique, en contradiction apparente avec l'image d'une société et d'un régime politique conservateurs. La généralisation de la scolarisation féminine associée à une forte baisse - sans précédent pour une population de cette dimension - de la fécondité ont transformé la vie et l'identité personnelles des femmes, contribuant à leurs aspirations à un accès accru à la sphère et à l'espace publics, notamment pour l'emploi et la représentation politique. Les données, issues des résultats d'une vaste enquête nationale, informent également sur les pratiques familiales et de loisirs, le partage des responsabilités familiales et des tâches domestiques...

Cet article analyse le sens du lieu et le sentiment d'appartenance à ce lieu des femmes dans un espace public du Raval, quartier du centre historique de Barcelone. Il cherche à découvrir à quel point les espaces publics de qualité renforcent la création de lieux significatifs, c'est-à-dire contribuent à la construction du sens du lieu et des identités urbaines des femmes. Une approche qualitative, basée sur l'observation directe et des entretiens approfondis avec des femmes qui habitent dans le quartier, nous a permis de saisir le sens du lieu et le sentiment d'appartenance au lieu de ces femmes.

Cet article présente les résultats d'une recherche dont les objectifs étaient de connaître l'emploi, la gestion et la perception du temps quotidien des femmes « adultes » de Barcelone et de comparer ce temps quotidien avec les temps offerts par la ville. L'utilisation d'une méthodologie qui combine les approches qualitative et quantitative a permis de dégager cinq axes thématiques : la perception et l'expérimentation de la journée quotidienne, le temps de travail, productif ou professionnel, le temps de travail reproductif ou domestique et de soin à la famille, le temps personnel et finalement l'opinion et la perception par rapport aux temps et aux horaires de la ville

À l'exemple de la plupart des pays occidentaux, la transition à l'âge adulte s'est fortement allongée en Suisse. Il subsiste néanmoins de nombreuses différences dans les modalités de ce passage entre les jeunes gens et les jeunes femmes. Dans cet article, nous développons une analyse de ces différences, sur la base d'une exploitation des données de l'enquête suisse sur la famille. Cette analyse se base sur une description des âges médians dans le franchissement des étapes traditionnelles du passage à l'âge adulte : entrée dans le monde du travail, départ du domicile parental, constitution de la famille. Néanmoins, en vue d'affiner cette analyse, nous créons aussi d'autres bornes, telles que la stabilisation dans l'emploi et la mobilité géographique. L'ajout de ces nouveaux indicateurs nous amène à revoir l'image d'une convergence dans les modalités de passage à l'âge adulte selon le sexe.

Quelles sont les fonctions qu'exercent les femmes dans le secteur hôtelier ? Le sexisme existe-t-il aussi dans le tourisme ? Ce secteur économique particulier est-il en mesure de modifier la répartition habituelle des emplois – qui place la femme en position subalterne –, ou renforce-t-il au contraire cette fâcheuse tendance ? Dans cet article nous entendons répondre, quoique synthétiquement, à quelques-unes de ces questions en considérant l'exemple de la Sardaigne, région d'Italie où le développement touristique est désormais mûr puisqu'il constitue l'un des secteurs les plus importants de l'économie locale.

L'objectif principal de ce texte est de montrer l'intérêt d'interroger la notion de territoire à l'aide des problématiques de genre, des « lunettes genre ». Les évolutions et apports de l'approche genre et développement sont autant d'arguments pour favoriser une évolution souhaitée des organisations internationales dans le sens de la prise en compte des rapports sociaux de sexe, les femmes devenant ainsi des partenaires actifs et non plus des destinataires passifs des politiques publiques. À travers des cas concrets, l'auteur cherche enfin à mettre en évidence certaines logiques sociales à l'oeuvre dans le domaine du développement local.

Ce texte réunit, d'une part, des discussions féministes récentes à propos de la construction discursive des identités internalisées par le corps et, d'autre part, les concepts géographiques d'espace et de frontières. Les frontières sont envisagées comme des symboles signifiant des lignes, ce qui définit des différences - spatiales et sociales - et se traduisent en inclusion et en exclusion. Ces frontières jouent un rôle essentiel dans la constitution de l'identité, dans la mesure où leur caractère n'est pas nécessairement excluant et où elles constituent des zones poreuses et perméables où les gens se rencontrent.

Ce texte confronte les points de vue féministes sur l'éthique de la recherche, des débats récents sur les questions d'éthique chez les géographes et les expériences de terrain des deux « auteures ». Celles-ci argumentent en faveur du questionnement systématique de la relation « enquêteur/enquêté », de la nécessité de situer toute recherche et de l'intégration des questions d'éthique dans la méthodologie de recherche en géographie.

Ce dossier pédagogique analyse les différences entre hommes et femmes dans le domaine des déplacements domicile-travail. Après une présentation générale des inégalités dans la fréquence et l'intensité du phénomène, l'article aborde les distances parcourues. Les hommes réalisent quotidiennement des distances plus importantes que les femmes. Illustrées par des cartes et des graphiques, ces caractéristiques constituent une expression de la relation différente des hommes et des femmes avec le monde du travail et l'adaptation différente entre leur vie professionnelle et leur vie privée.